• il y a 7 mois
Marie Portolano reçoit sur le plateau de Télématin Gilles Poux, maire (PC) de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Alors qu’une marche silencieuse est organisée en hommage à Wanys, un jeune homme tué lors d’un accident de scooter avec la Police après un refus d’obtempérer quelques jours plus tôt, le maire revient sur les tensions dans sa ville. Des échauffourées, tirs de mortiers et des jets de projectiles auraient éclatés la veille au soir, après un relatif retour au calme les jours précédents. « Quelques sporadiques incidents très maîtrisés » selon Gilles Poux qui estime « qu’on ne peut pas parler aujourd’hui d’enflammement de nos banlieues ». Une recrudescence de la violence qu’il explique par « la peine, la douleur, beaucoup d’incompréhensions, et le fait que ce soit toujours les mêmes qui ont le sentiment d’être au bout du compte les victimes ». Gilles Poux explique que la marche silencieuse organisée par la famille est une manière de « pouvoir faire le deuil, faire de l’humanité, à l’inverse de ces éléments de perturbations auxquelles on assiste ».

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Transcription
00:00 Bonjour, merci d'être avec nous. Wani s'est décédé il y a quelques jours, il avait 18 ans.
00:04 Il était originaire de la Courneuve-Ville dont vous êtes maire depuis.
00:07 Thomas l'a dit, il y a eu quelques tensions, notamment cette nuit,
00:10 des échauffourées encore, tir de mortier, jet de projectiles.
00:13 Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit ?
00:15 Quelques sporadiques incidents, trémétrisés.
00:21 On ne peut pas parler aujourd'hui d'un flammement de nos banlieues.
00:26 Pourtant la nuit était revenue au calme il y a quelques jours.
00:29 Pourquoi ça repart ?
00:31 Parce qu'il y a beaucoup de tensions, beaucoup de peines, beaucoup de douleurs,
00:36 beaucoup d'incompréhensions.
00:38 Le fait que ce soit toujours les mêmes qui ont le sentiment d'être les mêmes victimes,
00:43 tout cela produit un ressenti important.
00:47 Il y a besoin de faire le deuil, c'est d'ailleurs pour ça que ce soir la famille appelle
00:53 à une marche silencieuse pour justement pouvoir faire le deuil,
00:57 pour pouvoir faire de l'humanité,
00:59 à l'inverse de ces éléments de perturbation auxquels on insiste.
01:05 Une marche silencieuse dont Alice Yentif de la famille de Wanis,
01:08 vous craignez que ça dégénère.
01:10 Comment ça se prépare d'ailleurs pour vous ?
01:14 Moi je pense que, je souhaite que ça ne se dégénère pas ce soir bien évidemment.
01:19 Je pense que la famille fait tout pour que les choses se passent dans la sérénité,
01:23 parce qu'elle a besoin de cette sérénité, elle a besoin de cette solidarité,
01:26 elle a besoin d'humanité face au traumatisme,
01:31 de la disparition de son frère, de son fils,
01:35 pour les parents et pour les frères de Yanis.
01:39 Ils aspirent à ce que la justice puisse se faire,
01:44 que la transparence puisse se faire.
01:46 Et rien ne serait pire pour que la justice puisse travailler sereinement,
01:50 pour que toute la transparence soit faite,
01:52 que ce soit l'embrasement général qui de fait aurait une tendance à culpabiliser d'avance,
01:59 j'irais, l'attitude de Wanis.
02:01 Vous êtes inquiet ?
02:03 Je suis serein, on prend toutes les mesures avec la famille,
02:08 en les accompagnant, pour créer les conditions que les choses se passent bien.
02:12 Bien évidemment, je ne peux pas être complètement serein,
02:16 parce qu'il y a un tel ressenti en profondeur.
02:20 J'ai une de mes secrétaires qui a deux adolescents,
02:24 et qui sont ulcérés par ce qui s'est passé, à tort ou à raison,
02:28 mais ils sont ulcérés.
02:30 Ulcérés dans quel sens ? Ils ne participent pas au débordement ?
02:32 Non, ils ne sont pas participés au débordement,
02:34 mais ils sont ulcérés parce qu'ils disent,
02:36 "mais maman, c'est toujours nous qui sommes au bout du fusil".
02:40 Et on en a assez de cette société où nous n'avons plus de place,
02:44 et nous n'avons pas d'avenir.
02:46 Et donc, je crois qu'il faut entendre ça,
02:49 il faudra que cette société accepte de se poser ces questions-là,
02:52 une fois que les choses seront passées, revenues au calme.
02:55 Oui, parce que vous, vous avez joué la carte de l'apaisement,
02:58 vous demandez de la transparence, de la justice pour la famille de Wanis,
03:01 tout en prenant la défense des policiers.
03:03 Aujourd'hui, je suis dans une situation d'expectative,
03:08 il y a la justice qui doit faire son travail,
03:10 moi je souhaite que la justice fasse son travail,
03:12 je n'ai pas d'éléments probants qui disent que les policiers
03:16 sont des criminels dans cette affaire, il y a un accident.
03:19 Mais vous dites, ils peuvent être les boucs émissaires
03:21 des dysfonctionnements de la société, ça veut dire que concrètement,
03:24 ils seraient également victimes de la société et du système qui tourne par en haut.
03:28 C'est clair qu'aujourd'hui, on demande aux policiers
03:31 d'être dans une démarche excessivement répressive,
03:34 et peut-être faudra-t-il se poser la question du rôle de la police
03:37 dans notre pays, et que moi je ne vais pas accuser
03:39 des hommes et des femmes qui essayent de faire leur travail
03:41 dans des conditions parfois difficiles, a priori,
03:45 il faudra que ce soit à faire en question, la police, la justice,
03:49 soient capables d'investiguer sérieusement, en toute transparence,
03:54 pour faire en sorte que clairement les responsabilités soient établies.
03:58 Et s'il y a des responsabilités de policiers qui ont mal fait leur travail,
04:01 il faudra que je fasse aucune.
04:02 Il faut de la justice.
04:03 Bien évidemment.
04:04 Comment gère le maire que vous êtes actuellement, ce qui se passe dans votre ville ?
04:08 Est-ce que vous allez à la rencontre des jeunes ? Est-ce que vous leur parlez ?
04:11 Bien évidemment qu'on rencontre la population, les jeunes,
04:15 nos services, nos services jeunesse, services des sports, services enfance.
04:18 Et vous, et vous personnellement ?
04:20 Et moi personnellement aussi, on va dans la rue, on discute.
04:24 Qu'est-ce qu'ils vous disent ces jeunes ?
04:26 Ce qu'ils nous disent, ils sont peinés.
04:30 La première chose qu'ils me disent, faites passer toute notre solidarité à la famille,
04:34 parce qu'il n'y a rien de pire que de perdre un enfant.
04:36 Et donc il y a beaucoup de compassion de la part des familles,
04:40 de la part des gens que je rencontre, de la part des jeunes,
04:43 vis-à-vis de ce qui s'est passé.
04:45 Et ensuite ils me disent, il ne faudrait pas que ça dégénère,
04:48 parce que grosso modo notre ville avance plutôt bien depuis un certain nombre de temps.
04:54 Les choses ont tendance à plutôt s'apaiser,
04:56 et donc il faut qu'on puisse continuer à avancer dans la bonne direction,
04:59 et que, je dirais, nos banlieues qui sont tellement décriées,
05:02 soient enfin regardées pour ce qu'elles sont,
05:04 des villes pleines d'énergie, pleines de richesses, pleines de potentialités,
05:07 et c'est à ça qu'il faut qu'on travaille.
05:09 Et vous, vous leur dites quoi ?
05:10 Donc ça c'est ce qu'ils vous disent eux, qu'est-ce que vous dites vous ?
05:13 Moi je leur dis qu'il faut continuer à se battre pour se faire respecter,
05:15 se faire reconnaître, parce qu'il y a besoin que ces populations
05:18 qui ont été ces essentielles pendant le Covid,
05:21 et qu'on a très vite oubliées, reviennent pour être au cœur des politiques publiques
05:26 de notre pays, politiques publiques qui sont malheureusement encore parfois
05:30 discriminables sur des territoires comme les nôtres.
05:32 Et cette marche silencieuse, vous allez y être ?
05:35 Bien sûr, ce soir on va y être.
05:37 Elle part devant la mairie, on a construit en discutant avec la famille,
05:43 qui a fait preuve, je le redis, de beaucoup de responsabilités,
05:46 beaucoup de volonté d'apaisement pour pouvoir faire le deuil.
05:51 La famille Douanisse appelle à l'apaisement ?
05:53 Oui absolument, la famille Douanisse appelle à l'apaisement,
05:56 et on a construit les choses pour que ça se passe le mieux possible,
06:01 et que cette marche silencieuse puisse honorer la mémoire de Douanisse
06:06 et permettre à la famille de passer ce moment, même si elle ne restera jamais marquée.
06:11 Merci beaucoup Gilles Poux, je rappelle que vous êtes maire de la Courneuve,
06:14 vous serez donc présent cet après-midi à la marche silencieuse en hommage aux jeunes Douanisse.
06:18 Absolument, merci.
06:19 Merci à vous monsieur.

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