Face à Philippe de Villiers - l’intégrale du 23/03/2024

  • il y a 7 mois

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité. Aujourd’hui, il revient notamment l'attaque à Moscou et sur le cancer de Kate Middleton.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

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Transcription
00:00 *Générique*
00:14 Bonjour à tous, heureux de vous retrouver pour Face à Philippe Devilliers sur Europe 1 de 10h à 11h.
00:22 Cher Philippe, bonjour !
00:24 Bonjour Eliott ! Bonjour Geoffroy !
00:27 Bonjour à tous les deux !
00:29 Ça me plaît la manière dont vous avez répondu.
00:32 Bonjour ! Bonjour Eliott ! Bonjour Geoffroy !
00:36 Et moi j'ai envie de vous dire bravo, après vous avoir dit bonjour Philippe.
00:41 Bravo parce que le Puy du Fou est, je mets des guillemets, oscarisé !
00:46 Ça s'est passé le week-end dernier à Los Angeles, le Puy du Fou a reçu le prix du meilleur spectacle du monde
00:53 pour le Mime et l'Etoile à l'occasion de la plus prestigieuse cérémonie de l'industrie des parcs de loisirs.
01:00 Ce prix vient couronner une année 2023 de tous les records avec plus de 2 500 000 visiteurs.
01:09 Philippe Devilliers, est-ce que vous êtes un homme heureux ce samedi matin ?
01:13 Heureux et disponible pour de nouvelles aventures.
01:17 *Rires*
01:19 Mais c'est quand même extraordinaire !
01:21 On écoute votre fils qui a réagi depuis Los Angeles la semaine dernière et ensuite on en parle.
01:27 C'est une fierté qui touche tout le Puy du Fou parce que ce sont les Américains qui récompensent le plus beau spectacle du monde.
01:35 Pour nous c'est une vraie surprise que d'être récompensé ici à Hollywood, dans le lieu même que vous voyez derrière moi
01:41 qui habituellement accueille la cérémonie des Oscars.
01:43 Donc vous avez les Oscars du cinéma, les Oscars du spectacle
01:46 et nous sommes ici, encore une fois, avec une France qui est capable de démontrer qu'elle peut offrir de belles choses au monde.
01:53 Geoffroy Lejeune, est-ce que le fondateur et le père du Puy du Fou est un père heureux aujourd'hui ?
01:59 Et est-ce que le père tout court d'ailleurs, parce que c'est Nicolas évidemment qui endosse aujourd'hui la responsabilité,
02:04 est-ce que vous êtes heureux Philippe ?
02:05 C'est une fierté paternelle, vous avez reconnu Nicolas qui mène maintenant les destinées du Puy du Fou.
02:17 C'est une fierté fondéenne, française, fierté artistique.
02:23 En fait le Puy du Fou est né d'un acte de gratitude.
02:28 J'ai voulu dire merci à mon papa et à ma maman pour une enfance heureuse.
02:33 Le Puy du Fou en fait a connu une course vertigineuse en 47 ans.
02:39 On était dans un trou, on est sur le toit du monde.
02:43 Et le Puy du Fou est devenu aujourd'hui un des hauts lieux de la mémoire vivante du dépôt millénaire.
02:50 Et vous savez quel est le secret du Puy du Fou ?
02:53 Celui que nous partageons, le père et le fils, avec les 4600 bénévoles du Puy du Fou.
03:00 Le Puy du Fou ne propose pas ce que les gens aiment mais ce qu'ils pourraient aimer.
03:05 Je me suis toujours demandé juste une chose.
03:07 Est-ce que le premier jour, quand vous avez fait ce premier spectacle sous la pluie,
03:11 avec les phares de la voiture pour allumer la scène, est-ce que vous vous êtes dit un jour ça finira aux Etats-Unis ?
03:16 Je me disais, nul n'est prophète dans son pays.
03:21 Peut-être qu'on sera reconnu par les pages locales de Ouest-France.
03:29 Ce n'était pas encore le cas.
03:32 J'ai lutté contre le scepticisme pendant 47 ans.
03:36 Voilà ce qu'on pouvait dire, Philippe Devilliers, sur le Puy du Fou et cette excellente nouvelle.
03:42 Parlons à présent de la Russie.
03:45 Nous ne parlerons pas ce samedi matin de l'attaque terroriste qui a eu lieu vendredi soir à Moscou.
03:52 On va revenir ensemble sur l'escalade des mots, l'escalade verbale entre la Russie et la France.
03:59 A chaque semaine, son escalade et cette guerre des mots qui s'engage entre les deux pays.
04:04 Cette semaine, c'est Piotr Tolstoy, le vice-président de la Douma, qui est le Parlement russe,
04:10 qui a mis en garde la France.
04:12 Voilà ce qu'il a pu dire à propos de Macron.
04:14 On s'en fout de son opinion, on s'en fout de ses limites, on s'en fout de Macron, de ce qu'il dit.
04:18 Vous les Français qui voulez venir avec les soldats à Odessa, vous êtes en train de provoquer la troisième guerre mondiale.
04:23 Ce à quoi, vendredi, Emmanuel Macron a répondu que c'était des propos indignes.
04:28 Il s'avère que, vendredi, le porte-parole de l'ambassade de Russie en France
04:34 était l'invité de Punchline sur CNews et qu'il a répondu aux questions d'Olivier de Kerenfleck.
04:39 Je vous propose qu'on écoute le porte-parole de l'ambassade et on en parle juste après.
04:44 La France, tout au long de son histoire, n'a jamais eu un allié ou un ami plus fidèle et plus honnête que la Russie.
04:51 Toute l'histoire le montre. Mais bon, puisqu'aujourd'hui, l'histoire, c'est quelque chose qu'on oublie très très vite,
04:58 là maintenant, le paradigme, Charles, change.
05:00 Tout ce qu'a dit M. Tolstoy, là, il l'a dit dans son registre assez particulier,
05:07 mais en principe, c'est une sorte d'avertissement.
05:09 Tout d'abord, le Kremlin ne menace jamais.
05:11 Le Kremlin, par la voix du président Poutine, ne fait qu'avertir des dérapages possibles et impossibles
05:19 qui peuvent nous emmener à la Troisième Guerre mondiale.
05:22 C'est pour ça qu'on dit que la Russie va se défendre par tous les moyens qu'elle a dans sa disposition.
05:27 Donc là, il ne faut pas tout simplement provoquer.
05:30 Nous, les Russes, nous sommes suffisamment intelligents pour distinguer entre les élites politiques,
05:35 la classe gouvernante et le peuple.
05:36 Pour nous, le peuple français n'a jamais été et j'espère ne sera jamais ennemi.
05:41 Et là, nous partons de ce principe aujourd'hui.
05:44 Pour le reste, c'est vraiment bien dommage que la classe gouvernante française
05:49 préfère voir les Russies en tant qu'ennemis et...
05:51 En tant qu'adversaires.
05:53 Oui, en tant qu'adversaires, oui.
05:55 Ce n'est pas de sa faute.
05:57 On espère que, oui, ça n'ira pas plus loin que ça.
06:01 Geoffroy Lejeune, vous avez une question pour Philippe.
06:03 La semaine dernière, vous avez plaidé pour qu'on trouve une voie diplomatique
06:07 et qu'on fasse jouer la diplomatie dans ce conflit.
06:09 Nous, la France, parce que c'était notre vocation, notre mission.
06:12 Est-ce que vous pensez, quand vous entendez les déclarations des deux côtés,
06:16 que c'est encore possible et si oui, comment faire ?
06:18 De semaine en semaine, l'inquiétude grandit.
06:22 Et je voudrais expliquer pourquoi.
06:24 En fait, l'ours russe, c'est beau.
06:29 J'avais dit deux semaines de suite ce qu'avait dit Talleyrand.
06:38 Je sais les mille manières de faire sortir l'ours de sa tanière.
06:44 Je ne connais aucune manière de lui faire rentrer.
06:47 Et j'avais cité aussi le général Swetchin.
06:49 Il ne faut pas piquer l'ours russe avec des coups d'épingle.
06:53 Or, c'est ce qu'a fait Emmanuel Macron.
06:57 Alors, je récapitule.
06:59 Nous sommes dans l'escalade.
07:00 Je réponds à votre question.
07:02 Il faut aller vers la désescalade.
07:04 Pourquoi nous sommes dans l'escalade ?
07:06 Qu'est-ce qui s'est passé ? Les faits.
07:08 Emmanuel Macron a cru devoir, dans une phrase malheureuse,
07:12 désavouée par tous les autres pays européens,
07:15 et même par l'OTAN, et même par Zelensky,
07:18 a cru devoir annoncer l'envoi éventuel de troupes au sol.
07:23 Il faut que les Français qui nous regardent sachent bien ce que ça veut dire.
07:28 Dans le droit de la guerre, envoyer des troupes au sol,
07:31 c'est passer à la co-belligérance.
07:34 C'est-à-dire qu'on devient partie prenante à la guerre.
07:38 Et que la Russie devient à ce moment-là non plus un adversaire, mais un ennemi.
07:43 Et à partir du moment où la Russie devient un ennemi,
07:48 la Russie répond à cet envoi de troupes
07:51 par des phrases qui sont puisées dans son tempérament.
07:58 C'est un patriotisme vétilleux,
08:01 et particulièrement attentif à ses confins impériaux.
08:10 Alors, quand il a dit ça, Emmanuel Macron, il n'a pas fait attention,
08:14 mais il a entraîné l'OTAN avec lui, parce qu'il est dans l'OTAN, nous sommes dans l'OTAN.
08:19 Et du coup, vu de Moscou, on a maintenant,
08:23 c'est une phrase du vice-président de la Douma,
08:27 qui correspond à une réalité,
08:29 c'est qu'il y a l'Occident collectif, comme ils disent à Moscou,
08:32 et puis les BRICS, la Russie s'appuyant sur la Chine.
08:37 Et donc, c'est comme ça qu'arrivent les guerres.
08:40 En fait, on ne les voit pas venir, c'est l'engrenage des égaux.
08:45 Et en l'occurrence, donc, Emmanuel Macron a fait une faute.
08:49 Alors pourquoi ?
08:51 Parce qu'il faudrait maintenant passer à la désescalade.
08:55 La désescalade, ça veut dire quoi ?
08:57 Ça veut dire, je reprends la phrase de Viktor Orban,
09:00 qui est une phrase de bon sens,
09:02 "Cette guerre n'est pas la nôtre, c'est une guerre entre deux peuples slaves.
09:07 Elle est malheureuse, elle est cruelle, elle est odieuse, c'est terrible,
09:11 mais ce n'est pas notre guerre à nous."
09:13 Et deuxièmement, il y a une logique nationale du bien commun.
09:19 Et donc, moi je ne crois plus au personnel politique,
09:23 ils ont tous voté l'accord, etc., on donne de l'argent à l'Ukraine,
09:26 pendant ce temps-là, nos agriculteurs crèvent,
09:28 et pendant ce temps-là, on a un déficit qui nous ridiculise aux yeux du monde.
09:32 Il faut que le peuple français se lève maintenant,
09:35 et dise "ça suffit la guerre, on n'en veut pas de la guerre,
09:37 on ne veut pas de votre guerre, on ne veut pas que nos enfants,
09:39 nos petits-enfants, ils se fassent tuer au Dessa, on n'en veut pas."
09:42 Ça fait quasiment huit mois que nous travaillons sur cette émission,
09:46 c'est la première fois que je vous vois aussi en colère,
09:50 et c'est la première fois que vous employez ce terme de peur, en disant "j'ai peur".
09:55 Et vous avez peur de quoi exactement, Philippe Devillers ?
09:58 J'ai peur de voir l'engrenage franchir un cran supplémentaire.
10:03 Là, on est à l'ultime cran.
10:05 Après, c'est trop tard.
10:07 Et comme je connais l'histoire, on a affaire à des hommes politiques incultes,
10:13 on sait comment ça s'est passé en 1970, en 1914, en 1940.
10:18 À un moment donné, on franchit le cran de trop,
10:21 et on se retourne "ah ben, qu'est-ce qui s'est passé ?"
10:25 Ben oui, ce qui s'est passé, vous avez franchi le cran de trop.
10:28 Et donc, quand vous mettez des sentiments,
10:31 quand vous mettez trop de sentiments dans votre posture guerrière,
10:36 dans votre posture combative, agressive, vous perdez tout.
10:41 Parce que vous perdez la prudence, vous perdez la sagesse,
10:44 vous perdez le recul et la hauteur.
10:46 Et c'est ça, un chef d'État, c'est qu'il garde toujours l'altitude,
10:49 toujours la hauteur, et qu'il ne cède pas à la nervosité.
10:53 Geoffroy Lejeune.
10:54 Vous avez rencontré, vous, bien longtemps avant le conflit,
10:57 vous l'admirez, Poutine, en Russie, je crois,
11:00 vous l'avez raconté dans un de vos livres.
11:02 Est-ce que vous réussissez, est-ce que vous comprenez
11:04 quel est le but de la Russie aujourd'hui ?
11:06 Qu'est-ce qu'elle veut ?
11:07 Si ce n'est pas une volonté d'expansion impériale,
11:09 qu'est-ce que cherche Vladimir Poutine dans ce conflit ?
11:11 Et en fait, je pense qu'il n'y a pas de but de guerre officielle russe,
11:13 on a du mal à le comprendre aujourd'hui,
11:15 et je pense que l'Occident est passé à côté de cette question,
11:17 on n'a jamais réussi à y répondre.
11:19 Alors, c'est une question essentielle,
11:21 que j'avais posée en son temps à Vladimir Poutine.
11:24 Après la guerre, il y avait l'OTAN et le Pacte de Varsovie,
11:28 face à face, deux puissances nucléaires.
11:32 Quand le mur de Berlin est tombé,
11:34 les Russes, à l'époque les Soviétiques,
11:37 encore pour quelques années,
11:41 ont dit aux Américains,
11:43 "Bon, nous on dissout le Pacte de Varsovie,
11:46 vous gardez l'OTAN,
11:48 mais il faut qu'on ait un pacte de sécurité entre nous,
11:51 et on vous demande de ne pas étendre l'OTAN jusqu'à nos frontières,
11:57 parce qu'il n'est pas prudent d'avoir deux puissances nucléaires côte à côte.
12:04 Le moindre incident de frontière devient la base d'une escalade.
12:10 Et en fait, les Américains ont commis une erreur,
12:15 ils ont étendu l'OTAN à 4 ou 5 reprises,
12:20 et maintenant, l'Ukraine se trouve en première ligne.
12:26 Bon, là il y a une manière d'arrêter le conflit,
12:30 puisque là, en fait, sur le terrain, il y a les accords de Minx.
12:35 C'est quoi les accords de Minx ?
12:37 Dont la France était garante avec l'Allemagne.
12:39 C'était la possibilité d'avoir une autonomie pour le Donbass et la Crimée,
12:44 qui sont russophones,
12:46 et puis ensuite, on crée une zone tampon,
12:51 une Ukraine neutre, avec un pacte de sécurité,
12:54 et on ne sera pas dans l'OTAN.
12:56 Donc les voies de la paix sont possibles, elles sont jouables.
12:59 La preuve, c'était les accords de Minx, signés par Merkel et Hollande,
13:05 et dont la France était garante.
13:07 Donc, aujourd'hui, on peut aller vers la désescalade,
13:12 mais il suffit de mettre son égo dans sa poche.
13:15 Et je ne crois pas que la Russie soit prête à aller au-delà des combats qu'elle mène en Ukraine.
13:23 On n'a pas les moyens, ni démographiques, ni militaires, ni diplomatiques.
13:27 Et la Chine lui dit "Attention, nous on vous lâche".
13:30 Donc, aujourd'hui, si on connaît un petit peu la situation, comme c'est mon cas,
13:34 on sait qu'on peut arrêter le conflit.
13:38 Quel est le pays qui va arrêter le conflit ?
13:40 Vous savez, il y a des pays au portillon, qui se préparent, comme la Turquie, etc.
13:45 Ce serait l'honneur de la France.
13:47 On parlait de la grandeur tout à l'heure.
13:49 La grandeur de la France, si de Gaulle était là, ou Pompidou par exemple,
13:52 ou même Giscard, ou Sarkozy.
13:54 Si Sarkozy était là aujourd'hui, il est allé pour la Géorgie voir Poutine.
13:59 Il lui a dit "Il faut arrêter ça tout de suite".
14:01 Et Poutine a arrêté.
14:03 Donc, en fait, il avait commencé d'ailleurs, Macron.
14:05 Il avait bien commencé.
14:07 Il avait dit "Non, non, il ne faut pas blesser la Russie.
14:11 Il ne faut pas en faire un adversaire ou un ennemi".
14:15 Et puis, il a changé de...
14:18 Et tout à coup, le boxeur s'est dit "Je suis chef de guerre".
14:22 Mais c'est immature.
14:25 Et donc, s'il m'entend, je lui dis "Emmanuel, il faut arrêter ça tout de suite.
14:30 Sinon, on va avoir un drame, une guerre mondiale".
14:35 Philippe Devilliers, on sent toute la colère lorsque vous...
14:39 Non, ce n'est pas la colère, c'est le devoir que j'ai, moi.
14:42 Je ne suis pas venu ici pour vendre des cerises ou des yaourts.
14:46 Je ne suis pas comme les politiciens qui sont des yaourts de grande surface
14:51 se font près du couvercle des crémeux à cœur.
14:53 Moi, je suis venu dire des choses qu'on ne dit pas ailleurs.
14:56 Philippe Devilliers, voilà ce qu'on pouvait dire sur l'escalade des maux
15:00 et les tensions entre la France et la Russie.
15:03 Après la pub sur Europe 1, je vous propose qu'on parle de la crise économique
15:07 parce que la France croule sous les dettes.
15:10 Ça nous inquiète tous, bien sûr.
15:12 A tout de suite sur Europe 1 pour "Face à Philippe Devilliers".
15:14 "Face à Philippe Devilliers", 10h-11h sur Europe 1.
15:19 De retour sur Europe 1 pour "Face à Philippe Devilliers".
15:21 On est ensemble, je le dis aux auditeurs, jusqu'à 11h.
15:24 Philippe Devilliers, Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du journal du dimanche.
15:28 Messieurs, parlons à présent de la crise économique car la France,
15:32 la France, Philippe Devilliers, croule sous les dettes.
15:35 Le rapport de la Cour des comptes est formel.
15:37 La charge de la dette entraîne une fragilisation des finances publiques.
15:41 D'ailleurs, la dette publique a augmenté de 140 milliards en 2023.
15:47 L'INSEE doit faire des annonces qui ne seront pas fameuses la semaine prochaine.
15:53 Ce que je vous propose, c'est qu'on écoute François Fillon.
15:56 On est en 2007, à l'époque, il est Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
16:01 Et déjà, il alerte en disant que les comptes publics ne sont pas bons.
16:06 Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier.
16:10 Je suis à la tête d'un État qui est, depuis 15 ans, en déficit chronique.
16:16 Je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans.
16:21 Bon, ça ne peut pas durer.
16:23 Pourquoi cette panique, Philippe Devilliers ? Pourquoi il y a panique à bord aujourd'hui ?
16:28 Parce que la Cour des comptes vient de rendre son rapport public qui est accablant
16:34 et qu'il y a des échéances qui se présentent et dont je vais vous parler,
16:39 dont on n'a pas assez parlé.
16:41 Alors, la Cour des comptes, en fait, a accusé le gouvernement d'insincérité.
16:47 Insincérité des comptes, insincérité de la projection des dépenses, des recettes, de la croissance.
16:55 La Cour des comptes demande 50 milliards d'économies entre 2025 et 2027.
17:01 50 milliards.
17:03 Et nous commémorons cette année, je m'en souviens très bien, 1974, il y a 50 ans,
17:09 le cinquantenaire du dernier budget en équilibre.
17:13 C'était l'année de mon entrée à l'ENA.
17:16 Je me souviens que mes profs, les profs, les hauts fonctionnaires à l'ENA disaient
17:20 "c'est la fin du monde".
17:22 C'était le choc pétrolier.
17:23 Et en fait, on avait un ministre de la Finance qui était un Beethoven de la Finance, Giscard,
17:30 et puis on a eu le Titanic, avec le choc pétrolier, il n'y était pour rien.
17:36 Mais depuis 50 ans, les hommes politiques se sont habitués, toutes tendances confondues,
17:40 à avoir un budget en déficit.
17:43 C'est en fait à faire payer à nos petits-enfants,
17:46 ce qu'ils ne sont pas capables de payer eux-mêmes.
17:49 Les prélèvements sont passés de 39% à 47%, c'est "in wish", la richesse nationale.
17:56 Et puis est arrivé donc Emmanuel Macron.
17:59 Quand il est arrivé, je me souviens très bien, en 2017,
18:03 les milieux économiques, les retraités et la France du bas de l'Aisne
18:13 l'ont plébiscité en disant "il est jeune, il est inexpérimenté,
18:19 mais c'est un banquier d'affaires, il connaît la finance,
18:24 il va nous remettre les comptes publics en ordre".
18:28 Et c'est à ce moment-là qu'est né ce compliment de tendresse si touchant.
18:34 Le Mozart de la finance.
18:37 On a eu le Mozart de la finance, qui est devenu aujourd'hui le chef de l'orchestre du Titanic.
18:42 Et on a la sirène de bord qui dit "panique à bord, il y a un iceberg en face".
18:46 L'iceberg, c'est la dette.
18:48 C'est-à-dire qu'il a ajouté 1 000 milliards aux 2 000 milliards dont parlait François Fillon.
18:55 1 000 milliards à lui tout seul, aidé par l'écrivain de l'académie de Bercy, Bruno Le Maire.
19:04 Et une dette qui est aujourd'hui, selon M. Baverez, insoutenable.
19:13 Alors pourquoi en fait on en parle maintenant et pourquoi c'est la panique à bord,
19:17 pour répondre à votre question ?
19:20 Parce que mardi prochain, on a l'INSEE qui va proclamer ses résultats.
19:26 Ça va faire mal.
19:27 Le chiffre annoncé n'est pas le chiffre réel.
19:31 Donc ils ont un petit peu triché sur les bords la croissance.
19:36 Et donc on va avoir une drôle d'impression.
19:38 Bon, je ne dis pas le chiffre qui va être annoncé, mais on a une petite idée.
19:42 Ce n'est pas le chiffre qui était prévu.
19:44 Ensuite, et surtout, ce que craint le pouvoir, c'est les agences.
19:50 Donc le 26 avril, il y a deux agences, Fitch et Moody's, qui vont faire tomber le coup prêt.
19:58 Et ensuite, le 31 mai, je crois, ça vous dit quelque chose,
20:03 le 31 mai par rapport aux élections européennes, c'est le 9 juin.
20:07 Donc juste avant, ça ne fait pas bon effet,
20:10 il y aura le standard and poor's de la prononciation, mais je suis francophone.
20:17 Voilà.
20:19 Et en fait, moi, je me dis la chose suivante,
20:24 avec mon expérience de l'État et des collectivités locales,
20:29 je me dis, si on voulait rétablir les finances publiques,
20:34 ce n'est pas avec des économies, non.
20:37 Il faudrait premièrement que l'on considère que c'est la sphère privée qui crée la richesse,
20:45 et pas la sphère publique, où il y a 6 millions de fonctionnaires,
20:49 60 000 supplémentaires par an.
20:52 C'est la sphère privée qui crée la valeur ajoutée.
20:55 Deuxièmement, il faudrait que les Français comprennent
21:02 que vous ne pouvez pas avoir un État-providence et des frontières ouvertes,
21:05 parce que vous ne pouvez pas avoir un État-providence et financer la misère du monde.
21:10 Troisièmement, il faut une politique nataliste, sinon on ne peut plus payer les retraites dans 20 ans.
21:15 Et enfin, avoir le courage de supprimer un échelon fiscal de la région.
21:23 Il faut la commune, le département, l'État, et puis l'Europe maintenant,
21:28 mais la région ne sert à rien. En tout cas, il faudra arriver à cela.
21:32 Voilà ce qu'on pouvait dire de Philippe Devilliers sur l'économie française.
21:35 Après la publicité sur Europe 1, je vous propose qu'on aille à Londres.
21:39 Pourquoi ? Parce que vendredi, on a appris une mauvaise nouvelle.
21:43 La princesse Kate est atteinte d'un cancer.
21:46 On parlera ensemble, Philippe Devilliers, Geoffroy Lejeune, du cancer.
21:58 De retour sur Europe 1 pour la suite de Face à Philippe Devilliers sur Europe 1 jusqu'à 11h.
22:05 Philippe Devilliers, parlons du cancer et du cancer de la princesse Kate.
22:09 Annonce faite hier en fin d'après-midi depuis Londres.
22:15 La princesse Kate est atteinte d'un cancer à l'âge de 42 ans,
22:19 silencieuse et absente depuis son opération chirurgicale de l'abdomen en janvier dernier.
22:23 L'épouse du prince William s'était exprimée dans une vidéo diffusée par le Palais de Kensington.
22:29 Ce que je vous propose, c'est qu'on l'écoute. On en parle juste après.
22:32 En janvier, j'ai subi une intervention chirurgicale majeure à Londres
22:38 et à l'époque, on m'a dit que mon état n'était pas grave.
22:41 L'opération s'est déroulée avec succès.
22:43 Cependant, après l'opération, un cancer a été détecté.
22:47 Mon médecin m'a conseillé de suivre une chimiothérapie préventive
22:50 et j'en suis maintenant au premier stade de ce traitement.
22:53 Cela a bien sûr été un choc énorme et William et moi avons fait tout ce que nous pouvions
22:58 pour traiter et gérer cette situation en toute sérénité pour le bien de notre jeune famille.
23:03 Et dans ce message, également, Philippe de Villiers, elle demande à ce qu'on respecte sa vie privée.
23:13 Et si je vous propose de réagir là-dessus, c'est que Philippe, vous avez combattu le cancer.
23:20 Et quel message vous souhaiteriez lui adresser ?
23:24 Alors d'abord, c'est un choc parce qu'elle respirait la santé,
23:31 elle était efflorescente, c'est la rose de Ronsard, son sourire, la grâce, la tendresse.
23:41 Et voilà, le mal frappe.
23:44 Alors, vous avez évoqué ce que j'ai connu, ce que j'ai vécu,
23:51 et donc vous m'autorisez à en parler, et je ne veux pas parler de moi,
23:55 mais puisque je connais cette maladie, je peux en parler.
24:03 Et je vais m'adresser à tous ceux qui ont eu un cancer, à tous ceux qui ont un cancer
24:08 ou à tous ceux qui pourraient avoir un cancer.
24:10 Ce n'est plus du tout, du tout, la maladie d'il y a 30 ans.
24:16 La médecine a fait d'énormes progrès.
24:20 J'ai été soigné à l'Institut Curie, j'ai eu un mélanome de la choroïde à l'œil.
24:27 J'ai été soigné par une thérapie nucléaire parfaite.
24:36 Et donc, on n'est jamais guéri du cancer, mais en principe,
24:42 on est dans une longue rémission parce que la médecine fait face.
24:49 Aujourd'hui, il y a des cancers qu'on ne guérissait pas et qu'on guérit maintenant.
24:54 Celui que j'ai eu, on peut le guérir. Il faut être vigilant, mais on peut le guérir.
24:58 C'est un cancer qui est lié au foie, donc il faut surveiller.
25:03 Parce que je ne fais guère d'ailleurs. Je suis dans le déni.
25:08 Et moi, je devrais lui dire, le mot fait peur, mais la chose s'éloigne.
25:17 Elle va être soignée et puis ce sera un mauvais souvenir.
25:21 Mais il y a toutes les chances qu'elle s'en sorte.
25:27 Donc, il ne faut pas qu'elle panique. Et il faut qu'on arrive maintenant à dire,
25:34 cancer, c'est une maladie. Ce n'est pas une maladie mortelle.
25:39 Et il ne faut pas que dans le langage politique, d'ailleurs, on parle du cancer.
25:45 On dit, cancer pour ceci, cancer pour cela. Non.
25:48 Il faut traiter le cancer en le regardant en face.
25:53 Le soleil et la mort ne se peuvent regarder fixement, disait la Rochouko.
25:57 Et donc, voilà, elle va s'en sortir. Il faut que sa famille soit autour d'elle.
26:03 Les médecins anglais sont très bons. Et donc, voilà.
26:07 Et vous savez, je vais vous dire un truc. En fait, je mets du temps à vous répondre
26:11 parce que, par pudeur, mais je vais vous dire quelque chose.
26:17 Quand j'ai annoncé à mon épouse, voilà, j'ai un cancer, je me souviens très bien,
26:24 dans la minute qui a suivi, je me suis dit, à nous deux, bonhomme, à nous deux.
26:31 Pourquoi ? Parce que le médecin qui a détecté mon cancer m'a dit,
26:35 pour 90%, c'est un combat mental.
26:41 Il faut avoir le mental pour l'expulser, pour l'exfiltrer, pour le déloger.
26:52 Et comment ? En n'y pensant jamais.
26:56 À l'époque, j'écrivais des scénarii pour le Puy du Fou, etc.
27:00 J'étais au conseil général, j'avais des lunettes de soleil, alors les gens disaient,
27:03 "Ah, arrête Charles !" Et je n'y pensais jamais.
27:08 Et un jour, on m'a dit, "Ah ben c'est bon." "Quoi ? Qu'est-ce qui est bon ?"
27:12 "Votre cancer, c'est bon. Il est résorbé."
27:19 Et donc, le conseil que je donne à ceux qui ont un cancer,
27:23 vous faites autre chose, et vous l'expulsez.
27:27 Vous expulsez les cellules qui sont entrées comme des ennemis dans votre corps.
27:33 Votre corps grandira et trouvera le courage nécessaire,
27:38 comme Jacques Maupullier dans la scène scénariste du Puy du Fou.
27:41 Le courage s'accomplissait en lui comme la marche ou la respiration.
27:45 - Tu crois le jeune. - Vous venez de répondre partiellement,
27:48 au moins, à la question que je voulais vous poser.
27:50 Je ne vous connaissais pas à l'époque où vous avez été malade,
27:52 on s'est connu après, donc on n'en a jamais parlé,
27:54 et je n'ai jamais voulu vous en parler, parce que je ne savais pas si c'était
27:57 forcément très agréable de le faire.
27:59 Il y a une phrase qui m'avait frappé dans un de vos livres,
28:01 où vous évoquez en quelques lignes l'affaire de la maladie.
28:04 Vous avez dit "j'ai traversé le cancer au galop".
28:06 Cette formule m'avait frappé parce que je m'étais dit
28:09 est-ce qu'on peut vraiment dire, et vous venez de donner un témoignage,
28:12 que c'est une maladie qui se combat par la fureur de vivre,
28:15 et manifestement vous en êtes un témoignage, un exemple.
28:18 Je voudrais rendre hommage à la médecine française,
28:22 et j'espère la médecine anglaise, mais la médecine française,
28:27 l'Institut Curie, il faut leur faire des dons,
28:30 c'est extraordinaire l'Institut Curie.
28:32 Quand je passe devant l'Institut Curie, j'ai la rame à l'œil,
28:35 parce que je me dis, ce ne sont pas des médecins, ce sont des guérisseurs.
28:40 Vous m'avez devancé, cher Philippe Devilliers,
28:43 parce que je voulais terminer ce thématique en saluant évidemment
28:47 tous les soignants qui travaillent pour guérir,
28:50 pour aider des Français qui nous regardent peut-être,
28:53 et qui luttent contre la maladie.
28:55 Tous les soignants qui ont pour vocation de sauver la vie,
29:00 et non pas de donner la mort.
29:02 - Philippe Devilliers, après la publicité, une toute autre actualité,
29:06 puisqu'on parlera de libre-échange, des rapports commerciaux
29:12 que peuvent entretenir l'Europe et les pays du monde entier,
29:17 par exemple les États-Unis, le Canada.
29:19 Libre-échange, c'est un débat que vous avez déjà eu
29:22 dans votre parcours politique, dans votre carrière politique,
29:26 notamment en 1999, c'était avec un certain Arnaud Montebourg.
29:31 Ça va intéresser les auditeurs d'Europe 1, j'en suis certain,
29:34 donc restez avec nous, on est ensemble jusqu'à 11h.
29:36 - Suite et fin sur Europe 1 de Face à Philippe Devilliers,
29:48 toujours avec Philippe, bien sûr, avec Geoffroy Lejeune,
29:51 directeur de la rédaction du JDD.
29:53 Messieurs, on parle souvent dans cette émission de souveraineté,
29:57 de souveraineté nationale, de souveraineté européenne,
30:00 et d'accords commerciaux.
30:02 Il s'avère que cette semaine, le Sénat s'est opposé, je dis,
30:05 à la ratification par la France du traité CETA,
30:07 ce sont des accords commerciaux de libre-échange
30:09 entre l'Union européenne et le Canada.
30:11 Et nous avons retrouvé, ça nous a pensé à une séquence,
30:15 un débat que vous avez pu avoir, cher Philippe,
30:17 en 1999 avec un certain Arnaud Montebourg,
30:21 où il est question d'une grande conférence ministérielle
30:24 de l'Organisation mondiale du commerce,
30:26 ça se passait à Seattle, et vous, votre ligne,
30:29 c'était de dire la politique de la chaise vide.
30:31 La France ne doit pas être présente à cette conférence.
30:35 Pourquoi étiez-vous opposé, Philippe Devilliers,
30:38 et preniez-vous la politique de la chaise vide ?
30:41 - Parce que c'était l'Organisation mondiale du commerce,
30:44 que j'appelais l'organisation commerciale du monde,
30:46 qui voulait abaisser tous les droits de douane
30:49 et faire rentrer chez nous des produits qu'on produit déjà.
30:54 Et moi je dis non, il faut faire du localisme,
30:56 il faut faire comme quand j'étais petit,
30:58 j'allais chercher mon lait chez le voisin.
31:00 Donc en fait, déjà, moi j'avais une vision écologique,
31:04 et aussi une vision économique,
31:07 c'est-à-dire favoriser ceux qui travaillent chez nous
31:11 plutôt que de favoriser ceux qui travaillent au loin.
31:13 Et il me semble bien qu'Arnaud Montebourg,
31:17 à l'époque, n'était pas encore l'homme du "Made in France".
31:22 - Et on comprend mieux, Philippe, pourquoi vous étiez contre.
31:25 Ce que je vous propose à présent, c'est qu'on fasse écouter ce débat,
31:28 ça dure un peu plus de deux minutes, avec Arnaud Montebourg.
31:32 C'est un échange absolument passionnant, je le dis aux auditeurs,
31:34 s'ils ont envie de regarder, c'était en 1999.
31:37 Et on a récupéré une petite partie de ce débat
31:40 qui dure plus d'une dizaine de minutes.
31:42 Écoutons.
31:43 - Finalement, à force de faire cocorico,
31:45 qui va entendre le petit coq gaulois dans le marché du monde,
31:49 qui, je le rappelle, aujourd'hui, sur les marchés financiers,
31:53 il s'échange 1 500 milliards de nos francs,
31:57 c'est-à-dire l'équivalent de ce que nous produisons en une année.
32:00 Ça s'échange en une journée.
32:01 Est-ce qu'avec nos 200 milliards, la Banque de France,
32:04 on a les moyens de lutter contre ça ?
32:05 Et finalement, est-ce que l'Union ne fait pas la force ?
32:07 Est-ce que pour imposer des normes sociales,
32:09 qui est un des crédeaux de la gauche,
32:11 est-ce que pour imposer des normes environnementales,
32:13 qui est aussi un des crédeaux de la gauche,
32:15 et pour imposer une souveraineté,
32:17 qui est aussi, finalement, un point sur lequel nous pouvons
32:20 nous retrouver avec ceux qui réclament l'application,
32:23 la supériorité de la politique sur l'économie,
32:26 est-ce que, finalement, ce n'est pas un discours un peu démagogique ?
32:29 - Monsieur Bondbourg, vous ne pouvez pas penser un instant...
32:32 Je ne mets pas en cause vos bonnes intentions,
32:35 mais vous ne pouvez pas penser un instant
32:38 que l'Europe telle qu'elle est organisée,
32:40 avec une commission dont M. Proudy a dit
32:43 qu'il allait déjà rencontrer M. Clinton
32:46 pour lui céder quelque chose,
32:48 vous ne pouvez pas penser un instant que cette Europe-là,
32:50 dans l'état où elle est, va faire face à la puissance américaine.
32:53 Vous voyez, la nouvelle génération à laquelle vous appartenez,
32:55 à laquelle j'appartiens aussi, post-68,
32:58 on a un grand défaut, c'est qu'on ne croit plus à la politique.
33:01 Mais moi, j'y crois encore.
33:03 Qu'est-ce que ça veut dire, croire à la politique ?
33:05 Ça veut dire qu'il y a une disproportion,
33:07 c'est comme l'atome,
33:09 le réalisateur de l'atome,
33:11 une disproportion fantastique
33:14 entre la réalité et la volonté.
33:16 Un grand pays, ce n'est pas un pays
33:19 qui a beaucoup de population, beaucoup de moyens, etc.
33:22 Un grand pays, il le devient parce qu'il l'est dans sa tête et dans son cœur.
33:25 Et quand vous me parlez, vous me rappelez la France de De Gaulle,
33:28 la politique de la France ne se fera pas à la corbeille,
33:30 vous alignez les milliards, etc.
33:32 La France est un grand pays, parce que dans le cœur des hommes,
33:34 qu'ils soient français ou étrangers,
33:36 au Pakistan ou à Botafogo,
33:38 on vous parle de la France.
33:40 La France, elle a une image, la France, elle a un rayonnement,
33:42 la France, elle est un exemple
33:45 d'amour pour l'humanité et d'amour de l'humanité.
33:49 Donc, de grâce, croyez à la politique.
33:53 - C'est plus concret, c'est du terrain.
33:55 - Mais non, ce n'est pas...
33:57 - C'est la position française sur les négociations de secteurs.
33:59 - Ce que je dis, c'est très concret.
34:01 - On va... - C'est pour les églises.
34:03 - Je ne suis pas prêt à soumettre
34:05 notre agriculture, notre culture,
34:07 notre audiovisuel, nos services...
34:09 - Mais qui vous dit ça ?
34:11 - Mais attendez... - Pas ton "nous".
34:13 - Mais seul ton "nous". - Ça vaut quand même le coup.
34:15 - Dernier échange. - Je cite Arnaud Montebourg.
34:17 - Un article... - On s'arrête là.
34:19 - Vite, vite, on a cité assez de journaux ce soir.
34:21 - Un article qui dit "l'enjeu est beaucoup plus grave
34:23 qu'une sainte négociation commerciale,
34:25 la libéralisation illimitée des services
34:27 à la différence de celle de l'industrie
34:29 peut signifier la fin des nations,
34:31 de la démocratie et de la politique".
34:33 Le penseur de France Invitérant, Jacques Attali,
34:35 pour en finir avec l'OMC. Relisez cet article.
34:37 - En 1999,
34:39 vous citiez Le Monde.
34:41 Jacques Attali
34:43 et Le Monde, le doublé.
34:45 Vous vous souveniez
34:47 de cet échange ou pas ? - Oui.
34:49 Pas maintenant, je m'en souviens, j'avais oublié, mais
34:51 en réalité, il est d'une actualité
34:53 brûlante. - Bah oui, c'est pour ça.
34:55 - Avec le traité qui a été signé avec le Canada,
34:57 c'est exactement le même problème.
34:59 Et les agriculteurs qui nous regardent,
35:01 ils doivent se dire,
35:03 il y avait des gens qui avaient vu le truc.
35:05 - Philippe Devilliers, pour terminer cette émission,
35:07 vous souhaitiez revenir sur une date qui a changé
35:09 votre vie. C'était-il il y a 64 ans,
35:11 très précisément,
35:13 le 22 mars 1960.
35:15 Philippe Devilliers,
35:17 que s'est-il passé le 22 mars 1960 ?
35:19 - Oui, c'est une date
35:21 qui a changé ma vie.
35:23 J'avais 11 ans,
35:25 j'étais sur mon vélo,
35:27 j'ai jeté mon vélo dans le bois de la chabotterie.
35:29 C'est là qu'a pris fin
35:31 la traque du général Charette,
35:33 poursuivi comme un sanglier.
35:35 Il était adossé
35:37 à une cosse de freine
35:39 calcinée.
35:41 Il perdait son sang.
35:43 C'était là, la lie.
35:45 Du coup, il entend
35:47 une voix qui se rapproche.
35:49 "C'est vous, Charette ?"
35:51 "Oui."
35:53 "Et vous, vous êtes le général Traveau ?"
35:55 "Oui."
35:57 "Je ne voulais être pris que par vous."
35:59 Les deux hommes se respectent,
36:01 deux officiers français,
36:03 qui s'estiment.
36:05 "Vous êtes blessé ?
36:07 Poursuivis, Traveau."
36:09 "Oui."
36:11 Temps d'héroïsme perdu,
36:13 Charette se redresse et lui dit
36:15 "Monsieur, rien ne se perd jamais."
36:17 Cette réplique
36:19 est entrée en moi
36:21 comme une maxime de vie,
36:23 elle ne me quittera plus.
36:25 J'accompagne par la pensée
36:27 le prisonnier.
36:29 Il est traîné devant le tribunal révolutionnaire.
36:31 "Et pourquoi cette plume blanche
36:33 que vous exhibez
36:35 et qui vous désignait
36:37 si imprudemment à vos adversaires ?"
36:39 Une vieille tradition
36:41 de la royale.
36:43 Un officier de marine n'abdique jamais
36:45 l'honneur d'être une cible.
36:47 Alors c'est le poteau de l'exécution.
36:49 Charette veut que
36:51 la dernière image
36:53 de sa mort
36:55 soit empreinte d'élégance
36:57 jusqu'à la manière de s'affaisser.
36:59 Quand bien même
37:03 il n'y aurait qu'un seul regard
37:05 en cet instant.
37:07 Pour surprendre le geste,
37:09 cela suffirait.
37:11 Rien ne se perd jamais.
37:13 Après le crépitement du feu,
37:15 Charette retient son corps
37:17 qui hésite.
37:19 Puis elle s'y lance
37:21 tout est fini.
37:23 La cause est perdue.
37:25 Et il monte en moi
37:27 une protestation,
37:29 une petite mélopée qui dit non.
37:31 Dans l'histoire
37:33 improbable
37:35 des sursauts
37:37 inattendus,
37:39 il n'y a jamais de paroles perdues,
37:41 il n'y a jamais de causes perdues.
37:43 Il suffit d'un regard, d'un panache,
37:45 d'un seul regard, d'un seul panache
37:47 pour embraser
37:49 une petite mémoire
37:51 en fontine.
37:53 Il suffit d'un sourire
37:55 à la dérober pour redessiner
37:57 un monde.
37:59 Il suffit d'une larme
38:01 sur une seule joue au pied du Golgotha
38:03 pour fonder
38:05 une civilisation
38:07 bimillénaire.
38:09 Messieurs,
38:11 rien ne se perd jamais.
38:13 - Eh bien écoutez, merci beaucoup Philippe Devilliers.
38:15 Je ne vivrai plus les 22 mars
38:17 de la même manière désormais.
38:19 - Merci Eliot.
38:21 Merci Geoffroy.
38:23 - On se retrouve évidemment la semaine prochaine
38:25 pour un nouveau numéro de Face à Philippe Devilliers
38:27 sur Europe 1 de 10h à 11h.
38:29 À 11 heures.

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