Alain Wetterwald est luthier depuis 4 ans. Il est installé à Lunel et il a revisité la cithare traditionnelle pour créer de nouveaux instruments, qui s'appellent des "Zither", une gamme d'instruments à cordes pincées.
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00:00 Lunel, Alain Vétarval est avec nous. Bonjour !
00:03 Bonjour !
00:03 Comment ça va ?
00:04 Très bien !
00:05 Alors vous venez de Lunel, vous ?
00:06 Lunel, oui !
00:06 Alors vous n'êtes pas venu à pied, parce qu'avec l'instrument que vous avez apporté,
00:09 je peux vous dire que déjà, il faut venir avec une voiture, et plutôt une grande voiture.
00:11 Dans la mienne, ça ne rentre pas, par exemple.
00:13 C'est un peu encombrant.
00:14 C'est un peu encombrant.
00:15 On va tout expliquer, bien sûr.
00:16 Pour ceux qui n'ont pas l'image, ceux qui veulent s'imaginer un petit peu,
00:20 c'est une harpe à plat, en forme de piano.
00:24 Ah ben avec ça, vous vous débrouillez, les images !
00:26 [Rires]
00:27 Une harpe à plat en forme de piano.
00:30 Ben oui, c'est un peu ça !
00:31 Ça vous plaît, cette définition ?
00:32 C'est tout à fait ça !
00:34 Visuellement.
00:35 Après, sur le plan sonore, on va découvrir avec vous.
00:38 Alors, d'abord, ce que je voudrais dire Alain, c'est que d'abord,
00:41 ce n'est pas votre métier de base, luthier.
00:43 Vous étiez dans la prothèse avant tout ça.
00:45 Oui, je faisais des corsets, des bras, des jambes.
00:47 Et donc j'ai une grosse formation, effectivement, d'ergonomie.
00:51 Et en étudiant cet instrument, je me suis rendu compte
00:55 qu'il fallait améliorer son ergonomie,
00:57 et donc éviter certains mouvements,
01:00 puisque les sitaristes se faisaient mal aux épaules tout le temps.
01:02 Parce que vous vous intéressez aux instruments,
01:04 tout en étant encore prothésiste.
01:06 Oui, ça fait une petite quinzaine d'années
01:08 que je suis à la sitar, effectivement.
01:12 Et j'ai revisité en profondeur cet instrument,
01:14 qui avait des gros défauts de manipulation,
01:18 surtout pour les cervicales,
01:19 et donc pour remettre ça vraiment
01:22 dans une ergonomie logique,
01:25 de déroulement d'épaule et non plus de mouvements compliqués.
01:28 Donc vous avez eu l'idée de créer votre propre instrument,
01:30 que vous avez baptisé "Sither".
01:32 "Sither", étoile du matin.
01:34 "Sither", ça veut dire "sitar" en anglais et en allemand.
01:37 D'accord, Z-I-T-H-E-R.
01:39 Étoile du matin, parce que quand on écoute le son, on imagine...
01:42 Voilà, c'est ça. C'est un nouveau monde.
01:44 Les dernières étoiles qui pointent dans le ciel encore noir,
01:47 et le soleil qui se lève.
01:48 Absolument, c'est ça, un nouveau monde.
01:50 Un nouveau porté qui tout d'un coup surgit.
01:54 Alors, vous ouvrez votre activité de luthier, du coup ?
01:57 Ça fait déjà trois ans, trois petites années.
02:00 Quand je dis "vous ouvrez", au moment où vous décidez
02:02 de faire ce virage à 180°.
02:04 Oui, oui, tout à fait.
02:06 De mettre ma passion en mouvement,
02:09 pour continuer la fin de carrière sur cet instrument.
02:12 Que j'ai décliné en sept instruments, en fait.
02:14 Vous n'en voyez que deux,
02:16 mais ça s'est fait petit à petit.
02:18 J'ai fait un instrument en tout.
02:20 Donc en fait, la sitar de base est un instrument austro-bavarois
02:24 que j'ai donc ré-étudié en profondeur
02:27 pour enlever tout problème d'harmonicité des cordes.
02:30 C'était un instrument qui était faux.
02:32 Et mon grand maître, Roger Frod, me disait
02:36 "Oh, vous jouez depuis combien de temps de la sitar ?"
02:39 Alors je lui disais "Depuis une quinzaine d'années."
02:41 "Oh, vous la cordez depuis 14 ans alors !"
02:43 Il avait un accent, visiblement.
02:44 Ah bah oui, c'était un anglais.
02:45 C'était le réinventeur du dulcimer.
02:47 Donc il y a eu une formation très très très dure avec lui
02:50 et très exacte sur la corde
02:53 et sur l'étude de la corde.
02:56 Alors pour ceux qui ne nous regardent pas ce matin
02:59 et qui nous écoutent, sur France Bleu Héro,
03:01 il faut quand même décrire l'instrument.
03:03 Alors Vivian disait...
03:06 Vous voulez que je prenne la main ?
03:07 Non, on va en discuter deux minutes,
03:08 puis après vous allez nous faire une petite démonstration.
03:10 On peut d'ailleurs peut-être mettre en four
03:12 un extrait d'un CD que vous avez fait.
03:14 Pour que vous sachiez de quoi il s'agit.
03:17 Et donc tout se passe à plat.
03:20 Ce sont des cordes tendues.
03:21 Il y a deux parties dans l'instrument en fait.
03:23 C'est pas quelque chose qu'on porte, c'est posé.
03:25 Une partie mélodique et une partie accord.
03:26 Ça pèse lourd, non ?
03:27 Oui, il y a besoin de masse pour que les sons s'expriment
03:31 puisque on est sur 5 octaves.
03:33 La partie gauche à accord fait 12 kilos.
03:35 La partie droite fait 8,5 kilos.
03:37 D'accord, donc une vingtaine de kilos.
03:38 Donc il faut pouvoir le poser.
03:41 Combien de cordes en tout ?
03:42 150 en gros, suivant les versions.
03:45 Ce qui est quand même pas mal.
03:47 On écoute un petit peu le son.
03:49 Au niveau sonore, ça c'est la musique des choristes.
03:58 C'est ça.
04:00 Qu'est-ce qui différencie ce son-là du son d'une harpe ou d'une sitar ?
04:05 Le calcul de la corde a été refait complètement.
04:10 C'est-à-dire qu'il y a trois éléments qui sont absolument indispensables à maîtriser
04:15 pour faire un instrument de qualité.
04:17 Il faut donc la même tension sur chaque corde.
04:20 Il faut la même sollicitation, c'est l'énergie de chaque corde.
04:24 Il faut que ce soit parfaitement équilibré.
04:27 Et le respect des longueurs vibrantes.
04:30 Quand on arrive à cet équilibre-là, on a un instrument qui ne se désaccorde pas.
04:35 Enfin, il se désaccorde en totalité vers le haut ou vers le bas
04:38 puisque ce sont des baromètres, ces instruments.
04:41 Mais au moins, il reste accordé en permanence.
04:43 Il n'en existe qu'un ou il y en a plein ?
04:46 Si je veux en acheter un, je peux en acheter un ?
04:48 Vous passerez par moi puisque je suis le seul à avoir développé cet instrument.
04:51 Si éventuellement ça me plaît et que je veux en acheter un, c'est jouable ?
04:54 Oui, tout à fait.
04:55 Combien de temps il faut pour en fabriquer un ?
04:56 250 heures par instrument.
04:58 Donc je ne peux pas l'avoir pour cet après-midi.
05:00 J'en ai quelques-uns en stock.
05:02 Il n'y a pas de problème, on peut s'arranger.
05:04 Parce qu'il veut tout essayer.
05:06 Il s'est mis au ukulélé, là.
05:08 Oui, c'est bien.
05:09 C'est le semaine d'ositaire.
05:10 Donc 250 heures, c'est vous qui fabriquez vraiment tout ?
05:13 Absolument.
05:14 Sur Youtube, on peut aller voir vos vidéos.
05:16 C'est vous qui découpez le bois.
05:18 Vous êtes très équipé, vous avez un petit atelier.
05:20 Tout est fait avec beaucoup de précision en plus.
05:22 Alors j'ai fait ça aussi avec l'école Polytech, l'école d'ingénieurs de Montpellier.
05:27 Le Polytech en trois gros sujets de thèse.
05:32 Avec M. Muratiol pour le département matériaux.
05:35 L'étude des instruments, pourquoi ils cassaient.
05:37 Parce que les instruments cassaient.
05:38 Après avec M. Johan Duhamel, la mécanique.
05:41 On va pas avoir le temps de citer tout le monde.
05:43 Le temps passe très vite.
05:44 On voudrait que vous nous fassiez une petite démonstration.
05:46 Attendez, pour finir, ça coûte cher ou pas ?
05:48 Non.
05:49 Si, sûrement un peu quand même.
05:51 Les instruments de qualité sont toujours d'un certain prix.
05:55 Oui, à peu près 4000 euros l'instrument.
05:59 Vous vous levez, vous allez derrière votre Zither, étoile du matin.
06:04 À ce moment-là, approchez-vous un peu du micro de Sébastien.
06:09 Là vous pouvez le prendre à pleine main.
06:11 Je suis que avec la partie mélodique.
06:18 D'accord.
06:19 Qui se joue avec la main droite.
06:22 Ou bien en redescendant avec les basses, en s'asseyant au son.
06:26 Il ne nous reste moins d'une minute.
06:28 Et avec l'autre partie, qu'on voit ce que ça donne.
06:30 Les accords.
06:31 Et vous faites les accords avec la main gauche.
06:33 C'est un peu comme pour le piano finalement.
06:35 Accords, main gauche et mélodie, main droite.
06:37 Là c'est un accord parfait.
06:39 C'est-à-dire fondamentale, tierce et quinte.
06:42 D'accord.
06:44 (Musique)
07:07 Pour se réveiller le matin quand même.
07:09 Ça c'est parfait.
07:10 Tout en douceur.
07:11 Revenez au micro.
07:13 On vous remercie et qu'on vous salue.
07:15 On va sur ziter-étoilesdumatin.com
07:19 si on veut voir un peu les secrets de fabrication.
07:22 Et vous pouvez venir aussi à l'atelier, puisqu'il y a beaucoup de gens qui viennent.
07:25 C'est vrai ? Vous êtes où à Lunel ?
07:27 Rue des Surveillants, à mon domicile.
07:29 D'accord.
07:30 Ah le talent lunélois, il n'y a rien à dire.
07:32 Tout à fait, Elena Musca.
07:34 En tout cas merci d'être venu ce matin pour nous présenter cet instrument.
07:37 Et on peut évidemment retrouver toutes les infos en allant sur francebleu.fr.
07:40 Merci Alain Bétharwal.
07:41 Merci beaucoup.
07:42 Et bon retour.
07:43 Merci.
07:44 Ne soyez pas surprise si vous nous regardez, que vous entendez du bruit.
07:47 Peut-être éventuellement que vous voyez passer Alain avec l'instrument en arrière.
07:49 C'est parce que ça demande quand même un petit moment pour l'installer et pour le désinstaller.
07:53 On va écouter Paul McCartney et Stevie Wonder dans un autre style.
07:56 Et juste après on a rendez-vous avec Virginie Vivès.
07:59 Vous connaissez ce rendez-vous, c'est pour de vrai.
08:02 On va aller donc au lycée maritime de France.
08:06 Le plus grand lycée maritime de France.
08:08 Lycée de la Mer à 7 dans quelques minutes sur France Bleu.
08:11 On vous souhaite un excellent réveil.
08:13 Merci de nous avoir choisis ce lundi matin.