Un journaliste peut-il écrire un livre avec un homme politique ?

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00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.

00:03 Et oui, et oui, et oui, il arrive que même dans les entreprises journalistiques, dans les entreprises de médias,

00:10 on dit aux gens "non, non, ça ne va pas du tout". Il y a eu deux histoires quand même qui nous ont un peu interpellé.

00:14 Celle du Jean-François Aquilli qui est journaliste à France Info, comme vous le savez.

00:21 Et puis, alors il a été suspendu depuis 10 jours et il y a une procédure disciplinaire prévue le 2 avril.

00:29 Voilà, alors c'est direct de Radio France, il a été mis à pied, toute collaboration extérieure dès qu'elle est envisagée

00:36 doit faire l'objet d'une information à la hiérarchie et de son autorisation expresse et péalable.

00:40 Il était question qu'il fasse un livre d'entretien avec Jordan Bardella, la tête de liste Rassemblement National aux Européennes.

00:48 Il n'en apparaît-il pas parlé. Cela dit, il n'y a pas eu de contrat, le livre ne s'est pas fait avec Jean-François Aquilli.

00:55 Donc, il dit "écoutez, moi je ne comprends pas que je sois mis à pied comme ça brutalement".

01:01 C'est vrai, c'est un problème, c'est-à-dire qu'effectivement, à partir du moment où on dit "un journaliste a des entretiens avec des politiques".

01:10 Mais attendez, si vous enleviez tous les journalistes qui ont des entretiens réguliers avec des politiques,

01:15 vous n'auriez plus, allez, une espèce de jungle ou de forêt vierge dans les studios de radio, de télévision et même de presse écrite.

01:23 Le nombre de gens qui voient, et je ne vais pas ici énumérer le nombre de livres de politiques qui ont été faits avec des journalistes,

01:32 le nombre de journalistes qui ont été "les nègres", c'est-à-dire qui ont écrit des livres pour les hommes politiques,

01:38 et ce sont les hommes politiques qui signent, vous savez, je pourrais vous indiquer, et pas seulement moi, des dizaines, voire des centaines.

01:45 Donc, je ne sais pas, à suivre, mais enfin, qu'un Jean-François Aquilli ou quelqu'un d'autre, qui que ce soit, soit mis à pied,

01:53 parce qu'il y a eu ce projet, qu'il n'en a pas parlé, alors qu'on aurait pu comprendre si ce projet avait eu lieu.

01:59 Je constate aussi que quand il s'agit de femmes ou de maris, d'hommes ou de femmes politiques, on n'est pas si regardant, pas toujours.

02:10 Et puis alors, autre chose aussi à la Provence, vous savez que la Provence appartient aujourd'hui au PDG de la CMA-CGM, Rodolphe Saadé,

02:17 Rodolphe Saadé qui vient d'acheter le pôle média de Patrick Tailly et de Altice, comme vous savez, BFMTV, RMC et autres.

02:26 Eh bien, Rodolphe Saadé avait ordonné, voilà, une autre mise à pied du directeur de l'action pour une une, effectivement, pour une une.

02:34 Alors cette une, c'était ça, Macron était venu à Marseille et la manchette disait "Macron il est parti et nous on est toujours là".

02:41 D'après la haute direction ou les actionnaires, c'était un crime de lèse-majesté et le rédacteur en chef, le directeur, si vous voulez, de la rédaction,

02:52 voilà, à cause du choix éditorial, donc Aurélie Viers a été convoquée et on a fait une procédure, si vous voulez,

03:01 presque de, je dirais en tout cas, le licenciement, etc. Mais, mais, mais, la rédaction a réagi.

03:07 Ils ont voté, le vendredi dernier, ils ont voté à 69% une grève illimitée et une motion de défiance contre la direction générale et le groupe de presse,

03:16 la CMA-CGM, Why Not Media. Voilà, la rédaction de la tribune dimanche, également, autre acquisition de Saadé, a voté massivement pour une grève mardi.

03:25 Quand les journalistes se réveillent, c'est toujours une bonne chose, quand les journalistes se réveillent et prennent conscience qu'ils ne sont pas tout seuls

03:32 et qu'ils constituent quand même une force et un pouvoir. En tout cas, la mise à pied a été levée, le journaliste a réintégré sa rédaction.

03:42 Ce que je veux dire, c'est qu'il faudrait quand même que tous ces braves gens comprennent que dans "Liberté d'expression", il y a l'expression de la liberté

03:51 Et que s'il commence à jouer avec ça, on est très très très mal parti.

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