Avec Erik Tegner, journaliste et directeur de la rédaction de Frontières.
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00:00Ici Sud Radio, les Français parlent au français, les carottes sont cuites, les carottes sont cuites.
00:13Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17Eh bien on quitte la France, on quitte un moment la France et on va très loin, on va en Afrique du Sud.
00:22L'Afrique du Sud, elle est loin, personne aujourd'hui n'est loin, tout est prêt.
00:27On va parler de ce qui se passe en Afrique du Sud avec Éric Tegner et Livre Noir Frontières.
00:34A tout de suite.
00:35Sud Radio André Bercov.
00:37Ça balance pas mal.
00:39Bercov dans tous ses états.
00:41Ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:43L'île nationale d'Afrique du Sud.
00:46En Afrique du Sud, pendant très longtemps, on a parlé évidemment de ce régime terrible et à ce qui s'appelait l'apartheid.
00:53Qui signifie séparation en Afrikaans.
00:56Qui était la langue des colons sud-africains dérivée du hollandais, comme on sait.
01:00Principe d'organisation sociale fondée sur la séparation des races.
01:04Et l'apartheid a duré en Afrique du Sud depuis... a été mise en place en 1948.
01:09Et a pris fin en 90 avec l'élibération de Nelson Mandela.
01:13Et en 93, comme vous le savez, Nelson Mandela était nommé, était élu président d'Afrique du Sud.
01:20Et Nelson Mandela, lui c'était un très grand homme aussi.
01:24Un des grands hommes de ce temps, de ce 20ème siècle.
01:28Et lui, il avait effectivement dit et prôné la réconciliation.
01:33Alors qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
01:35Et bien depuis, il s'est passé des choses assez spéciales.
01:39On peut le dire, après effectivement l'horreur de l'apartheid,
01:43il a eu d'autres choses qui sont aussi atroces.
01:46Alors je dis aussi à toi, je ne dis pas que je fais équivaloir avec l'apartheid.
01:51Mais Eric Tegner, vous êtes journaliste, vous êtes président de Livre Noir qui devient Frontière.
01:56Et vous publiez déjà assez en ligne, sur votre site, un journal qui paraîtra en papier le 18 juillet.
02:04Vous êtes allé en Afrique du Sud.
02:06Bonjour André, effectivement je m'y suis rendu donc il y a un peu plus de deux semaines.
02:10J'y ai passé trois semaines sur place.
02:13C'est simplement une raison que depuis quelques années, j'entendais un petit bruit
02:17qui disait que finalement, cette société arc-en-ciel voulue par Nelson Mandela
02:21après la fin de l'apartheid, qui évidemment était souhaitable et heureuse en 1994,
02:27il y avait une sorte de nouvel apartheid à l'envers qui était en place.
02:31On entendait parler de meurtre de fermiers blancs,
02:34on entendait parler également de blancs jetés dans les bidonvilles.
02:38Et donc honnêtement, je me suis posé la question en me disant,
02:40est-ce que ce n'est pas un peu complotiste ?
02:42On sait qu'il y a trois ans, Donald Trump et Elon Musk avaient tweeté sur ce sujet.
02:47Mais à chaque fois que j'écoutais la radio, notamment France Culture,
02:50parce qu'il y a eu les élections justement cette année en Afrique du Sud,
02:53tout le temps on parlait de cette société du free speech, de la démocratie,
02:56mais jamais de cette question justement de ces africaners blancs.
03:00Ils sont 2 700 000 aujourd'hui en Afrique du Sud.
03:03Oui, ils sont près de 3 millions actuellement.
03:05Près de 3 millions, exactement.
03:06Et à ce moment-là, j'ai décidé avec mon équipe de partir sur place
03:09justement pour enquêter pendant trois semaines.
03:12Vous êtes allé où exactement ?
03:13On a fait toute l'Afrique du Sud, on est parti de Johannesburg,
03:16on a terminé au Cap et on a abordé notre enquête sous trois volets.
03:21D'abord, on a voulu aller aborder cette question justement des fermiers blancs.
03:24En fait, depuis 1994, il y a près de 3 000 fermiers blancs
03:29avec leur famille qui ont été assassinés.
03:32C'est sûr, ça ce sont des chiffres vérifiés ?
03:35Ce sont des chiffres vérifiés, qui ont été certifiés.
03:38Ce qui aujourd'hui est mis en cause plutôt par d'autres médias,
03:41par également le gouvernement, c'est de dire que finalement
03:44c'est juste en raison de l'ultra-violence de l'Afrique du Sud
03:47et non en raison d'un racisme anti-blanc.
03:50Et non en raison d'une vengeance de l'apartheid en disant
03:53voilà, vous nous avez colonisés, vous nous avez massacrés.
03:56Il faut se rappeler Soweto quand même.
03:58Je ne dis pas pour faire l'avocat.
04:01Mais pour dire, est-ce que c'est un réflexe de vengeance ?
04:05C'est quoi alors Éric Tegner ?
04:07Alors, c'est assez simple. Il faut savoir qu'en Afrique du Sud,
04:10il y a un parti politique, je dirais d'extrême-gauche,
04:14c'est un peu comme la France insoumise en France,
04:16qui s'appelle l'EFF.
04:18Et le leader de ce parti justement chante très régulièrement
04:22et encore pendant ses élections, un chant qui s'intitule
04:25« Kill the Boers », c'est-à-dire tuer justement les Africanords.
04:29« The Boers » justement, c'était le nom qui était donné aux Africanords
04:33il y a un siècle par les Britanniques lorsqu'ils étaient venus coloniser l'Afrique du Sud.
04:37Et donc en permanence, il y a un discours.
04:39C'est un appel au meurtre.
04:40Un appel au meurtre.
04:41Et aujourd'hui, ces gens qui font ça ne sont jamais arrêtés.
04:44Également, on peut voir que ce ne sont pas seulement des vols
04:47qui sont faits contre les fermiers blancs.
04:50Au niveau des attaques, il y en a presque une par jour.
04:53Et il y a un assassinat par semaine.
04:553 000 assassinats depuis 1994.
04:58Et ce ne sont pas juste les hommes.
05:00Ce sont énormément aussi les enfants.
05:02Cette année, le plus jeune, il avait 14 ans par exemple.
05:04Ce sont des femmes également qui sont assassinées.
05:07Et il y a une violence qui est énorme.
05:10C'est-à-dire que lorsque j'y étais justement,
05:12c'était un moment où il y avait eu un assassinat
05:15qui avait été justement produit
05:17et donc où la femme avait été assassinée aux côtés de son mari
05:20et elle avait été jetée justement dans l'endroit des toilettes et des trétitus.
05:24Il y a également des viols qui sont répertoriés.
05:26Donc il y a une haine.
05:27Il y a également des assassinats qui sont faits
05:29alors qu'il n'y a pas justement de vols qui sont répertoriés.
05:32Et moi, tous les fermiers.
05:34Parce que du coup, j'y ai passé beaucoup de temps.
05:36Je suis allé dans le salon de l'agriculture un peu africain.
05:39C'est-à-dire le Nimpo.
05:40Où ça ?
05:41À Nimpo justement.
05:42Donc près de Johannesburg, à une heure de cette ville.
05:45Et donc là, j'ai pu rencontrer des dizaines et des dizaines de fermiers.
05:48Et moi, je venais avec ma question parce qu'honnêtement,
05:51je ne savais pas justement si c'était vraiment du racisme anti-blanc.
05:53Et je leur demandais tous.
05:54Ils étaient tous terrorisés.
05:56Ils considéraient justement qu'une partie de cette frange,
05:59justement, des personnes au pouvoir,
06:00ils ne disaient pas que c'est tous les noirs en Afrique du Sud,
06:02mais avaient une haine contre eux justement et les attaquaient.
06:05Et il faut comprendre que ces fermiers en Afrique du Sud,
06:07aujourd'hui, ils ne font pas confiance dans la police.
06:10Ils ne font pas confiance dans la justice aujourd'hui.
06:13Et ils ont dû s'organiser.
06:14Ils se sont organisés une contre-société.
06:16Moi, j'ai passé du temps parce que j'ai vécu notamment dans certaines de ces fermes.
06:19Avec des groupes armés ?
06:20Avec des groupes armés.
06:21Avec des groupes armés.
06:22Ils ont des systèmes de sécurité.
06:23Autodéfense, quoi.
06:24Exactement.
06:25Ils ont aussi une grande association qui s'appelle AfriForum.
06:27J'ai pu rencontrer son dirigeant et certains membres justement de syndicats
06:30où ils ont près de 10 000 bénévoles.
06:32Et ils ont justement financé énormément de clôtures.
06:35Moi, la ferme où j'étais,
06:36c'était un endroit où il y avait en fait 10 fermes sur l'équivalent de 3 000 hectares.
06:40Et tout cela est complètement entouré justement par des barbelés,
06:43par des lignes électriques, par des caméras.
06:45Ils ont leurs propres systèmes de radio.
06:47Ils sont tous surarmés.
06:49J'en ai vu un qui avait été attaqué à la fois il y a 2 ans mais également il y a 5 ans
06:53qui me disait, avec une véritable peur,
06:55je dors avec un pistolet sous mon oreiller.
06:58Et tant donné qu'il y a des distances extrêmement grandes,
07:00ils sont obligés de s'organiser de ce côté-là.
07:03Donc ça, c'est quelque chose de réel de leur côté.
07:06À Nampo, il y avait justement ces ventes d'armes, etc.
07:09Donc j'allais voir l'armurier, je lui disais,
07:11mais qui aujourd'hui s'arme ?
07:12Il disait, énormément de femmes aussi qui viennent
07:14parce qu'elles se sentent cruellement en insécurité.
07:16Donc ça, c'était une question qui venait.
07:18Il y a également un contexte, André.
07:20C'est-à-dire qu'en fait, il faut comprendre sur l'Afrique du Sud
07:24qu'effectivement, on pensait que cette société arc-en-ciel
07:26était terminée en 1994
07:28et que l'apartheid était fini.
07:30Il y a un chiffre qui est mis en avant, notamment justement par AfriForum.
07:33C'est le chiffre de 313 lois raciales.
07:35Vous savez, depuis 1910,
07:37il y a eu en total, en Afrique du Sud,
07:39313 lois raciales.
07:41Et bien depuis la fin de l'apartheid,
07:43il y en a eu 116 nouvelles.
07:45C'est-à-dire qu'aujourd'hui, 37% des lois raciales
07:47qui ont été votées en Afrique du Sud
07:49l'ont été après, justement, la fin de l'apartheid.
07:52Et certaines lois...
07:54Après l'arrivée de Mandela...
07:56Après l'arrivée de Mandela, et certaines lois également
07:58sous Mandela, juste avant Mandela
08:00et pendant l'apartheid,
08:02ont été maintenues aujourd'hui.
08:03Lorsque vous allez justement au commissariat
08:05pour porter plainte aujourd'hui,
08:07vous devez expliquer justement
08:09quelle est votre race.
08:10Il y a des lois là-dessus.
08:12C'est le deuxième volet de l'enquête que j'ai fait.
08:14Le système racial n'a pas disparu.
08:15Il n'a pas du tout disparu.
08:17Et ces Blancs, justement, le vivent
08:19véritablement contre eux aujourd'hui.
08:21Ils savent aussi qu'ils sont de plus en plus minoritaires.
08:23Des études montrent qu'au siècle prochain,
08:25au milieu du siècle prochain,
08:27ils ne représenteront plus que 0,3%
08:29de la population, notamment en raison
08:31de la baisse de leur natalité,
08:33mais aussi de l'immigration.
08:35Parce que beaucoup décident de partir.
08:37Mais ça veut dire qu'il y a ce contexte
08:39où c'est interrorisé dans la loi, André.
08:41Moi, le moment le plus marquant
08:43de cette enquête,
08:45c'était vraiment quand je me suis rendu
08:47dans les bidonvilles de Blancs.
08:49Et ça, c'est très surprenant.
08:51Oui, les bidonvilles de Blancs. Parce que d'habitude,
08:53quand on parle des favelas ou des bidonvilles,
08:55c'est les Noirs.
08:56Ah ben oui, mais moi j'avais jamais vu ça.
08:58Vous savez, j'ai fait beaucoup de pays africains,
09:00comme vous André, et effectivement,
09:02en général, on n'est pas habitué à cela.
09:04Et je me suis rendu dans...
09:06Et donc c'est des Blancs pauvres, ça ?
09:08Ce sont des Blancs souvent qualifiés, André.
09:10Qualifiés ?
09:11Qui ont perdu leur travail et qui ne peuvent pas en retrouver.
09:13Un même civil qui est le plus grand bidonville
09:15de Blancs, qui est à une heure
09:17justement de Johannesburg,
09:19où ils sont près d'un millier
09:21sur place. Vous pouvez voir à la fois
09:23des parents, mais également leurs enfants.
09:25Et vous êtes marqué par ces enfants qui sont
09:27adorables, qui sont beaux.
09:29Il y a un côté très... Ils ressemblent à des Hollandais.
09:31Il faut savoir que les Africaneurs ne sont pas des colons
09:33d'il y a un siècle en Afrique du Sud. Ils sont venus au XVIIe siècle.
09:35C'était des Huguenots qui justement
09:37ont quitté un peu cette guerre
09:39qui pouvait être problématique avec les protestants
09:41en France. Ce sont des Hollandais,
09:43ce sont des Blancs,
09:45des Blonds, etc. Il y avait ces
09:47jeunes filles qui étaient adorables et qui,
09:49quand elles me souriaient, elles n'avaient plus de dents.
09:51Et ça, ça vous
09:53retourne. Et quand j'interrogeais justement
09:55ces parents, je leur disais
09:57pourquoi vous êtes là ? Ils me disaient, moi je suis
09:59un employé qualifié
10:01et en raison des lois
10:03discriminatoires contre les Blancs, je ne peux
10:05plus en retrouver. C'est-à-dire qu'André,
10:07il y a des systèmes de quotas aujourd'hui.
10:09Lorsque vous êtes une entreprise et que
10:11vous voulez accéder au marché public, il y a
10:13des notations à points. Et il faut
10:15des points. Et si vous avez trop de Blancs,
10:17vous avez des points en moins. Pendant le Covid,
10:19c'était la même chose. Énormément d'entreprises
10:21justement, il y a eu un scandale justement
10:23aussi en 2022 avec une des plus
10:25grandes entreprises dans le domaine pharmaceutique
10:27où ça a fuité une note du PDG
10:29qui disait, n'embauchez plus de Blancs
10:31sinon justement, on va perdre
10:33les aides publiques. Et donc, ce ne sont
10:35pas des gens qui ne travaillent pas ou qui les emparaissent.
10:37C'est du racisme à l'envers
10:39et dont personne n'ose parler.
10:41C'est-à-dire que pendant ces élections, encore une fois,
10:43les médias occidentaux l'ont couvert,
10:45ont couvert le fait que l'ANC était
10:47justement en perte. On sait qu'ils ont une majorité
10:49relative, donc le parti de Nelson Mandela
10:51en raison de la corruption
10:53qui est latente, de l'augmentation de l'insécurité.
10:55Mais jamais personne ne va
10:57en parler. Et moi,
10:59il y a un enseignement, André, que j'en ai tiré, notamment
11:01en sortant de ces bidonvilles de
11:03Blancs, c'est d'abord la
11:05résilience de ces gens-là. Moi, j'ai vu
11:07personne me demander de l'aide,
11:09j'ai vu personne me demander de l'argent,
11:11j'ai vu personne se plaindre. Je n'osais même pas dire
11:13en anglais, parce qu'on parle en anglais avec eux,
11:15slugs, c'est-à-dire les bidonvilles,
11:17je disais les villages, parce qu'il ne faut pas les blesser.
11:19Mais est-ce que, alors Éric Degnès,
11:21est-ce qu'ils vous ont demandé, alors d'abord,
11:23c'est les gens que vous avez rencontrés,
11:25que vous avez côtoyés, et c'est vrai que c'est
11:27une situation assez dramatique, c'est-à-dire,
11:29enfin, ce que vous dites, c'est qu'avec les lois
11:31raciales de l'apartheid, elles sont restées,
11:33enfin, elles sont restées, mais elles se sont retournées.
11:35Un peu, c'est ça. Il y a de nouvelles lois raciales,
11:37mais les 36 nouvelles
11:39lois qui ont été créées après
11:41Mandela, ou enfin, après...
11:43Les 116, oui.
11:45Est-ce qu'elles sont ouvertement...
11:47Enfin, vous les avez lues,
11:49vous les avez vues. Elles sont ouvertement,
11:51elles disent, attention, il faut limiter les blancs,
11:53etc. C'est écrit.
11:55Ah, mais c'est écrit ?
11:57L'Afrique du Sud, c'est un pays où on parle de
11:59noir, on parle de blanc.
12:01Il y a une vision raciale des choses.
12:03Moi, au bout de 2-3 semaines,
12:05il fallait que je change mes habitudes en arrivant
12:07en France, parce que c'est commun
12:09de parler de cette façon-là.
12:11Donc, ils vont clairement expliquer qu'effectivement,
12:13il va falloir, justement,
12:15qu'il y ait moins de blancs dans les entreprises.
12:17Ce système de quotas,
12:19il est écrit noir sur blanc. Sinon, sanction.
12:21Sinon, sanction, non-accès au marché public,
12:23etc. Alors, est-ce que ces
12:25personnes, justement, ces jeunes que vous avez rencontrés,
12:27les sans-dents, et là, ça me rappelle
12:29l'hallucinante
12:31formule de François Hollande.
12:33Est-ce qu'ils
12:35pensent partir et qu'est-ce qu'ils
12:37pensent de leur avenir ?
12:39Ça, c'est la première question. Deuxièmement,
12:41est-ce qu'ils vous ont dit
12:43qu'on aimerait quand même que l'international,
12:45que les gens
12:47s'en aperçoivent et qu'ils nous aident, etc.
12:49C'est quoi leur sentiment,
12:51leur réaction ? Alors, à la fois, il y a ceux qui sont
12:53partis, mais par définition, je ne les ai
12:55pas rencontrés. On sait qu'il y a une communauté d'Africaners
12:57par exemple à Marseille qui est importante.
12:59Ceux que j'ai vus,
13:01aucun ne voulait partir. En fait,
13:03ils disent qu'ils sont chez eux, qu'ils sont là depuis
13:05quatre siècles.
13:07Et quand je vous disais tout à l'heure que je ne disais
13:09pas bidonville, mais je disais village,
13:11c'est parce qu'en fait, ils
13:13avaient une véritable dignité. Moi,
13:15j'ai rencontré justement un peu le boss
13:17de ce
13:19bidonville de Muncieville, qui
13:21montrait comment il construisait sa maison, comment
13:23il était heureux d'organiser presque une forme de
13:25jacuzzi dans la terre, qu'il allait construire
13:27des maisons auprès des autres. C'était pas sale.
13:29Ils voulaient garder leur
13:31dignité. Même certains me disaient, on préfère
13:33être ici que dans la banlieue d'Johannesburg où c'est l'insécurité.
13:35Parce qu'ici, si quelqu'un tue,
13:37on le tue. Et les policiers, ils ne rentrent pas
13:39ici parce que de toute façon, on n'a pas confiance en eux.
13:41Et on s'organise, on se défend.
13:43Mais on ne va pas partir parce qu'on est ici,
13:45chez nous. Et cette dignité,
13:47je vous dis, ça m'arrive souvent d'aller dans certains
13:49pays où à chaque fois qu'il faut interviewer des gens,
13:51vous les voyez, ils vont vous dire, donne-moi un peu d'argent.
13:53Jamais ils m'ont demandé d'argent. Jamais
13:55ils se sont plaint. Je vais même vous dire,
13:57en tant que photographe, parce que je prends
13:59les photos, dans ce
14:01genre de moment, effectivement, vous voulez capter des moments
14:03d'émotion. Et c'était difficile.
14:05Parce qu'ils ne se laissaient pas
14:07aller, justement, à la peine. Et donc,
14:09cette résilience, elle était marquante. Et dans le même temps,
14:11qu'est-ce qu'ils disaient sur l'international ?
14:13De toute façon, je leur demandais, est-ce que les Pays-Bas,
14:15rien. Ils savent très bien que personne...
14:17L'Europe, rien. Mais oui, parce que ce sont
14:19des mauvaises victimes. Ils vous disent,
14:21nous, on est blancs, on est vus comme colonisateurs,
14:23on n'est pas une bonne victime. On n'a pas d'aide,
14:25on n'a pas d'ONG sur place.
14:27Mais bien sûr, et c'était marquant.
14:29Et donc, que font d'autres personnes ? Et c'était le troisième
14:31volet de mon enquête.
14:33Eh bien, ils vont s'organiser des
14:35contre-sociétés. A la fois, les
14:37fermiers qui vont faire leur propre marché, ils vont faire
14:39des systèmes de troc. J'étais chez un
14:41brasseur, pour payer la bière, le fermier qui
14:43me logeait, il venait avec de la viande, parce qu'ils sont surtaxés,
14:45ces gens-là. Et donc,
14:47ils veulent contourner, justement, pour pouvoir
14:49survivre. Et le troc,
14:51exactement. C'est-à-dire qu'il y a un côté
14:53mode d'emploi d'une population minoritaire
14:55qui, justement,
14:57n'a plus de voix au chapitre dans
14:59la démocratie. Et ça, ils le savent très bien. Donc,
15:01ils ont organisé leurs contre-sociétés, avec leurs services,
15:03comme je le disais, de sécurité, etc.
15:05Mais il y a des gens qui ont choisi aussi
15:07de faire leur propre village autonome.
15:09Il y a cette communauté très connue d'Orania,
15:11qui a été créée il y a une trentaine d'années,
15:13où, effectivement, il y a à peu près 4 à 5 000 personnes
15:15qui y vivent. Et il y a également
15:17Kleinfontein, où on était. C'est-à-dire que ce sont des endroits
15:19où il y a le droit, dans la constitution sud-africaine,
15:21justement, de pouvoir avoir une vraie autonomie.
15:23Et donc, seuls les Africaners peuvent y vivre.
15:25Donc, de facto, ce sont des Blancs.
15:27Mais ils ne ciblent pas le fait que si tu n'es pas Blanc,
15:29tu ne rentres pas. Ils disent que c'est Africaners.
15:31Mais, effectivement, les Africaners sont tous Blancs.
15:33Mais c'est hallucinant ce que vous décrivez,
15:35Éric Tegner. Évidemment,
15:37je renvoie à votre
15:39magazine, qui est en ligne
15:41déjà, comme on l'a dit, sur le site
15:43FrontierMedia.fr
15:45FrontierMedia.fr, voilà.
15:47Frontier au pluriel.
15:49Mais, c'est étonnant,
15:51en fait, quelque part, c'est un apartheid à l'envers.
15:53Je veux dire,
15:55il y a une situation qui s'est renversée,
15:57mais qui est retournée comme un gant.
15:59Et donc, on ne parle pas.
16:01Et donc, aussi, les Africaners
16:03ne s'en avaient pas conscience.
16:05Moi, il y a une anecdote qu'ils m'ont donnée, quand ils me parlaient
16:07de la fin de l'apartheid.
16:09Ils nous ont dit que ce qui nous a tués, en fait,
16:11c'est le rugby. Parce qu'ils étaient
16:13bloqués, et donc, à l'époque,
16:15justement, on leur avait dit,
16:17avec la fin de l'apartheid, vous pourrez enfin aller dans les différents
16:19pays, jouer au rugby, etc.
16:21Et beaucoup, en fait, ont rallié. Mais, aujourd'hui,
16:23ils se disent, même ceux qui vraiment critiquent l'apartheid,
16:25d'ailleurs, beaucoup ont une vision différente
16:27de l'apartheid. Ils considèrent que ce sont les Britanniques,
16:29il y a un siècle, qui sont venus les
16:31coloniser, qui, à l'époque, ont créé les
16:33premiers camps de concentration, où ils ont mis près de
16:3530 000 Africaners, qui, justement,
16:37ont durci
16:39ces lois raciales, et l'ont appliqué telle qu'on
16:41le connaît, telle que c'était scandaleux.
16:43Il y a une discussion, aussi, de comment ça s'est
16:45passé de ce côté-là, et c'est
16:47important de le souligner.
16:49Mais, évidemment, qu'ils se sentent
16:51complètement minoritaires. Et ils me disaient, certains,
16:53quand ils s'organisaient, c'est intéressant,
16:55ils me disaient, il faut que vous appreniez, aussi,
16:57de comment un peuple survit
16:59lorsqu'il est minoritaire. Je vais vous dire,
17:01certains me disaient, d'ailleurs, nous, on est plus chanceux
17:03que vous, en France et en Europe,
17:05parce qu'en fait, on est résilients, on est beaucoup
17:07plus résilients. Et il y avait des petits exemples qui sont
17:09intéressants. On a appris la résistance.
17:11On va en parler, on va continuer à en parler,
17:13Eric, juste après une petite
17:15pause. A tout de suite. Et si vous voulez réagir,
17:170 826 300 300.
17:19A tout de suite, sur Sud Radio.
17:21Sud Radio
17:23Bercov, dans tous ses états, midi
17:2514h. André Bercov.
17:27Ici,
17:29Sud Radio.
17:31Les Français
17:33parlent au français.
17:35Je n'aime pas
17:37la blanquette de veau.
17:39Je n'aime pas la blanquette de veau.
17:41Sud Radio Bercov, dans tous
17:43ses états. Eric
17:45Tegner, qui revient d'Afrique du Sud,
17:47effectivement, où il nous a décrit ce qui se passe,
17:49et c'est là, tristement
17:51passionnant de savoir ce qui se passe
17:53un peu partout. Vous savez, c'est Albert
17:55Londres, le père absolu de journaliste
17:57qui disait, il faut porter la plume dans
17:59la plaie. Et si on ne fait pas ça,
18:01je ne vois pas ce qu'on fait, effectivement.
18:03Juste, Eric Tegner, pour terminer,
18:05je renvoie évidemment à votre magazine
18:07et évidemment qu'on
18:09va lire. Est-ce
18:11qu'au fond,
18:13c'est un miroir
18:15grossissant ou déformant
18:17de ce qui peut arriver en Europe ?
18:19Totalement. Et de ce qui arrive déjà.
18:21Parce que lorsque vous avez
18:23une victime, comme celle qui a lieu
18:25à Crépole, lorsque il y a un racisme
18:27anti-blanc, qu'on voit de plus en plus en France,
18:29on n'en parle pas.
18:31Parce qu'il y a les bonnes et les mauvaises victimes.
18:33Et donc, sur cet aspect
18:35d'une épuration ethnique,
18:37c'est comme ça qu'on sous-titre notre magazine
18:39qui s'intitule La haine du blanc
18:41alerte sur une épuration ethnique en Afrique du Sud
18:43parce que c'est la volonté de les faire partir,
18:45la volonté de les rendre complètement
18:47minoritaires. Ça, personne n'en parlera.
18:49Moi, j'ai été surpris que personne ne le fasse.
18:51Et de l'autre côté,
18:53il y a ce message d'espoir avec des clés
18:55de solutions pour s'en sortir. Moi, il y a quelque chose
18:57qui m'a marqué quand j'étais à Clayton Fountain,
18:59c'est qu'il nous expliquait
19:01que les travailleurs, pour
19:03produire, pour construire leur maison,
19:05ça devait tous être des africaneurs.
19:07Pourquoi ? Parce qu'ils disaient que sinon, dans la loi,
19:09d'ici 30 ou 40 ans, ils pourront
19:11leur dire, on récupère vos terres parce qu'elles ont été
19:13construites par les Noirs.
19:15Et c'est intéressant quand on voit en France
19:17aujourd'hui aussi le chantage qui est fait sur
19:19l'immigration. On va dire, ce sont eux qui font
19:21ça, ce sont eux qui produisent, et donc on nous
19:23oblige à... C'est-à-dire qu'il y a cet aspect
19:25aussi, faites par vous-même.
19:27Orania, leur devise, c'est
19:29« do it by yourself », c'est-à-dire
19:31fait par toi-même. C'est un côté très libertarien
19:33ces sociétés. En tout cas,
19:35au-delà des différences,
19:37et j'espère qu'on ne t'abattra pas
19:39dans cette espèce d'apartheid
19:41des deux côtés, parce que
19:43l'apartheid des deux côtés, c'est la
19:45mort. Mais
19:47effectivement, c'est très important d'en parler
19:49et vous l'avez fait,
19:51vous témoignez là-dessus,
19:53et encore une fois, je renvoie
19:55au journal, à Livre Noir.
19:57Il y a 60 pages avec des très belles photos qui
19:59effectivement marquent
20:01tes instants. On voit, j'en ai une qui marque, je vous ai
20:03montré un enfant
20:05qui est en fait quasiment dans
20:07la boue, mais qui a un sourire
20:09et qui incarne beaucoup
20:11je pense cette enquête. Je ne sais pas si on la
20:13verra, mais on la voit, mais voilà.
20:15Merci Eric. Merci André de votre invitation.