Déficit public: l'interview d'Éric Ciotti en intégralité

  • il y a 6 mois
Le président des Républicains Éric Ciotti était l’invité de BFMStory pour évoquer le déficit public, officialisé à 5,5% du PIB par l’Insee. Un chiffre que Bruno Le Maire souhaite faire “repasser sous les 3%” en 2027
Transcript
00:00 -On va parler du déficit public qui se monte à 5,5%
00:03 du PIB.
00:05 L'opposition tire à boulet rouge sur le gouvernement.
00:08 M. le député de Zalpari, bonsoir.
00:10 Vous êtes président du parti Les Républicains
00:13 dans l'opposition et vous cognez dur sur le président,
00:16 le Premier ministre et le ministre de l'Economie.
00:19 -Vous êtes plus alarmiste que M. Moscovici.
00:22 La France prenait la trajectoire de la Grèce.
00:24 -Oui.
00:26 Parce qu'aujourd'hui, nous avons quelle situation ?
00:30 3 200 milliards d'euros de dettes,
00:33 prévus à la fin de l'année 2024.
00:36 On est à 3 100 milliards aujourd'hui.
00:39 C'est-à-dire 1 000 milliards d'euros de dettes de plus
00:43 que lorsqu'Emmanuel Macron est arrivé.
00:46 Jusqu'à maintenant, nous sommes le pays d'Europe
00:49 qui emprunte le plus sur les marchés financiers.
00:52 Nous avons levé 300 milliards d'euros de dettes l'année dernière.
00:56 Avec ce qu'on appelle les obligations insimilables du Trésor.
00:59 Le taux d'intérêt était jusqu'à présent,
01:03 la signature de la France faisait en sorte
01:06 que les taux d'intérêt, l'écart avec l'Allemagne,
01:09 le taux auquel on prête à la France et à l'Allemagne,
01:12 était assez faible.
01:13 Cet écart est en train de se creuser
01:16 et il risque de se creuser d'autant plus
01:18 que nous avons et nous attendons la sanction,
01:21 mais elle sera vraisemblablement négative,
01:24 des agences de notation.
01:25 Si la note de la France, c'est-à-dire la signature de la France,
01:29 est dégradée, nous aurons une envolée des taux d'intérêt.
01:33 Et là, c'est une pénalité pour les ménages,
01:37 pour ceux qui empruntent, les entreprises,
01:40 et donc les Français vont payer
01:43 l'irresponsabilité de la gestion budgétaire.
01:45 -On a connu ça dans le passé, Nicolas Sarkozy a vu également
01:48 lorsqu'il était président, la note de la France être dégradée.
01:52 C'était après la crise de 2008.
01:54 Il y a eu aussi des crises traversées par Emmanuel Macron,
01:57 la crise des Gilets jaunes, la crise du Covid,
01:59 qui a été sans précédent,
02:01 l'inflation provoquée par la guerre en Ukraine,
02:03 tout ça n'était pas prévu.
02:05 -La crise des Gilets jaunes,
02:07 on peut quand même lui attribuer une grande paternité
02:10 de ce mouvement qui est, je vous le rappelle,
02:13 la conséquence d'un ras-le-bol fiscal des Français.
02:16 -Déjà. -Déjà.
02:17 La Cour des comptes,
02:19 vous le citiez, Pierre Moscovici,
02:22 rappelait que sur ses 1 000 milliards d'euros de dettes,
02:25 pour être très exact, on est à 900 aujourd'hui,
02:27 on sera à 1 000 dans peu de temps,
02:29 260 pouvaient être attribuées au Covid.
02:33 C'est-à-dire que les trois quarts de la dette
02:36 qui, aujourd'hui, pèse et leste les finances de l'Etat
02:43 ne sont pas, ne relèvent pas du Covid.
02:45 -Ca veut dire quoi, ça ?
02:47 Ca veut dire qu'on a un président qui gère mal notre argent ?
02:50 -Très mal, très mal notre argent.
02:52 On est le pays au monde
02:54 où on a les impôts et les charges les plus élevés,
02:58 prélèvements obligatoires les plus élevés au monde,
03:01 et on est le pays d'Europe
03:02 où les dépenses publiques sont les plus élevées.
03:05 Tout est là.
03:06 Comme on dépense le plus et on dépense très mal,
03:09 de surcroît,
03:11 on finance comment cet excès de dépense ?
03:14 Par la dette, la sanction est là,
03:18 et par l'impôt, et la sanction est là, aujourd'hui.
03:21 -Il n'y a pas d'augmentation d'impôt, dit Bruno Le Maire.
03:24 Vous le croyez ?
03:25 -Bruno Le Maire, c'est un peu un illusionniste.
03:28 On l'entend, aujourd'hui, cet après-midi,
03:31 avec une arrogance insoutenable à l'Assemblée nationale,
03:35 donner des leçons,
03:37 c'est comme s'il n'avait pas été ministre
03:39 de l'Economie et des Finances depuis 7 ans.
03:42 Alors, soit on lui a imposé,
03:44 c'est ce qu'il laisse entendre en privé,
03:47 soit M. Macron lui a imposé une politique,
03:50 mais s'il avait du courage, il aurait fallu qu'il s'écarte,
03:53 soit il est comptable de cette situation.
03:56 Et je pense qu'il nourrit beaucoup d'ambition pour la suite,
03:59 mais je crois que ces ambitions, elles se dilueront dans son bilan,
04:04 parce que son bilan est épouvantable.
04:06 Ce sera le ministre de l'Economie et des Finances, lui aussi,
04:10 qui sera comptable de cette masse écrasante de dettes.
04:14 Ce qui est d'autant plus insupportable,
04:16 ce que ne comprennent pas les Français,
04:18 c'est que plus on dépense, plus on s'endette,
04:21 plus on paye d'impôts,
04:22 moins les services publics d'État sont performants.
04:25 Moins on a des services de qualité à l'hôpital,
04:28 moins l'éducation nationale transmet des repères et des valeurs
04:32 à nos enfants, moins la justice fonctionne.
04:34 C'est ça que les Français ne supportent plus.
04:37 -Vous avez agacé le ministre de l'Economie, Eric Ciotti.
04:40 Il a dit qu'il s'en gonflait les Républicains
04:43 et qu'ils auraient cramé la caisse.
04:45 -Il reprend le terme de Vélinie Pécresse,
04:48 en reprenant des arguments factuels.
04:50 En septembre, vous avez proposé de baisser de 15 centimes
04:53 des taxes sur l'essence.
04:55 Ca coûte 12 milliards d'euros.
04:57 En octobre, combien ça coûte ?
04:59 -Ca coûte 5 milliards d'euros.
05:00 -C'est quand même 5 milliards.
05:02 -En octobre, vous proposez un amendement LR
05:05 pour une TVA de 5,5 %
05:06 dans le cadre de travaux de rénovation des logements.
05:10 En octobre, 10 milliards d'euros de baisse d'impôts
05:13 pour les entreprises.
05:14 En janvier, un revenu net de 1 500 euros pour les agriculteurs.
05:17 C'est pas la rigueur avec vous.
05:19 -Ecoutez, nous, ce que nous avons fait...
05:22 Vous savez, le budget, il se vote une fois par an.
05:25 Ca s'appelle la loi de finances.
05:27 Les Républicains, vous êtes un observateur,
05:29 ont déposé un contre-budget.
05:31 Après, il y a des députés qui peuvent défendre
05:34 de façon individuelle des amendements.
05:36 C'est la liberté d'amendement, mais le parti, le groupe,
05:39 présidé par Olivier Marlex,
05:41 en accord avec nos amis sénateurs,
05:43 on a présenté un contre-budget.
05:45 Dans ce contre-budget, il y avait 25 milliards,
05:48 25 milliards d'économies.
05:51 25 milliards d'euros d'économies.
05:53 -Ou, par exemple... -Et il y avait...
05:55 Je vais y venir. Et il y avait 10 milliards d'euros,
05:58 et il y avait 10 milliards d'euros
06:00 de dépenses fiscales
06:02 ou de dépenses nouvelles,
06:04 et notamment, en pleine crise de pouvoir d'achat,
06:07 il y avait un allègement de la fiscalité
06:10 sur l'énergie,
06:11 qui coûtait 5 milliards d'euros.
06:14 Donc, c'était dans les dépenses qu'on produisait.
06:17 Il y avait les allocations familiales
06:20 dès le premier enfant,
06:21 et il y avait un allègement des droits de succession.
06:24 Ça, c'était la colonne "dépenses"
06:27 pour environ 10 milliards d'euros.
06:30 Il y avait la colonne "économies" pour 25 milliards d'euros.
06:34 Dans cette colonne, on avait une modification
06:37 du régime d'indemnisation du chômage.
06:39 C'était un gain de 6 milliards d'euros.
06:41 On avait le plafonnement des allocations,
06:45 de la somme des allocations,
06:46 pour 3 milliards d'euros.
06:48 On supprimait certaines niches fiscales,
06:52 certaines niches fiscales,
06:53 dont on bénéficiait des entreprises
06:55 qui ont fait d'énormes bénéfices,
06:57 pour 3 milliards d'euros.
06:58 On supprimait le crédit d'impôt recherche
07:01 pour 2 milliards d'euros
07:03 aux banques et à la grande distribution.
07:05 On supprimait...
07:07 -Pourquoi on le fait pas ?
07:09 -Le gouvernement s'est fait opposer.
07:12 Pour l'instant, nous ne sommes pas au pouvoir.
07:14 -25 milliards, c'est pas suffisant.
07:17 Moscovici dit qu'il faut 50 milliards.
07:20 -En tout cas, nous, dans l'opposition,
07:22 c'est assez inédit de dire...
07:25 J'entends les procès,
07:27 on prend des amendements des uns et des autres
07:30 et on additionne des choux et des carottes.
07:32 -Vous vous députez pour beaucoup d'amendements ?
07:35 -Oui, mais ceux de la majorité aussi.
07:37 -Tout le monde dépense.
07:38 -C'est ce qui nous donne le sang.
07:40 -Si vous additionnez ceux de la majorité,
07:43 il y a le texte du gouvernement
07:45 qui aboutit à 5,5 points de déficit public
07:50 à 3 200 milliards d'euros de dettes
07:53 et il y a le texte des Républicains
07:55 qui rééquilibrait.
07:56 Il faudra sans doute aller plus loin demain.
07:59 J'ai une conviction très forte.
08:01 -Il faut une nouvelle loi de finances ?
08:03 -Il faut un projet de loi de finances rectificative.
08:06 On est convoqué à un débat le 29 avril,
08:09 mais c'est encore de la communication.
08:11 Sans vote, par rapport à la crise budgétaire,
08:16 la prévision de croissance pour 2024, elle est fausse.
08:20 D'ailleurs, elle vient d'être rectifiée.
08:23 Toutes les recettes qui rentrent depuis le 1er janvier
08:27 sont beaucoup plus faibles que prévues,
08:29 donc il faut très clairement modifier ce budget.
08:32 -On entend Sioty dire qu'il faut faire plus d'économies,
08:35 mais depuis 1975, on est en déficit.
08:38 Depuis 1975, au pouvoir,
08:40 la gauche et la droite se sont succédées.
08:42 Qu'est-ce qui se passe ?
08:44 Pourquoi en France, on dépense plus chaque fois ?
08:47 -Parce qu'on n'arrive pas à juguler deux monstres.
08:51 Un, c'est normal, c'est la dépense sociale.
08:53 Les maladies et la fin de vie coûtent de plus en plus cher.
08:56 C'est difficile de tailler dans ces dépenses
08:59 et de dire aux gens qu'ils mourraient
09:01 car on n'a plus d'argent.
09:02 Celui-là, la dépense augmente, c'est normal.
09:05 L'autre monstre, c'est l'emploi public.
09:07 Personne n'a réussi à faire une réforme de l'Etat,
09:10 des collectivités locales, structurelle,
09:12 où on diminue l'emploi public.
09:14 C'est l'échec majeur d'Emmanuel Macron,
09:17 qui n'a rien fait de ce côté-là.
09:19 Encore 59 000 emplois publics créés en 2023.
09:22 -Il avait promis de supprimer des postes.
09:24 -Tous ont promis de supprimer des postes.
09:26 François Fillon, 500 000, ça lui a coûté cher.
09:29 Nicolas Sarkozy avait tenté quelque chose avec la RGPP,
09:32 avec un emploi sur deux par remplacé,
09:35 mais il avait désarticulé la fonction publique,
09:37 comme si ça l'affaiblissait, plus que ça ne la faisait maigrir.
09:41 Quant à dégraisser le mammouth, qui venait de la gauche,
09:44 ça n'a jamais fonctionné.
09:46 Je ne veux pas douter de la bonne volonté des hommes d'Etat.
09:49 Il y a une incapacité structurelle des gouvernants successifs
09:52 à faire baisser le nombre de fonctionnaires.
09:55 -Le moment est venu de faire une grande réforme structurelle.
09:58 -Comment on fait ?
10:00 -Comme le général de Gaulle l'avait fait en 58,
10:03 quand il avait eu le pouvoir, il avait demandé à deux économistes,
10:06 à Armand et RUEF, de présenter un plan
10:08 de faire une restructuration de l'administration.
10:13 Aujourd'hui, on a une administration
10:15 qui produit beaucoup de normes,
10:17 qui, dans certains secteurs, est trop nombreuse,
10:20 qui est insuffisante dans d'autres.
10:22 Il manque des effectifs soignants.
10:24 -La réforme de l'Etat, c'est quoi, concrètement ?
10:27 -Par exemple, l'hôpital.
10:29 -Moins d'administratifs, plus de soignants.
10:31 -Agents hospitaliers,
10:33 il y a plus de 350 000 administratifs.
10:36 -Qu'est-ce qu'il faut faire pour les lire ?
10:38 -Il faut les réaffecter progressivement.
10:41 -Ce n'est pas des économistes.
10:43 -Dans d'autres administrations, il faut moins recruter
10:46 d'administratifs quand ils partent en retraite,
10:49 moins les remplacer et recruter plus de soignants.
10:52 Il y a 475 agents...
10:54 -Si on remplace moins, mais qu'on recrute à d'autres postes,
10:57 il n'y a pas d'économie.
10:59 -Il y aura un solde positif.
11:00 -475 agences de l'Etat.
11:02 475 agences de l'Etat.
11:05 Aujourd'hui, que font ces agences,
11:07 qui sont souvent en doublage...
11:09 -Le maire veut s'y attaquer.
11:10 -Le moment est venu de le faire.
11:14 On laisse...
11:15 Ce sont les Français qui payent pour la gabegie de l'Etat.
11:19 -Ca veut dire changer le statut de la fonction publique
11:23 et l'emploi à vie.
11:24 -J'y suis favorable.
11:25 Ca ne doit plus être un tabou.
11:27 Il y a aussi la question des jours de carence.
11:30 Quand on a des congés maladie.
11:32 Il faut qu'il y ait des jours de carence harmonisés
11:35 entre le public et le privé.
11:38 Trois jours de carence,
11:40 on voit qu'il y a beaucoup de difficultés sur ce sujet.
11:43 Mais le statut de la fonction publique,
11:46 naturellement, qu'il faudra s'y attaquer,
11:48 ça fait partie de cette restructuration.
11:51 Après, vous parlez du modèle social.
11:53 Le modèle social, dans ses déficits,
11:56 on a un budget de l'Etat à 500 milliards,
11:59 on a un budget social à 750 milliards d'euros.
12:02 Le budget social, il est en déficit que de 11 milliards d'euros.
12:07 De 11 milliards d'euros sur 700, en gros.
12:10 Ca veut dire... C'est l'épaisseur du trait.
12:13 On en parle beaucoup.
12:14 De l'autre côté, le budget de l'Etat,
12:17 il y a 500 milliards d'euros de dépenses,
12:20 350 de recettes,
12:22 150 milliards d'euros de déficit.
12:24 -C'est le budget de l'Etat qui pose problème.
12:27 -Où l'Etat ne fait pas les économies nécessaires.
12:30 -En même temps qu'il y a Etan, depuis 1975,
12:32 on vit avec ce déficit.
12:34 Les Français qui nous écoutent se disent
12:36 que la France tient toujours.
12:38 -Le dernier budget qui est livré, c'était en 1974.
12:41 Et depuis, on a cessé de creuser les déficits.
12:44 Il faut regarder la nature des dépenses.
12:46 Aujourd'hui, la France est confrontée à des dépenses
12:49 qui ont été contraintes par les crises qu'on a connues.
12:52 Alors, certes, pas au même niveau
12:55 que ce que la France enregistre aujourd'hui,
12:57 mais des dépenses importantes.
12:59 Les dépenses qui produisent de la richesse,
13:01 ce sont les dépenses d'investissement.
13:04 C'est ce qu'on peut regretter.
13:06 -C'est les dépenses de fonctionnement.
13:08 -Exactement.
13:09 Le problème, aujourd'hui,
13:11 c'est qu'on a une croissance qui ralentit.
13:14 Donc, on a moins de recettes fiscales.
13:17 Et si on s'attaque de trop près à la dépense,
13:20 ça peut être contre-productif.
13:22 Ca peut encore ralentir la croissance économique.
13:26 Donc, il faut rééquilibrer les dépenses.
13:29 Vous savez, dans une entreprise,
13:31 quand elle est en difficulté,
13:33 elle pose un diagnostic, regarde ce qui ne va pas,
13:36 elle met en place un plan d'action,
13:38 et ensuite, elle vérifie que les mesures de son plan d'action
13:42 sont bien mises en place et respectées.
13:44 -Ce qu'on ne fait pas pour l'Etat.
13:47 -L'Etat réagit.
13:48 -La Cour des comptes fait ce diagnostic.
13:50 -Ce n'est que consultatif.
13:52 Le problème, aujourd'hui,
13:54 c'est qu'en France, on prend des plans d'action à court terme.
13:57 On ne pose pas ce diagnostic.
13:59 -Pas des coups de rabot.
14:01 -Il faut avoir des résultats tout de suite.
14:03 Vous ne savez pas si dans 5, 7 ou 10 ans,
14:06 vous serez toujours au pouvoir
14:08 pour porter les fruits du plan d'action
14:10 que vous avez mené.
14:11 -Prenons une ligne.
14:13 On va faire comme si on regardait un budget.
14:16 On prend une ligne.
14:17 La protection sociale.
14:19 C'est 32 % du PIB.
14:22 -34.
14:23 -34. 840 milliards.
14:25 C'est ça, monsieur Sotti ?
14:26 -J'évoquais 750.
14:27 -Si je regardais, 848 milliards,
14:29 ce qui correspond à 12 250 euros,
14:32 on va dire 13 000 euros par habitant.
14:34 217 milliards d'euros, c'est la vieillesse.
14:37 183 milliards d'euros, c'est la maladie.
14:39 C'est des systèmes colossaux.
14:41 Est-ce qu'on peut regarder précisément ?
14:43 -Nous, ce qu'on propose,
14:45 c'était le cas dans le contre-budget,
14:47 c'est que toutes les allocations soient plafonnées.
14:50 Allocations au logement, allocations familiales,
14:54 qu'il n'y ait pas un cumul qui permet de plus gagner
14:58 quand on ne travaille pas que quand on travaille.
15:01 -Vous vous attaquez aux ménages les plus modestes ?
15:04 -Pas forcément, parce que le soutien aux ménages modestes,
15:07 c'est le travail, c'est l'emploi et c'est le salaire.
15:10 Moi, je pense, aujourd'hui,
15:12 si on dresse le constat de la situation économique
15:15 de notre pays, cet endettement et cet excès de dépenses publiques
15:19 y conduit à quoi ?
15:20 A des prélèvements obligatoires très élevés
15:22 qui pèsent sur le salaire.
15:24 Aujourd'hui, on a un coût du travail
15:26 qui, globalement, est plus élevé que la moyenne européenne,
15:30 d'environ 20 %,
15:31 et on a un salaire net,
15:33 donc ceux qui font vivre ceux qui travaillent,
15:36 qui est plus faible que la moyenne européenne.
15:38 -Si vous réduisez les cotisations,
15:41 il faudra faire des choix,
15:42 parce que ces cotisations ont un objectif.
15:45 -Est-ce qu'il faut faire peser tout ça sur la consommation ?
15:48 C'est une piste qu'a évoquée Bruno Le Maire,
15:50 la TVA sociale.
15:52 -Moi, je pense qu'il ne faut plus financer
15:55 le modèle social que vous évoquez,
15:57 vous avez donné les chiffres,
15:59 uniquement sur le travail.
16:00 Il faut que l'assiette de prélèvements...
16:03 -Vous dites "OK" pour monter la TVA et baisser les cotisations ?
16:07 -C'est que l'assiette soit plus large.
16:09 -Est-ce que vous êtes d'accord ?
16:11 -Moi, ça me choque pas.
16:13 -Les retraités, par exemple, pourraient cotiser ?
16:16 -Les retraités, je crois qu'il y a eu un pacte entre la nation...
16:19 Tout le monde vote.
16:21 -Les retraités plus que les jeunes.
16:23 -Et souvent pour...
16:24 -Si vous dites que les cotisations ne doivent pas reposer
16:31 que sur les seuls salariés,
16:33 sur qui ces cotisations doivent reposer ?
16:35 Les retraités, par exemple,
16:37 qui ont un pouvoir d'achat très important ?
16:40 -Les retraités, ce sont des gens qui ont travaillé.
16:43 Il y a un contrat social avec eux.
16:45 Les retraités d'aujourd'hui sont les travailleurs d'hier.
16:48 Ils ont payé des cotisations
16:50 et donc ils attendent légitimement...
16:53 -C'est ceux qui travaillent qui paient leur retraite.
16:56 -Le respect du contrat social, de la parole donnée.
16:59 On pourrait évoquer le fait que ce modèle social
17:01 soit financé sur des prélèvements,
17:04 peut-être sur des transactions financières,
17:06 peut-être sur les importations.
17:08 Il y a la question de la TVA sociale.
17:10 -On ne touche pas aux retraités.
17:13 -Indexer les pensions de retraite sur l'inflation,
17:15 ça nous a coûté des milliards d'euros.
17:17 -Vous voyez des retraites ?
17:19 La majorité des retraites, ce sont des gens
17:22 qui ont travaillé toute leur vie.
17:24 -Les retraités français sont mieux lotis
17:26 que beaucoup de retraités en Europe.
17:28 -Je ne crois pas.
17:29 Je vois dans ma ville, dans ma circonception...
17:32 -Je ne parle pas des petits retraités.
17:35 -C'est la grande majorité, les petits retraités.
17:37 Donc on a une espérance de vie qui a augmenté.
17:40 Il y a plus de retraités.
17:42 En volume, ça coûte.
17:43 Pour autant, quand vous gagnez 800 ou 900 euros de retraite,
17:47 on s'était battu dans la réforme des retraites
17:50 pour que personne n'ait moins de 1 200 euros,
17:53 ce qu'on appelait le "milco", le minimum vieillesse.
17:56 Le "mico", pas le "mico".
17:58 Là, voilà...
18:01 C'est pas eux qui...
18:03 -Il y a d'autres mesures qui circulent.
18:06 À gauche, par exemple, ils disent qu'on a qu'à taxer
18:09 les super-profits. -Même au sein de la majorité.
18:12 -Il y a Elbron-Pivet.
18:13 -Je dis que quand on est le pays au monde
18:16 où il y a le plus de prélèvements obligatoires,
18:19 on ne charge pas la barque.
18:21 -Pour ceux qui seraient concernés,
18:23 ces quelques centaines de personnes,
18:25 ça ne changera pas leur mode de vie.
18:27 -On ne charge pas la barque fiscale.
18:29 On touche à ça avec prudence.
18:31 Je ne suis pas pour l'augmentation
18:33 des prélèvements obligatoires.
18:35 -Vous dites qu'on peut baisser les allocations logements
18:39 ou familiales, mais on ne touche pas
18:41 aux super-profits et aux super-dividendes.
18:43 Vous pouvez l'assumer.
18:45 -Les super-profits, ce sont des entreprises,
18:48 ce sont des emplois.
18:49 Je veux qu'on valorise et qu'on soutienne le travail.
18:53 Ce discours déstabilise nos équilibres économiques,
18:57 il déstabilise notre compétitivité.
19:00 On a des impôts de production...
19:02 -Votre point commun avec Emmanuel Macron.
19:04 -On a des impôts de production
19:06 qui sont 5 points plus élevés que la moyenne européenne.
19:10 Ca veut dire que des entreprises se délocalisent,
19:13 qu'on perd des emplois et des cotisations.
19:15 Donc, toucher au levier fiscal, pour moi, aujourd'hui,
19:20 est une faute et une erreur.
19:21 C'est l'inverse qu'il faut faire.
19:24 Il faut qu'on favorise le pouvoir d'achat par le salaire,
19:27 qu'on favorise le pouvoir de produire
19:30 par la baisse des charges qui pèsent sur les entreprises.
19:34 Je rajouterais qu'il faudrait
19:36 qu'on favorise le pouvoir de transmettre du patrimoine
19:40 pour débloquer les mille milliards,
19:43 plusieurs milliers de milliards d'euros d'épargne
19:46 qui sont bloqués et qu'on devrait faire circuler
19:49 au service des jeunes générations.
19:51 -Si la loi de finances 2025 à l'automne ne vous convient pas,
19:55 elle passera par 49-3.
19:57 Si elle ne vous convient pas,
19:59 votez une motion de censure qui pourrait rassembler les oppositions.
20:03 Par exemple, une motion de censure déposée par le groupe Liott,
20:07 quitte à faire tomber le gouvernement.
20:09 -C'est sur la table.
20:10 -Pour l'automne ?
20:12 Et s'il y a un budget ratificatif en juin-juillet ?
20:15 S'il y a un PEDFR,
20:16 désolé pour le TAM,
20:18 mais c'est un budget ratificatif en juin-juillet,
20:21 pourriez-vous faire tomber le gouvernement ?
20:23 -Aujourd'hui, on ne peut pas continuer dans cette situation.
20:27 -Vous dites que c'est possible ? -C'est possible.
20:30 On ne peut pas continuer dans cette situation,
20:33 dans cette dérive qui met en péril l'avenir de notre nation.
20:37 -Ce n'est pas irresponsable ? -Nous verrons le calendrier
20:40 choisi par le gouvernement.
20:42 -Ce n'est pas exclu ?
20:43 -Les JO, c'est pas une échéance législative,
20:46 c'est pas une échéance politique.
20:48 -Ce député des Alpes-Maritimes,
20:50 je vais m'adresser,
20:51 parce que sur les réseaux sociaux,
20:54 vous avez pointé ce qui s'est passé dans un quartier
20:57 situé à l'ouest de Nice, le quartier des Moulins,
21:00 qui est tenu en partie avec des points de dilles.
21:03 Aujourd'hui, il y a eu un affrontement
21:05 des policiers qui ont été blessés.
21:07 Que s'est-il passé ?
21:09 -C'est une situation de grande tension
21:11 actuellement dans le quartier des Moulins,
21:14 car une quarantaine d'individus cagoulés
21:16 s'en sont pris à la fois aux forces de l'ordre
21:19 et manifestement à des étrangers en situation irrégulière,
21:24 sur fond de trafic de drogue, de règlement de compte.
21:28 Il y a quatre blessés, dont deux graves,
21:31 dont deux en situation de gravité importante.
21:35 Ils ont été blessés à coup de marteau.
21:37 C'est une longue dérive.
21:39 Quasiment chaque jour, il y a des coups de feu aux Moulins.
21:42 Cette nuit, des policiers ont été pris à partie
21:46 par des tirs de mortier.
21:48 C'est cette situation qui devient insupportable
21:52 pour les résidents.
21:53 On était dans des opérations de communication.
21:56 M. Darmanin se garguerise de ces opérations place nette.
22:01 Là, il vient d'envoyer une compagnie de CRS.
22:04 Ils viennent, ils repartent.
22:06 Dès que cela s'interrompt, ils repartent.
22:10 C'est intéressant, c'est effrayant.
22:12 C'est des règlements de compte entre les habitants et des migrants,
22:16 des habitants qui accusent ces mineurs isolés
22:19 d'avoir tenté de vigner des filles du quartier.
22:24 Il y a des règlements de compte.
22:26 L'enquête devra le déterminer, mais la situation se dégrade.
22:30 -On a regardé les images de BFM Nice sur les règlements.
22:34 -Un jeune se fait taper dessus par des jeunes de la cité.
22:38 -Coup de marteau, comme vous le voyez.
22:41 -Absolument.
22:43 Derrière tout ça... -C'est la guerre civile.
22:46 -Il y a le trafic de drogue insupportable
22:49 qui gangrène beaucoup de nos cités.
22:51 On voit ce qui se passe à Marseille,
22:53 mais ça risque de se propager ailleurs.
22:56 Et il y a l'immigration.
22:58 Dans ces réseaux trafiquants de drogue,
23:00 aujourd'hui, sont utilisées comme traite des êtres humains.
23:04 Une exploitation négrière
23:06 pour faire baisser le coût du trafic de drogue.
23:09 Il y a des mineurs qui arrivent de l'étranger,
23:12 souvent d'Afrique.
23:14 -La drogue, l'immigration grandestine...
23:16 -Ce sont les deux sujets
23:18 que le gouvernement est incapable d'engrayer.
23:22 -L'autre sujet d'actualité,
23:23 on va le voir avec Véronique Fèbre.
23:26 -Bonsoir.
23:27 -On a appris que le proviseur de l'établissement Maurice Ravel
23:31 à Paris a quitté ses fonctions pour des raisons de sécurité.
23:34 Il était menacé de mort
23:36 parce qu'il avait demandé à une élève d'enlever son voile.
23:40 -C'est une grande émotion
23:41 qu'ont saisie les élèves, les parents du lycée Maurice Ravel
23:45 parce qu'ils ont appris par le nouveau proviseur par intérim
23:49 que leur ancien proviseur avait quitté ses fonctions
23:54 pour des raisons de sécurité.
23:56 Renseignement pris,
23:57 le proviseur, qui avait donc, on le rappelle,
24:00 été menacé de mort et accusé à tort par une élève
24:04 et d'ailleurs d'autres élèves de l'avoir frappé
24:07 parce qu'il avait demandé à cette élève d'enlever son voile.
24:12 Ce proviseur a vécu une tempête.
24:14 Ce que nous explique le rectorat
24:16 et que nous confirment aussi des collègues à lui,
24:20 c'est qu'il a souhaité se mettre en retard
24:23 et qu'il a été en retrait.
24:25 Il est bientôt proche de la retraite.
24:28 -Il a été très marqué par ce qu'il se passe.
24:30 -Il a été extrêmement marqué.
24:33 On avait même été surpris de voir qu'il restait en poste
24:36 alors qu'il était menacé.
24:38 C'était vraiment difficile.
24:40 Mais voilà, renseignement pris,
24:42 il n'y aurait pas eu de nouvelles menaces, pas de nouvelles plaintes.
24:47 Néanmoins, le contexte était extrêmement lourd
24:50 et le proviseur a souhaité se mettre en retrait.
24:53 Il est accompagné par l'Académie de Paris
24:56 car il devrait être en retraite au mois de septembre.
24:59 -Que pensez-vous de cette affaire ?
25:02 -D'abord, ça traduit une dérive et une montée de l'islamisme radical
25:07 partout.
25:08 On le mesure, et là aussi, quels que soient les discours.
25:11 Les mesures, je dirais plutôt les demi-mesures
25:15 pour y faire face.
25:16 Et puis, ça traduit aussi...
25:18 Ce proviseur a été extraordinairement courageux,
25:21 je lui rends hommage.
25:23 Ça traduit un manque de soutien de l'institution.
25:26 Il y a beaucoup de professeurs,
25:28 j'ai l'occasion de m'entretenir avec eux, y compris dans ma ville.
25:33 -Gabriel Attal est toujours ferme, du côté du personnel.
25:36 C'est lui qui a fait interdire la baïa.
25:39 -Dans les discours, bien sûr.
25:41 Mais dans les actes, les enseignants se sentent isolés.
25:45 Le pas de vague est toujours là.
25:47 Il y a une forme de détournement du regard
25:50 par rapport à ces faits.
25:52 On veut les atténuer, on veut les limiter,
25:55 mais il y a une pression.
25:57 Il y a une pression religieuse.
25:59 -On n'en prend pas la mesure. -De plus en plus fortement.
26:03 Et les enseignants se trouvent souvent isolés, démunis.
26:06 Les chefs d'établissement, aussi,
26:09 s'en soutiennent très efficacement de la hiérarchie.
26:12 Donc, il faut que ces enseignants, ces chefs d'établissement,
26:16 soient totalement courageux,
26:18 soient totalement soutenus, accompagnés,
26:21 qu'il y ait des sanctions implacables
26:23 contre ceux qui profèrent ces menaces
26:26 et qu'il y ait une solidarité de la nation
26:29 pour défendre ce modèle de laïcité républicaine
26:32 qui fait la France, qui est la France.
26:35 Si on abandonne cette laïcité, la France ne sera plus fidèle
26:38 à son histoire, à ses valeurs et à ses lumières.
26:42 -Merci, Eric Ciotti, président de parti de la République.

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