• il y a 9 mois
À Drancy (93), Jérémie Fontanieu a inventé une méthode pédagogique qui met les parents au centre de la scolarité de leur enfant. Dans un documentaire, il raconte les coulisses de ses 100% de réussite au baccalauréat

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Transcription
00:00 Les élèves n'ont pas envie, on arrête de se battre contre eux,
00:02 on arrête de culpabiliser aussi.
00:04 On va chercher les familles pour que les familles mettent les élèves au boulot.
00:07 Souvent, avec les parents, on ne se parle que ponctuellement
00:10 et souvent quand ça va mal, quand il y a un souci.
00:12 Vos enfants, au fond d'eux, ils ont envie d'y aller.
00:16 Le cœur de la méthode, c'est vraiment alliance parents-profs.
00:18 [Musique]
00:31 Bonjour, je suis Monsieur Fontanier.
00:33 On a mis en place un système d'encadrement des élèves
00:35 basé sur la coopération avec les familles
00:37 et ça fait plusieurs années qu'on est à 100% de réussite au Pâques.
00:39 C'est le bâtiment qu'on voit derrière, dans l'affiche.
00:43 C'est là qu'on a fait la photo.
00:44 La méthode qu'on voit dans le film,
00:47 elle est née de notre sentiment de frustration de nous en tant que profs
00:51 parce qu'on n'y arrive pas.
00:52 Ils n'ont pas envie de faire les efforts,
00:54 ils ont la flemme, ils manquent de confiance en eux.
00:56 C'est vrai que le film est ainsi sur cette espèce de bulle.
00:58 La méthode, c'est une espèce de bulle avec les parents.
01:01 Je suis déterminé, je suis motivé, je suis concentré.
01:03 Je n'ai plus d'encre.
01:04 Comment est-ce que vous vous sentez ?
01:06 [Rires]
01:08 [Musique]
01:16 J'avais des élèves qui étaient collés cet après-midi avec moi,
01:20 Adrien par exemple,
01:21 et donc je lui envoie un SMS pour lui dire qu'il a bien fait son heure de colle.
01:25 Parce que si la maman ne me soutenait pas,
01:27 il ne serait pas venu, il aurait séché.
01:28 Donc je lui envoie un petit SMS.
01:30 Et comme c'était le cas de Jafia aussi,
01:32 j'envoie le même SMS,
01:33 je change juste le prénom pour le papa de Jafia.
01:35 C'est un peu contre-intuitif.
01:37 C'est-à-dire que pour s'occuper des élèves,
01:38 il faut s'occuper des parents.
01:39 Pour se protéger de tout ce qui ne va pas,
01:41 y compris du fait qu'on travaille dans des conditions qui ne sont pas dignes
01:45 ou du fait que les salaires sont scandaleux
01:47 ou du fait que les réformes qui nous tombent dessus régulièrement sont ridicules.
01:51 - Bonjour Adrien.
01:52 - Bonjour.
01:53 - Ça va ?
01:54 - Ça va.
01:54 - Vous venez d'arriver ?
01:55 - Ça va.
01:55 - Ah vous venez d'arriver.
01:56 - Ah magnifique, quel timing, j'arrive du lycée.
01:58 On va faire une projection du film pour tous les anciens élèves.
02:01 La méthode, on a commencé à la développer en 2012.
02:05 - Ah vous ne nous avez pas vu.
02:06 - Bonjour, c'est un câlin, c'est un câlin.
02:08 [Rires]
02:09 - Vous êtes dans le film ?
02:10 - Oui.
02:11 - Ah bah oui, c'est magique.
02:12 - Je ne m'y avais pas rendu compte,
02:13 mais je n'étais pas ce que je voulais être.
02:15 - Vous allez bien ?
02:17 - Oui.
02:18 - Félicitations.
02:19 - Ah vraiment, je suis ravie.
02:21 - Beaucoup d'émotions.
02:21 - Oui ?
02:22 - Oui, ça m'a beaucoup...
02:23 J'ai eu des larmes aux yeux parce que je me souviens de tout.
02:28 - Bonjour, vous allez bien ?
02:29 - Et la solidarité des enfants, comment ils étaient.
02:32 Trop bien.
02:32 - Vous avez vu des scènes clés, tout le monde me parle de cette scène-là.
02:35 - Ah bon, je ne m'aime pas du tout.
02:37 - Je ne lui ai pas dit que c'est nul, je lui ai dit que c'est moyen quand même.
02:40 - Non, ne dites pas ça.
02:41 - Là, le premier, il a 5, là, il a 8.
02:43 C'est une bonne nouvelle.
02:44 - La promotion 2020, c'est la première promotion.
02:48 - La toute première promotion dont il y a certains représentants,
02:52 2012, 2013.
02:53 - Monsieur, madame, madame, madame, madame.
02:56 - Ah, je suis là.
02:57 - Je leur ai dit, je pense qu'on est en train de poser les bases
03:00 à un truc formidable.
03:01 Et ce qui est génial, c'est la quantité de collègues qui ont rejoint nous aujourd'hui.
03:04 On est 200 pendant cette année scolaire.
03:07 C'est seulement la moitié des profs qui l'utilisent en quartier populaire.
03:09 L'autre moitié, c'est des collègues de zones rurales
03:11 avec des enjeux qui n'ont rien à voir avec le nôtre,
03:13 y compris dans des contextes qui n'ont rien à voir avec Drancy.
03:16 - Moi, je fais ça avec SN2, alors c'est un petit peu plus doux.
03:21 C'est un petit peu plus doux, mais il y a quand même ces triggers, les SMS.
03:25 - Ben, ça fonctionne bien.
03:27 - Moi, j'aime bien ce qui travaille, là.
03:28 - Le plus beau dans le film, j'ai l'impression, quelquefois,
03:32 c'est quand on voit dans le regard de l'élève
03:35 le moment où il commence à prendre plaisir et à comprendre qu'il va y arriver.
03:38 - Ça m'intéresse, ça m'intéresse, ça me plaît.
03:41 Je suis là, quoi.
03:42 Une grande fierté pour tous mes parents.
03:44 Dans la vie à Sévénat, je dis, "Tu fais quoi, alors, maintenant ?"
03:47 Et qu'ils disent, "Attends, ingénieur en banque."
03:50 Je dis, "Non, mais ça fait plaisir."
03:52 Les collègues croient que ça nous rajoute du travail.
03:54 Et tout ce qui se passe dans la classe grâce à ça, c'est que du bonheur
03:57 et c'est de l'énergie dépensée en moins à faire sa discipline.
03:59 - Je pense souvent que ce sont eux dans les quartiers, on va dire, un peu prisés,
04:04 avec les enfants de cadre, etc., qui ont accès à la réussite,
04:07 mais finalement, non.
04:08 - Ça dit des choses sur notre pays,
04:10 le fait qu'une méthode qui est reprise partout en France
04:14 et qui fait tellement de bien aux profs et aux élèves aussi, et aux parents,
04:17 qui a été inventée en Seine-Saint-Denis,
04:18 moi, il n'y avait pas besoin de me convaincre que les quartiers populaires
04:21 ne sont pas un problème dans ce pays,
04:23 mais là, c'est même la preuve que c'est une solution, donc c'est trop bien.
04:26 - Améliore.
04:27 -Au revoir. -Au revoir.
04:28 [Bruit de moteur]
04:30 [SILENCE]

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