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00:00 - Bonjour Adrien De Bever. - Bonjour.
00:02 - On a demandé à nos auditeurs aujourd'hui quels étaient leurs pires souvenirs de tempête en Gironde.
00:07 99,99% des gens nous parlent de la tempête de 99.
00:12 Évidemment avec ces gros dégâts, on a des témoignages à Saint-Guiné, à Saint-Hélène, un peu partout en Gironde.
00:17 Mais, mais, les tempêtes de l'hiver 2013-2014 ont été sans commune mesure en termes d'impact sur le littoral.
00:23 C'est ça qu'on dit aujourd'hui, dix ans après ?
00:25 - Oui, clairement sur le littoral en tant que tel, c'est clairement 2013-2014 qui a été le plus impactant et le plus générateur de dégâts.
00:34 Après 99, c'est probablement le spectacle des arbres qui évidemment concerne plus vastement le territoire girondin qui peut expliquer ces réactions.
00:42 - Alors concernant ces tempêtes, huit tempêtes en tout, dans l'hiver 2013-2014, on va écouter le souvenir apocalyptique de Véronique, c'était une retraitée qui habite à Lacanau.
00:51 - Comme une apocalypse, parce que c'était quelque chose qu'on n'avait pas encore vu et que c'était assez impressionnant parce que tout d'un coup et en début de saison,
01:00 finalement, on n'avait plus de plage, on n'avait plus de front de mer, de voir une station balnéaire dont le front de mer est complètement détruite.
01:07 Je crois que tout le monde à ce moment a réalisé qu'on ne pourra pas arrêter la mer dans les années à venir.
01:13 - C'est ça qui l'a changé cet hiver-là, Adrien Nebevère, la prise de conscience qu'on ne pouvait pas arrêter l'érosion du littoral ?
01:19 - Oui, la prise de conscience même du phénomène lui-même qui était parfois un peu remis en cause, en tout cas, on le reportait sur des temps longs.
01:25 C'est évident que ça a été un choc d'une telle puissance que tout le monde a bien pris en compte qu'on était sur une réalité,
01:33 puisqu'en fait le trait de côte a reculé durant cet hiver-là à peu près autour de 20 mètres en moyenne,
01:38 et on s'est retrouvé sur l'état du trait de côte qui était à l'époque projeté sur 2040, donc on a vraiment fait une avancée très forte,
01:45 et on avait un spectacle, comme le dit très bien votre auditrice, assez spectaculaire de destruction, ça faisait un peu peur.
01:52 - Bon, dix ans ont passé, concrètement qu'est-ce qu'on a fait à la canoe pour s'adapter ?
01:56 Je crois que c'est ça le maître mot finalement face au recul du trait de côte.
01:59 - Oui voilà, alors beaucoup de choses se sont passées en dix ans finalement,
02:03 comme vous le dites très bien, la clé c'est l'adaptation, l'humilité aussi, face au phénomène naturel qu'est l'érosion.
02:09 Il y a eu beaucoup de choses, alors déjà les études ont été poussées, il y a eu énormément de travail sur les scénarios,
02:14 le GIP Littoral a fait un très gros travail là-dessus, la commune aussi a mené un certain nombre d'études,
02:18 l'étude par rapport à l'aménagement du RAP de la station, beaucoup de choses ont été faites là-dessus.
02:23 On a aussi agrégé beaucoup de partenaires, parce qu'en 2014, quand on a dû réparer le front de mer avant l'été,
02:28 on était assez seul à ce moment-là, l'état était déjà là, mais voilà, on a eu besoin d'agréger beaucoup de partenaires,
02:34 c'est ce qui a été fait au fil des mois, et on est arrivé finalement à deux dates importantes qu'il faut peut-être retenir,
02:40 la première, en 2016, où on a eu la signature de la première stratégie de gestion de la bande côtière,
02:44 avec énormément de partenaires, financée à 80%, qui a permis en particulier de développer et d'entretenir l'ouvrage tel qu'on le connaît aujourd'hui de protection.
02:51 - Ces roches qui sont face à la station. - Voilà, ces très gros rochers, et donc sur ces 80%, d'ailleurs une grosse part venant de l'Europe,
02:56 dans cette période de campagne électorale européenne, pour ceux qui se demanderaient à quoi sert l'Europe, là on a un exemple flagrant.
03:02 Et puis il y a une deuxième date aussi qu'on peut citer, c'est 2021, avec la signature du PPA avec l'État,
03:07 - Partenariat avec l'État. - Voilà, c'était dans la dynamique de France Relance, vous vous en souvenez sûrement,
03:13 avec cette volonté de réinvestissement très fort après le Covid, et qui permet là par exemple de financer,
03:18 et c'est des travaux qui sont en cours, puisque une partie a été symbolisée encore hier,
03:22 de réaménager finalement l'espace public du front de mer, et avec, comme on va sans doute l'évoquer,
03:28 une stratégie à la fois de protection et de renaturation de l'espace.
03:31 - Oui, justement, cette renaturation, c'est qu'on rend le littoral à l'océan, comment est-ce qu'on peut décrire cette stratégie ?
03:37 - Alors c'est une stratégie hybride en fait, qui a été finalement choisie au fil des études et des approches,
03:42 qui a pour objectif finalement, alors il y a l'idée sur la partie non bâtie du territoire,
03:49 donc la canome est comme le reste du territoire, mais d'aucun, qui est effectivement à ma faute de laisser faire l'érosion,
03:54 la dune, selon les hivers et les tempêtes, est grignotée petit à petit, progressivement.
04:00 Sur les parties bâties, l'idée c'est évidemment de protéger aussi l'activité humaine,
04:04 mais tout en modifiant les usages et les habitudes, et c'est pour ça que ça implique de changer l'espace public,
04:10 tout en protégeant, donc la protection, c'est la protection active au sens strict du terme,
04:14 et peut-être on évoquera les perspectives là-dessus d'avenir,
04:18 et en même temps, on change l'espace public, donc le front de mer, qui comme tout le monde le sait,
04:22 je pense que la canome est fréquentée par beaucoup de Girondins,
04:25 est un front de mer très bâti, très imperméabilisé,
04:28 donc là en l'occurrence, l'idée c'est de redonner à la nature sa place dans différents endroits,
04:33 de ce qui sera à terme, comme le dit le maire de la Cano, Laurent Perrondé,
04:36 le balcon sur l'océan, qui est la destination de la cano dans les années à venir.
04:40 - Adrien De Bever, adjoint au maire de la Cano, notre invité ce matin sur France Bleu Gironde.
04:43 - Vous parlez de ces années à venir, quand on parle d'aménagement à la cano,
04:46 en ce moment on parle d'horizon 2030, 2050, c'est demain, finalement, mais pour après ?
04:53 On parle souvent de déménager la première ligne de la cano, de relocaliser,
04:57 est-ce qu'on en est déjà à imaginer ce genre de scénario ?
05:00 - Ça c'est peut-être la fin de l'histoire, mais c'est une histoire qui va être longue et qui va être jalonnée d'étapes.
05:04 Effectivement, vous avez cité deux dates qui sont intéressantes,
05:07 2030 qui est la perspective en particulier de la nouvelle protection,
05:11 dont on va avoir besoin pour justement anticiper la ville-océane 2050,
05:16 - Donc toujours ces roches. - Voilà, avec une dimension un peu plus importante,
05:19 qui impliquera effectivement cette modification des usages et de l'espace public.
05:23 Ça permet de construire la ville-océane 2050.
05:27 Et puis après, sur la période suivante, 2050-2100,
05:29 là effectivement se posera sans doute la question de reculer le front de mer.
05:33 On est évidemment sur un temps très long, donc les modalités, les financements,
05:37 bien des choses ne sont pas aujourd'hui encore arrêtées, mais voilà l'étape.
05:40 L'idée c'est de maintenir une activité humaine,
05:43 on continue à avoir une activité économique, d'attractivité là-dessus,
05:47 mais tout en s'adaptant au phénomène qu'est l'érosion.
05:49 - Avec le nerf de la guerre toujours, le financement, ça pour l'instant c'est la grosse inconnue
05:54 pour les projets sur le temps long.
05:56 Alors Sophie Panonacle, qui est la députée Renaissance du bassin d'Arcachon,
05:59 elle est également présidente du Conseil National de la Mer et des Littoraux,
06:01 elle propose quelques pistes de financement,
06:04 mais pour l'instant l'État n'a pas l'air décidé à mettre la main à la poche.
06:06 C'est compliqué de gérer ce genre de dossier sans l'aide de l'État.
06:09 C'est même impossible.
06:10 - C'est même impossible, et en fait au-delà de l'État, il y a tous les partenaires.
06:14 Et la première séquence qu'on a vécue depuis 2014, les 10 années,
06:18 ont bien montré justement la nécessité de créer vraiment un vrai pool de financeurs et de partenaires,
06:23 parce que c'est l'affaire de tous en fait, ce phénomène-là.
06:26 La cano est un peu un symbole, parce qu'évidemment on est peut-être à l'avant-garde et précurseur sur ces sujets,
06:30 mais toute la façade atlantique française, dans quelque part, sera concernée,
06:33 j'aurais même envie de vous dire, toute la façade européenne.
06:36 Donc effectivement, le financement c'est la clé, c'est le nerf de la guerre.
06:40 Il y a plusieurs pistes, donc vous avez évoqué effectivement le travail de la députée Sophie Panonacle,
06:44 qui évoque par exemple des choses par rapport aux droits de mutation, des choses comme ça,
06:46 alors qu'ils sont des recettes en ce moment, qui ne sont pas forcément au mieux.
06:49 - Parce que c'est sur les ventes, les transactions immobilières, pour ceux qui connaissent pas.
06:52 - Voilà, donc c'est évidemment pas la période la plus favorable, mais ça reste une piste intéressante.
06:55 Le maire de la cano a aussi évoqué l'idée de financement venant du privé,
06:59 parce qu'il n'y a pas forcément vocation uniquement à du financement public,
07:02 par exemple pourquoi pas mettre à contribution les plateformes d'hébergement touristique,
07:07 on imagine bien lesquelles.
07:09 Voilà, il y a ces pistes-là, il y a aussi des pistes qui sont apportées sur, par exemple,
07:13 le travail sur le TVA, sur ses travaux, des prêts préférentiels.
07:16 Bref, beaucoup de pistes aujourd'hui sont ouvertes, et c'est vrai que l'enjeu des mois à venir,
07:19 ça va être de resserrer avec une idée directrice, c'est de travailler sur l'idée de la solidarité nationale.
07:24 Parce que de toute façon, sur cette côte médocaine, vous avez assez peu de population finalement qui vit à l'année,
07:28 et d'abord ce serait très injuste qu'elle supporte seule ce sujet-là,
07:32 et puis elle en serait incapable, vu son volume.
07:34 Donc la clé, c'est de trouver des mécanismes de solidarité nationale.
07:37 - Parce qu'évidemment, on parle de plusieurs milliards d'euros.
07:40 Merci beaucoup, Adrien Debevère, d'avoir été avec nous ce matin pour cette émission.