interview antonin bézonnier

  • il y a 6 mois

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00:00 - C'est le 6/9, France Bleu Mail.
00:03 - 8h moins le quart en ce jeudi matin, Yann Lastenet, le moins que l'on puisse dire,
00:07 c'est que les profs d'éducation physique et sportive sont inquiets.
00:09 - Eh oui, ils ont face à eux des élèves moins actifs, de moins en moins actifs, en tout cas,
00:15 alors que l'activité physique a été érigée grande cause nationale par le gouvernement cette année olympique.
00:21 Bonjour Antonin Bézanier. - Bonjour.
00:23 - Vous êtes professeur d'EPS, pas prof de sport.
00:26 - EPS, au lycée Touchard à Washington, au Manque, secrétaire du SNEP 72, le syndicat national des profs d'EPS.
00:34 D'abord, qu'entendez-vous par élèves moins actifs ?
00:37 - Alors, c'est pas forcément nous qui entendons ce terme-là, mais nous, on le voit tous les jours, dans le quotidien,
00:45 ce sont des élèves qui sont moins actifs dans le sens où ils vont tenir l'effort moins longtemps,
00:50 ça va être compliqué de les mettre en activité, et on voit qu'il y a une culture qui est de plus en plus faible autour des activités sportives.
01:00 - Pour quelles raisons, selon vous ? Pourquoi ils sont moins actifs ? Pourquoi ils ont moins d'impétence pour le sport ?
01:06 - C'est tout l'effet de société qui sont liés à leurs activités extrascolaires.
01:13 Donc, il y a moins d'envie d'aller vers les clubs sportifs, et il y a plus de temps passé forcément,
01:19 on parle toujours des écrans, mais oui, on le voit nous aussi tous les jours,
01:22 puisque les téléphones portables sont constamment avec eux, nous aussi les adultes, on les a avec nous,
01:27 mais là, c'est vrai qu'eux, ils les conservent même pendant les cours d'EPS.
01:31 - L'Organisation Mondiale de la Santé préconise une heure d'activité physique par jour, c'est loin d'être le cas pour vos élèves notamment ?
01:39 - Oui, tout à fait, c'est très très loin d'être le cas, alors pas pour tous,
01:44 mais de toute façon, l'Autorité de Santé le préconise aussi, et le relate toujours dans ses écrits,
01:53 et on voit aussi dans le premier degré, on parle du "bouger", mais qu'est-ce qu'on entend par "bouger" ?
01:58 Le "bouger" 30 minutes, en mi-voix à nos ministres, ce qu'on appelle à la télé...
02:03 - C'est ce que veut le gouvernement, qui répète, c'est une illusion ?
02:06 - Oui, tout à fait, c'est purement que de la communication, puisque de toute façon,
02:10 je ne vais pas parler à la place de mes collègues du premier degré, mais ça n'existe pas.
02:14 Hormis les récréations, il n'y a pas de temps à louer en plus de possible,
02:19 parce que ça veut dire qu'on renie sur autre chose à côté,
02:22 et mes collègues du premier degré n'ont pas forcément le temps aussi de rajouter tout ça en plus.
02:27 - On va parler des moyens et de vos revendications,
02:29 mais d'abord, quelles sont les conséquences de ce manque d'activité physique,
02:32 on va dire, chez les jeunes que vous encadrez ?
02:35 - Alors, c'est ce que je vous disais un petit peu tout à l'heure,
02:37 difficulté de tenir un effort physique, une certaine durée.
02:42 - Ça, ça a évolué, année après année ?
02:46 - Alors, beaucoup de collègues, je m'estime encore assez jeune,
02:49 mais beaucoup de collègues plus anciens ont vu une grosse différence déjà en 10 ans.
02:54 Vraiment, en 10 ans, il y a une grosse partie d'élèves qui arrivent en surpoids,
03:00 et si ce n'est pas du surpoids, on voit que de toute façon, il faut agir rapidement.
03:04 - Il est 7h48, notre invité ce matin est Antonin Bézani,
03:07 prof d'EPS au lycée Touchard Washington au Mans.
03:09 - Alors, et pourtant, le gouvernement, et notamment cette année olympique,
03:12 met le paquet justement sur le sport.
03:15 Vous avez parlé de cette activité physique de 30 minutes,
03:18 notamment dès le premier degré.
03:21 Qu'est-ce qui pourrait faire bouger les choses selon vous ?
03:26 - Alors justement, nous, avec le SNEP et FSU,
03:29 on demande à passer à 4 heures d'EPS pour tous les élèves,
03:33 donc dans le second degré, de la 6e à la terminale,
03:36 un peu comme les 6e, qui ont 4 heures,
03:40 mais après, plus on monte dans les niveaux, moins on a d'EPS.
03:44 Et on arrive même, le sommum est même en lycée professionnel,
03:47 où on a même, à l'inverse, diminué le nombre d'heures d'EPS.
03:51 - On était à 4 heures il y a quelques années, là au lycée c'est combien ?
03:54 - Alors le lycée c'est 2 heures, lycée général,
03:56 et lycée professionnel c'est 2 heures et demie.
03:58 - Donc divisé par 2, ça a beaucoup d'incidence justement
04:01 sur la pratique sportive des enfants ?
04:03 - Oui, de toute façon on ne les voit qu'une fois dans la semaine,
04:06 une fois 2 heures, et ce n'est pas 2 heures de pratique.
04:09 - Alors il y a aussi les associations sportives,
04:12 il y a les clubs, ce sont d'autres solutions pour ces élèves ?
04:17 - Alors tout à fait, mais ce qui veut dire qu'on en voit encore les familles
04:21 aller par leurs propres moyens, aller vers une activité,
04:25 les familles qui ont les plus de moyens forcément vont pouvoir se le permettre,
04:29 alors que l'école est le seul endroit qui permet à tous les enfants,
04:32 gratuitement, de pouvoir avoir normalement,
04:35 de pouvoir bénéficier de la même éducation sur tout le territoire.
04:38 Et là on voit que le compte n'y est pas et que ce n'est pas le cas.
04:41 - Tout le monde ne peut pas se payer une licence, c'est ce que vous dites.
04:44 - Voilà exactement.
04:45 - Alors il y a le manque d'heures, est-ce qu'il y a aussi un manque de moyens ?
04:50 Ou est-ce que vous avez suffisamment de matériel, de personnel
04:54 pour justement faire correctement votre discipline ?
04:58 - Non, ce serait trop beau justement.
05:01 Malheureusement, en cette année olympique, nous on critique toute cette communication
05:07 faite autour des Jeux olympiques.
05:09 Alors il y a beaucoup d'argent qui est alloué au projet lié aux Jeux olympiques.
05:15 On a l'impression, sans caricaturer, que si on marque Jeux olympiques dans notre thème,
05:20 là on est abondé, on a des appels à projets et c'est lancé.
05:24 Le problème c'est qu'à côté de ça, on a toujours des installations sportives qui sont vétustes.
05:29 Des élèves vont dedans alors qu'il fait encore en plein hiver 10 degrés voire moins.
05:35 Et on manque surtout cruellement de créneaux natation, de créneaux piscine.
05:39 Donc ça on n'a pas plus de piscine, on n'a pas plus de créneaux.
05:42 Et ça c'est un gros gros problème surtout par rapport au savoir nager qui est une priorité nationale.
05:47 - Et qui est obligatoire normalement à l'issue du collège je crois.
05:51 Il faut savoir nager.
05:53 - Oui, on doit sortir du collège en sachant nager.
05:56 - Merci beaucoup Anthonin Bézanier, prof d'EPS au lycée Touchard Washington au Mans,
06:01 que secrétaire départementale du SNEP FSU 72.
06:05 Invité de France Bleu Men ce matin.