La porte-parole de la gendarmerie nationale, colonelle Marie-Laure Pezant, était l'invitée ce lundi de Calvi 3D sur BFMTV, et s'est exprimée au sujet de la découverte des ossements du petit Émile près du hameau du Haut-Vernet où l'enfant avait disparu en juillet dernier.
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00:00 - Merci de nous rejoindre sur BFM TV, vous êtes porte-parole de la Gendarmerie Nationale.
00:03 Votre dispositif a-t-il évolué depuis samedi et combien de femmes et d'hommes sont-ils mobilisés ce soir ?
00:08 Et quelles sont leurs missions exactement ?
00:10 - Depuis samedi, on a une centaine de gendarmes qui sont mobilisés.
00:14 Dans un premier temps, il s'agit de sécuriser le site, la zone où on a découvert les ossements.
00:19 - Le préserver. - Voilà, le préserver.
00:20 L'objectif c'était surtout de faire en sorte qu'on n'ait pas de pollution du site,
00:24 qu'on puisse justement préserver l'ensemble des éléments,
00:27 pour pouvoir faire de nouvelles recherches et de nouvelles fouilles.
00:30 Donc là c'est important, et d'ailleurs j'insiste auprès de vos confrères,
00:32 de vraiment respecter cela, parce qu'il ne faudrait pas polluer la scène
00:36 pour vouloir prendre des photos.
00:38 C'est vraiment important de respecter ça.
00:40 Vous avez ensuite un certain nombre de spécialistes qui ont été projetés.
00:44 Donc on a eu des équipes cynophiles qui sont arrivées hier soir sur le site,
00:50 équipes qui sont spécialisées dans la recherche de restes humains.
00:53 Donc c'est des chiens qui viennent du Lot, de notre centre d'instruction de gramma,
00:57 et qui ont cette technicité-là spécifique.
00:59 Et nous avons ensuite six experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie,
01:03 qui sont venus de Pontoise, avec des expertises diverses.
01:07 On a des anthropologues, on a des experts pour figer la scène de découverte,
01:13 et également un coordonnateur des opérations criminalistiques.
01:16 - Alors on comprend ce qui s'est déclenché en fait,
01:18 depuis que la randonneuse a d'une certaine façon poussé la porte du commissariat.
01:23 Spontanément on se dit que c'est un mauvais réflexe d'avoir rapporté ce crâne,
01:25 je dis ça évidemment sans donner une seule leçon,
01:27 mais en même temps il aurait pu disparaître si elle ne l'avait pas pris.
01:30 Quel est le bon réflexe à adopter dans ce genre de situation ?
01:33 - Alors là on est sur des éléments d'enquête,
01:35 donc je ne peux pas vous donner les éléments sur ce qui s'est déroulé précisément.
01:38 Ce que je peux dire c'est qu'une personne qui découvre des éléments sensibles
01:42 sur une randonnée ou sur n'importe quel terrain,
01:46 le bon réflexe c'est de solliciter tout de suite la police, la gendarmerie,
01:51 pour signaler les faits et de rester sur place pour qu'on puisse procéder à des investigations.
01:56 - S'il tentait qu'on puisse avoir un téléphone qui puisse capter,
01:58 est-ce qu'on sait si à l'endroit où elle se trouvait,
02:00 et où se trouvait le crâne initialement, elle pouvait téléphoner ?
02:04 - Ça je ne peux pas vous donner d'informations là-dessus.
02:06 - Comment se fait-il qu'il n'ait pas été découvert plus tôt ?
02:08 Vous avez mené un travail absolument incroyable sur place,
02:12 on l'évoquait encore il y a quelques instants avec Laurent Valdiguier,
02:14 personne ne met en doute si vous voulez l'engagement des forces sur place.
02:19 Est-ce qu'on a pu passer à côté ?
02:22 - Il y a plusieurs hypothèses, on a pu passer à côté, il y a une chance infine, mais il faut quand même...
02:29 - Elle doit être retenue ?
02:30 - On peut l'évoquer, elle peut être envisagée, il faut se replacer dans le contexte,
02:35 on était en plein été au moment des recherches, on avait une végétation encore plus dense,
02:39 on est sur un territoire très escarpé, très difficile d'accès,
02:43 on a aussi par rapport à la végétation, il y a des sites même avec une caméra thermique
02:48 qui n'étaient pas très visibles, et il faut savoir aussi qu'avec la chaleur,
02:51 on a des rochers, il y a plein d'éléments, plein de sources de chaleur qui étaient visibles à l'époque.
02:56 - J'entends dans votre réponse que c'est possible, mais peu probable,
02:59 les termes que j'emploie sont les bons ?
03:01 - Oui c'est possible, c'est peu probable, mais c'est possible, c'est quelque chose qu'il faut envisager,
03:06 après on a d'autres hypothèses, on peut avoir aussi, ces ossements ont pu arriver après les fouilles,
03:13 et donc là soit c'est une intervention humaine, quelqu'un qui les a déposés,
03:17 ça peut être aussi un animal qui a pris ces ossements, qui les a transportés,
03:21 ça peut être aussi un changement du terrain, les intempéries, l'évolution,
03:26 en 9 mois il y a eu les saisons, il y a eu plusieurs choses qui ont pu faire que le terrain s'est modifié
03:30 et ces ossements sont apparus.
03:32 - Que sait-on de cette zone, elle est vraiment isolée, c'est effectivement ce qui serait un chemin de randonnée
03:37 ou un semi-chemin de randonnée qui est régulièrement utilisé, enfin comment qualifier les choses ?
03:41 C'est très escarpé ?
03:43 - C'est très escarpé, c'est une zone de nature, on est en pleine nature,
03:46 et après il y a des différentes zones, il y a des terrains un peu plus découverts,
03:50 des zones boisées, des zones plus denses en termes de végétation,
03:54 c'est assez varié, mais c'est pour ça qu'il est important qu'on fouille l'ensemble de la zone
03:58 pour voir s'il y a d'autres éléments qui pourraient ressurgir.
04:01 - Est-ce que ça vous paraît accessible pour un enfant de 2 ans ? Je vous pose la question très simplement.
04:05 - Tout est possible, c'est tout l'objet de l'enquête, de justement déterminer ce qui s'est passé,
04:10 il ne faut pas faire de conclusion trop hâtive, mais il faut envisager l'ensemble des hypothèses.
04:14 - Si je peux me permettre, tout à l'heure le monsieur a dit, la découverte aussi des habits de l'enfant,
04:19 des vêtements de l'enfant, peut-être donneront d'autres indications également.
04:22 - Oui, c'est pour ça que c'est important que toute cette zone, on la fouille,
04:26 on a des drones actuellement qui nous aident aussi à modéliser toute la zone pour ne rien oublier,
04:31 tout figer et faire en sorte qu'on puisse passer à côté de rien.
04:35 - Vous qui êtes habitué à ce genre de drame, est-ce que des vêtements disparaissent en 9 mois dans une forêt ?
04:41 - Des vêtements peuvent disparaître parce qu'il y a les mouvements de la nature,
04:45 il peut y avoir du passage, il peut y avoir des animaux, ils peuvent être emportés beaucoup plus loin,
04:50 ils peuvent se dégrader, tout dépend de la nature des vêtements également.
04:53 - Il est logique aussi aujourd'hui de pouvoir évoquer l'intervention d'un tiers qui aurait transporté le corps et les ossements,
04:58 enfin c'est une partie des choses qui sont par définition retenues elles aussi ?
05:02 - Toutes les hypothèses continuent d'être travaillées parce que cette découverte d'ossements ne permet pas d'aller de privilégier une hypothèse,
05:09 donc on reste sur la piste accidentelle ou la piste criminelle, vraiment on étudie encore toutes les hypothèses.
05:14 - Le fameux point zéro dont on parle beaucoup, il y a bien 6 spécialistes en ce moment où nous parlons
05:19 qui sont en train de le rechercher ou c'est plus large comme recherche ?
05:22 - Alors on a d'abord les 6 spécialistes qui sont sur place, eux ils procèdent à un certain nombre de recherches,
05:27 par exemple les anthropologues, leur rôle dans un premier temps a été d'analyser les ossements,
05:33 ils continuent de les analyser pour voir s'ils présentent des lésions, des altérations,
05:38 mais sur site ils ont aussi un rôle de recherche par rapport au terrain,
05:43 ils font un peu comme les fouilles archéologiques, nous on appelle ça de l'archéologie forensic,
05:47 et donc l'idée c'est de vérifier s'il y a des indices qui nous permettent de savoir si les ossements étaient présents depuis longtemps,
05:54 donc il y a déjà ça qui doit être analysé.
05:57 Ensuite vous avez la fouille de la zone, le ratissage va nous permettre de voir si on a d'autres éléments à explorer
06:04 et à ce moment-là les analyses scientifiques seront réalisées.
06:07 - Justement concernant ces analyses, certaines sont désormais menées en Ile-de-France, donc à Pontoise,
06:12 d'autres sont menées directement sur place à proximité des recherches si j'ai bien compris.
06:15 Quelles sont les missions exactes finalement de ces différentes équipes scientifiques ? Elles ont un rôle différent ?
06:20 - Alors sur Pontoise on a les anthropologues également et des biologistes qui peuvent faire des analyses sur les ossements
06:26 parce qu'un ossement peut avoir des traces de coups, des traces de morsures si c'est un animal qui les a déplacés,
06:32 donc il y a un certain nombre d'éléments qui continuent à être expertisés sur les ossements qui ont été transportés à Pontoise,
06:37 et sur le site de recherche, de découverte, là on peut avoir une analyse des sols, des recherches de nouveaux ossements,
06:44 en lien aussi avec les chiens spécialistes qui sont présents.
06:48 Donc là on a des recherches qui sont complémentaires.
06:51 Et ensuite tout nouvel indice ou tout nouvel élément qui peut être découvert sur site peut justement entraîner d'autres technicités.
06:57 On a par exemple les coordonnateurs aussi, un élément qui est important à connaître c'est les coordonnateurs des opérations criminalistiques,
07:04 ce sont des experts qui sont là justement pour faire en sorte qu'il y ait une bonne méthodologie d'utiliser.
07:10 - En fait ils ont une forme de recul par rapport au travail des uns et des autres.
07:13 - Exactement, ils connaissent toutes les spécialités qui sont présentes,
07:17 et en fait il y a un ordre à respecter pour faire les analyses, pour éviter que les analyses des uns polluent les analyses des autres.
07:24 Et donc par exemple quand on a récupéré des ossements, il faut d'abord analyser les ossements avant de faire un prélèvement pour récupérer l'ADN.
07:32 Donc vous voyez il y a une logique à suivre, et ce coordonnateur est vraiment là pour faire respecter cette logique,
07:37 faire les bons choix pour qu'on puisse avoir le maximum d'indices et d'éléments exploitables pour la suite des investigations.
07:43 - Quel est d'après vous le rôle, s'il y en a un, de la mise en situation à laquelle il a été procédé, dont nous avons tous beaucoup parlé,
07:50 48 heures avant la découverte de ce crâne ?
07:52 - La mise en...
07:53 - Pour vous c'est une coïncidence ou vous pensez que ça peut avoir déclenché les choses ?
07:55 - Alors pour nous il n'y a aucun lien pour l'instant qui n'est établi entre cette mise en situation et la découverte.
08:00 La mise en situation avait pour objectif surtout de remettre tout le monde en situation pour vérifier cette chronologie,
08:09 refaire la chronologie des faits, et puis aussi ça permet de voir s'il y a des incohérences dans ce qui a pu être déclaré,
08:17 c'est tout l'intérêt de ce type de mise en situation.
08:19 - Laurent Valdiguet, on ne peut pas ne pas être, enfin en tout cas frappé par cette fameuse mise en situation très particulière qu'on a décrite,
08:26 et puis la proximité de la découverte de ce crâne.
08:28 - Ça peut être un simple concours de circonstances.
08:30 La question que je voulais vous poser, Yves vous l'a déjà posée, c'est est-ce que vous pensez au-delà du crâne qui a été retrouvé par la randonneuse,
08:38 est-ce que vous avez le point zéro, comme disent vos collègues gendarmes,
08:43 ou autrement dit, est-ce que vous avez déjà découvert des vêtements, des chaussures, des pantalons,
08:50 autrement dit, est-ce que c'est à cet endroit-là que...
08:53 - Pour l'instant, vous savez bien qu'on a une enquête qui est en train d'être menée,
08:56 je ne peux pas rentrer dans le détail du fond de l'enquête,
08:59 et pour l'instant on a ces ossements qu'on analyse et on continue les recherches.
09:03 - Donc l'équivalent d'un squelette complet, c'est ça ?
09:08 - Pour l'instant on a les ossements qui ont été découverts, par respect pour les familles, on ne rentre pas,
09:13 parce que je ne vois pas trop la plus-value d'apporter des détails sur la nature des ossements,
09:17 parce qu'on a quand même des familles qui sont derrière ça, je ne suis pas sûre que pour le grand public ça apporte grand-chose,
09:22 donc on respecte ça, on est sur des ossements, on n'a pas l'intégralité du corps, oui,
09:27 mais je ne peux pas vous en dire plus sur le fond.
09:30 - Le dispositif tel qu'il est en place restera autant de temps qu'il le faudra ?
09:35 - Oui, on sera présent le temps qu'il faut, le temps qu'on ait pu faire l'ensemble de la zone,
09:40 filer la scène, récolter les indices, et ça peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois,
09:46 c'est au fur et à mesure des découvertes qu'on pourra savoir si ça doit se prolonger.
09:52 - Et concernant l'analyse du crâne, telle qu'elle est faite en ce moment, l'analyse de police scientifique,
09:57 vous attendez les résultats dans combien de temps ? Quand espérez-vous les premiers résultats ?
10:01 - C'est complexe aussi, parce que les ossements, il y a des analyses scientifiques, des résultats,
10:07 en fait on est contraint aussi par les analyses scientifiques, il y a des délais incompressibles
10:11 par rapport à des analyses chimiques, il y a beaucoup d'éléments, ça peut prendre du temps,
10:17 ça peut prendre quelques heures, ça peut prendre quelques semaines, mois,
10:22 tout dépend aussi de ce qu'on va trouver sur les ossements.