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NewsTranscription
00:00 C'est vrai qu'il y a un petit air de famille.
00:02 C'est pas Didier Bourdon.
00:04 Ça va, ça va.
00:06 Vous nous présentez ce matin une BD,
00:08 "La route", c'est l'adaptation
00:10 en bande dessinée d'un roman américain
00:12 sorti en 2006, écrit par
00:14 Cormac McCarthy et le dessinateur
00:16 de la BD, c'est Manu Larcenet.
00:18 Alors Manu Larcenet, c'est le meilleur dessinateur français
00:20 de sa génération. Manu Larcenet
00:22 c'est un type passionnant, bourré de doutes,
00:24 de contradictions, de questionnements. Graphiquement,
00:26 il peut exceller dans la potacherie balourde
00:28 comme dans le sublime qu'il prend aux tripes.
00:30 Alors c'est un passionné,
00:32 obsessionnel, résultat à chaque fois
00:34 qu'il sort une BD, il met tout,
00:36 et même un peu plus encore, écoutez.
00:38 Là par exemple dans "La route", j'ai compté il y a plus de 1400
00:40 dessins, que j'ai tous travaillés
00:42 non plus sous forme de planches, mais sous forme
00:44 de cases, c'est un travail éreintant.
00:46 Une année et demie, sans
00:48 vacances, sans week-end,
00:50 en étant tous les jours à faire
00:52 entre 8, 10,
00:54 12 heures, parce que
00:56 je ne voulais pas lâcher le fil
00:58 jusqu'à la dernier trait de la dernière
01:00 case, et après je m'écroule.
01:02 Il a donc sorti
01:04 "La route" en BD de Cormac McCarthy.
01:06 Alors j'ai demandé à Nicolas Caro, notre Bernard
01:08 Pivot à nous, et il me l'a confié.
01:10 C'est un roman américain très très important.
01:12 Manu Larcenet m'a confié aussi qu'il adorerait
01:14 faire en BD "Le voyage au bout de la nuit" de Céline,
01:16 mais là il se dit que c'est peut-être trop.
01:18 Toujours avec lui le questionnement et
01:20 les doutes. - Et alors ça raconte quoi ?
01:22 "La route", c'est un roman apocalyptique
01:24 si j'en crois la couverture.
01:26 - Il y a de la poussière, du froid, des morsures, on ne sait pas trop
01:28 pourquoi, mais c'est l'apocalypse.
01:30 Un père et un fils traversent ce monde,
01:32 on sent arriver l'innommable, et effectivement
01:34 il arrive dans toute son horreur, mais en subtilité.
01:36 Toute la noirceur dont est capable
01:38 Manu Larcenet s'épanouit ici.
01:40 Alors Manu Larcenet, l'année dernière,
01:42 il a eu quand même le prix Gotlib de la meilleure BD
01:44 d'humour. C'est-à-dire que même Jean-Claude Van Damme
01:46 ne sait pas faire des grands écarts comme ça.
01:48 Manu Larcenet, il souffre
01:50 de bipolarité. Alors grâce au
01:52 "BDOK", ça va. Je lui ai demandé si son goût
01:54 pour l'humour d'un côté et la
01:56 noirceur, ça venait de ça.
01:58 - Pour être tout à fait honnête, je pense que tout a un rapport
02:00 avec ma maladie, puisque c'est quelque chose que je tiens
02:02 depuis tout petit. Et la noirceur,
02:04 j'aime. Depuis que j'ai une dizaine d'années,
02:06 l'esthétique de la violence,
02:08 l'esthétique de la dépression
02:10 me fascine. Et puis, je suis aussi
02:12 émerveillé pendant quelques
02:14 secondes d'une couleur,
02:16 d'un oiseau, d'un truc.
02:18 Et ces moments-là, j'aimerais bien un jour faire un album
02:20 justement sur une forme de
02:22 ces beautés qui nous coupent le souffle.
02:24 J'aimerais mélanger une noirceur
02:26 avec ces instants de
02:28 pur émerveillement.
02:30 - En BD, quand on pense
02:32 dépression et gag, on pense à
02:34 Franquin, "Les idées noires". Il y a
02:36 de ce génie dans Manu Larcenet. Donc, lisez
02:38 "La route de Manu Larcenet" chez Dargaux,
02:40 c'est sublime. Et quand je lui ai dit que j'allais vous rencontrer,
02:42 Isabelle, il m'a dit "Oh, Isabelle
02:44 Carré, ce souvenir des belles choses, c'est tellement
02:46 beau et triste que j'ai jamais voulu le revoir."
02:48 Il m'a demandé de vous offrir
02:50 sa route. - Merci pour toutes
02:52 ses émotions. - Voilà, une éditeuse
02:54 délicate. - Et je l'ai feuilleté
02:56 pendant que vous parliez et je vous écoutais quand même.
02:58 - Je l'aurais mal pris.
03:00 - C'est très très très très beau.
03:02 - Il y a eu un film aussi avec Viggo Mortensen
03:04 adapté du roman de Cormac McCarthy.
03:06 Très très sombre, mais très beau film aussi.
03:08 - Merci beaucoup Sébastien Bordenat.