• il y a 2 mois
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Transcription
00:00On va parler maintenant BD avec toi, Sébastien Bordonnaz, une bande dessinée spécialement
00:05choisie pour notre invité parce qu'il va être question de crime ce matin.
00:07Oui, c'est sorti chez Delcourt, c'est écrit par Sylvain Venner, historien, et dessiné
00:12par Hugues Micole, dessinateur, ça tombe bien.
00:15Ça s'appelle Les Crieurs du Crime, alors tout commence en 1907, 1907 c'est une année
00:20de bascule dans l'histoire du crime, les journaux se vendent de moins en moins par
00:24abonnement mais de plus en plus à la crier, donc on observe à cette époque une surenchère
00:28dans le sensationnalisme, on veut du fait divers, si possible horribles, et puis s'il
00:31y en a pas assez, je vous en mets un petit peu plus, la presse française, à l'époque
00:35c'était la première presse du monde, 9 millions de journaux sont vendus par jour,
00:39aujourd'hui j'ai compté, si on enlève les hebdos, le numérique, la presse gratuite,
00:43on dépasse pas les 1 500 000.
00:44D'ailleurs à l'époque, le slogan du journal Le Petit Parisien c'était « le plus fort
00:49tirage des journaux du monde entier ». Alors 1907, c'est aussi un basculement parce que
00:54c'est cette année que le préfet Lépine décide de fermer la morgue au public.
00:59Fin 19e siècle, j'explique, quand on venait à Paris, on visitait la tour Eiffel mais
01:03on visitait aussi la morgue de Paris, 40 000 visiteurs par jour, c'était gratuit, c'était
01:09derrière Notre-Dame, étaient exposés 12 cadavres derrière une grande vitre comme
01:13les vitrines de Noël, en 1882 on y rajoute un petit système de clim, j'ai une bonne
01:19idée, le but officiel, identifier des cadavres trouvés, on ne connaissait pas leur identité,
01:25il y avait des suicidés, des noyés, des assassinés, en vrai c'était un spectacle
01:28à peu de frais qui faisait frissonner, 1907, c'est terminé, on arrête tout ça.
01:31Et donc la BD Les Crieurs du Crime, elle raconte cette époque où elle se concentre sur une
01:35affaire en particulier ?
01:36Une affaire, une sale affaire qui aurait pu être racontée par Christophe Andelatte.
01:40Je vous raconte aujourd'hui une affaire de 1907, l'affaire Soleillon.
01:47Laisse tomber Christophe, je vais le faire, ça va prendre des plombes.
01:49L'affaire Soleillon, c'est le nom d'Albert Soleillon, 1m78, un visage pâle, une petite
01:55moustache blonde, un œil châtain et l'autre vert, un regard bizarre, ses voisins ont une
02:00petite fille de 11 ans, ses parents proposent à la femme d'Albert de l'emmener au café-concert
02:05du Bataclan, qui existe déjà, souci, un impératif professionnel l'en empêche, c'est
02:09finalement Albert qui va l'accompagner et en fait il ne va jamais l'emmener, il va
02:13la violer, l'étrangler, la poignarder, le corps va être retrouvé dans une consigne
02:17de la gare de l'Est, on ne peut pas faire plus horrible, il est condamné à mort.
02:21Mais Armand Fallière, qui est le président de la République de l'époque, est un abolitionniste,
02:27du coup il grâcit tous les condamnés et là il va le faire aussi pour lui.
02:31La presse est furieuse, elle va emporter l'opinion publique avec elle, le journal Le Petit Parisien
02:36dont on parlait tout à l'heure va organiser un sondage, un vrai sondage, pour ou contre
02:40la peine de mort, un million de personnes vont répondre pour, 300 000 contre, conséquence
02:46en fait il y avait un projet de loi qui était dans les tuyaux pour abolir la peine de mort,
02:49et bien il est tué dans l'oeuf, ça arrivera mais donc 74 ans plus tard, le président
02:54Fallière ne va pas se représenter à la présidentielle, il déclare la place de président
02:58n'est pas mauvaise mais il n'y a pas d'avancement, pas faux.
03:01Quant au criminel Albert Solélan, pour lui c'est la guillotine sèche, c'est comme
03:05ça qu'on surnomme le bagne, c'est d'une mort assurée mais qui ne fait pas couler
03:08de sang.
03:09L'Écrieur du crime, une BD très réussie sur une époque très ancienne et très actuelle
03:13et bien que je vous offre Olivier si ça vous fait plaisir.
03:15Merci Sébastien Bordenave qu'on se trouve chaque dimanche à 18h dans La Voix et Livre
03:21avec Nicolas Carbone.

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