Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 *Générique*
00:04 Europe 1/13h
00:05 De 13h à 14h sur Europe 1 avec vous, Céline Giraud.
00:07 Et aujourd'hui, Paul Melun et Charlotte Dornelas.
00:09 Et on va parler maintenant de ce projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole
00:14 et le renouvellement des générations en agriculture.
00:17 C'est l'intitulé "Exact", projet de loi présenté ce matin en Conseil des ministres.
00:21 Nouveau texte qui sera examiné par l'Assemblée nationale à partir du 13 mai.
00:25 Est-ce que ça va suffire selon vous à éteindre la colère de nos agriculteurs ?
00:29 Paul Melun ?
00:30 Il y a une chose sur laquelle, en tout cas, le projet de loi et les déclarations d'intention de Marc Fesneau est intéressant.
00:36 C'est qu'enfin, on prend en compte, en considération de débat public,
00:39 le fait que sur les 400 000 exploitations agricoles aujourd'hui,
00:42 il y en a beaucoup qui vont disparaître dans les années à venir
00:44 et qu'il y a une question de renouvellement des générations.
00:45 Ça, sur le constat, déjà, c'est une bonne chose.
00:48 Ensuite, sur le mode d'action, malheureusement, là, le compte n'y est pas du tout.
00:51 C'est-à-dire que c'est la même chose que notre débat tout à l'heure
00:54 avec Charlotte et Bruno sur la question de l'assurance chômage.
00:57 C'est-à-dire qu'on prend le sujet à chaque fois par le petit bout de la lorgnette.
01:00 Là, sur la question du renouvellement des générations,
01:03 il y aurait des choses à faire de l'ordre d'une grande politique agricole
01:06 et qui dépasse le cadre de ce qui a été fixé dans ce projet de loi.
01:10 Là, il est question de faire un bachelor agricole, par exemple, en trois ans.
01:13 Bon, c'est pas mal de réfléchir avec l'articulation avec "France travaille un peu partout dans les territoires ruraux".
01:19 OK, mais ça ne suffira pas.
01:21 Pourquoi est-ce que les jeunes agriculteurs ne veulent pas reprendre l'exploitation de leur père ?
01:24 Généralement, c'est parce que c'est très coûteux, ça rapporte peu,
01:28 c'est extrêmement difficile comme métier, c'est un métier très pénible,
01:31 qu'il y a des problèmes de concurrence déloyale avec un certain nombre de produits.
01:35 Et là, vous rentrez dans la spirale de tous les sujets qui ont fait la crise agriculteure.
01:38 Et ces sujets-là, ils n'ont pas été résolus.
01:40 Donc, tant que vous n'allez pas résoudre ces sujets-là,
01:42 vous aurez beau faire un bachelor d'agriculture en trois ans,
01:45 les jeunes qui vont vouloir reprendre l'exploitation familiale
01:48 ou alors qui ne sont pas du milieu agricole et qui vont vouloir travailler dans le milieu agricole,
01:52 on y réfléchira deux fois parce qu'ils vont se dire
01:54 travailler toute la journée pour vivre en dessous du seuil de pauvreté, ça ne va pas.
01:58 Donc, c'est la question du revenu des agriculteurs, c'est la question de la concurrence mondiale,
02:02 c'est la question aussi de la qualité de vie dans les territoires ruraux,
02:05 l'accès aux services publics, l'accès à des écoles de qualité,
02:07 ne pas fermer les écoles et les hôpitaux.
02:09 Et là, tout de suite, vous rentrez sur un raisonnement qui est beaucoup plus large
02:12 sur toutes les mesures qu'on peut mettre en place pour valoriser nos campagnes,
02:16 pour continuer à ce que l'État investisse dans les campagnes,
02:18 peut-être arrêter, je ne sais pas, avec certains projets comme l'éolien un peu partout
02:22 qu'on met où les gens n'en peuvent plus,
02:24 peut-être réfléchir à la façon dont on peut traiter les questions d'urbanisme, etc.
02:28 La vie à la campagne, c'est toutes sortes de sujets
02:31 qui vont même bien au-delà parfois du simple sujet agricole.
02:34 Donc moi, je pense qu'il faudrait une grande politique globale
02:36 à la fois pour les campagnes, à la fois pour les agriculteurs.
02:39 Et là, de ce que déclare Marc Fesneau, j'en n'en vois pas l'ombre, vous voyez.
02:43 - Vous êtes inquiète, Charles Dorel ?
02:44 - Oui, parce que ce qui transparaît dans la déclaration de Paul,
02:48 c'est que c'est d'abord une question de souveraineté.
02:50 Elle est préalable, la question de savoir que peut faire un ministre dans les circonstances.
02:54 Alors vous savez, par le biais de la hiérarchie des normes,
02:56 que beaucoup de choses, et on l'avait vu pendant la crise des agriculteurs,
02:58 se jouent, se sont jouées et vont se rejouer à Bruxelles.
03:01 Et quand on dit à un ministre de l'Agriculture qu'il faut prévoir une loi ordinaire en France,
03:05 il le fait dans le cadre qui lui est imparti, qui est extrêmement limité
03:09 par rapport au sujet dont on parle.
03:11 Oui, contraignant dans une certaine mesure,
03:12 c'est surtout tout le reste qui est contraignant pour écrire la loi.
03:15 Et il y a par exemple, alors je reviens pas sur la question de la formation,
03:18 il y a une ambition qui est bonne, c'est indiscutable,
03:20 mais par exemple, il y a une grosse communication qui est faite,
03:23 parce que Gabriel Attal l'avait dit à l'époque,
03:25 sur le fait de faire de l'agriculture un intérêt général majeur.
03:28 Nous avait-on dit, au même titre que l'écologie,
03:31 bah c'est pas complètement vrai,
03:32 dans la mesure où la défense de l'environnement est constitutionnelle en France,
03:36 donc devant un tribunal administratif.
03:38 Or, la question de la bureaucratie revenait tout le temps dans le discours des agriculteurs.
03:41 La défense de l'environnement continuera à primer dans cette hiérarchie des normes.
03:45 Vous voyez, sur plein de petits sujets comme ça, il y a des intentions.
03:48 Je pense qu'ils ont entendu, comme nous tous,
03:50 et en plus ça a longtemps duré,
03:52 et les agriculteurs se sont pas laissés raconter des histoires
03:55 comme on a pu le voir par le passé, certaines fois,
03:58 donc il y a des choses qui ont été entendues, Dieu merci.
04:00 Maintenant pour les changer, c'est un peu plus compliqué
04:02 que simplement une loi du ministre de l'Agriculture, me semble-t-il.