Le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, fait le point.
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00:00 Il y a eu une participation très forte, très intense.
00:06 C'était d'abord fait pour que l'on partage ensemble le diagnostic sur un certain nombre
00:10 de faits de violences urbaines qui ont été connus dans les derniers temps et notamment
00:13 des faits de violences urbaines qui nous inquiètent parce qu'ils impliquent des mineurs, parfois
00:17 très jeunes, qui sont parfois pris en compte et encadrés par des majeurs qui les amènent
00:22 dans des violences, dans des trafics, avec parfois des choses terribles auxquelles on
00:27 assiste.
00:28 Cette réunion, elle a été l'occasion d'échanger beaucoup et de partager, d'abord pour savoir
00:32 si nous avions une compréhension commune du diagnostic et puis aussi pour bâtir ensemble
00:36 un plan d'action.
00:37 Le monsieur le président du conseil départemental le dira, il a fait un certain nombre de propositions
00:41 pour le département et chacune des collectivités, chacun des interlocuteurs qui se sont exprimés
00:45 ont fait des propositions très concrètes.
00:47 Deux axes qui vont être pour les jours, les semaines, mais aussi les mois qui viennent,
00:52 une priorité pour le représentant de l'État et pour beaucoup d'institutions sur l'île
00:56 de la Rague.
00:57 Le premier, c'est d'abord le volet répressif parce que, évidemment, face à ces faits
01:01 de violence que nous constatons, il faut une réponse répressive.
01:05 Elle passe par la présence de la police, de la gendarmerie, le travail en lien avec
01:10 les maires, leur police municipale, avec des instruments qui existent comme les comités
01:16 locaux de prévention des délinquants, mais d'autres qui se développent de plus en plus
01:19 comme les opérations PlaceNet que nous avons conduites depuis un certain temps et qui vont
01:23 continuer.
01:24 Le volet répressif, il est fait pour envoyer un signal à ceux qui commettent des actes
01:28 de délinquance, encore une fois, sur fond de trafic, sur fond de violence à l'égard
01:32 des animaux, sur fond de violence à l'égard de toute personne d'ailleurs.
01:37 Le signal envoyé, ce n'est pas de tolérance, aucune tolérance pour ces faits.
01:42 Mais l'autre information que nous avons partagée, c'est que le volet répressif ne suffit pas
01:46 et qu'il faut engager un travail, celui-là qui est de plus longue haleine, sur la prise
01:53 en compte de l'enfance délaissée.
01:57 L'enfance délaissée, c'est d'abord une enfance en danger.
02:00 Ce sont souvent des mineurs, des très jeunes enfants qui ne sont pas encadrés par une
02:05 autorité par mental qui fonctionne et qui sont en danger, qui fréquentent l'école
02:11 de façon intermittente, qui sont connus des institutions sociales mais de façon insuffisamment
02:17 précise aujourd'hui.
02:18 Et ces mineurs en danger, nous devons travailler à faire en sorte qu'ils sortent de ce danger-là.
02:23 Et puis, il y a la minorité délinquante, c'est-à-dire cette enfance, lorsqu'elle
02:27 n'a pas été correctement prise en charge, elle se traduit par des actes, ceux que j'ai
02:32 cités tout à l'heure, et là aussi, il faut que la réponse soit mieux coordonnée.
02:36 Donc l'engagement que nous avons pris, c'est de travailler dans les encadres.
02:38 Le président du conseil départemental l'a proposé lui-même, il s'appelle le Conseil
02:42 départemental de prévention de la délinquance, qui va se donner pour toute l'année 2024
02:48 un chantier sur l'enfance en danger et l'enfance délinquante.
02:52 Comment fait-on pour prévenir l'entrée dans la délinquance de ces enfants ?
02:56 Comment fait-on pour mieux faire exercer l'autorité parlementaire, pardon, l'autorité parlementale,
03:02 pardonnez-moi, et comment fait-on en sorte pour que les conditions soient réunies ?
03:06 Les conditions, c'est l'accès à l'éducation, d'abord, c'est l'accès à un certain nombre
03:11 de droits sociaux, mais c'est aussi les conditions de logement et les conditions
03:16 d'exercice de l'autorité parlementaire.
03:17 Voilà les deux types de conclusions qu'on a retenues.
03:19 Donc ça va se traduire par un maintien de l'effort en matière de sécurité que j'ai
03:23 demandé aux services de police et de gendarmerie dans les prochains jours et les prochaines
03:26 semaines.
03:27 S'il faut prendre encore des mesures fortes comme j'en ai prises le week-end dernier,
03:30 je les prendrai.
03:31 Elles ont commencé à produire leurs effets et ça continuera.
03:34 Nous sommes accompagnés par une autorité judiciaire qui apporte une réponse pénale
03:39 forte.
03:40 Il y a eu récemment des interpellations qui ont été suivies, condamnations.
03:42 Mais l'autre volet, et ça c'est un volet pour les prochains mois et pour toute l'année 2024,
03:47 c'est le travail dans le cadre du Conseil départemental de prévention de l'anarchance
03:50 sur la parentalité, l'enfance en danger et l'enfance à protéger.
03:54 Je pense qu'il faut qu'on fasse chacun d'abord l'analyse des moyens dont nous disposons.
03:59 Est-ce qu'on les emploie bien ? Moi je le fais pour les services de l'État et j'incite
04:03 tout le monde à le faire pour ce qui le concerne.
04:05 Parce qu'on s'aperçoit que ce n'est pas tant, même si certains peuvent penser autrement,
04:08 un manque de moyens, mais parfois un manque de coordination entre les moyens déployés.
04:12 Je pense en particulier dans l'accompagnement de l'enfance, dans la prise en charge de
04:16 l'enfance, ce n'est pas forcément de moyens dont on manque, mais c'est plutôt d'une
04:20 meilleure coordination, d'une meilleure connaissance, des savoir-faire, des offres de service de
04:25 tout le monde, parce qu'il y a beaucoup de bonne volonté et beaucoup de compétences existantes.
04:29 La question des moyens est importante, elle va se traduire par exemple par l'ouverture
04:33 de la brigade de gendarmerie de Brafusil dans quelques jours, c'était une annonce du ministre
04:38 de l'Intérieur et des Outre-mer, elle va effectivement avoir lieu, ce sont des moyens
04:43 supplémentaires. Des moyens, ils sont aussi présents sur le soutien aux associations,
04:49 sur le soutien aux collectivités à commencer par elles, puisque je rappelle que leurs dotations
04:53 non seulement n'ont pas baissé, mais continuent en moyenne d'augmenter depuis plusieurs
04:57 années. Donc voilà, on peut toujours effectivement déblorer la suffisance de moyens supplémentaires,
05:02 moi je dis, commençons par bien utiliser les moyens dont on dispose. Je pense qu'il
05:06 faut éviter deux écueils, un c'est la généralisation, la stigmatisation, et l'autre c'est le déni.
05:12 La généralisation et la stigmatisation, ça consisterait à dire que parce qu'on observe
05:16 des faits de délinquance avec des personnes originaires de l'océan Indien, que ces personnes
05:21 sont un problème. Évidemment ça n'est pas le sujet, la délinquance à la Réunion
05:24 ne se limite pas à des actes créés par des jeunes originaires de Bayonne, qui d'ailleurs
05:29 pour un très grand nombre d'entre eux sont nés à la Réunion et qui, je le redis toujours,
05:33 sont français, sont des citoyens français. L'autre risque ce serait le déni, ce serait
05:38 dire qu'il n'y a pas de problème et qu'il n'y a pas de difficulté. Lorsqu'on constate
05:42 ces combats de rue avec des formes de provocation à la violence, d'aguerrissement par les
05:46 tortures sur les animaux, ça ce sont des faits spécifiques, qui ne sont d'ailleurs
05:50 pas des traditions culturelles venues de l'océan Indien, qui sont des déviations
05:54 contre lesquelles on doit lutter. Mais voilà, ni stigmatisation, ni déni, c'est d'ailleurs
05:59 ce que j'ai ressenti de l'expression de la plupart des personnes qui étaient là
06:03 dans cette réunion et de cette attente. C'est une crête étroite, d'éviter de
06:08 tomber d'un côté ou de l'autre, mais ça va être notre axe d'intervention pour
06:12 le temps qui vient.
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