La Loi peut-elle punir la haine ?

Europe 1

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque vendredi, Eugénie Bastié dévoile aux auditeurs sa «Revue de presse» hebdomadaire et ses idées. Retrouvez "Le coup d’œil d’Eugénie Bastié" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 - Avant ça, Eugénie Bastier, bonjour. - Bonjour.

00:02 - Vous souhaitez revenir Eugénie ce matin sur ce conflit qui oppose J.K. Rowling, l'auteur d'Harry Potter,

00:07 au gouvernement écossais au sujet d'une loi punissant les propos transphobes.

00:12 - Oui, c'est une drôle d'histoire en effet où un Premier ministre écossais musulman croise le fer avec une romancière britannique au sujet des personnes trans.

00:19 Alors le 1er avril, la loi "Hate Crime and Public Order" a été promulguée en Écosse.

00:25 Elle criminalise, je cite, "l'incitation à la haine liée à l'âge, au handicap, à la religion, à l'orientation sexuelle et à l'identité transgenre".

00:33 Alors J.K. Rowling, la géniale inventrice d'Harry Potter, s'oppose depuis plusieurs mois à cette loi.

00:38 Il faut savoir qu'elle est la cible depuis plusieurs années des militants transactivistes.

00:42 Elle est accusée d'être une TERF, une féministe anti-trans, parce qu'elle a rappelé qu'il existait un sexe biologique

00:49 et que être une femme n'est pas simplement un ressenti.

00:52 Elle est, pour ses propos, harcelée, reniée par les acteurs du film Harry Potter et ses livres sont même brûlés dans certains endroits.

00:59 Mais J.K. Rowling tient bon.

01:01 Elle se demandait donc cette semaine, avec ironie, sur X, si ses propos allaient lui valoir une arrestation par la police écossaise.

01:07 Et alors, est-ce le cas ?

01:08 Alors bien sûr, la police écossaise lui a répondu que non, ses propos ne tombaient pas sous le coup de la loi.

01:14 Mais Rowling a bien raison d'expliquer que cette législation est une porte grande ouverte aux abus de la part de militants

01:22 qui veulent réduire au silence les féministes qui, comme elle, dénoncent par exemple les dangers de supprimer les espaces réservés aux femmes

01:29 au nom de l'idéologie transgenre.

01:31 Le motif flou de la haine sert à baïonner toute liberté d'expression sur ces sujets.

01:37 Alors, est-ce que cette loi écossaise de génie est la seule du genre ?

01:40 Non, partout dans les démocraties libérales, la lutte contre la haine est instrumentalisée pour faire taire.

01:46 Sur les campus américains, par exemple, la lutte contre le hate speech, le discours de haine, au nom de l'inclusivité,

01:51 aboutit à la censure de toute opinion non progressiste.

01:55 En France, on se souvient du désastre de la loi Avia en 2020, qui prétendait lutter contre tout contenu signalé comme haineux sur Internet,

02:02 heureusement retoqué par le Conseil constitutionnel pour atteinte disproportionnée à la liberté d'expression.

02:07 Mais récemment, une proposition de loi a, elle, été votée à l'Assemblée nationale,

02:11 qui permet désormais de réprimer les propos racistes ou antisémites tenus dans un cadre non public.

02:17 Mais franchement, Jeannine, est-ce que ce n'est pas une bonne chose, au fond, de punir les propos haineux ?

02:21 On voit bien que ça se multiplie dans la sphère publique.

02:24 Ça, je suis d'accord avec vous, la haine, c'est mal.

02:25 "All you need is love", on aimerait bien, on aimerait tous vivre dans une chanson de John Lennon.

02:30 Mais la réalité est plus compliquée que ça.

02:32 Qu'est-ce que la haine ? Qui la définit ? Comment la différencier de la critique ?

02:35 Se moquer de l'islam ? Dire qu'il y a deux sexes ? Vouloir contrôler l'immigration ? Est-ce que c'est de la haine ?

02:40 Philippe Muray, vous savez, parlait déjà de "cageophobe" pour décrire cette propension à réduire les opinions à des phobies.

02:47 L'extension du domaine de la haine, c'est la restriction du domaine du débat.

02:51 La loi Pleven de 1972 punit l'incitation à la haine raciale.

02:57 Et elle permet non plus à un individu, mais à un groupe qui se sentirait offensé de porter plainte.

03:02 Elle traîne déjà beaucoup de gens devant les tribunaux,

03:04 l'ancien journaliste Éric Zemmour, l'actrice Brigitte Bardot ou l'historien Georges Bensoussan.

03:09 Et même Guillaume Meurice, l'humoriste de France Inter,

03:12 qui a fini devant la police judiciaire pour une blague sur Netanyahou, pour ce motif d'incitation à la haine.

03:17 Qui d'autre encore ? Charlie Hebdo.

03:20 En 2012, le journal avait eu droit à un procès pour incitation à la haine raciale, pour les caricatures de Mahomet.

03:26 Cela leur avait placé une cible dans le dos. On sait ce qu'il advint par la suite.

03:30 Les dessinateurs furent assassinés. La lutte contre la haine peut être le bras armé de la censure.

03:37 - Signature Europe 1 Eugénie Bastier, merci beaucoup Eugénie. 8h52.

Category

Transcription

Recommandations