Céline Petit, secrétaire générale de la CGT des Alpes-Maritimes, est l'invitée de Nice-Matin
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de Nice Matin,
00:14 une émission que j'ai le plaisir de présenter avec Frédéric Maurice,
00:18 c'est le pilier, le cerveau de cette émission, chef de l'édition de Nice. Bonjour Frédéric.
00:23 Bonjour Danny.
00:23 Notre invitée aujourd'hui, Céline Petit, la secrétaire générale de la CGT des Alpes-Maritimes.
00:28 Bonjour Céline Petit. Bonjour Danny, bonjour Frédéric.
00:30 Merci d'avoir accepté notre invitation. Cette semaine, la CGT des Alpes-Maritimes
00:35 s'est beaucoup mobilisée, l'éducation nationale, les chargés de clientèle,
00:39 les agents d'Ainédis ont manifesté mardi, le personnel de la protection de l'enfance jeudi.
00:46 Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est que le climat social est en train de se tendre.
00:50 Le climat social se tend, le climat social est surtout en danger.
00:55 Toutes les annonces gouvernementales faites sur ces dernières années et ces derniers mois sont dramatiques.
01:02 Le gouvernement n'entend pas la difficulté aujourd'hui dans laquelle sont l'ensemble des salariés
01:12 dans différents champs professionnels. Vous en avez cité quelques-uns, mais pas que.
01:15 Les champs seraient tellement vastes dans la construction, dans le transport, dans les services publics, la santé.
01:23 Notre hôpital public est dans une situation dégradée de fonctionnement depuis de nombreuses années.
01:30 Nous alertons, nous, en tant qu'organisation syndicale. Il est temps que le gouvernement
01:33 entende les revendications et mette en place de vraies mesures qui amélioreront le champ du monde du travail.
01:40 Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que la grogne est en train de prendre de l'ampleur un petit peu partout.
01:46 La grogne prend de l'ampleur. Alors différemment suivant les champs.
01:49 Donc on le voit bien sur des mobilisations interprofessionnelles.
01:54 On sent que c'est encore en balbutiement, mais que suivant ce qui se passera dans les prochaines semaines
02:00 ou les prochains mois, ça pourrait vite réagir. Et après, dans certains champs professionnels spécifiques,
02:07 on le voit très bien, l'éducation nationale, la protection de l'enfance. C'est vraiment une grogne qui est en train de monter.
02:13 Les attaques sont trop fortes pour permettre aux salariés de pouvoir continuer dans ces conditions-là.
02:19 Peut-être plus anecdotique, mais le 28 mars, ça isola 2000 et le lendemain à Oron, vous êtes allé à la rencontre des saisonniers.
02:24 Est-ce que c'est un prétexte pour les skier ?
02:26 Pas du tout. Alors déjà, je vais vous le dire, je ne ski pas. Donc voilà, ce n'est pas avec moi.
02:31 Déjà une information dans cette émission. Je ne ski pas.
02:36 Mais pas le temps, j'imagine.
02:37 L'objectif de ce déploiement, et nous en faisons régulièrement, on en fait aussi bien l'été que l'hiver,
02:42 c'est d'aller à la rencontre de ces travailleurs précaires saisonniers qui sont sur les stations,
02:48 en fait, qui travaillent sur les remontées mécaniques, sur les pistes,
02:51 qui travaillent dans les hôtels, cafés, restaurants, sur ces stations, pour leur donner de l'information sur leurs droits.
02:56 Et au vu des dernières annonces gouvernementales faites par le Premier ministre Gabriel Attal quelques jours auparavant,
03:03 nous n'aurions pas pu manquer cette rencontre avec ces salariés pour aller les mettre en alerte sur cette prochaine réforme annoncée de l'assurance chômage par le gouvernement.
03:13 Ils ont d'ailleurs pu nous dire qu'ils étaient fortement impactés par déjà les dernières réformes de l'assurance chômage,
03:20 qui les met dans la précarité, qui ne leur permet plus de faire valoir leurs droits en tant que demandeurs d'emploi
03:26 quand ils ont des coupures dans leur contrat saisonnier.
03:28 La précarité s'installe.
03:30 Certains et certaines se posent même la question s'ils ne vont pas arrêter leur travail en tant que saisonnier pour faire autre chose.
03:37 Et là, ce serait dramatique.
03:38 La réalité aussi, c'est que ce métier est en train de changer profondément.
03:43 Il y a des bouleversements ces dernières années qui font qu'ils ne s'exercent pas de la même manière.
03:49 On est bien d'accord. Mais ça, ça s'aménage.
03:51 Les stations, d'ailleurs, ont des réflexions économiques sur comment ils aménagent leurs activités au niveau des stations de ski.
03:59 Donc, pour ne plus faire que du ski, mais bien d'autres activités qui sont proposées,
04:03 il y a des projets sur les stations d'Isola 2000 et d'Oron de création de complexes de luge 4 saisons, d'acrobranches.
04:13 Ils ont fortement développé les sentiers pour permettre aux vététistes l'été de pouvoir avoir des activités.
04:19 Donc, pour autant, il y a du travail pour les saisonniers.
04:21 Mais il faut respecter et ne se sentent plus respectés aujourd'hui dans le travail qu'ils font.
04:25 Il y a du travail. Il y a aussi une crise du recrutement des saisonniers avec beaucoup de problématiques associées,
04:32 notamment la question du logement.
04:34 Tout à fait. Alors, on est moins impacté sur le département des Alpes-Maritimes au niveau du logement des saisonniers.
04:41 C'est une question qu'on a abordée avec eux.
04:43 Même l'été ?
04:45 Même l'été, en fait, parce que pour les saisonniers, par exemple, sur Isola 2000,
04:48 il y a tout un dispositif de logement qui est mis en place, pris en charge par la SEM.
04:52 Et ça, on ne peut que s'en satisfaire, nous, en tant qu'organisation syndicale.
04:55 Là, vous parlez des saisonniers de montagne.
04:56 Tout à fait. Pour l'été, pour le littoral, c'est la catastrophe sur le littoral.
05:00 Le logement sur les Alpes-Maritimes, c'est un état de dégradation totale.
05:04 Les loyers sont à des prix faramineux.
05:07 Et bien évidemment, ça ne permet pas le recrutement et permettre à des travailleurs et à des travailleuses
05:11 de pouvoir venir travailler dans des bonnes conditions de vie personnelle et de travail.
05:16 Et bien sûr, sans oublier la question des salaires.
05:19 Alors, vous avez évoqué la réforme de l'assurance chômage.
05:22 Le Premier ministre Gabriel Attal annonce qu'il y aura, je cite, une réforme de l'assurance chômage cette année,
05:29 avec pour objectif d'atteindre le plein emploi, qu'il y ait davantage de Français qui travaillent.
05:33 Il était invité de TF1 le 27 mars. On l'écoute.
05:37 Donc une des pistes, c'est de réduire cette durée d'indemnisation de plusieurs mois.
05:41 Je ne pense pas que ça aille en dessous de 12 mois, parce qu'on voit qu'il y a un effet très fort dans les 12 premiers mois.
05:47 Mais c'est la première piste. Ensuite, dans le deuxième paramètre,
05:50 vous avez le temps qu'il faut avoir travaillé pour pouvoir bénéficier du chômage.
05:55 C'est 6 mois aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est 6 mois sur les deux dernières années.
05:58 Vous travaillez 6 mois tous les deux ans, vous avez votre indemnisation chômage.
06:03 Là aussi, on peut imaginer soit de dire qu'il faut travailler davantage sur les 24 derniers mois,
06:08 ou alors dire que les 6 mois s'apprécient sur une durée moins longue, qui n'est plus 24 mois, mais qui est par exemple 18 mois.
06:14 Donc ça, c'est le deuxième levier. Et le troisième levier, c'est celui du niveau d'indemnisation du chômage.
06:19 Combien vous touchez quand vous êtes au chômage et comment est-ce que ça baisse en fonction du temps que vous passez au chômage
06:24 pour vous inciter à reprendre un emploi ?
06:26 Là aussi, c'est une des pistes qui a moins ma préférence que les deux précédentes, mais on va laisser les partenaires sociaux travailler.
06:32 Ensuite, vous m'avez demandé le calendrier. Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l'été
06:38 pour qu'elle puisse entrer en vigueur d'ici à l'automne, comme je m'y suis engagé.
06:42 Alors Céline Petit, cette analyse et cette proposition de Gabriel Attal de troisième réforme de l'assurance chômage, vous réagissez comment ?
06:51 Croyez-vous vraiment que c'est ça qui va permettre de baisser le chiffre du nombre d'allocataires de chômage ?
06:57 Est-ce que ça va permettre aux plus précaires qui sont en recherche d'emploi de pouvoir trouver un emploi
07:02 qui corresponde à leurs qualifications et à leurs demandes ? On le voit très bien, la deuxième réforme de l'assurance chômage n'est pas efficiente.
07:11 Pourquoi une troisième si elle ne sera pas efficiente non plus, tel que le pense le gouvernement ?
07:16 Au contraire, elle va créer encore plus de précarité, encore plus de difficultés à l'accès au travail.
07:23 Donc en ce qui concerne notre organisation syndicale, vous vous en doutez bien, on va se mettre en ordre de bataille pour contrecarrer la mise en place de cette réforme.
07:31 Nous n'y sommes pas du tout favorables. Ce ne sont que des belles annonces qui ne sont pas adaptées du tout.
07:39 Pour la CGT, donc c'est hors de question, ça veut dire que vous ne participerez pas aux négociations ?
07:44 Alors, pour l'instant, nous avons participé aux négociations. Il y a une négociation en cours jusqu'au 8 avril sur le travail des seniors.
07:57 À l'instant T, nous ne serons pas signataires des négociations qu'il y a pu y avoir.
08:05 Maintenant, pour la question d'ouverture de négociations sur cette prochaine réforme de l'assurance chômage,
08:09 nous avons en tant qu'organisation syndicale une réunion dans les prochains jours pour décider ensemble si nous participerons ou pas.
08:17 Cela n'appartient pas qu'aux Alpes-Maritimes, vous vous en doutez bien. Nous sommes une organisation qui fonctionne démocratiquement.
08:24 Nous irons donc au débat en interne pour décider de ce que nous allons faire par rapport à ce que le gouvernement est en train à nouveau d'imposer.
08:32 Le plein emploi est un objectif que tout le monde a en tête. De votre point de vue, que devrait faire le gouvernement pour améliorer le marché du travail ?
08:40 Permettre une meilleure accessibilité déjà à l'accompagnement par le biais de Pôle emploi, qui est devenu France Travail.
08:47 Donc donner des moyens à ce dispositif service public pour pouvoir accompagner les demandeurs d'emploi comme il faut.
08:55 Arrêter de s'attaquer à la formation professionnelle et laminer ces dispositifs qui ne permettent plus aux salariés aujourd'hui de pouvoir évoluer dans leur carrière
09:06 et pouvoir voir des changements d'emploi s'ils le souhaitent parce qu'ils ne se retrouvent plus dans l'emploi qu'ils ont actuellement.
09:14 Et puis à un moment donné, pour atteindre le plein emploi, avoir une réflexion sur la question des salaires, des rémunérations des salariés
09:22 et également la condition des aides données aux entreprises.
09:26 Peut-être qu'à partir de ce moment-là, on aura des projets qui seront plus légitimes et plus atteignables au niveau de cette idée du plein emploi.
09:34 Juste une précision, le passage de Pôle emploi en France Travail, ça se passe bien ?
09:39 Non, pas du tout. J'étais encore avec mes camarades hier de Pôle emploi France Travail en Réunion. C'est catastrophique.
09:48 Qu'est-ce qui ne fonctionne pas ?
09:50 Tout. Rien n'est mis en place comme il faut. Des expérimentations qui ne sont pas mises en place au bon moment, au bon instant.
10:00 Et de multiples réformes en interne aussi parce qu'en fait, il n'y a pas que la question de France Travail.
10:05 Il y a toutes les réformes. On pourrait parler du RSA par exemple et la mise en place par le gouvernement des obligations des 15 jours de stage, de travail,
10:16 tout le suivi, la possibilité d'avoir des outils qui fonctionnent correctement. Aujourd'hui, en tout état de cause, ce service public France Travail Pôle emploi
10:27 a tellement été démantelé depuis de nombreuses années qu'il n'est pas en capacité par les réformes qui ont eu lieu de pouvoir faire son travail correctement.
10:35 D'accord. Alors par rapport à cette réforme annoncée par Gabriel Attal, est-ce que vous avez le sentiment que le gouvernement confrontait un endettement record,
10:45 espérant ainsi donner le sentiment de faire des économies ?
10:48 Le gouvernement fait des choix. Ces choix qu'il fait ne sont pas ceux que la CGT revendique. Faire de l'économie sur le monde du travail.
11:00 Il y a certainement d'autres mesures à prendre que faire des économies sur le monde du travail, comme par exemple réfléchir aux taxes et aux cotisations
11:12 que devraient être versées par l'ensemble des grosses entreprises cotées au CAC 40, revoir la question des aides qui sont données aux entreprises,
11:24 avant de s'attaquer et encore mettre plus dans la précarité les travailleurs et les travailleuses.
11:28 On va y venir. Mais sur le constat, on le disait que le déficit public a atteint un niveau record, 5,5% du PIB en 2023. La dette publique a dépassé les 110% de ce PIB.
11:41 D'abord, est-ce que c'est inquiétant, cette situation, selon vous ?
11:45 Attends vraiment une dette publique à cette hauteur-là ? Je ne suis pas une économiste, donc je ne rentrerai pas dans les détails.
11:51 Mais on peut aussi se poser des questions sur les chiffres qui nous sont donnés et la manière dont ils sont portés par le gouvernement
11:57 pour légitimer les réformes qu'ils mettent en place.
12:02 Que préconise la CGT pour résorber ce déficit ? Le Premier ministre Gabriel Attal a tendu une perche à tout le monde.
12:10 Il a dit « j'attends vos propositions ».
12:13 Alors nous, c'est simple. Les préconisations qu'on fait, elles sont essentiellement déjà, comme j'ai pu vous le dire, sur le contrôle des aides faites aux entreprises,
12:23 bien évidemment, et bien sûr pour combler une dette à un moment donné. Augmentons les salaires. Ça fera augmenter les cotisations sociales.
12:31 Ça rentrera de l'argent dans des caisses comme la caisse des retraites, comme la caisse de sécurité sociale. Ça permettra de financer...
12:38 — Donc les entreprises puissent le supporter. — Les grosses entreprises, aujourd'hui, au vu des dégrèvements qu'elles ont, pourraient le supporter.
12:45 — Il n'y a pas que des entreprises du CAC 40. — On le sait. Mais ça, là-dessus, vous vous en doutez bien.
12:50 Nous, au niveau de la CGT, on fait une différence entre les petites entreprises, les artisans, boulangers, les maçons, les peintres,
13:00 qui, eux, effectivement, au vu des charges d'entreprise qu'ils ont au quotidien, devraient aussi bénéficier de mises en place de mesures spécifiques économiques
13:09 à leur destination. — Gabriel Attal engage une réflexion sur la taxation des rentes. Là, vous dites oui, il faut aller dans cette direction-là.
13:19 — Alors là, c'est pareil. Je veux dire que je suis pas une économiste. Maintenant, on le voit très bien. Ça dépend ce qu'on met derrière « rente », en fait.
13:27 Donc voilà, s'il s'agit d'aller creuser sur les questions, on va dire, d'héritage ou des choses comme ça, c'est pareil. Ça dépend des niveaux.
13:38 — Et des patrimoines. — Et du contribuable qui est concerné, j'ai envie de dire. On peut pas répondre comme ça à une question de manière abrupte, en fait.
13:46 Pour moi, ça nécessite une réflexion. Et chaque niveau de vie... Vous vous doutez bien que le salarié qui a travaillé toute sa vie,
13:54 qui va avoir acheté un ou deux appartements et qui, demain, viendrait être taxé ou ses enfants viendraient être taxés,
14:01 vous vous doutez bien que la CGT, elle peut pas dire oui à ce type de mesures. — Mais taxer les plus riches, ça, vous êtes favorable ?
14:07 — Bien sûr. — Davantage ? — Mais bien sûr. — D'accord. Est-ce que... — Toujours, bien sûr, avec des critères et des niveaux.
14:15 — Bien sûr, évidemment. — Voilà. Tout ça doit être cadré et pas dans l'excès, bien évidemment. Tout ça se réfléchit dans des projets, en fait.
14:21 — Dans la perspective de nouvelles économies, est-ce qu'il faudra se résoudre à réduire le périmètre de certains services publics ?
14:28 — Faudrait surtout pas. C'est la catastrophe. On le voit avec les maisons France Service. Il faut pas réduire le périmètre des services publics.
14:35 Au contraire, il faut donner les moyens et investir dans nos services publics. C'est le seul moyen aujourd'hui de répondre aux besoins de la population,
14:42 en fait, de la proximité, des moyens humains, du contact. La dématérialisation est une catastrophe pour permettre à l'ensemble des citoyens
14:53 de pouvoir accéder à leurs droits. Donc non. Au contraire, mettons des moyens sur les services publics au sens large.
15:00 Arrêtons de fermer les lieux d'accueil type CAF, CPAM, les services des impôts, les trésoreries des impôts qui ont été fermées
15:09 depuis de nombreuses années, les bureaux de poste. Et arrêtons de jouer sur les services publics par une mutualisation où, demain,
15:17 une personne en accueil au bureau de poste serait chargée de donner de l'information au contribuable qui vient se renseigner sur ses impôts
15:25 ou sur ses droits à la CAF. On a besoin de spécificité. On a besoin de répondre aux besoins de la population.
15:31 — Même si on comprend bien que La Poste est confrontée à une situation très particulière, parce qu'évidemment, son activité principale
15:36 a considérablement réduit ces dernières années, et que pour maintenir ses effectifs, pour maintenir ses activités,
15:42 elle doit aujourd'hui se diversifier. Elle ne peut rester que sur l'envoi de lettres qui ont quasiment disparu dans le quotidien de beaucoup de gens, quoi.
15:51 — On peut l'entendre, mais sans faire n'importe quoi. Quand on voit il y a quelques mois en arrière que dans des bureaux de poste,
15:55 on installe des cabines d'essayage pour les gens qui reçoivent des colis, vous croyez que c'est une omission de La Poste, ça ?
16:01 Donc à un moment donné, soyons cohérents dans ce qu'on fait. Et effectivement, l'activité des télécommunications et donc de La Poste
16:09 est fortement impactée. Cependant, des projets à réfléchir sont possibles. Et je sais qu'au niveau de la CGT et donc FAPT,
16:18 nous avons des propositions. Des propositions sont faites et des revendications sont portées.
16:24 — Ça fait un peu plus d'un an aujourd'hui que la réforme des retraites a été actée. Est-ce que vous avez fait le deuil de cette négociation très...
16:32 Enfin du coup, c'était pas une négociation, mais de cette réforme qui a été assez douloureuse ?
16:37 — Non. Alors le deuil, ça dépend de ce que vous entendez par deuil. Une chose est sûre, c'est qu'on continue à revendiquer, nous,
16:46 en ce qui nous concerne la retraite à 60 ans maximum. Nous continuons... — Pour tout le monde.
16:53 — Pour tout le monde. Voilà. — Quel que soit le niveau d'entrée sur le marché du travail.
16:57 — Bien sûr. C'est important. Aujourd'hui... — Et ça serait financé de quelle manière ?
17:01 — Alors ça, c'est à réfléchir. Mais comme je vous dis, à un moment donné, si on augmente les salaires, on augmente les entrées
17:08 dans les caisses de protection sociale. Si on augmente les salaires des femmes, aujourd'hui, on n'a pas parlé d'égalité femmes-hommes.
17:14 Bien évidemment, on le voit très bien. C'est des rentrées de cotisations sociales également qui vont être mises dans ces caisses
17:21 de protection sociale. Maintenant, ce sont des choix qui sont faits. Pour revenir sur votre question, on continue à travailler
17:26 sur cette question de la réforme des retraites. Effectivement, aujourd'hui, elle est en application. Cependant, dans beaucoup
17:33 de champs professionnels, des négociations sont en cours pour négocier sur la pénibilité des départs avant l'âge possible
17:42 pour les seniors, avoir des avancées sur la question justement des seniors ou même des personnes qui voient leur état de santé
17:50 se dégrader de fait de conditions de travail pas du tout adaptées. Je donnerais par exemple la construction.
17:55 — Ouais. Par catégorie, aujourd'hui, vous essayez d'optimiser les accords pour tenter d'obtenir le maximum de protection
18:04 pour les travailleurs. — Par catégorie ou par aussi niveau de négociation nationale sur différentes approches de négociation
18:13 de retraite notamment. Voilà. — Cette réforme des retraites, c'est pas un immense constat d'échec pour le syndicalisme
18:19 et particulièrement pour le CGT qui était l'une des centrales les plus radicales par rapport à cette réforme des retraites ?
18:26 — Non. C'est pas un échec. Alors effectivement, on n'a pas gagné sur la revendication. On est clair. On va se le dire.
18:33 Maintenant, ce n'est pas un échec, parce que s'il y a une chose qui est sûre, c'est que ça a redonné confiance
18:38 à l'ensemble du monde du travail, aux organisations syndicales, à ce qu'on est en capacité de faire et ce à quoi on sert,
18:44 chose que le gouvernement essaye de casser depuis de nombreuses années. — Mmh. Ça a laissé des traces, ce conflit,
18:50 au sein de la CGT, au sein du monde syndical ? — Ça laisse des traces positives. Ça laisse des traces de resserrement,
18:58 de travailler ensemble, la convergence des luttes sur différents sujets. Et on sent bien qu'on est prêts pour passer le cap
19:06 si on doit repartir à la lutte sur un sujet, de pouvoir resserrer les rangs, nous, en tant qu'organisation syndicale,
19:12 Confédération, voilà, pour pouvoir justement contrer et mieux travailler encore notre prochaine lutte face à toutes ces réformes austères.
19:24 — L'inflation redescend enfin. Elle était à 2,4% en mars en France. Il y a moins de 2 ans, elle dépassait les 10%.
19:32 Est-ce que vous percevez cette accalmie ? — Ça dépend d'où on se place pour l'avoir. On a encore, au niveau de l'inflation,
19:41 sur les derniers chiffres que j'ai pu avoir il y a 2 jours, les assurances sont à 6% d'augmentation, l'énergie à 10% d'augmentation.
19:50 Les loyers, eux, ne baissent pas non plus. Donc si c'est ça, poser la question de la baisse de l'inflation, on s'en rend bien compte.
19:58 Les rémunérations et les salaires des salariés, eux, n'ont pas ce taux d'évolution. — On va y venir, on va y venir à ça.
20:04 — Est-ce que la BCE doit se hâter de réviser ses taux d'intérêt à la baisse, notamment pour détendre le marché de l'immobilier
20:11 et favoriser les investissements ? — Alors comme je vous ai pu vous le dire, je ne suis pas une économiste.
20:16 Je ne suis pas assez calée là-dessus. Mais effectivement, je pense qu'il doit y avoir une réflexion sur la question des taux immobiliers
20:21 pour permettre aux plus précaires d'accéder à l'achat de leur propre logement pour sécuriser. C'est une sécurisation.
20:30 Travail, logement dans la vie, c'est une base pour pouvoir aussi s'en sortir. Et on le voit très bien aujourd'hui.
20:37 La plupart des salariés ne sont pas en accession à la propriété ou propriétaire. — C'est particulièrement vrai dans ce département.
20:46 — Dans le département des Alpes-Mauritiques. Ils dépendent énormément d'une volonté de logement mis en œuvre par des bailleurs privés.
20:54 Et au niveau du logement public, on va se le dire, et des bailleurs publics, on n'est pas du tout à la hauteur des besoins sur le département non plus.
21:01 — Donc qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Il faudrait construire plus ? — Alors non. Pas trop de construction. Respectons notre environnement.
21:09 On le voit très bien aujourd'hui sur l'ensemble de notre département. — Et c'est compliqué de ne pas construire alors même
21:15 qu'on manque cruellement de logements. — Il faut avoir une réflexion, voilà, se poser. Alors j'entends ne pas construire,
21:20 mais déjà peut-être avoir un état des lieux des logements existants et comment ils sont utilisés, en fait. Est-ce qu'ils sont essentiellement
21:26 utilisés sur du logement touristique ou est-ce qu'ils sont mis à la destination des habitants de notre département ?
21:34 C'est toute une réflexion. Mais pour autant, il faut rester très vigilant sur la question de la construction. On le voit très bien.
21:41 Environnementalement, on tiendra pas sinon. La bétonisation a de forts impacts sur nos évolutions climatiques, sur le département
21:49 des Alpes-Maritimes. Donc soyons aussi vigilants à ce qu'on fait au niveau environnemental et sur les constructions.
21:54 — Vous parlez des salaires. La Banque de France a examiné 1 500 accords négociés l'an dernier au sein d'entreprises du secteur privé.
22:01 Ils prévoient ces accords des hausses de salaires de 3,4 % cette année. Ça veut dire qu'en moyenne, les salaires augmenteraient
22:07 plus vite désormais que l'inflation pour la première fois depuis 2022. Est-ce que vous confirmez cette perspective ?
22:13 — Alors il y a des augmentations de salaires. Cependant, il y en a tellement eu peu depuis de nombreuses années...
22:20 — On n'est même pas au rattrapage, quoi. — Donc on n'est pas au rattrapage de ce dont on a besoin, que ce soit dans le public ou dans le privé.
22:26 D'ailleurs, on le voit très bien, parce que le gouvernement s'est gargarisé de l'augmentation du point d'indice dans la fonction publique
22:34 en juillet 2023, si je ne me trompe pas sur les dates. Mais on voit très bien qu'on ne rattrape pas les plus de 10 ans à 15 ans de gel
22:42 du point d'indice dans la fonction publique. Donc aujourd'hui, même dans le privé, les salaires sont tellement bas et ont tellement été
22:50 laissés à se dégrader qu'on ne rattrape pas, même avec ces augmentations, le taux qu'il y aurait besoin pour pouvoir permettre
22:59 à la population aujourd'hui de vivre dignement. — Alors sur un autre sujet, le sénateur, les Républicains, Philippe Tabarro,
23:07 est le rapporteur d'une proposition de loi qui sera examinée mardi en séance publique et qui vise à limiter le droit de grève
23:14 dans les transports en commun. Il s'en est expliqué jeudi sur BFMTV. On l'écoute.
23:18 — Il y a un certain nombre de difficultés, comme nos concitoyens le remarquent régulièrement, à la fois pendant les périodes
23:24 de vacances scolaires, de grands départs, pendant les périodes importantes de notre pays, que ce soit des examens, par exemple,
23:31 que ce soit des manifestations sportives ou culturelles. Et puis il y a aussi – et c'est un autre aspect du texte – des problèmes
23:39 dans le train du quotidien, des détournements du droit de grève tout simplement à travers l'utilisation de techniques
23:45 que certains syndicalistes connaissent très bien, comme les grèves de 59 minutes qui désorganisent le service, comme des préavis dormants
23:53 pendant des années, par exemple 20 à la RATP jusqu'en 2045, et qui sont déclenchés à n'importe quel moment.
24:01 — Franchement, Céline Petit, il vous est pas arrivé, vous, d'être victime des grèves des transports en commun ?
24:06 — Non. Je m'organise, on gère. Et surtout, voilà, le droit de grève, c'est un droit acquis. Nous serons totalement...
24:17 — Qui ne doit avoir aucune limite. — Il a des limites, déjà. Déjà, dans les transports, il y a des limites, parce qu'il y a un cadre...
24:24 Par exemple, dans le transport, il y a ce qui s'appelle la loi d'IAR qui a été mise en place depuis de nombreuses années,
24:28 qui oblige à déposer un préavis dans un délai donné, qui amène à une entrée en négociation avec les employeurs concernés,
24:38 et ensuite qui amène les salariés qui souhaiteraient se déclarer grévistes à devoir se déclarer grévistes 48 heures avant,
24:46 donc non, le droit de grève dans les transports, de manière générale, ou même dans n'importe quelle profession, il est cadré.
24:55 C'est un droit que nous devons pouvoir continuer à exercer. Je ferai un bond sur la question du transport,
25:02 parce qu'il y a des attaques, là, sur la question de la RATP, la question, je pense, des droits de grève de nos camarades
25:11 et des salariés cheminots ou ceux qui sont dans les transports urbains et périurbains.
25:15 Et on peut comprendre aussi l'exaspération des Français qui voient qu'à l'approche de chaque période de vacances scolaires,
25:21 à l'approche de Noël, il y a des préavis de grève et il y a des perturbations dans les transports.
25:25 Là, ce que vous nous dites, c'est droit de grève pas touche.
25:28 Tout à fait. Et puis, y a-t-il tant d'exaspération que ça ?
25:33 Moi, j'ai eu l'occasion d'aller sur la gare de Nice, sur des préavis, sur des moments de grève qui touchaient des périodes de vacances
25:42 ou de ponts ou d'autres périodes. Je peux vous dire que...
25:47 Quand il y a des mouvements de grève, les gens ne sont pas dans les gares ?
25:49 Détrompez-vous, il y en a quand même.
25:51 Et quand on fait de l'information avant pour informer qu'il va y avoir grève et expliquer nos revendications,
25:57 et je peux vous dire qu'aujourd'hui, la population, elle n'est pas tant opposée à ça, en fait.
26:02 Donc, elle entend aussi les motifs de ce qui sont mis en place.
26:07 Je tiens à vous dire quand même que la déstructuration du service public de transport sur notre département est dramatique.
26:13 Qu'est-ce qui a changé, pardon, comme déstructuration ?
26:17 Par exemple, par rapport à ce qui va se mettre en place d'ici quelques mois sur la privatisation de la ligne Nice-Marseille, donc du rail.
26:27 On verra ce que ça donne ensuite. Voilà la dégradation des conditions de transport sur le département des Alpes-Maritimes.
26:34 Dans le même registre, en tout cas un registre similaire, est-ce qu'il faut aller jusqu'à prendre le risque de perturber et de gâcher les Jeux olympiques pour faire aboutir des revendications ?
26:45 Écoutez, à un moment donné, est-ce que les Jeux olympiques seront perturbés ?
26:51 Je ne sais pas. On n'y est pas encore. Voilà.
26:55 Mais faire savoir qu'à un moment donné, les Jeux olympiques, ce n'est pas du sport populaire.
27:00 Ce n'est pas des conditions de travail qui respectent les salariés qui vont être amenés à travailler.
27:07 Que ça met en difficulté aussi la population qui va vivre à ce moment-là pour que des entreprises capitalistes se mettent de l'argent dans les poches
27:15 et que les services publics qui sont sur les territoires, elles, doivent se retrouver enclenchées à mettre de l'argent et se retrouver avec une nouvelle dette publique,
27:25 à un moment donné, il faut aussi qu'on ait une réflexion par rapport à ce qu'on fait et comment on mène certaines activités sportives dans la totalité du monde.
27:34 Et je tiens à rappeler que les derniers Jeux olympiques qui avaient eu lieu à Grenoble, on vient seulement de finir de payer la dette.
27:40 Donc vous n'êtes pas totalement fan des Jeux olympiques ?
27:43 En ce qui me concerne, non. Je n'appelle pas ça un sport populaire. Je serais plutôt fan du Tour de France.
27:48 Frédéric, très bien. Tous les sondages démontrent que le vote des ouvriers, des employés, profite avant tout au Rassemblement national.
27:55 Est-ce que ces électeurs-là font le bon choix ?
27:57 Non, ils ne font pas le bon choix.
27:59 Pourquoi ?
28:01 Ça va être dramatique si demain, nous avons le Rassemblement national qui arrive un peu plus à prendre de la place dans le monde politique.
28:13 En ce qui nous concerne, organisation syndicale, on est clair, ils n'ont pas de projet social pour le monde du travail.
28:20 Donc à un moment donné, c'est un danger aujourd'hui pour notre pays et je l'affirme haut et fort,
28:27 nous devons être très vigilants à ce qui est en train de se passer.
28:30 Ne laissons pas notre pays se dégrader encore plus que ce n'est là aujourd'hui.
28:38 On va très rapidement parce que le terme de l'émission approche.
28:41 Voilà un an que Sophie Binet a été élue à la tête de la CGT.
28:45 Pas loin d'un an aussi pour vous.
28:46 C'était en juin. Qu'est-ce qui a changé à la CGT depuis que des femmes comme Sophie Binet et vous ont pris les responsabilités ?
28:55 J'ai envie de dire, on n'est plus du tout sur la même dynamique.
28:59 Sans aucune critique envers mes camarades masculins.
29:02 Attention, je pèserai les mots.
29:04 Mais je pense qu'on a amené, en faisant le choix notamment en congrès confédéral en 2023,
29:11 d'élire une secrétaire générale, Sophie Binet en l'occurrence,
29:16 une autre dynamique au sein de notre organisation syndicale,
29:19 de la jeunesse, de la spontanéité.
29:25 Voilà quelque chose qui amène une modernité de la communication vis-à-vis de notre organisation syndicale.
29:32 Je pense que c'était nécessaire.
29:33 On peut être fier d'avoir fait ce choix là et il faut qu'on continue dans ces lignes là.
29:39 Il n'y a pas trop de réticences par rapport à une féminisation comme celle-ci par exemple ?
29:44 Il peut y en avoir.
29:46 Maintenant, ça fait partie aussi du jeu de ce qu'on porte au quotidien.
29:51 Continuons à apporter nos valeurs à la CGT, de la défense des droits des femmes, de l'égalité femmes-hommes.
29:57 Parce que si on est capable de le faire nous en interne à notre organisation syndicale,
30:01 ça veut dire qu'ensuite, de toute façon, ça se fera aussi dans les entreprises.
30:04 Ça se déclinera obligatoirement.
30:07 Avant de terminer, on passe à la question perso.
30:09 Frédéric Morisse.
30:17 Céline Petit, n'est-ce pas désespérant d'être la patronne de la CGT dans les Alpes-Maritimes,
30:24 dans un département aussi à droite ?
30:27 Déjà, je ne suis pas la patronne.
30:29 Je suis la secrétaire générale, je tiens à le préciser.
30:32 Donc, je représente la CGT sur notre union départementale.
30:37 Concernant la question d'un département à droite,
30:41 ça fait partie des enjeux que nous avons, avec lesquels nous devons travailler.
30:47 Ça ne nous empêche pas d'aller rencontrer l'ensemble de ces élus, de discuter avec eux,
30:52 de voir quels sont, à un moment donné, les points de convergence que nous avons,
30:56 de leur exprimer aussi nos désaccords et les propositions que nous avons à faire.
31:02 Donc, de toute manière, c'est la réalité de notre département.
31:05 On fait avec, on continue.
31:07 Et puis, de toute façon, on ne peut pas tous être d'accord sur les lignes qu'on se donne.
31:12 Donc, moi, ça ne me pose pas de difficultés particulières.
31:16 Bien au contraire.
31:17 Il y a des ténors dans ces politiques locaux avec lesquels vous vous entendez bien,
31:20 avec lesquels vous travaillez correctement ?
31:22 Alors, s'entendre bien, on ne va pas aller jusque là.
31:26 Mais avec qui on peut communiquer, aller poser des projets,
31:29 oui, il y a des représentants, notamment, je pense, dans les mairies des petites communes.
31:35 Voilà, parce qu'on voit les grands ténors politiques qui font la une de nos médias.
31:41 Mais il n'y a pas que ça aussi dans notre département.
31:43 Il y a aussi, par exemple, des élus de proximité, les maires des communes.
31:46 On parle beaucoup des élus de proximité aussi dans le disque matel.
31:48 Voilà. Et donc, moi, je sais que j'aime beaucoup aller discuter avec ces représentants de proximité
31:57 qui sont aussi, même s'ils ont une étiquette, on va dire, d'un parti politique,
32:02 sont aussi fracassés et très impactés par l'ensemble de ces réformes.
32:10 Et justement, c'est intéressant d'aller confronter nos points de vue pour discuter là-dessus
32:14 et voir un peu, il y a des projets qu'on peut faire ensemble.
32:18 Merci beaucoup, Céline Petit. Merci Frédéric.
32:21 Merci à tous de nous avoir suivis.
32:23 On se merci à Sophie Doncé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission,
32:30 à Christelle Benjamin pour sa préparation.
32:32 On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau rendez-vous de l'Interview à la Une.
32:36 Bonne journée et bon week-end à tous.
32:38 [Musique]
32:45 Merci à tous !