• il y a 6 mois
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l’invitée du Face-à-face sur BFMTV-RMC.

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00:00 [Générique]
00:09 Il est 8h32 et vous êtes bien sûr BFMTV et RMC. Bonjour Sophie Binet.
00:14 Bonjour.
00:14 Vous êtes la secrétaire générale de la CGT alors que cette interview n'avait même pas commencé.
00:18 Je vous ai vu lever les yeux au ciel parce qu'à l'instant sur BFMTV, alors que Christophe et Adeline me demandaient qui je recevais,
00:25 je disais "c'est le moment de demander au gouvernement, le gouvernement accorde pratiquement tout avant les JO pour votre plus grand plaisir" disais-je.
00:34 Et je vous ai vu lever les yeux au ciel. C'est vrai quand même non ? En ce moment, hop, on menace de grève pour les JO et on obtient tout.
00:41 Eh bien écoutez, non pas du tout puisque malheureusement le gouvernement est en train d'annoncer une réforme de l'assurance chômage.
00:47 Ça serait la cinquième fois qu'il ferait une réforme de l'assurance chômage depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir.
00:52 Donc il y a un acharnement déjà qui est assez incompréhensible. Et c'est la réforme de l'assurance chômage la plus violente depuis sept ans.
01:00 Si cette réforme s'applique, elle pénaliserait plus de un million de personnes, notamment les jeunes, les précaires et les seniors.
01:07 Et les conséquences très concrètes, c'est que ça serait beaucoup plus difficile d'avoir accès aux allocations chômage
01:14 parce que pour pouvoir être indemnisé, il faudrait travailler au moins huit mois.
01:18 Pendant les vingt mois précédents.
01:20 Exactement. Et donc ça pénalise directement toutes celles et ceux qui sont dans des secteurs dans lesquels l'emploi est par nature précaire.
01:26 Dans l'agriculture, dans le tourisme, dans l'hôtellerie, dans la restauration, dans la culture.
01:30 Il y a plein de secteurs dans lesquels on ne peut pas travailler à l'année parce qu'il n'y a pas de boulot à l'année.
01:34 Et on va y revenir parce qu'effectivement il y a ces deux dossiers en parallèle.
01:38 Et presque quand je vous écoute, je me demande si le gouvernement ne joue pas un peu justement, comme on dit, bon flic, mauvais flic.
01:44 C'est-à-dire d'un côté on donne, pour de l'autre côté peut-être mieux retirer.
01:48 L'assurance chômage et cette réforme, on va en parler dans un instant.
01:52 Vous êtes convoqué à 19h tout à l'heure par la ministre du Travail justement pour parler du contenu de cette réforme qui veut mettre la pression aux chômeurs.
01:59 Mais malgré tout, je vous interroge tout de suite sur cette question des grèves et des primes au JO.
02:03 Il y a eu hier cette grève à la SNCF Île-de-France.
02:07 Il semble que la direction de la SNCF ait accepté d'octroyer jusqu'à 1900 euros de primes pour cet été aux agents qui travailleront.
02:18 95 euros par jour, ça représente 50 millions d'euros pour la SNCF.
02:23 Et pourtant, et pourtant semble-t-il, vous n'acceptez pas le deal.
02:26 Écoutez, la décision est en train d'être prise.
02:28 Donc moi, je ne la connais pas.
02:30 On ne décide pas tout seul.
02:31 On consulte les syndiqués, les salariés, les cheminots.
02:35 C'est les cheminotes et les cheminotes qui vont décider.
02:37 Et donc, ça sera connu dans les prochaines heures.
02:39 Mais là, je ne peux pas vous l'annoncer.
02:40 Moi, je ne connais pas la décision.
02:41 Sudray s'est déjà exprimé et Sudray dit qu'il ne signe pas en l'état, qu'il se laisse encore le temps de réfléchir.
02:48 Mais honnêtement, jusqu'à 1900 euros de primes, c'est pas mal quand même.
02:52 Écoutez, je n'ai pas négocié cet accord.
02:55 Ce que je sais, c'est que c'est normal quand on a des contraintes supplémentaires qui seront importantes avec les Jeux olympiques.
03:00 C'est normal que ces contraintes soient reconnues.
03:03 Et donc, c'est normal qu'il puisse y avoir des négociations pour les reconnaître
03:07 et puis aussi pour organiser le travail des cheminots et des cheminotes pendant les Jeux.
03:10 Ils demandaient 50 euros par jour.
03:12 Ils ont obtenu 95 euros par jour.
03:15 Écoutez, encore une fois, ce n'est pas à moi qu'il faut le demander.
03:18 C'est aux cheminots et aux cheminotes la décision.
03:20 Vous êtes la patronne de la CGT.
03:21 Eh bien non, justement, je n'ai pas d'avis sur tout parce que ça n'est pas moi.
03:24 Contrairement à Emmanuel Macron, ça n'est pas moi qui décide toute seule de tout.
03:27 Là, en l'occurrence, je ne décide pas.
03:30 Ce sont les cheminots et les cheminotes qui décident.
03:32 Et c'est une très bonne chose.
03:33 Ça s'appelle la démocratie.
03:34 Ça s'appelle la démocratie.
03:35 Je rebondis quand même sur ce que vous dites à l'instant.
03:37 Ça veut dire que vous estimez qu'Emmanuel Macron ne joue pas le jeu de la démocratie.
03:40 Oui, tout à fait.
03:41 Je pense que c'est ce qui est très frappant, en fait, dans la période.
03:44 C'est que systématiquement, dans toutes les tensions qu'il peut y avoir dans le pays,
03:48 le gouvernement est incapable de régler aucun conflit.
03:51 Au contraire, il passe son temps à mettre de l'huile sur le feu.
03:54 Quoi de commun entre la réforme des retraites, les émeutes des quartiers populaires,
03:58 la nouvelle cadetdonie, les JO, la SNCF, la mobilisation des étudiants à Sciences Po, etc.
04:03 C'est qu'à chaque fois, le gouvernement, au lieu de régler le conflit, met de l'huile sur le feu.
04:08 Et je pense que c'est la marque de fabrique d'Emmanuel Macron, malheureusement.
04:11 C'est qu'il pense qu'il a la vérité surtout tout seul,
04:13 qu'il peut tout régler tout seul, sans en parler à personne.
04:16 Et on voit que ça met le pays en feu.
04:18 Donc, il faut changer de méthode et changer, évidemment, de cap politique.
04:22 Si on reste sur la question de la SNCF,
04:25 vous avez vu que le gouvernement se dit très mécontent des accords qui ont été obtenus.
04:30 Là, on n'est pas sur seulement la question des primes pour cet été,
04:33 mais aussi l'accord qui a été obtenu, notamment par les contrôleurs,
04:37 qui vont pouvoir partir 18 mois plus tôt que l'âge légal de départ à la retraite,
04:41 en étant payé 75 %.
04:43 À votre place, hier, c'était le patron des Républicains, Éric Ciotti,
04:46 qui dit carrément qu'il faut privatiser la SNCF.
04:49 C'est une honte de dire ce genre de choses.
04:51 Il suffit d'aller voir en Grande-Bretagne pour voir ce que ça donne
04:54 de privatiser le réseau ferroviaire.
04:56 Les trains, c'est une catastrophe en Grande-Bretagne,
04:59 avec des accidents mortels du fait de la privatisation.
05:02 Moi, ce qui me choque dans cette affaire,
05:04 c'est que le gouvernement a inventé un nouveau motif de licenciement.
05:07 Maintenant, on licencie les patrons qui signent des accords avec les salariés.
05:10 Vous faites référence au fait que M. Faranjou, le patron de la SNCF,
05:15 n'aura pas son mandat renouvelé après les Jeux olympiques.
05:18 Et on le sent bien, c'est une forme de sanction.
05:21 Bruno Le Maire, ici même, lors d'une interview avec moi il y a deux semaines,
05:25 disait son incompréhension face au patron de la SNCF,
05:28 qui ne l'avait pas consulté, semble-t-il, pour cet accord.
05:31 Et on a appris dans les heures suivantes qu'il ne serait donc
05:33 effectivement pas renouvelé après les JO.
05:35 Oui, c'est très choquant.
05:36 J'aurais aimé que Bruno Le Maire dise son incompréhension
05:39 vis-à-vis des décisions du patron de Stellantis, par exemple,
05:41 qui a décidé de s'octroyer une rémunération de 36 millions d'euros,
05:45 c'est-à-dire plus que ce que va coûter cet accord
05:47 permettant des départs anticipés pour près de 200 000 cheminots.
05:50 Eh bien, pour le même montant...
05:53 Mais là, vous mélangez entreprise privée et entreprise publique.
05:55 Oui, sauf que les actions de cette entreprise privée ont un impact sur tout le pays,
05:58 puisqu'il s'octroie une rémunération de 36 millions d'euros,
06:02 ce patron de Stellantis, et dans le même temps,
06:04 il licencie et il ferme des usines en toute impunité,
06:07 et le gouvernement ne lève pas le petit doigt.
06:09 Donc, c'est quand même grave que la seule chose que fait le gouvernement
06:13 pour recadrer des patrons, c'est recadrer les patrons qui négocient.
06:15 Nous, ce qu'on souhaite...
06:17 Pourquoi vous êtes du côté du patron, là ?
06:18 C'est que le gouvernement recadre tous les patrons qui ne négocient pas
06:22 et qui passent leur temps à faire exploser leur rémunération, celle des actionnaires.
06:25 Pourquoi est-ce que Bruno Le Maire n'a pas convoqué le patron de Total,
06:28 qui vient de décider de faire traverser à Total l'Atlantique ?
06:31 Maintenant, Total sera à la bourse de New York et plus à la bourse de Paris.
06:34 Ce n'est pas encore complètement fait,
06:36 mais on le sent bien, l'objectif, en tout cas, c'est le projet de Total.
06:40 Et le gouvernement s'en fiche.
06:42 C'est grave, quand même.
06:42 Vous ne pouvez pas dire qu'il s'en fiche, c'est-à-dire qu'il...
06:43 Il n'a rien dit.
06:44 Ils disent leur mécontentement.
06:46 Bruno Le Maire dit que ça ne lui plairait pas du tout.
06:48 Et Emmanuel Macron lui-même, dans les colonnes de L'Express cette semaine,
06:52 dit qu'il n'en est absolument pas satisfait et qu'il va tout faire pour que Total reste.
06:55 Et qu'est-ce qu'il attend pour le convoquer ?
06:57 Je lui pose la question.
06:58 Et le gouvernement a quand même quelques leviers d'action sur Total,
07:00 puisque je rappelle que tous les bénéfices de Total
07:02 sont liés à la diplomatie internationale de la France.
07:04 Ce n'est pas d'un claquement de doigt que Total récupère des marchés à l'international.
07:08 Ce n'est pas ce qu'il est dans le Falcon présidentiel,
07:10 dans un certain nombre de déplacements diplomatiques
07:12 du gouvernement et du président de la République.
07:14 Vous estimez carrément que là, il faudrait que Emmanuel Macron,
07:17 le gouvernement, utilise tous les moyens de pression possibles
07:21 pour empêcher Total de passer,
07:23 disons la cotation de Total de passer sous pavillon de New York ?
07:27 Oui, je pense que le gouvernement doit agir sur les multinationales françaises.
07:30 Ce n'est plus possible qu'on leur laisse la bride sur le cou.
07:33 Le résultat, c'est quoi ?
07:34 C'est que nous dévoilons, nous avons dévoilé hier...
07:36 Vous avez apporté ici une carte.
07:37 Voilà.
07:38 La carte des suppressions d'emplois
07:41 et menaces sur l'emploi depuis septembre 2023.
07:44 Voilà.
07:44 C'est plus de 130 sites en France qui sont actuellement
07:48 avec des plans de licenciement ou des menaces sur l'emploi.
07:51 Pourquoi ?
07:51 Parce qu'on laisse la bride sur le cou aux multinationales
07:54 et qu'on leur laisse faire ce qu'elles veulent d'un point de vue économique.
07:57 Aujourd'hui, ce sont plus de 60 000 emplois
08:00 qui sont en train de disparaître en France,
08:02 essentiellement dans l'industrie.
08:03 Et que fait le gouvernement ?
08:05 Il veut imposer une réforme de l'assurance chômage,
08:07 d'une violence inédite.
08:08 C'est scandaleux.
08:09 60 000 emplois menacés, dites-vous,
08:13 avec effectivement cette carte à l'appui.
08:15 Et c'est à mettre au regard des 90 000 emplois
08:20 que le gouvernement estime pouvoir créer
08:23 en mettant plus de pression sur les chômeurs.
08:26 J'en viens bien sûr à cette réforme de l'assurance chômage.
08:28 Vous irez donc, je le disais, à 19h, tout à l'heure, Sophie Binet,
08:31 au ministère du Travail pour être consultée.
08:35 Est-ce une véritable consultation d'ailleurs ?
08:37 Bonne question.
08:39 Malheureusement, le gouvernement a déjà ficelé sa réforme
08:41 et il sait déjà ce qu'il veut faire.
08:43 Il a déjà tout décidé tout seul.
08:44 La preuve, il voulait l'annoncer avant même de nous recevoir.
08:47 Et ce qu'il y a d'ailleurs, donc, dans cette réforme,
08:49 c'est l'idée notamment de devoir avoir travaillé
08:52 huit mois sur les 20 derniers mois
08:54 pour pouvoir prétendre obtenir l'assurance chômage.
08:59 Ça représenterait 3,6 milliards d'euros
09:02 pour les caisses de l'État.
09:03 Et la ministre du Travail dit que ça pourrait créer,
09:07 jusqu'à 90 000 emplois.
09:09 C'est totalement fantaisiste.
09:11 J'ai envie de lui demander quel est son mode de calcul,
09:14 quelle est sa source.
09:15 Aucun expert n'a jamais évalué les emplois créés
09:19 par les précédentes réformes de l'assurance chômage,
09:21 tout simplement parce qu'il n'y a jamais eu d'évaluation de ces réformes.
09:23 Et parce qu'aucun expert n'a jamais fait le lien
09:25 entre une réforme qui s'attaque au droit des chômeurs
09:29 et une réforme qui fait reculer le chômage.
09:31 Il n'y a pas de lien.
09:32 Cette réforme ne va pas créer d'emplois.
09:34 Par contre, ce qui est sûr, c'est que cette carte de France
09:37 sur les suppressions de postes, ce n'est pas au doigt mouillé.
09:39 Ce sont des remontées réelles de toutes les usines
09:42 qui sont en train de fermer en France
09:44 et que le gouvernement laisse fermer.
09:45 C'est là-dessus qu'il faut agir,
09:47 au lieu de raconter que par magie,
09:49 ils vont créer 90 000 emplois en prenant le droit des chômeurs.
09:51 Il précise qu'il y aura en échange
09:54 une sorte de bonus-malus pour les entreprises
09:57 pour les inciter à proposer des contraints plus longs.
10:02 Vous y croyez ?
10:03 Ce bonus-malus existe déjà.
10:06 Il est homéopathique et ne fait peur à personne.
10:09 La preuve, c'est que la précarité ne cesse de progresser.
10:12 Si le gouvernement veut vraiment lutter contre la précarité,
10:16 il faut réformer le Code du travail
10:19 pour rendre beaucoup plus coûteux
10:20 le fait d'abuser des CDD et des contrats intérims,
10:23 chose que le gouvernement ne fait pas du tout.
10:26 Il n'y a pas de modification de la durée d'indemnisation ?
10:30 On verra ce soir.
10:31 On n'a pas encore tous les éléments de cette réforme.
10:33 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je vais ce soir au rendez-vous.
10:36 Vous avez hésité ?
10:37 Oui, évidemment.
10:39 On sait qu'à priori, notre avis importe peu à la ministre et au gouvernement.
10:44 Mais nous y allons ce soir pour avoir l'ensemble des informations
10:48 parce qu'il y a un impact sur plus d'un million de personnes.
10:50 C'est très important que le gouvernement dise la vérité
10:53 et qu'enfin, on puisse évaluer les conséquences de cette réforme violente
10:57 de façon à permettre aux gens de se mobiliser pour empêcher cette réforme.
11:00 Se mobiliser, on va y revenir.
11:02 J'entends bien ce qu'il y a derrière.
11:03 Mais pour rester encore sur ce que vous allez pouvoir vous dire ce soir avec la ministre,
11:08 semble-t-il la manière ensuite dont sera appliquée cette décision,
11:13 ça pourrait être par décret ?
11:14 Ça veut dire qu'il n'y aura pas de loi, donc pas de débat au Parlement.
11:18 Est-ce que la méthode également vous choque ?
11:20 Oui, tout à fait.
11:21 C'est un scandale démocratique.
11:24 La démocratie sociale est bafouée, la démocratie politique l'est aussi.
11:28 C'est la raison pour laquelle nous nous félicitons
11:30 qu'une proposition de loi soit déposée à l'Assemblée.
11:32 Elle va être examinée le 13 juin prochain.
11:34 Elle doit permettre à tous les députés à s'exprimer sur cette réforme de l'assurance chômage
11:39 et à rejeter le projet du gouvernement.
11:41 Déposée par qui ?
11:41 Déposée par le groupe Liott.
11:43 C'est le groupe qui avait déjà failli faire basculer le gouvernement,
11:47 avec notamment Charles Lecourson.
11:48 Tout à fait, un groupe centriste à l'Assemblée nationale.
11:51 Ce qui doit permettre à l'ensemble de l'Assemblée de pouvoir voter cette proposition de loi
11:55 et ainsi de mettre en échec la réforme du gouvernement.
11:58 On se donne rendez-vous le 13 juin prochain à l'Assemblée nationale.
12:01 Et on interpelle tous les parlementaires pour voter cette proposition de loi
12:05 et ainsi faire échec à cette réforme violente du gouvernement.
12:08 Et décider de notre mobilisation.
12:10 Voilà le mot que vous avez eu à l'instance Sophie Binet.
12:13 Ça veut dire quoi ?
12:13 Ça veut dire que vous avez l'idée de grève éventuelle, de réaction ?
12:20 Eh bien écoutez, ces grèves...
12:21 Quelle forme prendra cette mobilisation ?
12:22 Ces grèves, elles existent déjà.
12:24 J'étais à Cannes la semaine dernière avec les salariés du festival Beaucoup de précaires
12:29 qui appellent à la grève pour dénoncer cette réforme de l'assurance-chômage
12:33 qui, si elle était adoptée, ferait que leur métier serait intenable.
12:37 Puisque des festivals, on voit bien que par nature, il n'y en a pas toute l'année.
12:40 Et donc si la réforme était adoptée, il n'y aurait plus de revenus pour vivre.
12:44 Donc c'est ce type d'action qu'il faut multiplier.
12:45 Là, c'est précisément la question du "avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers mois".
12:50 Oui, tout à fait. C'est exactement cette question-là.
12:52 Vendredi, la CGT organise des actions dans de très nombreuses agences de Pôle emploi
12:57 pour dénoncer la réforme et mettre en visibilité la situation des privés d'emploi.
13:02 Je rappelle qu'aujourd'hui, c'est plus de 50% des personnes qui touchent des allocations chômage
13:08 qui sont en dessous du seuil de pauvreté.
13:10 Donc on a des privés d'emploi qui sont dans une situation très dure.
13:13 Et puis la deuxième chose sur laquelle je veux insister,
13:16 c'est que cette question, c'est la nôtre à toutes et tous.
13:19 Puisque on sait que la moitié des salariés, à un moment dans leur parcours professionnel,
13:24 peuvent être concernés par le chômage.
13:26 Donc le chômage, ce n'est pas seulement la question des chômeurs aujourd'hui,
13:29 c'est la question de tous les salariés.
13:31 Et Emmanuel Macron, s'il fait cette réforme, c'est d'abord pour nous voler 4 milliards d'euros,
13:35 ça on l'a compris.
13:36 Et puis ensuite, c'est pour tirer les droits de tous les salariés vers le bas
13:40 en nous forçant à accepter n'importe quelle condition de travail, de salaire,
13:44 parce que nous retrouverons la peur du chômage et la peur du licenciement.
13:48 Vous avez plusieurs fois, depuis le début de cette interview,
13:51 évoqué l'idée que la démocratie était bafouée.
13:55 Il y a des élections dans un peu plus de deux semaines, les élections européennes.
13:59 Est-ce que vous allez vous engager davantage ?
14:02 Est-ce que vous invitez ceux qui nous écoutent à voter pour telle ou telle liste ?
14:07 Oui, la CGT appelle d'abord à aller voter le 9 juin prochain,
14:10 parce que ce qui se passe en Europe est très important
14:13 pour notre quotidien de travailleuses et de travailleurs.
14:16 La CGT ensuite appelle à... enfin dénonce le danger de l'extrême droite
14:23 pour le monde du travail. Il n'a pas de pire ennemi pour les travailleuses
14:26 et les travailleurs que l'extrême droite.
14:28 On a regardé leur bilan quand ils étaient au Parlement de Strasbourg
14:31 et à chaque fois que les droits des travailleuses et travailleurs étaient en jeu,
14:34 soit ils étaient absents, c'est leur spécialité,
14:36 soit ils votaient contre l'augmentation des salaires,
14:40 la taxation des multinationales, les droits des femmes.
14:43 Donc leur bilan, on le connaît, on le sait qu'ils sont très dangereux.
14:47 Et puis enfin, la semaine prochaine, la CGT va interpeller les candidats
14:50 aux élections européennes, hors extrême droite à qui nous ne parlons pas,
14:54 pour leur demander de prendre position sur les questions sociales,
14:57 sur les questions industrielles et sur les questions environnementales.
15:00 Est-ce qu'à l'issue de cette rencontre, vous pourriez dire
15:03 "ben voilà, la CGT vote pour telle ou telle" ?
15:05 À l'issue de cette rencontre, on publiera les réponses des candidats
15:10 et les travailleuses et les travailleurs pourront les comparer
15:12 avec les propositions que nous portons.
15:15 Ce que nous pensons, c'est qu'il faut réorienter en profondeur
15:18 la construction européenne, mettre fin à cette Europe
15:20 du dumping social et du dumping fiscal,
15:23 et construire enfin une Europe des travailleuses et des travailleurs.
15:27 Sophie Binet, Emmanuel Macron est en ce moment même en Nouvelle-Calédonie.
15:33 Est-ce que vous estimeriez, comme la France Insoumise,
15:36 que la France est là-bas une puissance colonisatrice ?
15:40 La Nouvelle-Calédonie, c'est le dernier conflit colonial.
15:44 Je suis très inquiète par ce qui se passe là-bas.
15:47 Nous sommes très choqués par la façon dont Emmanuel Macron
15:51 a traité le sujet de façon extrêmement nonchalante,
15:55 on va dire, au mieux, avec une multiplication de provocations
15:59 envers les habitants de Nouvelle-Calédonie.
16:02 Provocations pour vous ?
16:03 Oui, provocations. Bien sûr, prendre au gouvernement Sonia Bakkes
16:06 qui représente l'aile dure des loyalistes en Nouvelle-Calédonie,
16:10 c'est une provocation. Remettre en cause les accords de Nouméa
16:13 en remettant en cause le corps électoral, c'est une provocation.
16:15 Le corps électoral. Dans les accords de Nouméa,
16:18 il y avait déjà l'idée d'aller progressivement
16:20 vers un dégel du corps électoral.
16:21 Oui, sauf que ça ne se faisait pas sortir du chapeau.
16:24 Ça devait se faire toujours dans un cadre de dialogue.
16:26 Ce cadre de dialogue a été rompu par le gouvernement.
16:29 Ce qu'il faut, c'est que le gouvernement retrouve la voie du dialogue,
16:33 mette en place une médiation extrêmement rapide
16:35 avec des médiateurs qui rassemblent et qui sont indépendants
16:39 pour pouvoir apaiser la situation.
16:42 Là, c'est vraiment la méthode Macron qui est responsable de ce conflit
16:45 qui était tout à fait prévisible.
16:47 La CGT travaille en lien avec le syndicat Canac, l'USTKE,
16:51 que j'ai rencontré il y a huit mois.
16:53 Il y a huit mois, déjà, ils m'ont dit "tu vas voir,
16:55 ça va mal se passer malheureusement".
16:57 Et malheureusement, tous les observateurs avaient prédit
17:00 ce qui est en train de se passer.
17:01 Donc vous estimez qu'Emmanuel Macron va aujourd'hui
17:02 tenter de solutionner une situation qu'il a lui-même créée ?
17:05 Exactement.
17:06 Sophie Binet, la réforme de la fonction publique.
17:09 Les négociations, les discussions sont en cours.
17:12 Il sent que ça ne se passe pas très bien.
17:13 Le ministre de la fonction publique n'a pas l'air de trouver
17:16 beaucoup d'oreilles attentives du côté des syndicats.
17:19 Il avait immédiatement proposé, avant même le début de ces discussions,
17:23 la fin du statut du travail à vie pour la fonction publique,
17:28 pour les fonctionnaires.
17:30 Est-ce que ça peut quand même aboutir
17:31 ou est-ce qu'effectivement les discussions sont au point mort ?
17:34 Écoutez, nous sommes très inquiets sur la façon
17:36 dont se déroulent ces discussions.
17:37 D'abord, c'était quand même très étonnant que le ministre
17:40 annonce dans la presse qu'il voulait permettre de licencier
17:43 les fonctionnaires en dehors même des concertations,
17:46 sans même nous le dire à nous.
17:47 Ensuite, c'est annoncé, évidemment, que c'est une provocation complète.
17:51 Et c'est très dangereux dans un moment où l'extrême droite
17:54 peut arriver au pouvoir.
17:55 Pourquoi ?
17:56 Parce que le statut de la fonction publique,
17:57 c'est une protection pour notre état de droit
17:59 et pour notre démocratie.
18:01 Si, quand l'extrême droite arrive en direction de municipalités
18:04 ou arrive, catastrophe, en direction de l'État,
18:08 elle peut licencier tous les hauts fonctionnaires
18:12 et remettre une administration à sa main,
18:14 eh bien, ça veut dire une rupture pour l'état de droit.
18:16 C'est d'ailleurs ce que Donald Trump veut faire aux États-Unis,
18:19 où il veut changer toute la haute fonction publique
18:21 pour reprendre en main l'administration américaine.
18:23 Mais là-bas, c'est légal.
18:24 Là-bas, c'est légal.
18:25 Là-bas, c'est effectivement...
18:26 C'est pour ça qu'il ne faut surtout pas que ça devienne légal en France
18:30 pour garantir d'avoir des fonctionnaires
18:32 au service de l'intérêt général.
18:33 - Sur la question de la rémunération,
18:35 on a bien compris votre inquiétude sur le plan démocratique,
18:37 sur la question de la rémunération,
18:38 l'idée d'avoir une rémunération davantage au mérite
18:41 et moins sous une forme de grille,
18:43 avec les catégories A, B, C des fonctionnaires,
18:46 est-ce que ça, vous vous dites, au fond,
18:48 c'est peut-être dans l'air du temps et c'est peut-être nécessaire ?
18:50 - Bah écoutez, ça fait encore partie des provocations.
18:52 Je pense que tous les fonctionnaires...
18:53 - Vous avez été frappé sur RMC du témoignage,
18:56 du nombre de témoignages, y compris de fonctionnaires,
18:58 de la fonction publique, qui disaient, au fond,
19:00 qu'ils y étaient plutôt favorables
19:01 parce qu'eux étaient frustrés parfois
19:03 de ne pas pouvoir envisager une augmentation de leur revenu
19:07 en fonction de leur mérite.
19:08 - Bah en fait, ce qui est très frustrant pour les fonctionnaires,
19:10 c'est d'être si mal payés.
19:11 On a les fonctionnaires parmi les pays de l'OCDE
19:14 qui sont les moins bien payés.
19:16 Les infirmières en France sont particulièrement mal payées,
19:19 les enseignants et les enseignantes aussi,
19:20 les médecins hospitaliers aussi.
19:22 Donc il y a besoin de rélever le niveau de rémunération
19:25 dans la fonction publique parce qu'aujourd'hui,
19:27 le problème qu'on a, c'est un problème d'attractivité.
19:29 C'est pour ça que c'est un non-sens de prétendre
19:31 licencier les fonctionnaires
19:33 ou modifier leur grille de rémunération à la baisse,
19:36 alors que l'enjeu, c'est d'attirer des talents,
19:39 d'attirer davantage de fonctionnaires
19:42 parce qu'aujourd'hui, notre fonction publique,
19:44 elle peine à recruter.
19:45 On a des soignantes qui, par centaines,
19:47 quittent nos hôpitaux publics
19:48 parce qu'elles ne se retrouvent plus
19:50 ni dans la rémunération,
19:51 ni surtout dans les conditions de travail
19:53 et dans la façon dont on les fait travailler.
19:54 L'alarme, elle est là.
19:55 C'est à ça qu'il faut répondre.
19:56 - Merci, Sophie Binet, d'être venue répondre à mes questions.
19:59 Ce matin, secrétaire générale de la CGT,
20:01 cette rencontre, donc tout à l'heure à 19h
20:03 avec la ministre du Travail, on l'a bien entendu.
20:05 Vous serez prête à appeler à la mobilisation
20:08 s'il n'y a pas davantage d'écoute et de démocratie.

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