• il y a 6 mois
Alexandre Touzet, maire de Saint-Yon (Essonne), vice-président du Conseil départemental de l'Essonne, membre de la Commission de sécurité et de la prévention de la délinquance à l'Association des maires de France.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h0915, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:08 8h49, l'actualité de ce samedi matin, c'est donc la stupeur après l'agression mortelle d'un collégien dans l'Essonne.
00:13 Il avait 15 ans, l'adolescent a été tabassé à la sortie de son établissement.
00:17 Déferlement de violence encore inexpliquée, mais une violence entre jeunes qui prend de l'ampleur.
00:22 5 personnes, dont 4 mineurs, ont été placées en garde à vue hier soir.
00:27 En direct dans RTL Matin Week-end, face à l'actualité pour mesurer les choses,
00:31 Alexandre Toussé est connecté, vice-président du conseil départemental de l'Essonne.
00:35 Bonjour.
00:36 Bonjour.
00:37 Merci d'être avec nous. Vous êtes le maire de Saint-Yon, qui est une commune du 91,
00:41 située, si je ne me trompe pas, à une vingtaine de kilomètres de Viry-Châtillon.
00:44 Vous travaillez beaucoup sur la sécurité et sur la prévention de la délinquance.
00:47 Comment, Alexandre Toussé, on a pu en arriver là ?
00:51 Je pense qu'au départ, on n'a pas osé globalement poser le constat
00:56 de cette hausse de la violence chez les mineurs et chez les très jeunes.
01:01 Parce que dès qu'on posait ce constat, dès qu'on posait les chiffres, dès qu'on posait les faits,
01:05 on était accusé d'être d'extrême droite, de stigmatiser, d'exagérer, etc.
01:11 Et au fond, on a laissé passer une jeunesse, on a laissé s'engouffrer dans une culture de la violence
01:16 qui est très diverse. On a les violences religieuses, le harcèlement, les rixes,
01:19 la prosecution des mineurs, les émeutes, le trafic.
01:23 Et en ne posant pas les constats, en ne regardant pas la réalité en face,
01:27 on a laissé une partie de cette jeunesse, parce qu'il y a aussi une très belle partie de la jeunesse,
01:31 s'engouffrer dans le pire. Ce qu'on a vu à Viry-Châtillon notamment.
01:35 On ne sait pas concrètement ce qui s'est passé dans cet épisode-là en particulier.
01:39 Rien de dit que c'est lié à des rixes, peut-être une histoire de flirt ou d'amour derrière.
01:43 Est-ce que vous avez une idée de ça ? Ou vous avez des informations
01:46 par rapport aux jeunes qui ont été placés en garde à vue ?
01:49 Non, pas particulièrement. Et puis je pense qu'il faut laisser le temps à l'enquête.
01:53 Mais le fait en lui-même, c'est-à-dire cette violence pure,
01:58 elle doit nous faire réfléchir. Après, bien sûr, il y aura le temps de l'enquête
02:01 et des origines de ces faits. Mais en tout cas, cette violence barbare,
02:07 il faut la regarder en face et regarder l'ensemble des faits.
02:11 Et justement, regarder la pluralité de ces violences
02:14 qui amènent une diversité aussi des réponses en termes de politique publique,
02:18 que ce soit la justice des mineurs, la réforme de la protection judiciaire de la jeunesse,
02:22 le soutien à la parentalité, tout ce qui est le soin mental et psychologique
02:28 qui est très défaillant en France. Prendre dès la racine, on sait qu'il y a des enfants
02:33 dès l'école primaire qu'on voit dériver. Tout ça, c'est un ensemble de mesures
02:37 qui doit traiter une violence structurée, en hausse, mais qui est très diverse dans sa forme.
02:43 Alexandre Touzey, face à ce drame, vous nous dites que ça doit nous faire réfléchir aujourd'hui.
02:46 Est-ce que notre société, elle est tout simplement complètement débordée par tout ça ?
02:51 On a une très grande complexité par rapport à faire travailler tout le monde ensemble
02:57 et puis surtout à regarder la réalité en face, mettre aussi les parents face à leur réalité,
03:04 face à leur responsabilité, parce qu'on ne peut pas tout déléguer à la société.
03:08 Moi, je ne suis pas d'accord pour dire que c'est la faute de l'éducation nationale.
03:12 En plus, les faits ne se sont pas produits à l'intérieur des murs de l'établissement.
03:16 Il faut vraiment mettre les parents face à leur responsabilité et dès le premier âge,
03:20 parce qu'on voit les enfants dans nos écoles primaires, on voit les quelques enfants
03:25 où on se dit "mais dans 4-5 ans, qu'est-ce qui va devenir ?"
03:28 Et en fait, il n'y en a pas de structure pour accompagner ces enfants.
03:31 Et c'est là, pour moi, un vrai drame de les laisser tomber dans un parcours délinquant.
03:38 C'est une vraie erreur de notre société.
03:40 Il faut leur parler, il faut leur faire passer le message à cette occasion ?
03:43 Oui, et puis, effectivement, ça va être un choc pour la société,
03:48 mais aussi créer des structures pour accueillir ces jeunes.
03:51 Parce qu'on ne peut pas, dans une école primaire, parfois, s'occuper d'un enfant
03:56 qui nécessite presque un accompagnement tout à fait personnalisé.
04:00 Ce n'est pas à l'éducation nationale de prendre tout en charge.
04:03 Donc, il faut des structures. Il faut des structures, effectivement,
04:06 dès la petite enfance, pour adapter l'enseignement, adapter l'accompagnement psychologique.
04:11 Et dès que les problèmes se posent, ne pas hésiter à mettre une sanction,
04:15 je vais dire, rapidement. Le vrai problème de la justice, c'est qu'elle est ferme,
04:19 mais quand le parcours délinquant est totalement accompli, et quand le drame est là.
04:23 Or, il faut éviter ce parcours délinquant.
04:26 Et c'est, pour moi, le grand problème de la justice en France,
04:30 c'est qu'on arrive trop tard, quand on constate le décès.
04:34 C'est dès le premier fait qu'il faut apporter très très rapidement la sanction,
04:38 pour montrer que la voile l'interdit et la voile l'autorise.
04:41 Il faut être plus sévère, en gros. On entendait le maire de Viry-Châtillon,
04:44 à 8h30 sur notre antenne, dire "il faut punir, il faut punir plus sévèrement".
04:48 Il faut surtout punir dès le premier fait. C'est-à-dire ne pas créer un parcours délinquant.
04:53 Dans la dernière réforme de la justice, il y a 6 mois avant que la sanction soit apportée.
04:59 On a un constat culpabilité, et 6 mois après, on a éventuellement la sanction.
05:02 Ça, ce n'est pas possible. Il faut une justice très rapide, et donc il faut mettre les moyens.
05:07 Et dès le premier fait, il ne faut pas attendre l'irréparable,
05:11 il ne faut pas attendre Montpellier ou Viry-Châtillon pour sanctionner.
05:15 Et donc, c'est identifier les troubles du comportement des personnalités,
05:20 dès l'école primaire, mettre les structures qui sont en phase d'accompagnement,
05:25 et s'il faut aller plus loin, sanctionner et responsabiliser les parents,
05:29 parce qu'ils ne peuvent pas toujours se dédouaner sur l'école, la société, les autres.
05:34 Quand on est parent, on est responsable, et il faut poser cette responsabilité, y compris du point de vue judiciaire.
05:40 - Alexandre Touzé, vous parlez de l'école primaire.
05:42 Ça veut dire que les jeunes sont violents de plus en plus tôt, aujourd'hui ?
05:45 - Ils sont violents. On constate dans nos écoles primaires, effectivement, des micro-violences qui se développent.
05:53 Je pense qu'il faut les traiter à la racine.
05:56 Il faut accompagner ces jeunes. On constate parfois qu'on a des parents défaillants,
06:01 qui sont dans une posture de déni. On a un peu la culture de l'enfant roi.
06:06 On a du mal à dire "oui, cet enfant pose des problèmes",
06:10 y compris moi, j'ai eu un ou deux cas dans mon école primaire qui m'inquiètent vraiment spécifiquement.
06:18 Et puis, dire aux parents qu'effectivement, il y a une responsabilité,
06:23 il n'y a pas un accompagnement, il n'y a pas un suivi, il n'y a pas une prise de conscience
06:30 que l'enfant a besoin d'un cadre pour se développer.
06:34 Et que le cadre, la sanction, c'est une preuve d'amour.
06:37 Le délaissement, ça n'a jamais été une preuve d'amour.
06:39 - Merci beaucoup, Alexandre Touzé, d'avoir partagé tout ça avec les auditeurs.
06:42 Je rappelle que vous êtes vice-président du conseil départemental de l'Essonne
06:45 et maire de Saint-Yon dans le département 91.
06:48 On revient évidemment sur ce drame de Viry-Châtillon dans le journal de 9h.
06:52 !

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