Le ministre de l'Action et des Comptes publics répond aux questions de Stéphane Carpentier.
Regardez L'invité de RTL du 13 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.
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00:02 RTL Matin
00:06 Bienvenue à vous tous, c'est heure 41, l'invité de RTL Matin en direct et en studio est donc membre du gouvernement
00:11 ministre de l'Action et des Comptes Publics, c'est Gabriel Attal.
00:15 Gabriel Attal, ce matin sur RTL, vous avez parlé clairement au français. Il va falloir faire des efforts, oui, non, beaucoup d'efforts ?
00:22 Oui, on va tous faire des efforts, mais la question c'est
00:26 quel sens on leur donne et à qui on les demande. D'abord, ce qui est très clair,
00:30 c'est qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts.
00:32 Et ça, je veux être très clair sur ce sujet, on va suivre la ligne qui a été la nôtre depuis plus de cinq ans
00:37 maintenant. Je rappelle qu'on a, pour les français, supprimé la taxe d'habitation,
00:41 supprimé la redevance télé, baissé le barème de l'impôt sur le revenu de 5 milliards d'euros sur les premières tranches,
00:47 défiscalisé les heures supplémentaires, permis la monétisation
00:50 des RTT, augmenté le crédit d'impôt pour la garde d'enfants, pour les classes moyennes qui travaillent,
00:55 qui doivent faire garder leurs enfants en crèche chez une assistante maternelle, ça coûte de l'argent,
00:58 on a augmenté de 50% le crédit d'impôt sur le sujet. On sera fidèle à cette ligne et en
01:03 2027, les français, les entreprises, paieront moins d'impôts qu'en 2022, de la même manière qu'on les a baissés dans le précédent quinquennat.
01:09 Ce qu'il faut faire, c'est des économies.
01:11 Des économies, l'engagement du matin, c'est pas d'augmentation d'impôts, on l'a bien entendu.
01:15 Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts.
01:17 Ça veut dire qu'ils ne vont pas baisser ?
01:19 Alors le président de la République s'est engagé à ce que pour les classes moyennes qui travaillent, vous savez qu'on y est très attaché,
01:24 c'est ces français finalement qui,
01:26 contrairement à d'autres, peuvent ni compter sur des aides sociales
01:29 particulièrement importantes pour leur quotidien, ni compter sur un patrimoine particulièrement important.
01:35 C'est cette classe moyenne qui se lève le matin, qui nous écoute probablement, qui va travailler et qui compte
01:39 essentiellement sur son travail et le fruit de son travail pour vivre. Et le président s'est engagé à ce que dans le quinquennat,
01:45 il y ait à nouveau une baisse d'impôts pour ces classes moyennes. Est-ce que ce sera dès l'année prochaine ? Est-ce que ce sera
01:50 l'année suivante ? Ça je ne peux pas encore vous le dire, on est encore en train de faire
01:53 les arbitrages. Et puis comme vous l'avez dit, il y a une situation budgétaire
01:56 qui fait qu'on doit absolument tenir nos objectifs en matière de réduction des déficits.
02:00 Mais ce qui est certain, c'est que nous n'augmenterons pas les impôts.
02:03 Quand vous dites des efforts pour les français, les français vont devoir faire des efforts supplémentaires.
02:08 Ça veut dire quoi ?
02:09 Ça veut dire que dès lors qu'on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs
02:14 spécifiques qu'on a mis en place pendant la crise de l'inflation.
02:18 C'est notamment la politique des chèques exceptionnels.
02:21 On va mettre fin à cette politique des chèques exceptionnels qu'on a pu mettre en place
02:25 sur tel sujet, pour telle catégorie de français.
02:27 Ça veut dire qu'on va devoir sortir progressivement du bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie.
02:32 Vous savez qu'on a beaucoup protégé en France, on a été probablement le pays d'Europe qui a le plus protégé
02:37 face à l'inflation et notamment l'inflation sur les prix de l'énergie. Donc on va
02:41 progressivement sortir...
02:43 Progressivement, ça veut dire quoi ?
02:44 Ça veut dire que ça ne va pas se faire d'un coup, d'un bloc.
02:46 Et que d'ici à la fin de l'année 2024, notamment sur le bouclier tarifaire sur l'électricité, on va en sortir progressivement.
02:53 2024, vous avez dit.
02:54 Oui, fin de l'année 2024, ce sera une sortie
02:56 progressive. Ça veut dire ensuite que sur un certain nombre de politiques publiques,
03:00 effectivement, on regarde où est-ce que des mesures doivent être prises pour faire des économies.
03:05 Je vous ai entendu citer tout à l'heure la question des arrêts maladie.
03:07 C'est vrai qu'on a vu ces dernières années une explosion des arrêts maladie. Les indemnités journalières, ça nous coûte 15 milliards d'euros par an aujourd'hui.
03:15 Et selon la tendance actuelle, ça pourrait nous coûter
03:17 23 milliards d'euros par an en 2027.
03:20 Ça veut dire quoi ? Que les Français y trichent ? Qu'ils fraudent là-dessus ?
03:23 Ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis, c'est qu'il y a un certain nombre
03:26 d'arrêts dont on peut se demander s'ils doivent être
03:30 à la fois prescrits et pris en charge dans les mêmes conditions.
03:33 Parce qu'encore une fois, c'est un budget qui explose. Ça va nous coûter plus cher que le budget annuel du ministère de l'Intérieur, si on ne prend pas de mesure.
03:39 Donc voilà. Ensuite, il faut regarder plusieurs choses.
03:41 Regarder le sujet de la prescription. On sait qu'il y a un enjeu sur la prescription d'arrêts maladie par téléconsultation
03:46 qui explose beaucoup. Vous prescrivez un arrêt sans même vraiment regarder
03:50 si vous êtes malade ou pas, et sans même vraiment le vérifier. Et ensuite, il y a un enjeu de responsabilité globale pour les
03:57 usagers, pour les entreprises, et puis pour ceux qui prescrivent, c'est-à-dire les médecins.
04:02 Ça veut dire qu'on sert la vie sur la santé, ça ?
04:04 Non, encore une fois, on fait des choix.
04:06 Quand même.
04:07 Je vous donne un exemple. On ne fera pas d'économie massive sur l'hôpital, par exemple.
04:11 On sait que l'hôpital a besoin de moyens supplémentaires, qu'on a mis beaucoup de moyens supplémentaires
04:14 ces dernières années, que cette année, il y a un budget historique pour l'hôpital public.
04:18 On veut évidemment que les Français qui vont se faire soigner à l'hôpital
04:21 soient accueillis dans des meilleures conditions. On veut que les soignants puissent travailler dans de meilleures conditions.
04:26 Sur ce sujet-là, il n'y aura pas d'économie massive.
04:28 Mais on traque la fraude.
04:30 Bien sûr qu'on traque la fraude. J'ai présenté un plan sur le sujet il y a quelques semaines, la fraude fiscale et la fraude sociale.
04:35 Et il y a des mesures qui rentrent déjà en vigueur. Je vous donne un exemple.
04:38 Je l'ai annoncé au printemps. On arrête de verser des allocations sociales sur des comptes bancaires étrangers.
04:44 Depuis le 1er juillet, c'est en place. On ne verse plus d'allocations sociales sur des comptes bancaires étrangers.
04:48 Et on va continuer. Dans le prochain budget de la sécurité sociale que je présenterai avec mes collègues à la rentrée,
04:53 on va remonter la condition de résidence en France pour bénéficier d'aides sociales et d'allocations sociales.
04:59 Voilà, c'est des mesures très concrètes.
05:01 Vous voyez bien, on s'attaque à tous les sujets qui nous permettent de faire des économies et de lutter contre la fraude.
05:05 Pourquoi ? Parce qu'on est endetté. C'est une réalité.
05:08 On a fait le choix de se désendetter progressivement.
05:11 On ne veut pas faire d'austérité parce que ça aurait un impact sur la croissance, sur l'emploi des Français.
05:15 Mais il faut tenir cette trajectoire de désendettement.
05:18 Parce qu'à la fin, si on accumule une dette et qu'on traîne une dette massive pendant des années,
05:22 qui est-ce qui trinquera dans quelques années ?
05:25 Ce seraient les classes moyennes qui travaillent. C'est elles qui auraient à payer l'addition.
05:28 Donc moi, je veux désendetter le pays progressivement, comme on s'est engagé à le faire.
05:32 Gabriel Attal, je reviens à la fin des aides.
05:35 Vous parlez de l'essence, de l'énergie progressivement.
05:38 Comment vont faire les Français pour s'en sortir ? Déjà qu'ils n'y arrivent pas aujourd'hui, alors qu'on les aide.
05:41 On fait des choix, évidemment, pour faire en sorte qu'ils puissent tenir dans cette situation.
05:46 Je vous donne un exemple. L'an dernier, sur les prix de l'essence, on avait mis en place la ristourne.
05:50 Ça a coûté très très cher. Ça a coûté 8 milliards d'euros sur l'année.
05:54 Bon, c'était difficile. On a assumé d'en sortir.
05:57 On a mis en place un dispositif ponctuel en début d'année, uniquement pour les Français qui travaillent
06:01 et qui ont de très faibles revenus. On est passé de 8 milliards d'euros l'an dernier à 1 milliard d'euros.
06:06 Donc vous voyez bien, on sort d'une aide. Évidemment que ce n'est pas facile.
06:10 Évidemment, moi, j'aimerais le matin venir vous dire "on va aider tout le monde, on va dépenser beaucoup d'argent".
06:15 Ce serait mentir, à nouveau, pour reprendre la phrase qu'il y a plus à William Galibert, que de dire que c'est possible.
06:20 Parce qu'à la fin, les Français, ils le savent, il y a toujours quelqu'un qui paye l'addition.
06:23 Et donc, si on accepte que des dépenses partent de manière hors de contrôle,
06:27 à la fin, ce serait les Français, dans quelques années, qui paieraient l'addition par des augmentations d'impôts.
06:31 On ne le veut pas.
06:32 Je reste sur le cas de l'essence, par exemple. Est-ce qu'aujourd'hui, vous demandez à Total de pérenniser le 1,99€ ?
06:37 Je crois qu'ils ont annoncé que ça durerait encore un certain temps.
06:41 Donc évidemment que c'est une mesure qui est importante.
06:44 Et que les entreprises, qu'elles peuvent, et je crois que c'est le cas de Total qui l'a annoncé,
06:48 ça lui fait un investissement de plusieurs centaines de millions d'euros sur l'année.
06:50 Mais c'est important, évidemment, qu'elles prennent leur part et qu'elles prennent leur responsabilité.
06:54 Et c'est la même chose sur l'inflation, sur les prix alimentaires.
06:57 On a, vous le savez, beaucoup agi auprès des industriels.
07:00 On a pris les 75 plus gros industriels.
07:02 On leur a dit "il y a les prix des matières premières qui baissent".
07:04 Maintenant, quand les prix des matières premières baissent, vous devez baisser vos prix.
07:09 Qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui ?
07:11 On constate que sur les 75 industriels qu'on a réunis, c'est ma collègue Olivia Grégoire,
07:15 notamment, qui a été en charge de ce sujet, 40 industriels ont commencé à baisser leurs prix.
07:19 Parce que leurs matières premières baissent.
07:21 Et on commence à le voir sur un certain nombre de produits.
07:24 Alors, évidemment, ce n'est pas suffisant. Il y a des produits qui avaient beaucoup augmenté.
07:28 Mais on voit que cette marche est en train de s'installer.
07:30 Gabriel Attal, vous demandez des économies aux Français, des efforts supplémentaires.
07:35 Et l'État dans tout ça ?
07:37 Mais concrètement, où, comment ?
07:39 Donnez un exemple aux gens qui vous écoutent.
07:41 Je vais vous dire les pistes sur lesquelles je travaille.
07:43 Tout ce qui est comité Théodule, agence.
07:45 Il y a un très bon rapport qui a été remis par les parlementaires Véronique Louvaji et Robin Reda,
07:49 il y a quelques jours.
07:51 Vous avez notamment des comités des agences qui ne se sont pas réunis ces 12 derniers mois.
07:55 Moi, je considère qu'il faut les supprimer.
07:57 Je regarde tout. On est en train de regarder également sur la politique en matière de véhicules,
08:01 de voitures, de l'État.
08:03 Quand on enlève la police, la gendarmerie, dont on sait évidemment qu'ils ont besoin d'un matériel
08:07 pour pouvoir lutter contre la délinquance,
08:09 on peut considérer qu'on doit faire des efforts sur ce sujet-là, bien évidemment.
08:13 Et ensuite, vous avez des politiques publiques, sur lesquelles on dépense beaucoup,
08:17 sur lesquelles on doit réduire un certain nombre de dépenses.
08:19 Sur la question de l'apprentissage, par exemple,
08:21 il ne s'agit pas de remettre en cause la politique qui a été mise en place, qui a un très grand succès.
08:25 On va atteindre le million d'apprentis dans notre pays.
08:28 Mais on sait que sur un certain nombre de subventions qu'on verse,
08:31 et que l'État paye pour l'apprentissage, on peut faire des économies.
08:35 On y travaille aussi avec mon collègue Olivier Dussopt.
08:37 Du coup, avec tout ça, avec cette situation financière du pays,
08:40 avec les efforts demandés, avec les émeutes,
08:42 est-ce que le président Macron n'aurait pas dû parler aux Français ce 14 juillet ?
08:45 Le président s'exprime quand il considère qu'il a un message à passer aux Français.
08:50 Il a rien à dire aux Français ?
08:52 Il le fait d'ailleurs assez régulièrement.
08:54 Je crois qu'hier, il a fait une conférence de presse dans le cadre de son déplacement au sommet de l'OTAN,
08:58 qu'il a été interrogé par certains de vos confrères.
09:01 Quand il considérera qu'il faut s'adresser aux Français, il le fera.
09:04 Et j'ai compris, ça a été communiqué par l'Élysée, que ce serait le cas dans les prochains jours.
09:09 C'est ce qui a été dit.
09:10 Moi, je ne suis plus porte-parole du gouvernement,
09:12 donc je ne peux pas vous donner tous les détails sur ces sujets.
09:14 Vous savez des choses quand même.
09:15 Alba Ventura disait par exemple sur RTL, dans son édito tout à l'heure, il y a 30 minutes, qu'il se défile.
09:20 Parce qu'il n'a pas de réponse au dossier des banlieues, par exemple.
09:22 D'abord, il y a eu une réponse qui a été une réponse de sécurité pour les Français qui vivent dans les quartiers et dans les banlieues,
09:27 pour qui cette situation a été la plus insupportable.
09:30 Imaginez des Français qui se lèvent le matin, qui vont travailler, qui payent des impôts,
09:33 et qui voient l'école de leurs enfants, la mairie, ou des services publics, ou même des commerces, qui sont incendiés.
09:39 C'est insupportable.
09:40 Donc il y a eu cette réponse d'ordre et de sécurité.
09:43 Maintenant, on va continuer à agir.
09:45 Je pense que la question qui est au cœur de ce qui s'est passé, c'est la question de l'autorité.
09:49 Je le dis.
09:50 Et de l'autorité notamment auprès d'une certaine jeunesse dont on a vu qu'elle était hors de tout cadre.
09:55 Quand vous avez des gamins de 12 ans, même de 15 ans, de 19 ans,
09:59 qui sortent la nuit à 3h du matin et qui vont brûler un commerce ou qui vont brûler une mairie, c'est insupportable.
10:04 Il y aura remaniement un jour ou pas ?
10:06 Ça vous savez que par définition, les ministres sont les derniers à être au courant.
10:09 C'est ce que vous dites tout le temps.
10:11 C'est vrai.
10:13 Par définition, c'est le choix du président et de la première ministre.
10:16 Je prépare le budget 2024 avec Bruno Le Maire.
10:20 On travaille sur ce sujet d'arrache-pied ces derniers jours.
10:23 J'ai réuni les parlementaires de l'ensemble des groupes politiques à l'Assemblée nationale
10:28 pour travailler sur le budget très en amont hier,
10:30 de la même manière que la première ministre a réuni les organisations syndicales.
10:34 On travaille, on avance.
10:35 S'il doit y avoir des évolutions dans le dispositif gouvernemental,
10:38 ce sera le choix du président.
10:39 président.
10:39 [SILENCE]