• il y a 8 mois
Samuel Comblez est psychologue de l'enfance et de l'adolescence. Il travaille depuis plus de 20 ans dans le champ de la protection de l'enfance. Il analysera la violence chez les jeunes après cette semaine marquée par l'agression d'une adolescente de 13 ans devant son collège à Montpellier.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 8h49 ce dimanche, on va donc s'arrêter une nouvelle fois ce matin sur l'ultra-violence chez les jeunes
00:11 après les épisodes de la semaine, épisodes dramatiques.
00:14 Nous avons tous été marqués, notamment par l'agression de Samara devant son collège de Montpellier.
00:18 Comment ce drame a-t-il pu arriver ?
00:20 Des camarades de l'élève assurent que la jeune fille de 13 ans était victime de harcèlement en ligne.
00:25 Cyber-harcèlement, ça veut dire quoi ? Comment ça se traduit ? Comment y faire face ?
00:29 Voilà des questions et des réponses attendues de l'invité de RTL Matin face à l'actualité.
00:33 Bonjour Samuel Comblé.
00:35 Bonjour.
00:36 Merci d'être là. Vous êtes psychologue, directeur de l'association e-Enfance,
00:39 à la tête de la plateforme 3018 sur le cyber-harcèlement.
00:43 Par quel biais, Samuel Comblé, ces jeunes se font-ils autant de mal ?
00:47 Ce cyber-harcèlement entre jeunes, il se traduit comment ?
00:50 Il se traduit par une forte utilisation des réseaux sociaux, qui est souvent l'endroit où tout se déroule.
00:58 Donc ça peut être des textes, des vidéos détournées, des photos truquées,
01:02 qui vont servir à agresser l'autre de manière répétée, avec des messages qui visent à attaquer,
01:09 donc sous forme de diffamation, sous forme d'insultes.
01:13 Et c'est vrai que le cyber-harcèlement est aujourd'hui, je dirais, un problème du quotidien pour les adolescents.
01:19 On le voit au 3018, on a une augmentation chaque année de plus en plus forte du nombre de cas qui nous sont remontés.
01:25 Il y a des comptes du Fichat, j'ai essayé de comprendre comment ça fonctionne, en verlance et affiché.
01:31 En gros, ce sont des photos malveillantes et on doit trouver et identifier l'ado qui est ciblé, c'est ça ?
01:37 Alors oui, effectivement, le cas classique, c'est dans une classe, en général des garçons, qui sont souvent les auteurs,
01:44 vont demander à tous les autres garçons de la classe d'envoyer des photos, si possible à caractère sexuel ou dénudé des filles.
01:51 Et ces photos vont être mises sur un support numérique, sous forme de fichiers PDF ou autre.
01:57 Et sur cette affiche, comme vous l'avez rappelé, on va mettre le numéro de téléphone, on va mettre les coordonnées personnelles des filles,
02:04 et on va diffuser cette photo sur internet.
02:08 Et avec la diffusion virale des contenus, ces jeunes filles vont être harcelées, vont être attaquées, parce qu'elles s'affichent comme ça, de cette manière.
02:16 Le plus grave dans ces cas-là, c'est que souvent, les filles ne savent même pas qu'elles sont affichées,
02:21 donc elles reçoivent des messages, des coups de téléphone de personnes qu'elles ne connaissent pas.
02:25 Et ça, c'est sur les réseaux sociaux ?
02:27 C'est sur les réseaux sociaux. Alors, il y a les réseaux sociaux, les jeux vidéo aussi, il faut le dire,
02:31 peuvent être aussi des portes d'entrée, parce que les jeunes aujourd'hui sont très connectés.
02:34 Les jeux vidéo se font sur internet, donc il y a des liens avec parfois des personnes inconnues sur les jeux,
02:45 et ça peut être malheureusement aussi des occasions de rencontres et donc de harcèlement.
02:49 Mais pardon, mais les réseaux sociaux, ils ne sont pas censés interdire ces messages ? C'est pratique ?
02:53 Alors, les réseaux sociaux, c'est des outils qu'on utilise pour communiquer,
02:57 ils ne peuvent pas agir, je dirais, en amont, et ils ne peuvent pas modérer, je dirais, de manière proactive.
03:05 Par contre, ce qu'ils doivent faire, c'est à partir du moment où les messages leur sont remontés,
03:10 à partir du moment où des signalements leur sont transmis, ils doivent agir.
03:14 Et c'est vrai que l'affaire de Samara, en l'occurrence, et dans plein d'autres situations,
03:20 nous au quotidien, au 38, on le constate, on peut regretter que les réseaux sociaux
03:24 ne réagissent pas toujours suffisamment vite, voire parfois ne réagissent pas,
03:28 ne suppriment pas les contenus, n'interviennent pas quand il y a des usurpations d'identité, des piratages.
03:34 Or, les adolescents devraient être un public extrêmement protégé de par leur jeune âge,
03:41 ils sont plus vulnérables que les adultes, et il faudrait qu'il y ait une mobilisation plus forte des réseaux sociaux.
03:46 On peut regretter que parfois les réseaux sociaux privilégient peut-être leur intérêt avant la protection de l'enfance.
03:51 Ces réseaux sociaux sont-ils accessibles en théorie, à partir de quel âge ?
03:56 Alors, normalement, on peut s'inscrire, et ça c'est le réseau social qui l'impose, à partir de 13 ans sur un réseau social,
04:02 et seulement avec l'autorisation de ses parents.
04:05 Normalement, le réseau social doit demander, entre 13 et 15 ans, l'autorisation des parents pour que le jeune s'inscrive.
04:10 Malheureusement, là aussi, c'est une pratique qui n'est pas respectée, or c'est la loi,
04:15 c'est le Règlement Général de Protection des Données, qui impose que les parents soient d'accord
04:19 pour que les données personnelles des jeunes soient captées par les réseaux sociaux lorsqu'ils s'inscrivent.
04:24 Et donc seulement à partir de 15 ans, normalement, un jeune peut s'inscrire sans l'autorisation de ses parents.
04:29 Malheureusement, on le voit bien, on a fait une enquête récemment à l'Association E-Enfance,
04:32 67% des enfants de primaires sont inscrits sur les réseaux sociaux.
04:36 Parfois les parents le savent, parfois ils ne le savent pas.
04:39 En tout cas, dans les deux cas, il faut vraiment appeler à la raison,
04:42 parce qu'être inscrit avant 13 ans sur un réseau social représente des risques.
04:46 Les jeunes sont rarement accompagnés par leurs parents quand ils sont inscrits,
04:50 et il peut y avoir notamment du cyberharcèlement et plein d'autres problématiques auxquelles ils ne sont pas préparés.
04:56 Samuel Comblé, ces jeunes peuvent appeler pour se livrer, pour échanger, pour partager au 30-18.
05:03 On voit des images de violence, de bataille entre jeunes sur ces réseaux sociaux assez régulièrement.
05:07 La violence entre les ados, elle a changé d'ampleur ?
05:10 Alors, elle a changé parce qu'effectivement, les messages dans la sphère numérique se transmettent extrêmement rapidement,
05:18 parce que la viralité va, je dirais, accentuer considérablement la violence.
05:25 Les jeunes sont souvent très seuls sur ces réseaux, très à l'écart du regard des adultes,
05:30 donc sans la possibilité que parfois, quand les choses dérapent, quand il y a une espèce d'emballement entre jeunes,
05:36 d'avoir des parents, des éducateurs, des adultes qui rappellent à la raison, qui redonnent du cadre, ce serait nécessaire.
05:46 Sauf que les réseaux sociaux sont une espèce d'entre-soi où les jeunes vont parfois s'emballer et perdre justement cette capacité de raisonnement.
05:56 C'est le groupe qui va réfléchir à leur place et on peut en arriver malheureusement à ces drames.
06:01 Vous disiez tout à l'heure que le 38, c'est un lieu où on peut parler, c'est aussi un lieu où on va agir justement pour ces jeunes.
06:07 Nous sommes signaleurs de confiance auprès de tous les réseaux sociaux,
06:10 ce qui nous permet de faire supprimer des contenus, voire fermer des comptes quand il y a des situations de harcèlement.
06:15 Et donc, il ne faut pas hésiter à s'appuyer justement sur l'expertise du 38 pour pouvoir ne pas être seul.
06:22 Ça aussi, c'est un constat qu'on fait tous les jours, c'est que les jeunes, quand ils sont confrontés à des cyber-violences,
06:28 ils vont rarement parler à leurs parents parce que les parents ne sont pas toujours au courant qu'ils soient inscrits sur les réseaux,
06:33 ils ont peur de leur réaction, parce que les parents ne sont pas toujours très au clair sur les pratiques numériques,
06:39 sous-estiment la violence que les jeunes peuvent vivre.
06:42 Et donc, le 38, c'est justement cette oreille attentive qui va pouvoir les aider.
06:46 Merci d'avoir partagé tout ça avec les auditeurs de RTL, Samuel Comblé, psychologue, directeur de l'association I.
06:51 En France, 30-18, donc, pour faire face à ces cas de cyber-harcèlement.
06:56 Dans un instant, la météo complète. Valérie Quintin pour votre Dimanche.
06:59 [SILENCE]

Recommandations