Adolescent passé à tabac et décédé à Viry-Châtillon : comment remédier à l'hyperviolence des jeunes ?

  • il y a 6 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'hyperviolence à l'école est au cœur du débat.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Europain, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:06 - Et de 11h à 13h sur Europain, vous réagissez témoigner au 01 80 20 39 21.
00:12 - Je salue évidemment notre camarade Laurent Tessier qui est là aujourd'hui.
00:17 - Bonjour à tous.
00:18 - Et qui a mis en musique l'émission que nous allons maintenant écouter ensemble
00:22 et même tenter même d'y participer ensemble.
00:25 - C'est l'idée.
00:26 - Tant qu'à faire, on va essayer de passer à le manger.
00:28 - On va écouter, on va essayer d'être un peu moteur dans cette entreprise.
00:32 Nous allons saluer, parce que c'est lundi, aujourd'hui Fabrice Laffitte.
00:37 - Oui, mais je suis là aussi le mardi, mercredi, jeudi, vendredi.
00:40 - Oui, mais c'est lundi, vous avez compris.
00:41 - Mais c'est lundi, effectivement, j'ai bien compris le message.
00:43 - Et puis Olivier Guenec qui est là immeuble, qui ne prend pas de vacances.
00:48 - Ah non, jamais ! Alors ça, jamais de vacances.
00:50 - Et qui... La vie se résume à l'univers professionnel.
00:54 - Ah oui, complètement.
00:55 - Qui a installé désormais un lit de camp dans cette maison
00:58 et qui ne souhaite plus sortir de la rue des Cévennes.
01:01 - Ah bah non, mais c'est aussi la passion qui me guide.
01:03 Et oui, je travaille beaucoup, vous le savez.
01:05 - Bien sûr, vous appelez ça travailler.
01:08 L'hyper-violence des jeunes, vous étiez très nombreux à nous appeler vendredi
01:12 parce que ce sujet nous touche tous, nous inquiète tous.
01:15 Comment on en est arrivé là ?
01:16 Est-ce la faute des parents, des politiques qui ont laissé faire pendant des années ?
01:19 Est-ce la faute des réseaux sociaux, des portables ?
01:22 La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, veut expérimenter
01:25 une pause numérique au collège que les ados laissent leur téléphone à l'entrée de l'établissement.
01:30 Ça va sûrement changer les choses.
01:32 C'est vraiment le sparadrap sur la jambe de bois, bien évidemment.
01:36 Qu'en pensez-vous ?
01:37 Je voudrais d'abord qu'on écoute peut-être Emmanuel Macron, vendredi, qui s'exprimait sur l'école.
01:42 - L'école doit rester un sanctuaire pour nos enfants.
01:45 Pour nos enfants, pour leur famille, pour les enseignants.
01:48 Ce qui veut dire que nous sommes intraitables sur ce qui se passe à l'école.
01:52 C'est toujours les mêmes mots. Nous serons intraitables, nous ne laisserons rien passer.
01:56 Puis à l'arrivée, rien ne change.
01:58 Peut-être parce que justement, on n'est pas intraitable.
02:00 Et peut-être faut-il changer de logiciel, comme on dit.
02:03 Jean-Marie Villain, il est le maire de Viry-Châtillon.
02:07 Vendredi, après l'annonce du décès de l'adolescent, il s'est exprimé.
02:11 - Ils n'ont pas le droit de faire ça.
02:13 Il faut apprendre aux enfants.
02:15 Quand ils sont jeunes, il faut leur apprendre que oui, il y a le bien, puis il y a le mal.
02:20 Et puis le mal, on n'a pas le droit de le faire.
02:23 Et surtout quand on le fait, on est puni.
02:25 Donc il va falloir peut-être nous réapprendre à nous, à vraiment punir.
02:29 À être fort, à être ferme aussi.
02:33 Parce que c'est pas pour être ferme et pour être méchant avec eux.
02:36 C'est pour leur apprendre que dans la vie, il y a des choses bien et il y a des choses mal.
02:40 Ces choses mal, on n'a pas le droit de les faire parce que c'est toujours au détriment de quelqu'un.
02:44 C'est une maman là qui a cassé sa vie.
02:49 On lui a tué sa vie.
02:52 C'est sa petite sœur, qui est ici au collège.
02:55 Vous imaginez la vie qu'elle va avoir maintenant ?
02:58 - Il était en armes, c'était vendredi.
03:00 Il est revenu d'ailleurs sur cette émotion ce matin sur CNews et sur Europe 1.
03:05 - Je suis un peu trop sensible, tout ce qu'on veut.
03:08 Moi j'ai été touché par ce que je suis en train de vivre.
03:12 Encore, moi c'est pas très très grave.
03:15 Je le redis et je le redis.
03:17 Moi je ne fais que vivre ça d'un petit peu loin.
03:20 On se rend compte que quand on met des moyens, parce que là on a mis des moyens.
03:23 La préfète a mis des moyens, le procureur a mis des moyens,
03:26 les policiers ont été mobilisés pour finalement, de manière très rapide,
03:32 enfin je ne suis pas un spécialiste, mais trois jours pour résoudre une enquête comme ça,
03:36 ça paraît quand même bien.
03:38 - Avant de vous donner la parole, c'est toujours bien d'écouter sur ce sujet
03:42 tous ceux qui se sont exprimés.
03:45 Nicole Belloubet, ministre de l'Education nationale, elle était hier sur France Inter.
03:49 - Je me demande s'il ne faut pas que nous procédions,
03:52 comme en Conseil des ministres, où nous déposons le téléphone à l'entrée des collèges.
03:59 Est-ce que ce n'est pas un embryon de solution ?
04:02 Puisqu'on voit que circulent sur les réseaux des images qui sont prises dans le collège.
04:06 Je me dis au fond, est-ce qu'on ne peut pas faire une pause numérique complète
04:10 pendant le temps du collège, pendant les huit heures du collège ?
04:13 - D'abord, je m'étonne que ce ne soit pas déjà mis en place,
04:16 pour tout vous dire, je pensais qu'on n'avait pas le droit d'entrer, de se servir de son téléphone.
04:20 - Il y a des collèges où c'est le cas, on n'a pas le droit.
04:22 - Enfin, on n'est pas avec son téléphone en cours, j'imagine.
04:25 Et puis surtout, ce n'est pas le sujet, bien évidemment,
04:28 et ce qu'elle dit, c'est juste.
04:30 Bien sûr qu'un enfant n'a pas à téléphoner pendant qu'il était en cours,
04:34 même à Béreng, pour tout vous dire, je pensais.
04:37 - Après, il y a des enfants qui arrivent à sortir leur téléphone portable en cours.
04:40 - Oui, ou à la récréation.
04:42 - Ou pour tricher aussi, il y en a qui trichent avec leur téléphone.
04:44 - Non, ça arrive.
04:45 - Bon, écoutez, je suis quand même très surpris de ça,
04:48 mais vous me direz effectivement qu'aujourd'hui, on va de surprise en surprise.
04:54 Prisca Thévenot, qui porte parole du gouvernement, elle était ce matin sur France 2.
04:57 Écoutons-la.
04:58 - Je pense que l'on doit pouvoir regarder ce sujet sans totem ni tabou,
05:01 et se dire comment on doit faire.
05:02 - Donc on doit se poser la question de l'interdiction des portables à l'entrée du collège.
05:05 - Légitimement, on peut se poser la question.
05:07 Il y a déjà des établissements qui testent ce genre de dispositif.
05:10 Et ça va tout juste dans ce que le Président de la République avait lancé,
05:13 c'est-à-dire un travail plus global sur l'utilisation et la gestion de nos écrans.
05:17 - Donc, on va se résumer.
05:19 Il y a un enfant qui meurt à Viry-Châtillon,
05:23 et se coordonnent les ministres pour dire "on va enlever le portable à l'école".
05:27 C'est ça la réponse.
05:28 C'est vraiment intéressant comme type de réponse.
05:31 On peut faire un numéro vert aussi, si vous le souhaitez.
05:34 Non mais, il y a de quoi se mettre en colère, parce que c'est...
05:37 D'abord, c'est vrai qu'il faut enlever le portable à l'école,
05:41 mais les deux choses ne sont pas liées.
05:43 Et c'est ça qui est insupportable.
05:45 C'est déjà une forme de négation de la réalité que de dire cela.
05:49 Manon Aubry, elle est tête de l'ISFAS,
05:52 elle était invitée hier du grand rendez-vous,
05:54 elle était sur Europe 1 et C News.
05:56 - Vous savez, quand le gouvernement a supprimé, par exemple, dans le dernier budget,
06:00 1000 postes d'assistants d'éducation,
06:02 il porte une lourde responsabilité, le gouvernement.
06:05 - Il porte une lourde responsabilité dans ces drames-là,
06:08 et contre les dans ceux des d'Hubert Châtillon ?
06:09 - Oui, parce qu'il abandonne les élèves,
06:12 il les livre à eux-mêmes,
06:14 quand on perd des repères, de l'entourage d'adultes, des référents.
06:19 - Bon, on va marquer une pause,
06:21 et on sera avec Jean-Pierre, qui est un grand père inquiet,
06:23 et il y a de quoi l'être.
06:26 Et puis, on va entamer cette discussion,
06:28 et essayer un jour de trouver des bonnes solutions.
06:30 Je conviens que ce n'est pas facile,
06:32 parce que je ne sais même pas si elles existent, d'ailleurs.
06:34 Mais quand vous voyez effectivement ce qui frappe dans cette affaire de Viry-Châtillon,
06:38 c'est l'affaire combien elle est dérisoire.
06:43 Dérisoire, c'est-à-dire que vous avez un jeune homme de 15 ans,
06:46 qui échange avec une jeune fille,
06:49 qui parle visiblement de sexualité,
06:51 qui s'envoie des messages,
06:54 comme on peut s'envoyer des messages à cet âge-là,
06:56 et vous avez deux frères qui viennent le tuer à cause de ça.
06:59 Vous vous rendez compte ?
07:01 C'est effrayant.
07:03 11h13, à tout de suite.
07:04 - Et pour réagir avec Pascal Praud, de 11h à 13h, sur Europe 1,
07:06 vous composez ce numéro non surtaxé.
07:08 - Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 20.
07:11 Europe 1.
07:12 - Pascal Praud et vous.
07:13 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1,
07:14 vous écoutez Pascal Praud de 11h à 13h,
07:16 et nous rejoignons Jean-Pierre, qui nous a appelés.
07:18 Pascal ?
07:19 - Jean-Pierre, bonjour.
07:21 - Bonjour Pascal, et bonjour à toute l'équipe,
07:23 et merci de me donner la parole sur Europe 1.
07:26 - Vous habitez où Jean-Pierre ?
07:28 - Alors j'habite dans l'Essonne, dans le 91.
07:31 - Bon, et vous êtes grand-père.
07:33 - Alors je suis grand-père,
07:35 et je suis à Vol d'Oiseau,
07:38 à 35 km de Dirichâtillon,
07:40 où j'ai été très touché par ce drame,
07:44 et je ne suis pas un quai pour mes enfants,
07:47 car ils sont adultes aujourd'hui,
07:48 mais je suis un quai pour mes petits-enfants,
07:50 et j'ai un petit-enfant qui s'appelle Léo,
07:55 et qui a 15 ans,
07:57 et ce drame qui aurait pu aussi arriver dans notre famille,
08:02 Pascal, c'est très grave ce qui se passe dans notre pays.
08:07 C'est très grave.
08:09 - C'est-à-dire ?
08:10 - Moi j'ai l'impression, Pascal,
08:13 le respect des parents,
08:16 le respect des adultes,
08:18 le respect du maître d'école,
08:20 le respect du directeur,
08:22 la crainte du directeur de l'école,
08:24 tout ça, ça s'est perdu.
08:26 - Non mais je suis d'accord avec vous,
08:28 mais une fois qu'on a dit ça,
08:30 puisque la difficulté de ces sujets,
08:32 c'est que nous disons souvent ce qui a déjà été dit.
08:36 Alors je ne dis pas que vous dites une banalité,
08:38 mais je pourrais dire la même chose d'ailleurs, Jean-Pierre,
08:40 et moi-même je dis des banalités parfois sur ces sujets-là, régulièrement.
08:43 L'autorité, effectivement,
08:45 tu tires le fil de l'autorité,
08:47 et tu as une des clés de la société française.
08:49 Mais c'est vrai à l'école,
08:51 c'est vrai dans un vestiaire de football,
08:52 c'est vrai dans un gouvernement,
08:54 c'est vrai individuellement, au nom de droits individuels.
08:56 - Pascal, pour moi,
08:58 les enfants sont en train de prendre le pouvoir sur leurs parents.
09:01 - Mais ce n'est pas vrai partout !
09:04 Pardonnez-moi, ce n'est pas vrai partout !
09:06 - D'accord, mais...
09:07 - Il y a des enfants qui sont encadrés,
09:10 avec des familles qui restent structurées,
09:13 où l'enfant, je peux...
09:15 J'ai quelques exemples que je ne citerai pas à l'antenne,
09:18 mais dans mon entourage proche,
09:20 où je peux vous dire que les enfants sont tenus.
09:22 Ils sont tenus, les enfants, croyez-moi,
09:24 et même très tenus, et très accompagnés.
09:26 - Bien sûr, tout est une question d'éducation entre parents et enfants.
09:29 - C'est la responsabilité des parents.
09:31 Il y a des choses qu'on ne dit jamais, pour le coup,
09:33 parce qu'elles sont politiquement incorrectes,
09:35 il y a des gens qui sont incapables d'avoir des enfants.
09:37 C'est une erreur qu'ils en aient eue,
09:38 parce qu'ils sont incapables de s'en occuper.
09:40 C'est horrible de dire ça.
09:42 Parfois, c'est pile ou face,
09:44 il faut s'en sortir s'il est résilient,
09:46 s'il se débrouille, s'il est tout seul,
09:48 mais parfois, ça peut être compliqué.
09:50 Parce que la vie fait que tout le monde n'est pas capable de s'occuper des enfants.
09:54 Ce qui est la chose la plus dure au monde, de toute façon.
09:57 - Oui, mais alors, Pascal, il faut quand même essayer de trouver des solutions.
10:00 - Oui, je ne sais pas lesquelles, justement.
10:03 - Moi, je vais vous en citer une.
10:05 Ils nous ont bien confinés,
10:07 et ils nous ont bien empêchés de sortir
10:09 pendant l'histoire du Covid.
10:11 Et pourquoi ces hommes politiques ne prennent pas la décision ?
10:14 Parce qu'il faut prendre la décision,
10:16 et des décisions importantes,
10:18 et il faut aller, pourquoi pas,
10:20 à faire un couvre-feu.
10:22 Pourquoi pas ? Pour les mineurs.
10:24 - Oh, les mineurs, je pense que les mineurs,
10:26 ils ne sont pas beaucoup dehors après 10h du soir, quand même.
10:28 Je pense que là, ça ne s'est pas passé après...
10:30 - Oh, je sais, mais...
10:32 - Vous voyez, là, ça ne s'est pas passé après 10h du soir.
10:34 Pourquoi pas, d'ailleurs ?
10:36 Mais de toute façon, là où vous avez raison,
10:38 alors, un mineur,
10:40 c'est en dessous de 18 ans,
10:42 mais un garçon de 12 ans n'a pas à être dehors
10:44 à 10h du soir tout seul.
10:46 - Exactement. - Donc ça n'existe pas, en fait.
10:48 - Et là, il faut coucher les parents ?
10:50 - Il n'y a pas de cas. J'ai eu des enfants,
10:52 c'est jamais arrivé. Ils peuvent être avec toi l'été,
10:54 pourquoi pas, ou quand tu reviens du cinéma,
10:56 pourquoi pas encore, pendant la période de vacances,
10:58 mais à 12 ans, tu es couché.
11:00 Tu es couché et tu dors. - Mais vous savez, Pascal,
11:02 je vais vous donner un exemple de mon petit-fils de 15 ans.
11:04 Même à l'école, les professeurs
11:06 ne sont pas soutenus par la hiérarchie.
11:08 Pas plus tard que la semaine dernière,
11:10 ils sont 38 dans la classe.
11:12 Il y en a la moitié qui ont... 38 !
11:14 - Oui, mais évidemment, c'est inadmissible
11:16 qu'ils soient 38 aussi, parce que
11:18 ils devraient être 25.
11:20 38, comment voulez-vous que le prof s'en sorte
11:22 avec 38 élèves ? - Impossible.
11:24 - Pascal, dans la classe, il y en a une quinzaine
11:26 qui ont foutu le bazar,
11:28 ils ont mis de la musique avec leur téléphone.
11:30 Le professeur n'a pas pu prendre le dessus
11:32 sur les élèves, et qu'est-ce qu'il a trouvé
11:34 comme moyen ? C'est de punir
11:36 toute la classe. Est-ce que c'est normal ?
11:38 Donc, les professeurs,
11:40 évidemment, ils ont peur
11:42 aussi, peut-être, parce qu'ils ne sont pas soutenus
11:44 par la hiérarchie. - Mais vous voyez, le cas
11:46 que vous décrivez, c'est très très simple.
11:48 Le professeur,
11:50 exclusion de trois jours, de huit jours,
11:52 de ces jeunes gens. Convocation
11:54 des parents et décision.
11:56 C'était ça qui se passait dans
11:58 l'école dans laquelle moi j'ai grandi.
12:00 - Exactement.
12:02 - C'est intéressant ça,
12:04 moi je vous assure, j'aime bien fouiller
12:06 les sujets, et si
12:08 vous nous donnez les coordonnées
12:10 de ce lycée, moi je l'appelle
12:12 le lycée, puis on appelle le proviseur, et puis
12:14 on lui dit pourquoi ça ne s'est pas passé ? Pourquoi
12:16 les enfants ne sont pas exclus en fait ?
12:18 Moi je veux bien qu'on fasse ça.
12:20 Je ne sais pas, alors
12:22 évidemment pour votre fils Léo, ça le met peut-être en difficulté,
12:24 parce qu'on ne dira pas que
12:26 ça vient de vous, mais bon.
12:28 Vous avez combien de petits-enfants ?
12:30 - J'en ai trois exactement.
12:32 - Et vous trouvez qu'ils sont bien élevés par exemple Léo ?
12:34 Est-ce que vous diriez que Léo
12:36 est élevé comme son père ou sa mère ?
12:38 Comme ses parents étaient eux-mêmes élevés ?
12:40 - Alors je vais vous parler
12:42 de mes deux petits-enfants,
12:44 j'ai ma petite-fille qui s'appelle
12:46 Emma qui a 20 ans,
12:48 mon petit Léo qui a 15 ans,
12:50 et mon petit-fils, le dernier,
12:52 qui va avoir 6 ans.
12:54 Moi je peux vous dire qu'ils sont élevés
12:56 comme leurs parents,
12:58 et ils sont élevés comme leurs grands-parents.
13:00 - Alors vous voyez,
13:02 il y a des familles où des traditions
13:04 subsistent, mais par exemple
13:06 si votre petit-fils
13:08 s'était agressé
13:10 par des jeunes gens,
13:12 vous-même, dans quel état
13:14 seriez-vous ?
13:16 - On ne peut pas le dire Pascal,
13:18 parce que pendant cette période
13:20 qui doit être très compliquée
13:22 pour la famille, mais je pense
13:24 que je serai très
13:26 en colère envers
13:28 déjà les personnes qui ont
13:30 fait ce geste,
13:32 et en plus après envers
13:34 la société, les dirigeants
13:36 du pays qui n'osent pas prendre les vrais
13:38 décisions. - Oui mais lesquels
13:40 les vrais ? C'est quoi les vrais ?
13:42 - Les vrais, ben c'est...
13:44 - C'est quoi ? - Les vrais Pascal,
13:46 j'ai déjà évoqué par exemple celle de l'école,
13:48 ce n'est pas normal que
13:50 ce professeur n'ait pas
13:52 pris les décisions d'exclure
13:54 ou de supprimer les téléphones,
13:56 de mettre une panière,
13:58 moi d'ailleurs quand mon petit-fils m'a parlé de ça,
14:00 je lui ai dit "et ton professeur il n'a rien fait ?"
14:02 il m'a dit "non", et ben j'ai dit "moi j'aurais
14:04 été à la place du professeur, je mettais
14:06 une panière sur mon bureau,
14:08 et je demandais à tous les élèves de mettre leur téléphone
14:10 dans la panière". - Oui, non mais ça je suis
14:12 parfaitement d'accord avec vous. Mais on va
14:14 essayer de... - Quoi ? - Moi vous m'intéressez
14:16 avec le cas
14:18 que vous avez décrit,
14:20 parce que c'est des cas d'école sans jaune mot, et
14:22 c'est vrai que c'est intéressant, évidemment
14:24 de noter ça.
14:26 Ben Jean-Pierre, donc ils sont en vacances
14:28 vos petits-enfants ? - Alors ils sont en
14:30 vacances, j'ai emmené Léo avec
14:32 moi, la grande des grands frères dont on n'a
14:34 pas la... - C'est joli Léo comme prénom. - ... la travail
14:36 on va dire ça, mais Pascal je voulais
14:38 quand même rajouter, moi j'ai eu une éducation
14:40 j'irais
14:42 de mes parents, où vous voyez
14:44 mes parents. Les enfants
14:46 vous voyez les parents. Alors je suis
14:48 issu d'une immigration étrangère
14:50 dont, entre guillemets "portugaise",
14:52 on avait beaucoup de respect pour
14:54 les parents et on les tutoyait par les parents. - Non mais c'était dans des familles
14:56 extrêmement
14:58 favorisées généralement
15:00 le vouvoiement, parce que c'était
15:02 dans des familles nobles, ou de la
15:04 grande bourgeoisie qu'on vouvoyait ses parents ?
15:06 - Oui mais nobles peut-être en
15:08 France, mais au Portugal c'était la
15:10 coutume, c'est-à-dire que les enfants... - Ah bon ?
15:12 - Oui, tout à fait Pascal. Les enfants
15:14 vous voyez les parents. - Ben oui, mais moi je
15:16 trouve que c'est pas mal le vouvoiement, le
15:18 vousoiement même on devrait dire, et même dans la
15:20 vie professionnelle, moi je suis plutôt enclin
15:22 souvent à vous voyer les uns et les autres et
15:24 je trouve que c'est... - Ben c'est ce qu'on fait, on se voit.
15:26 - Ça dépend avec qui, hein ? - Oui. - Non mais
15:28 taisez-vous.
15:30 - Je retourne me cocher. - Non mais je trouve que
15:32 c'est pas mal, ça met... - Le vouvoiement doit venir de
15:34 l'autre personne. - Je trouve que c'est bien le vousoiement
15:36 et même j'ai connu des couples
15:38 qui, de temps en temps,
15:40 se "voussoient".
15:42 On dit "se vouvoient" ou "se
15:44 voussoient". - Et pourquoi se "voussoient" ? Pourquoi on dit "voussoient" ?
15:46 - Ben parce que c'est le verbe "voussoyez".
15:48 On peut dire "vous voyez"
15:50 ou "vous soyez". - Et ça veut dire la même chose ?
15:52 - Ça veut dire la même chose. - D'accord. - Mais en vieux François,
15:54 je pense qu'on disait
15:56 "voussoyez". - D'accord.
15:58 - Et je trouve que "voussoyez" est peut-être plus
16:00 élégant et plus adapté encore
16:02 à ce type de pratique. - Ah oui,
16:04 c'est classe ! - Ça renvoie à quelque chose, vous voyez, d'un
16:06 peu précieux aussi. - Aristocrate, oui.
16:08 - Un monde que
16:10 vous connaissez. - Oh oui !
16:12 Que je fréquente, oui, c'est ça. - Bien sûr,
16:14 le monde... Il faudra qu'on fasse un sujet
16:16 sur l'aristocratie, monsieur...
16:18 - Avec grand plaisir, on peut le faire demain.
16:20 - Mais non, mais c'est très intéressant l'aristocratie
16:22 parce que c'est un monde à part, vous savez.
16:24 - Ah ça ! Je pourrais même pas
16:26 dîner avec des aristocrates, moi je pourrais même pas.
16:28 - Pourquoi ça ? - Ben je sauce,
16:30 je tiens mal mes couverts. - Je sauce, tout le monde sauce,
16:32 mais tout le monde ne sauce pas de la même manière.
16:34 Il y en a qui prennent une fourchette pour mettre le pain
16:36 dans la fourchette. - Non, mais c'est vrai ça, ouais.
16:38 - Ben évidemment, et puis il y en a d'autres qui saucent
16:40 comme on dit. - Vous plantez le pain, et vous saucez
16:42 en plantant le pain ? - Ben oui, c'est comme ça qu'on sauce,
16:44 à priori, mais t'as besoin d'être aristocrate pour ça.
16:46 - Ah mais c'est pour ça que vous m'avez, au dîner,
16:48 la dernière fois, vous m'avez dit "ça va pas du tout" !
16:50 Parce que j'ai saucé avec ma main directement, enfin avec ma main.
16:52 - Vous pouvez prendre aussi votre assiette
16:54 directement et la mettre à la bouche
16:56 pour prendre la sauce.
16:58 - J'aurais pu, oui.
17:00 - Ça s'appelle une écuelle dans ces cas-là,
17:02 c'est plus une assiette.
17:04 - Une gamelle, oui.
17:06 - Bon, il est
17:08 11h26, Bones, Léo,
17:10 Jean-Pierre, avec son
17:12 petit fils. Quel âge vous avez,
17:14 Jean-Pierre ? - Je vais avoir
17:16 67 ans cette année.
17:18 - Et vous avez déjà un petit-fils qui a
17:20 15 ans ? - Et même 20 !
17:22 - J'ai ma fille qui va...
17:24 - Ah mais non, on perd pas de temps dans votre famille !
17:26 - 49 ans.
17:28 Ma fille va avoir 49 ans. - Ah oui, on perd pas de temps.
17:30 Bon, ben c'est bien.
17:32 Moi j'ai l'impression que dans la mienne, on perd un peu de temps.
17:34 - Mais c'est tant mieux !
17:36 - Faut faire attention que ce soit pas trop tard,
17:38 au bout d'un moment. - Comment ?
17:40 - Faut faire attention que ce soit pas trop tard, au bout d'un moment.
17:42 - Écoutez, je suis pas grand-père et je m'en porte pas plus mal.
17:44 - Il est 11h27.
17:50 Bon, alors vous nous écoutez peut-être pour la première
17:52 fois parce que vous êtes en vacances. - Oui.
17:54 - Et ça, je salue toujours les... - La zone C est en vacances.
17:56 - La zone C, c'est ? - On avait dit
17:58 Paris, c'est ça ? - Paris, Créteil,
18:00 Montpellier, Toulouse, les académies.
18:02 - Voilà. Donc on salue les montpellierins,
18:04 les gens de Créteil,
18:06 les parisiens, etc. qui sont peut-être
18:08 d'ailleurs un peu disséminés
18:10 dans toute la France et qui sont partis prendre quelques jours.
18:12 - Oui. - Dans le sud-ouest,
18:14 dans le sud-est, en Bretagne,
18:16 dans le nord ! - Je peux vous dire qu'à Nantes,
18:18 les grands-parents étaient au rendez-vous pour récupérer les petits-enfants.
18:20 - Ah oui, vous vous êtes allés donner vos enfants...
18:22 - On a déposé ma fille, j'ai pas pu m'habiller.
18:24 - On dépose...
18:26 - C'était un colibri. - C'est les vacances, pas vous.
18:28 - C'est Amazon. - Les parents
18:30 ont leur semaine solo.
18:32 - Ah oui, non mais ça c'est bien. Donc ça, on retrouve
18:34 un peu d'érotisme
18:36 dans le couple.
18:38 - On ne vous dira pas ce qu'il a dit ce matin
18:40 dans le bureau. - Ah oui, parce que les enfants,
18:42 parfois, c'est... - On va tous rentrer tôt, là.
18:44 - Comment ? - On va rentrer très tôt. J'ai dit à madame,
18:46 tu rentres pas trop tard ce soir.
18:48 - Oh !
18:50 - Pour un dîner romantique. - J'aurais pas dû venir.
18:52 - Ah bah il est pas aristocrate, Laurent Tessier.
18:54 - Non, ça c'est...
18:56 Cédric Chasseur, lui, il est venu avec sa chemise ouverte,
18:58 comme ça, tout va bien.
19:00 - Enfin, il y a un T-shirt en dessous, il faut le préciser quand même.
19:02 - Ah bah oui, bien sûr.
19:04 - Il est pas venu comme ça. - Il est venu avec sa chemise colmao.
19:06 A tout de suite. - Et pour réagir avec
19:08 Pascal Prozéro, un 89.29.
19:10 De 11h à 13h sur Europe 1.
19:12 - Europe 1, Pascal Prozéro. - De 11h à
19:14 13h sur Europe 1 et avec notre invité au téléphone,
19:16 Pascal Frédéric Lose, secrétaire général
19:18 du syndicat des commissaires de la police nationale.
19:20 - Bonjour monsieur.
19:22 - Bonjour.
19:24 - Bonjour monsieur Lose et merci d'être avec
19:26 nous. Vous êtes un témoin
19:28 privilégié forcément, puisque vous êtes
19:30 sur le terrain, matin, midi et soir.
19:32 Vous êtes policier depuis combien de temps ?
19:36 - Je suis policier depuis
19:38 1988. - Donc,
19:40 vous avez un peu de recul sur ce qui se passe
19:42 en France.
19:44 Vous êtes dans des territoires, si j'ose dire,
19:46 est-ce qu'on peut dire des territoires
19:48 particuliers ? Tout territoire est particulier,
19:50 mais est-ce que vous êtes dans des territoires plus sensibles
19:52 ou plus difficiles que
19:54 d'autres ? - Alors,
19:56 moi dans ma carrière, aujourd'hui je suis secrétaire
19:58 général du syndicat des commissaires,
20:00 donc j'ai aussi l'information
20:02 qui remonte de tous les commissaires de police,
20:04 mais j'ai exercé notamment 4 ans et demi
20:06 comme directeur départemental, il y a
20:08 très peu de temps, dans le Val-d'Oise,
20:10 qui est un département sensible,
20:12 comme j'ai exercé comme commissaire
20:14 central de Nice, ou à Fontenay-sous-Bois,
20:16 Belin, donc évidemment j'ai été
20:18 confronté à cette violence
20:20 qui m'a cessé de monter
20:22 au fil des années, et
20:24 vous avez souligné que je suis commissaire depuis
20:26 1988, mais malheureusement
20:28 j'ai vu les digues céder, céder,
20:30 céder, une à une.
20:32 - Il y a deux choses qui sont frappantes, aujourd'hui,
20:34 il y en a beaucoup d'ailleurs qui sont frappantes,
20:36 mais il y a la jeunesse
20:38 parfois des délinquants,
20:40 et la féminisation des délinquants,
20:42 et ça c'est quelque chose de nouveau,
20:44 je voudrais qu'on commence peut-être par la présence des femmes,
20:46 parce que dans
20:48 ce qui s'est passé à Montpellier la semaine
20:50 dernière, l'enquête
20:52 évidemment, il faut être toujours prudent, mais manifestement
20:54 c'est une femme qui est à l'origine
20:56 d'une sorte de vendetta sur une autre femme,
20:58 et des femmes extrêmement
21:00 jeunes, est-ce que vous remarquez cela
21:02 également dans les statistiques ?
21:04 - Oui, on remarque
21:06 cela dans les statistiques,
21:08 et en général on remarque
21:10 la montée de la violence
21:12 des femmes, des jeunes filles,
21:14 des très jeunes filles, et tout ce qui a été
21:16 évoqué auparavant par vous,
21:18 par vos auditeurs, sur les
21:20 carences éducatives, sur
21:22 l'absence de sanctions,
21:24 concerne les jeunes garçons,
21:26 les jeunes ados, mais aujourd'hui
21:28 les jeunes filles, qu'on voit
21:30 également de plus en plus présentes, par exemple
21:32 dans les trafics de stupéfiants,
21:34 ou dans des bandes de filles,
21:36 oui c'est un phénomène qui monte,
21:38 qui est préoccupant,
21:40 et en plus avec une délinquance
21:42 même à bas bruit,
21:44 qui se poursuit après le collège et le lycée,
21:46 sur les réseaux sociaux,
21:48 ça c'est un phénomène nouveau depuis
21:50 une fin d'année,
21:52 c'est l'effet néfaste des réseaux sociaux,
21:54 c'est pas la seule raison, la raison est beaucoup plus profonde.
21:56 - On parle
21:58 d'enseauvagement, et moi
22:00 je récuse le terme enseauvagement
22:02 parce que j'ai envie de dire que c'est pas tout le monde, et c'est pas tous les
22:04 quartiers. Il y a des
22:06 quartiers, on parlait tout à l'heure avec
22:08 le grand-père de Léo, il y a des familles
22:10
22:12 la tradition
22:14 d'autorité perdure,
22:16 ou la tradition d'éducation perdure.
22:18 Donc cet enseauvagement,
22:20 c'est de mettre un peu tout le monde dans le même
22:22 sac, si j'ose dire. Et
22:24 dans la société française, il reste
22:26 sans doute des îlots de
22:28 sécurité, des îlots d'éducation.
22:30 Donc cet enseauvagement, est-ce que vous pouvez
22:32 le préciser, sachant aussi, et c'est des
22:34 sujets extrêmement sensibles, qu'en France il n'y a
22:36 pas de statistiques ethniques.
22:38 Donc c'est très difficile d'affirmer
22:40 de quel côté vient
22:42 cette sauvagerie,
22:44 ou cet enseauvagement.
22:46 Oui, effectivement,
22:48 on a du mal déjà à poser
22:50 des mots sur des mots, parce que
22:52 le débat est parfois piégé,
22:54 on a peur de se faire traiter, là,
22:56 de raciste, là, de réactionnaire, c'est un débat
22:58 bien connu, et finalement,
23:00 on n'avance pas, y compris
23:02 sur, ce qui est mon cas, sur des questions
23:04 et des réponses républicaines.
23:06 Vous l'avez dit, ça
23:08 ne concerne pas tous les jeunes, c'est insultant
23:10 vis-à-vis de tous les jeunes, ou tous les jeunes
23:12 des quartiers "sensibles" ou "défavorisés".
23:14 Ça ne concerne pas les jeunes,
23:16 ça concerne des jeunes.
23:18 Et entre "L" et "D", il y a une lettre
23:20 et c'est tout un constat,
23:22 un état d'esprit qui est différent.
23:24 Le problème numéro un,
23:26 c'est qu'on a
23:28 cette violence, on l'a laissée perdurer
23:30 de partout, à l'école,
23:32 dans l'habitat social,
23:34 dans la famille,
23:36 dans la rue, etc.
23:38 Et petit à petit,
23:40 cette délinquance des mineurs,
23:42 qui commence par les incivilités,
23:44 qui commence à l'école, qui commence parfois dans les transports
23:46 en commun, qui commence
23:48 parfois dans les quartiers,
23:50 il n'y a pas de réponse pénale.
23:52 Moi, je suis favorable à un équilibre
23:54 entre prévention et répression
23:56 qui est inepte d'opposer, on a besoin
23:58 des deux. Il ne peut pas y avoir de prévention
24:00 réussie, d'éducation réussie,
24:02 s'il n'y a pas de répression.
24:04 On a abandonné l'idée de sanction,
24:06 on l'a marginalisée, on l'a vilipendée,
24:08 on l'a caricaturée. Les Américains,
24:10 en particulier, je pense à New York,
24:12 qui ont mis en place la politique de "tolérance
24:14 zéro", qu'on a caricaturée en France,
24:16 ont eu d'excellents résultats.
24:18 "Tolérance zéro", ça veut dire "c'est la base".
24:20 On sanctionne tous les actes,
24:22 dès que ce sont de petits
24:24 actes, de façon graduée.
24:26 Et d'ailleurs, le fait de
24:28 sanctionner profite
24:30 non seulement aux victimes, à la société,
24:32 mais profite aux jeunes délinquants
24:34 parce qu'on leur évite un parcours
24:36 criminel qui va les mener
24:38 à la misère, à une catastrophe,
24:40 et je parle même pas pour les victimes,
24:42 en l'occurrence, on a eu un mort.
24:44 Ça, c'est quelque chose de fondamental. Il faut réhabiliter
24:46 la sanction progressive de partout.
24:48 Dans les écoles,
24:50 dès le moindre acte, il faut...
24:52 - "Tolérance zéro" pour Frédéric Clos,
24:54 qui est secrétaire général du syndicat des commissaires
24:56 de la police nationale. Brahim est là,
24:58 et Brahim vous écoutait. Bonjour, Brahim !
25:00 - Bonjour !
25:02 - Est-ce que vous pouvez nous dire votre parcours ? Vous avez 42 ans ?
25:04 - Oui, bonjour
25:06 - Bonjour, Pascal Praud. Bonjour à toute l'équipe,
25:08 c'est vraiment un honneur de parler avec vous.
25:10 - Il est réciproque, cet honneur.
25:12 Vous habitez dans la région PACA ?
25:14 - Oui. - Vous êtes né à Marseille, peut-être ?
25:16 - Non, à côté,
25:18 à Toulon. - Bon, et vous avez
25:20 un avis sur cette société
25:22 aujourd'hui qui se met en place ?
25:24 - Alors moi, j'ai été
25:26 très choqué de la mort de ce
25:28 jeune homme, et
25:30 j'ai entendu
25:32 la réaction des politiques
25:34 ou des différents, bon, moi je ne suis pas là pour juger,
25:36 mais quand on parle d'écran et de manque
25:38 de personnel, alors peut-être
25:40 ça explique
25:42 ça, mais moi je pense que c'est beaucoup plus profond.
25:44 Moi, quand j'ai
25:46 su le motif
25:48 de cette agression,
25:50 que...
25:52 Moi, ça m'a rappelé, moi je suis français, je suis
25:54 de l'immigration maghrébine, et je
25:56 pense que... Excusez-moi, je vais mettre les pieds dans le plat.
25:58 Moi, je pense que
26:00 c'est un schéma comportemental
26:02 important, que j'ai pu
26:04 constater quand j'étais petit en Tunisie,
26:06 c'est-à-dire que
26:08 la femme est la propriété
26:10 de la famille, la propriété
26:12 de l'homme, qu'il faut
26:14 l'avale de l'homme pour caler une
26:16 relation avec un autre homme, ou avec
26:18 une relation sexuelle. Et je
26:20 pense que ces auteurs-là, ils n'ont
26:22 soit ils n'ont pas compris, soit ils ne veulent pas
26:24 comprendre dans quel pays
26:26 ils vivent, c'est-à-dire qu'en France,
26:28 la femme est libre, n'a pas de compte
26:30 à rendre à sa famille,
26:32 n'a pas de compte à rendre
26:34 à qui que ce soit
26:36 pour qui
26:38 elle fréquente,
26:40 et voire même sur sa sexualité.
26:42 Je pense que c'est beaucoup plus profond
26:44 que ça, et cette idée de
26:46 l'honneur de la famille, l'honneur de...
26:48 - Le mot "honneur", moi je trouve ça très
26:50 choquant, j'ai entendu des radios parler de
26:52 reprendre
26:54 un crime d'honneur ou d'aide d'honneur,
26:56 c'est d'une certaine manière légitimé.
26:58 Je prends bien sûr des guillemets,
27:00 mais j'y vois, oui, une manière
27:02 d'atténuer, parce que le mot "honneur",
27:04 c'est comme si on... c'est justifié
27:06 qu'on aille tuer quelqu'un. Je suis
27:08 très étonné, moi, que ce
27:10 terme d'honneur ait été repris par des
27:12 journalistes, pour tout vous dire.
27:14 - Moi aussi, j'ai l'impression qu'on tourne du pot,
27:16 qu'on n'ose pas dire les mots,
27:18 et que, moi, ça fait
27:20 longtemps que je constate
27:22 des choses que j'ai déjà constatées quand
27:24 j'allais en Tunisie, très petit,
27:26 en vacances, et je me dis,
27:28 bon, ok,
27:30 la société dans laquelle on vit en France,
27:34 parfois, c'est pas ça, mais moi, j'aime beaucoup ce pays.
27:36 Je remercie mon père d'avoir
27:38 quitté la Tunisie, d'être venu en France,
27:40 je le dis haut et fort. Pour moi, c'est un beau
27:42 pays, j'ai la chance d'avoir grandi
27:44 dans un pays où j'ai pu faire mes choix,
27:46 et que
27:48 en 2024, on est encore
27:50 dans ce modèle-là, alors que
27:52 j'ai connu, quand j'étais très petit,
27:54 dans les années 90,
27:56 dans un village paumé en Tunisie,
27:58 je me dis,
28:00 je sais pas, je me pose la question, est-ce qu'ils ne veulent pas...
28:02 C'est une minorité, encore une fois.
28:04 - Non, mais c'est un retour, effectivement, une forme d'intégrisme
28:06 qui existe, et là, vous avez raison,
28:08 c'est une minorité, mais c'est vrai que
28:10 toutes les sociétés n'en sont pas au même niveau
28:12 de développement, bien évidemment,
28:14 et que la société
28:16 occidentale, les sociétés européennes
28:18 sont souvent
28:20 en avance sur les droits individuels,
28:22 et qu'évidemment, une société
28:24 qui permet aux femmes
28:26 de vivre normalement, d'avoir la sexualité
28:28 qu'elles le souhaitent, de pouvoir
28:30 travailler si elles le désirent,
28:32 cette société est plus avancée qu'une femme,
28:34 qu'une société qui empêche les femmes
28:36 de sortir, qui les oblige
28:38 à porter un voile matin, midi
28:40 et soir, etc. Bien sûr que
28:42 toutes les
28:44 sociétés ne sont pas au même niveau
28:46 de développement. Alors quand on dit ça,
28:48 ça veut pas dire qu'il y a des sociétés supérieures
28:50 ou inférieures, je dis qu'elles ne sont pas au même
28:52 niveau de développement.
28:54 On va marquer une pause, Brahim, parce qu'il est 11h43.
28:56 - Je peux repartir ?
28:58 - Non mais restez encore quelques secondes
29:00 avec nous, parce que ce que vous dites est vraiment intéressant,
29:02 puis votre position est intéressante, puisque
29:04 vous, vous êtes né où, Brahim ?
29:06 - Moi je suis né à Toulon.
29:08 - Ah oui, vous m'avez dit que vous étiez
29:10 retourné en Toulon, mais vos parents sont nés en Tunisie ?
29:12 - Alors mon père est né en Tunisie,
29:14 et ma mère
29:16 est née en France.
29:18 - Et effectivement, mais vous, vous avez
29:20 42 ans, donc vous êtes d'une autre génération.
29:22 Ce qui nous surprend,
29:24 nous, c'est cette troisième ou quatrième génération
29:26 qui refuse parfois l'assimilation,
29:30 je dis bien parfois,
29:32 il ne faut pas généraliser, mais certains
29:34 en tout cas refusent l'assimilation,
29:36 alors que dans votre génération, il y a moins de soucis.
29:38 C'est ça qui est paradoxal.
29:40 On pourrait imaginer que la troisième
29:42 ou la quatrième génération s'assimile mieux
29:44 que la précédente, ben non.
29:46 - C'est étonnant,
29:48 j'ai l'impression qu'il y a un espèce de
29:50 retour...
29:52 C'est compliqué pour...
29:54 C'est ce que je constate, je ne dis pas que j'ai raison.
29:56 - Brahim, on en parle après la pause, parce qu'il est
29:58 11h44 et il faut qu'on fasse une pause.
30:00 - Et vous voulez réagir avec Pascal Pro sur Europe 1,
30:02 vous, composez ce numéro.
30:04 - Appelez Pascal Pro au 01 80 20
30:06 39 20 T. Europe 1.
30:08 - Pascal Pro et vous, de 11h à 13h sur Europe 1
30:10 et toujours avec Brahim au téléphone, Pascal.
30:12 - Brahim, on va terminer
30:14 rapidement cet échange ensemble,
30:16 mais je disais, le paradoxe
30:18 c'est que vous avez 42 ans et vous avez...
30:20 Vous êtes d'une génération où
30:22 les jeunes gens issus
30:24 de l'immigration, même si
30:26 je prends des gants parce qu'il ne faut pas généraliser,
30:28 bien évidemment, tout le monde n'est jamais
30:30 pareil, etc. Mais il me semble que dans
30:32 votre génération, on ne retrouve
30:34 pas les problèmes qu'on retrouve parfois dans
30:36 la jeune génération aujourd'hui,
30:38 notamment les très jeunes de 15 ans, 20 ans.
30:40 - Moi,
30:42 je suis tout à fait d'accord. J'ai l'impression
30:44 qu'il y a un retour
30:46 culturel
30:48 et cultuel.
30:50 On a l'impression que
30:52 la génération de maintenant,
30:54 si elle doit s'intégrer
30:56 voire s'assimiler à la société française,
30:58 c'est comme une...
31:00 Vous savez, c'est comme être
31:02 considéré comme un traître vis-à-vis du pays d'origine.
31:04 Vous voyez, c'est un peu un sujet
31:06 tabou. C'est ce que je constate.
31:08 Vous savez, je vous fais un retour de
31:10 ce que j'ai pu voir et
31:12 des conversations que j'ai avec des amis
31:14 ou d'autres
31:16 collègues. C'est que
31:18 moi, ce sentiment-là, c'est que
31:20 on passe d'un
31:26 pays où l'islam est très
31:28 présent, où
31:30 tout est coordonné, où
31:32 par exemple, la laïcité, où
31:34 on a le droit de critiquer une religion
31:36 et on a le droit de faire
31:38 ses choix selon ses envies,
31:40 selon ce qu'on veut faire.
31:42 Ce qui n'est pas forcément le cas dans le...
31:44 Je vous parle de la Tunisie parce que
31:46 Algerie-Maroc, je ne connais pas trop
31:48 et le pays d'Afrique noire, je ne connais pas non plus.
31:50 Mais je vous fais
31:52 juste un retour là-dessus. C'est vrai que
31:54 je ne sais pas, c'est bizarre
31:56 ce retour de
31:58 religieux, culturel et culturel
32:00 et qui est quasi intolérant.
32:02 Parfois intolérant et voire
32:04 même des fois très sectaire.
32:06 - On termine cette séquence avec ce qu'a
32:08 dit Mila ce matin. Mila
32:10 quand même qui a dit beaucoup de choses. C'était
32:12 passionnant d'ailleurs cette interview.
32:14 Elle remet également en cause Yann Barthez.
32:16 Ça, ça va être
32:18 énormément commenté parce que
32:20 elle explique quand même
32:22 qu'on
32:24 l'avait briefé chez Yann Barthez
32:26 pour qu'elle dise qu'elle
32:28 était désolée des
32:30 propos qu'elle avait tenus.
32:32 Et voilà ce
32:34 qu'elle rapporte. Mais je voulais qu'on
32:36 écoute le passage que notre amie Laurent Tessier
32:38 a calé. - Moi j'ai l'impression qu'on
32:40 a une véritable police des
32:42 mœurs dans les lycées.
32:44 - Une police des mœurs
32:46 de la part des autres jeunes ? - De la part des
32:48 élèves qui sont d'ailleurs
32:50 encouragés souvent par leurs parents vis-à-vis de leur
32:52 éducation, qui
32:54 se sentent mais en totale
32:56 impunité. On parle
32:58 de jeunes mais qui s'encouragent
33:00 mutuellement en général.
33:02 C'est vraiment
33:04 quand on est au sein de ma génération qu'on
33:06 comprend comment ça se passe.
33:08 C'est déjà des groupes Snapchat de personnes
33:10 qui...
33:12 - Vous n'êtes pas ouvert. Ah voilà. - C'est ce qui s'est passé
33:14 évidemment. - Yann était au lycée
33:16 quand il a eu la passe.
33:18 Mais c'est tellement plus faceux.
33:20 On connaît la violence d'eux au-delà de la...
33:22 - On a un petit
33:24 souci manifestement sur le son. Fabrice
33:26 Lafitte, qu'est-ce qui s'est passé ? On n'a pas
33:28 tout écouté. Je ne sais pas si on peut le
33:30 entendre ou pas. Ce que je retiens et qui est fort,
33:32 c'est Police des mœurs. C'est-à-dire que c'est
33:34 cette jeune fille qui dit les choses que les
33:36 journalistes n'osent même pas dire. Voilà.
33:38 Elle est témoin et elle rapporte. Et ce qu'elle
33:40 l'a dit ce matin sur l'antenne de
33:42 BFM, c'est pas une déflagration.
33:44 Parce qu'on sait tout ça, bien sûr.
33:46 Mais je suis toujours frappé
33:48 combien certains hésitent à le dire
33:50 sous la fameuse phrase "On ne
33:52 va pas mettre de l'huile sur le feu"
33:54 mais dire cette phrase, c'est reconnaître
33:56 qu'il y a le feu et qu'il ne faut pas
33:58 dire qu'il y a le feu. Donc je
34:00 redis en permanence. On peut le réécouter le son ?
34:02 Oui absolument.
34:04 Moi j'ai l'impression qu'on a une
34:06 véritable Police des mœurs
34:08 dans les lycées.
34:10 Une Police des mœurs de la part des autres jeunes ?
34:12 De la part des élèves qui sont
34:14 d'ailleurs encouragés souvent par leurs parents
34:16 vis-à-vis de leur éducation
34:18 qui se sentent mais
34:20 en totale impunité.
34:22 On parle de laïcité au sein des établissements.
34:24 Est-ce que la laïcité est encore efficace aujourd'hui ?
34:26 Pour moi la laïcité elle est morte.
34:28 Bon ben ça ce sont des
34:30 phrases extrêmement courageuses, extrêmement
34:32 puissantes bien évidemment
34:34 et qui devront être commentées.
34:36 Je pense que Mme Belloubet
34:38 ne dit pas les choses
34:40 ou elle ne veut pas voir les choses
34:42 ou on est dans un moment
34:44 ce que disait
34:46 Bernard-Henri Lévy aussi tout à l'heure
34:48 de très grande gravité
34:50 et il faut dire les choses.
34:52 Police des mœurs, c'est pas rien
34:54 quand même ce que dit cette jeune
34:56 adolescente. 11h53
34:58 nous changeons de sujet.

Recommandations