• il y a 8 mois
Trés au fait des dernières sorties littéraires, Isabelle Sorente a jeté son dévolu sur "Ceci est mon temps : Ménopause, andropause et autres aventures climatiques", un essai littéraire fraîchement paru, sensible et documenté, signé Élise Thiébaut.

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Transcription
00:00 C'est la bonne heure pour passer de l'humour à la culture, parce que culture, humour, humour, culture, on alterne le dimanche soir.
00:06 Place ici à la littérature et à une sortie littéraire.
00:09 Isabelle Sorante, vous avez jeté votre dévolu sur un livre fraîchement paru.
00:13 Oui, c'est le dernier livre d'Élise Thierbaud, ça s'appelle "Ceci est mon temps".
00:18 Il est consacré à la ménopause et à l'andropause, mais surtout à la folie qui s'empare des humains quand la jeunesse fait la malle.
00:26 Comme Ovidie ou Starhawk, Élise Thierbaud fait partie de ces autrices qui creusent, livre après livre, le lien entre intime et politique.
00:34 Elle entremêle donc dans "Ceci est mon temps" souvenirs personnels, réflexions féministes et enquêtes littéraires.
00:39 On apprend ainsi que le mot "ménopause", du grec "ménes", "menstruation" et "posie", "arrêt",
00:44 a été inventé au XIXe siècle par le médecin français Charles-Paul Louis de Gardanne, ainsi qu'a acquis une pathologie.
00:51 On apprend que ce mot n'existe pas dans la langue japonaise, qui parle de vieillissement progressif pour les deux genres.
00:57 Que la ménopause se dit "changement d'année" en allemand et "changement d'énergie" en chinois.
01:02 Dans de très belles pages du livre, on apprend que les mots comptent pour parler du corps, ce que disent les mères comptent, ce que disent les médecins aussi.
01:09 Chaque femme en vie aujourd'hui a la possibilité de rester féminine pour toujours.
01:15 En 1966, le gynécologue américain Robert Wilson, dans son best-seller intitulé "Feminine Forever",
01:22 où il vante les traitements hormonaux de substitution comparant les femmes mènes opposées à des castrats,
01:27 racontant avec un humour incisif qu'un patron de la mafia lui a demandé de réparer son épouse vieillissante avant qu'il ne la tue de ses propres mains.
01:35 Mais le propos d'Elis Thiebaud n'est pas de critiquer les traitements hormonaux, ni celles et ceux qui y ont recours.
01:40 C'est la complexité humaine qui fascine cette autrice, celle du corps et surtout celle de l'esprit.
01:44 Ce que questionne son essai, c'est cette crise d'amoc qui saisit l'être humain, qui nous étreint
01:49 lorsque nous nous voyons perdre la fougue de la jeunesse, l'être humain et tout particulièrement le mal de l'espèce.
01:55 Y compris et surtout celui qui se targue d'être le plus rationnel de tous, l'homme occidental du 19e puis du 20e siècle.
02:03 Autant vous prévenir, les pages consacrées à Landepause sont dignes d'un roman de science-fiction.
02:08 On y apprend que le grand neurologue français Charles Bronsecar s'injecta des extraits de testicules de chiens
02:14 pour retrouver sa virilité déclinante, tandis que la tour Eiffel affichait son orgueilleuse érection et érection pour l'exposition universelle.
02:23 Mais c'est le docteur Voronoff, un chirurgien français d'origine russe, qui eut l'idée dans les années 20 de greffer
02:29 dans le scrotum de riches hommes vieillissants des extraits de testicules d'animaux, en l'occurrence des singes,
02:34 pour leur faire retrouver l'homé-... non, l'homéstialité, pardon, parmi sa clientèle, le journaliste d'extrême droite Charles Maurras.
02:42 Et Siego cite un extrait de sa lettre enthousiaste et galvanisée après la greffe.
02:47 "Ça marche", voilà ce qu'il dit en résumé. "Ça marche", alors que scientifiquement, ça ne devrait pas vraiment marcher à cause des grands problèmes de rejet.
02:56 Ces hommes rationnels n'auraient sans doute jamais reconnu qu'ils s'adonnaient en réalité à d'anciennes pratiques magiques
03:02 consistant à incorporer les organes d'un ennemi ou d'un totem. Mais plusieurs recherches suggèrent aujourd'hui que ce sont ces greffes d'animals
03:10 sur ces hommes rationnels qui ne voulaient pas vieillir, qui contribuèrent à introduire le virus du VIH dont les singes d'Afrique étaient déjà porteurs.
03:19 Et oui, et oui. Telle est la sorcellerie du patriarcat, dissimulée sous des arguments logiques, des peurs archaïques, au lieu de les regarder en face.
03:27 Alors, de quoi avons-nous si peur ? De vivre pour autre chose que pour la reproduction de l'espèce, écrit Élise Thiebaud dans la dernière partie de son livre
03:36 consacré au rôle biologique et spirituel de la Ménopause et de l'Andropause. Je ne vous en dis pas plus, il faut le lire.
03:42 C'est vertigineux, ça s'appelle "Ceci est mon temps" et c'est publié aux éditions du Diable Vauvert.
03:48 - Merci Isabelle Sorente, passionnant. Merci ma chère Isabelle.

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