Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Oui, alors moi j'insisterais surtout sur le fait que le projet de loi donne un signal.
00:06 Actuellement je suis en train de visiter tous les EHPAD, toutes les personnes âgées de mon département.
00:09 J'habite dans les Alpes-Vaude-Provence et je trouve que ça donne un signal.
00:14 L'angoisse des personnes âgées qui sont en fin de vie, c'est qu'elles sont un poids pour la société.
00:21 Et je vois que dans une étude américaine, 46% des personnes qui souhaitent mourir,
00:27 c'est parce qu'elles se sentent ou elles se reçoivent comme un poids pour la société.
00:31 Je trouve ça horrible en fait.
00:32 Et moi je voudrais donner au moins le signal qu'il faut d'abord les accompagner,
00:37 il faut d'abord faire tout pour que les soins palliatifs se développent,
00:41 pour qu'on vive quelque chose qui est du domaine d'un accompagnement réel, d'une réelle fraternité.
00:46 Et je trouve que cette loi donne le signal que voilà, super, ça va être réglé.
00:52 Ça va être réglé.
00:53 Monseigneur, je ne partage pas votre avis.
00:56 Je suis désolé de vous le dire parce que moi j'entends des gens qui sont en fin de vie
01:02 et qui ne s'estiment pas un poids pour la société.
01:06 Oui bien sûr, mais il y en a aussi, je ne veux pas catégoriser.
01:09 Oui mais c'est ce que vous avez dit, c'est-à-dire que vous ne voulez pas...
01:11 Moi ce que je trouve, si vous me permettez bien sûr,
01:15 je trouve dommage qu'on n'entende pas ceux qui sont concernés.
01:20 C'est ça, ceux qui sont concernés, ils ont le droit d'exprimer un sentiment.
01:26 Et la vérité, si j'ose dire, parce que je connais bien le monde catholique,
01:30 j'ai été élevé dans ce monde et je connais très bien les us et coutumes,
01:36 vous ne voulez pas assumer un point de vue qui est uniquement un point de vue religieux,
01:42 qui est de dire "ce n'est pas à vous de déterminer votre mort".
01:47 Non, on n'impose rien, on n'a pas les moyens de rien...
01:50 Non mais si vous me permettez, vous n'allez pas au bout de cette...
01:55 parce que ça vous en demit presque d'aller au bout, alors que la vérité elle est là.
01:58 Si vous avez cette position, elle est là, parce que l'argument que vous mettez en place,
02:02 pardonnez-moi mon seigneur, mais il n'est pas juste.
02:04 En tout cas, il n'est pas toujours juste.
02:06 Il y a beaucoup de gens qui ne veulent plus souffrir, qui en ont assez et qui disent "stop".
02:12 Moi ce que je voudrais dire, c'est que je porte juste l'argument
02:15 d'avoir accompagné des malades en France pendant 4 ans,
02:18 des malades du SIDA à l'époque, dans les années 90,
02:20 et plusieurs m'ont demandé de l'euthanasie.
02:24 Franchement, je l'ai entendu 5 fois exactement,
02:27 et j'ai choisi de les accompagner tous les jours, d'y aller tous les jours.
02:32 Curieusement, la demande a disparu.
02:34 Je me dis qu'il faut faire attention à la différence qu'il y a entre la souffrance et la douleur.
02:39 La souffrance, c'est la peur de la mort, c'est l'angoisse d'être abandonné.
02:43 Et cette souffrance, on doit y répondre par la fraternité,
02:46 par un engagement réel dans la proximité.
02:50 Nous, c'est ça qu'on porte, c'est surtout ça qu'on porte.
02:51 Ce n'est pas une interdiction, ce n'est pas une loi morale,
02:54 c'est aussi une expérience.
02:57 C'est l'expérience de l'accompagnement.
02:59 Moi, je vis tous les jours cet accompagnement.
03:01 Et je peux vous dire, et c'est mon expérience,
03:03 qu'il y a des personnes pour qui cette loi est un mauvais signal aussi.
03:09 Alors, il y en a d'autres qui diront le contraire.
03:11 Bien sûr qu'il y a une différence de point de vue.
03:13 Mais je veux dire, ma mission, c'est de porter au moins la voix de certains autres
03:18 que parfois on n'entend pas et qui n'osent pas se faire entendre
03:21 parce qu'ils ont peur, parce qu'ils se sentent inutiles aussi.
03:25 Ils se sentent inutiles et ça, c'est grave.
03:27 Enfin, voilà.