• il y a 7 mois
L’entrepreneuriat féminin est au cœur de plusieurs objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, au-delà de l’ODD 5 consacré à l'égalité des sexes. Adaptation de l’agriculture aux défis climatiques, lutte contre la faim et la pauvreté… Pour évoquer ces enjeux, Charlotte Saint-Arroman, directrice des opérations d’ONU Femmes France, échange avec Soazig Barthélemy, fondatrice et directrice du réseau international Empow’Her.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Le débat de Smart Impact avec Soazig Barthélémy.
00:09 Bonjour, bienvenue.
00:10 Vous êtes la fondatrice, la directrice d'Empower,
00:13 réseau international d'organisations fondées en 2013.
00:16 J'accueille également Charlotte Saint-Aromand.
00:17 Bonjour.
00:18 Bienvenue.
00:19 Vous êtes la directrice des opérations d'ONU Femmes France,
00:22 également fondée en 2013.
00:24 Allez, présentation rapide pour démarrer.
00:26 Empower, dites-nous tout.
00:28 Empower, c'est en effet une organisation qui a 10 ans
00:31 et qui s'est créée avec l'intention et le mandat
00:34 d'accompagner des femmes dans l'entrepreneuriat.
00:36 Et plus généralement, on porte un double objectif aujourd'hui.
00:39 On promeut ce qu'on appelle l'entrepreneuriat féministe,
00:42 qui dépasse pour nous l'accompagnement de femmes
00:46 dans l'entrepreneuriat pour pouvoir aussi transformer
00:49 l'environnement économique, entrepreneurial qui les entoure
00:51 et s'attaquer aux inégalités qui persistent.
00:53 Avec un festival Agir pour un monde féministe
00:55 qui va se tenir là entre le 19 et 21 avril.
00:57 On en parlera tout à l'heure.
00:59 On gardera du temps pour en parler.
01:01 Ça veut dire combien de femmes soutenues chaque année,
01:03 dans quels pays ? Vous êtes un peu partout sur la planète.
01:06 Vous avez choisi certaines régions particulièrement ?
01:09 Alors, on n'opère pas encore partout comme ONU Femmes France,
01:13 enfin ONU Femmes tout court d'ailleurs.
01:15 Mais on agit principalement en France, en Europe également,
01:20 notamment en Europe de l'Est et en Afrique,
01:22 Afrique de l'Ouest, Afrique de l'Est.
01:23 On accompagne à peu près 6000 femmes par an,
01:25 donc en tout depuis nos débuts, on a accompagné 23 000 femmes
01:29 à s'insérer économiquement.
01:31 Donc, on travaille principalement avec des femmes qui souffrent
01:36 d'une forme de précarité économique,
01:39 qui sont vulnérables dans l'économie pour les aider
01:41 à se réinsérer à travers l'entrepreneuriat.
01:44 Voilà.
01:45 OK. ONU Femmes, dites-nous,
01:47 quelles sont les missions d'ONU Femmes ?
01:49 Alors, ONU Femmes, c'est tout d'abord, il faut le savoir,
01:51 c'est la dernière agence des Nations Unies qui est née en 2010
01:54 et qui a été créée pour défendre et pour promouvoir
01:57 les droits fondamentaux des femmes et l'égalité des sexes
02:00 dans le monde entier.
02:01 C'est une agence qui est connue surtout pour sa capacité
02:05 d'action immédiate dans les zones de conflit
02:07 et dans les situations d'urgence humanitaire.
02:10 Elle agit sur cinq grands piliers, des piliers qui sont très similaires
02:13 à ceux que Soazic vient de mentionner.
02:14 C'est le leadership féminin dans la vie publique
02:16 et dans la vie politique.
02:18 C'est évidemment la lutte contre les violences faites aux femmes.
02:21 C'est très lié à ce pilier-là, l'autonomisation économique des femmes
02:25 avec un grand axe sur l'entrepreneuriat des femmes,
02:27 qui est un levier très important pour autonomiser toutes ces femmes.
02:30 C'est aussi un axe très important, femmes, paix et sécurité,
02:34 avec l'inclusion de plus de femmes négociatrices
02:37 dans les processus de paix, un point très important
02:40 pour la paix dans le monde,
02:41 et la double transition écologique et numérique.
02:45 Et donc, sur ces cinq piliers, de nombreux pays,
02:48 de nombreux projets terrains ont lieu dans 150 pays du monde environ
02:52 et se déploient notamment autour de l'entrepreneuriat des femmes.
02:56 Avec une plateforme, pardon de vous interrompre,
02:58 qui est une plateforme numérique qui s'appelle "Buy from Women".
03:02 C'est un bon exemple assez concret de ce que vous pouvez faire.
03:05 C'est quoi ?
03:06 Oui, exactement. "Buy from Women", donc "Acheter aux femmes",
03:08 c'est un très beau projet qui a été lancé au départ au Rwanda en 2016,
03:12 grâce à BNP Paribas, qui s'est ensuite répliqué au Libéria et au Mali
03:15 grâce à la fondation Orange, qui nous a soutenus dès le départ.
03:18 C'est un projet qui bénéficie à des femmes
03:22 qui sont très souvent dans l'agriculture et dans l'économie verte,
03:24 puisque en Afrique de l'Ouest, très souvent,
03:27 on sait qu'une grande partie de la main-d'œuvre agricole,
03:30 à 70 %, est constituée de femmes.
03:32 Donc, on aide ces femmes à bénéficier d'une plateforme numérique
03:35 qui leur permet de gérer en ligne la commercialisation de leurs produits.
03:39 Donc, les stocks, les terres, l'eau, les alertes météorologiques,
03:46 l'accès au marché, l'accès au financement numérique également.
03:48 Donc, ce sont des progrès indispensables et très importants pour elles.
03:53 Ça leur permet de se développer.
03:54 Et on va beaucoup parler d'écologie dans ce débat.
03:58 Et on voit qu'en fait, l'entrepreneuriat des femmes,
04:02 la lutte contre la peau vêtrée et l'écologie sont intimement liées.
04:05 Pourquoi, Soazim ?
04:07 C'est une très bonne question.
04:10 Je pense que la question, pour moi, nous permet de laisser un dézoom
04:15 sur les problématiques d'égalité, mais aussi de durabilité climatique.
04:21 Et en effet, en fait, nous, notre conviction,
04:24 c'est que ce n'est pas juste une question de nombre de femmes dans l'économie
04:29 ou dans la politique ou dans certains secteurs,
04:31 mais c'est aussi une question de modèle.
04:33 Et notamment, nos modèles économiques sont fondés quand même
04:36 sur des rapports de domination qui restent assez forts.
04:40 On a une répartition sectorielle typiquement entre différents secteurs économiques
04:45 qui n'est pas juste un nombre de femmes ou d'hommes,
04:48 mais aussi des inégalités salariales,
04:50 des distributions de la richesse qui n'est pas la même.
04:53 Et le lien avec l'écologie, justement, c'est un modèle à faire évoluer ?
04:57 Bien sûr, bien sûr, parce qu'il y a un lien très fort entre la manière
04:59 dont les femmes restent d'une certaine manière exploitées dans l'économie
05:05 et la manière dont l'environnement est aussi exploité
05:07 à travers notre économie et notre modèle économique.
05:09 Donc, les deux sont à changer et il faut avoir une vision d'ensemble.
05:13 Avec ce chiffre, c'est ONU Femmes qui donne ce chiffre
05:17 sur le nombre de propriétaires fonciers.
05:19 Moins de 20% des propriétaires fonciers dans le monde sont des femmes.
05:24 Évidemment, ça cache beaucoup de disparités.
05:25 C'est une moyenne, donc ça veut dire qu'il y a beaucoup de pays
05:27 où on est bien en dessous même des 5%.
05:32 J'imagine, comment vous accompagnez des femmes agricultrices ?
05:37 D'abord pour peut-être faire augmenter cette moyenne
05:41 et puis aussi, justement, vers une agriculture plus raisonnée
05:45 avec peut-être moins d'intros, moins de produits chimiques.
05:48 Alors, en fait, il y a plusieurs méthodes.
05:50 Mais en effet, on aide ces femmes agricultrices à lever les obstacles
05:53 qu'elles ont quotidiennement à cause des préjugés
05:56 et de la différence éternelle entre le traitement des hommes
05:59 et le traitement des femmes.
06:01 On les aide à accéder, comme vous le disiez, aux terres.
06:03 Parce que, comme vous mentionnez ce chiffre,
06:05 14% seulement de femmes sur la terre
06:10 possèdent des titres de propriétaires aériennes.
06:12 Nous, on avait moins de 20%.
06:16 Oui, j'ai 14% d'une étude de loi.
06:18 Pourtant, c'est une source de l'UFAM, mais bon, ce n'est pas grave.
06:20 Ça a dû évoluer.
06:21 Ça a évolué au cours des années.
06:22 Oui, mais ça n'évolue pas forcément dans le bon sens.
06:24 En tout cas, c'est important de leur donner déjà accès.
06:26 On leur donne accès aux terres.
06:27 C'est la première chose.
06:28 On leur donne accès à l'eau, évidemment,
06:31 puisque ce sont des pays très arides
06:32 où l'eau est une denrée essentielle pour leur...
06:35 Et le lien avec la transition écologique ?
06:38 Alors, on leur apprend.
06:39 Elles souffrent énormément, bien entendu, des dérèglements climatiques.
06:43 La plateforme qu'on leur propose les aide à gérer, justement,
06:46 les alertes météorologiques pour pouvoir pallier ce dérèglement
06:50 qui impacte, évidemment, qui a un gros impact sur leur culture.
06:54 Et on leur apprend également à limiter l'impact de leur production
06:57 sur l'environnement.
06:58 Donc, c'est un double gain.
06:59 Vous aidez une femme, vous aidez sa communauté,
07:01 vous aidez également à protéger l'environnement.
07:04 Je vous pose cette question parce que quand on est dans un contexte,
07:09 dans une configuration qui est plus une configuration de sécheresse ou de famine,
07:12 est-ce que c'est facile de faire passer, justement,
07:15 l'argument de "agriculture raisonnée, moins de produits chimiques, moins d'intrants" ?
07:19 Vous voyez ce que je veux dire ?
07:21 C'est justement un point très important.
07:23 Il y a une formation que l'on propose à ces femmes
07:25 pour leur faire comprendre, leur faire utiliser de la meilleure façon
07:29 les intrants, justement, biologiques.
07:31 Donc, leur faire utiliser des engrais qui ne sont pas des engrais artificiels
07:34 et qui ne vont pas démolir les sols, mais qui vont, au contraire, respecter la nature.
07:37 C'est vraiment un point important des projets,
07:39 c'est d'éduquer ces femmes à respecter l'environnement.
07:42 Ce qu'elles font avec beaucoup de joie quand elles ont compris l'impact.
07:45 - Soazic Barthélémy, il y a un programme que vous proposez avec Empower
07:49 qui s'appelle "Women Grow".
07:50 Alors, on est en plein dans cette problématique.
07:53 - Oui, absolument.
07:55 C'est un programme qu'on déploie en Afrique de l'Ouest,
07:57 notamment sur la région du Sahel.
08:00 Et si je peux me permettre, sur les statistiques qui ont été évoquées,
08:04 la statistique est donc très faible par rapport à la propriété foncière pour les femmes,
08:08 mais elle est encore plus faible, en fait,
08:10 la part de femmes qui détiennent de la terre qui est irriguée est encore plus faible.
08:15 Donc, ça veut dire que non seulement elles ont moins de terre,
08:17 mais elles ont les moins bonnes terres.
08:19 Et c'est évidemment une problématique parce que ce qu'elles produisent
08:24 et leur travail, en fait, c'est du travail quasiment gratuit sur les terres.
08:28 Et elles ne sont pas propriétaires, en fait, des ressources qui sont produites
08:31 et qu'elles peuvent utiliser après pour, soit leur consommation,
08:34 soit pour aussi de la commercialisation et avoir du financement.
08:37 - Et donc, "Women Grow"?
08:38 - Exactement. Nous, on les accompagne dans l'accès, du coup, à des terres qui sont...
08:43 Et du coup, l'accès à l'eau, exactement comme ce qui a été évoqué.
08:46 Et on les accompagne ensuite sur la formalisation ou, en tout cas,
08:51 l'apprentissage de pratiques agricoles qui sont durables.
08:53 Et souvent, les femmes sont détentrices déjà, en fait, de ces pratiques.
08:57 Elles ont grandi, on leur a déjà enseigné, de génération en génération,
09:01 des pratiques qui sont généralement respectueuses de l'environnement.
09:04 Donc, l'idée pour elles, c'est aussi de les valoriser,
09:06 de se rendre compte qu'elles ont des savoirs qui sont extrêmement utiles
09:09 dans ce cadre-là. Et ensuite, nous, on les accompagne sur un troisième volet,
09:12 qui est la commercialisation, pour les aider vraiment aussi
09:14 à transformer leur travail en indépendance financière.
09:18 - Je voudrais qu'il nous reste deux minutes, qu'on parle de deux événements.
09:24 Il y a d'abord cette campagne, Charlotte Saint-Aurément,
09:26 que vous lancez à l'occasion des Jeux de Paris sur le sport féminin.
09:30 Dites-nous de quoi il s'agit.
09:32 - Oui, c'est vrai qu'on a toutes les vertus d'une femme entrepreneur,
09:35 qui peut se travailler par le sport. Et donc, nous lançons, en effet,
09:39 ONU Femmes France, du coup, le relais d'ONU Femmes sur le territoire français,
09:42 lance une grande campagne à l'occasion des Jeux olympiques
09:44 autour du sport féminin. Et l'idée, c'est de mettre à l'honneur
09:47 les femmes athlètes, qu'on voit beaucoup moins dans la presse,
09:51 aux yeux du grand public, que les hommes.
09:52 Donc, leur donner une visibilité, leur redonner l'honneur.
09:56 Et par ailleurs, on va vraiment promouvoir le sport
09:59 comme un outil essentiel d'émancipation, de développement
10:02 et de reconstruction post-violence pour des femmes.
10:05 Toutes ces valeurs dont ont besoin une femme, le leadership,
10:08 le jeu en équipe, la confiance en soi, bien entendu.
10:12 Toutes ces valeurs qu'on peut atteindre par le sport.
10:16 Donc, cette campagne va s'appeler "Étincelle" avec un hashtag #SheSparks.
10:20 Et on serait vraiment ravis que tout le monde puisse la relayer.
10:23 Et puis, il y a donc ce festival "Agir pour un monde féministe"
10:27 du 19 au 21 avril. Que pourra-t-on y voir, y entendre ?
10:32 Qu'est-ce qui va se passer ?
10:33 Alors, c'est un événement qui dure trois jours
10:36 et qui se déroule au 104 à Paris.
10:39 C'est notre cinquième édition, notre quatrième édition, pardon, en cinq ans.
10:43 Et c'est un événement, moi j'aime bien le qualifier comme un millefeuille.
10:46 Parce qu'il y a beaucoup d'activités.
10:49 Il y a une vingtaine de conférences sur des thématiques super variées.
10:53 Mpower, c'est une organisation qui s'engage sur le terrain auprès des femmes
10:57 mais qui a aussi un mandat de sensibilisation.
10:59 Et donc là, c'est vraiment une mobilisation.
11:01 C'est ouvert au grand public.
11:03 On attend un peu plus de 5000 personnes sur ces trois jours
11:07 pour s'emparer de thématiques typiquement sur le fléau des violences dans le sport,
11:11 sur les femmes artistes, sur les nouveaux modèles de parentalité
11:16 ou encore sur la situation en Afghanistan et en Iran.
11:19 Parce que ce sont les thématiques qui structurent notre société.
11:21 Et c'est ultra important de pouvoir écouter.
11:24 On va accueillir 150 intervenantes et intervenants, experts de ces sujets,
11:28 journalistes, entrepreneurs, artistes, etc.
11:32 qui vont pouvoir débattre de ces thématiques et faire avancer le sujet.
11:35 Et puis, il y a plein d'autres formats, des concerts, du divertissement, des ateliers.
11:40 Donc, il y en a un petit peu pour tous les goûts.
11:42 C'est du 19 au 21 avril.
11:43 Merci beaucoup.
11:44 Merci à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart.
11:47 C'est l'heure de notre rubrique Start-up.
11:49 Ça tombe bien, c'est une femme entrepreneur.

Recommandations