Présidente du réseau Femmes chefs d'entreprises mondiales (FCEM), Marie-Christine Oghly revient sur la place des femmes dans le monde économique : celle qu’elles prennent aujourd’hui, et celle qu’il leur reste encore à prendre. L’occasion d’évoquer les femmes du réseau et les secteurs représentés selon les pays, de l’industrie aux services en passant par la tech, du continent asiatique au continent africain.
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00:04 Bonjour Marie-Christine Augli.
00:06 Bonjour Marie-Claire.
00:07 Merci d'avoir accepté mon invitation pour être le grand témoin du jour dans Smart Women.
00:12 Alors Marie-Christine, je le disais en introduction, vous avez eu et vous avez toujours plusieurs vies,
00:18 puisque vous avez une expérience très très riche, à la fois à titre professionnel,
00:23 vous avez créé, dirigé plusieurs structures dans la tech notamment.
00:29 D'ailleurs votre dernière création remonte maintenant une dizaine d'années.
00:32 C'était MCO Soft et Consulting qui travaillent dans tout ce qui est simulation numérique de la mécanique des fluides.
00:39 Donc on voit que vous êtes dans des sujets très très techno.
00:43 Vous avez également un engagement de longue date dans un monde qui est à la fois associatif,
00:48 administratrice avec le MEDEF, les chambres de commerce, l'APAV, enfin différentes fonctions.
00:54 Et puis vous êtes également très impliquée dans un réseau qui est l'association Femmes Chefs d'Entreprise.
01:01 Et vous êtes présidente de la section Monde, donc globalement, depuis maintenant, également depuis 2017 si je ne me trompe pas.
01:11 Donc, forte de toutes ces expériences, que pouvez-vous nous dire sur finalement la comparaison
01:16 de la place des femmes dans le monde de l'économie dans les différentes grandes zones du monde ?
01:21 Alors, on retrouve beaucoup de points communs, mais on retrouve également de grandes disparités.
01:26 Certains pays sont très étonnants. Par exemple, l'Allemagne a été longtemps en retard au niveau de l'implication des femmes dans le monde du travail
01:34 et surtout au niveau du monde économique. Les Américaines, depuis très longtemps, ont des quotas.
01:40 C'est d'ailleurs l'association américaine qui fait partie de notre réseau qui a été à l'origine de ces quotas.
01:48 Et puis, on a des pays africains ou des pays du Moyen-Orient où les femmes sont à 50/50 avec les hommes dans le monde économique.
01:57 C'est très surprenant. Vous avez raison parce que ce n'est pas l'idée qu'on se fait a priori de ce que pourrait être la répartition
02:04 justement du rôle des femmes et des hommes selon les pays que vous avez cités.
02:07 Alors, c'est vrai qu'il y a des conditions matérielles qui sont souvent à la base de ces sujets-là.
02:11 On sait qu'en Allemagne, les conditions commencent à évoluer pour les femmes, mais qu'elles ne l'étaient pas.
02:16 Il y a un manque assez patent de crèches et d'autres organisations.
02:20 Si on arrive maintenant sur la partie plus française, justement, finalement, compte tenu de tout ce que vous avez fait, de tout ce que vous avez vu,
02:29 comment vous jugez l'évolution des femmes dans le monde économique et puis après plus précisément dans le monde de la tech ?
02:35 On évolue encore trop lentement. L'association des femmes chefs d'entreprise existe depuis 1945.
02:42 On a toujours eu le même objectif qui était le "women empowerment".
02:47 Aujourd'hui, on voit qu'on a plus de femmes, bien sûr, dans les conseils d'administration puisqu'il y a une loi.
02:53 Dans le monde économique, ça bouge. Au niveau du Medef, par exemple, on voit qu'il y a beaucoup plus de femmes maintenant au conseil exécutif.
03:04 Il y a beaucoup plus de femmes qui sont présidentes de territoires. Les fédérations, ça bouge beaucoup moins vite.
03:11 Les chambres de commerce, nous avons également des quotas parce que sinon ça ne bougeait pas.
03:16 Mais il y a encore un décalage entre les membres élus, effectivement il y a 40% de femmes, et les femmes présidentes de chambres de commerce où là on est à 10-12%.
03:28 Oui, alors j'avais reçu d'ailleurs ici, j'avais reçu à la fois Léa Lassara et puis Soumya Malinbom qui avaient donc parlé de leur rôle en tant que présidente de chambre de commerce
03:38 et où vous en avez souligné ces écarts qui existaient encore, effectivement.
03:42 Femme chef d'entreprise, l'action, elle est sur l'ensemble du monde, donc tous les univers sont représentés quasiment ?
03:50 Alors on a vraiment de tout et contrairement à ce qu'on peut imaginer, les femmes dans les services, les femmes coachs, etc.
03:56 On a beaucoup de femmes industrielles, notamment en Afrique de nouveau, dans le bâtiment, dans les pays asiatiques également.
04:02 Donc tous les domaines sont vraiment représentés et là aussi on a certaines surprises, par exemple au Maroc, on a beaucoup de femmes ingénieurs et beaucoup de femmes dans la tech.
04:12 Alors qu'en France...
04:13 Pourquoi ? Pourquoi et comment surtout ? Puisque le sujet c'est comment on fait pour y arriver à l'égal de ce qu'on peut voir.
04:19 Alors je pense qu'elles ont envie de s'investir dans un domaine qui est relativement récent, même si ça existait déjà depuis, moi ça fait 30 ans que je suis dans cet environnement.
04:29 Mais elles ont envie aussi de pouvoir influencer, on a mentionné tout à l'heure, vous avez mentionné l'IA, si on n'est pas partie prenante, ça sera biaisé.
04:39 Donc il y a cette volonté d'y aller, puis c'est une opportunité aussi pour les femmes de sortir de leur domaine peut-être aussi de confort.
04:49 Alors ça voudrait dire, si on pousse ce que vous êtes en train d'expliquer, ça voudrait dire que finalement en France, puisqu'on compare avec la France,
04:57 la situation des femmes est plus, et je fais très attention aux mots que j'emploie, mais est plus confortable entre guillemets,
05:05 que donc elles ont moins besoin de se mettre dans des positions où elles puissent, dans des situations où le patriarcat est très fort,
05:14 où elles puissent reprendre la main davantage, vous parlez du Maroc, on connaît, les lois sont quand même pas les mêmes que nous sur un plan transmission, etc.
05:23 Donc est-ce que c'est ça qui fait la différence ? Est-ce que c'est l'école ?
05:26 Alors c'est beaucoup l'école et la famille, parce qu'il faut aussi convaincre de faire des carrières scientifiques,
05:32 parce qu'on ne naît pas anti-science quand on est une femme, mais l'environnement fait qu'on a tendance à pousser les petites filles
05:41 à aller plutôt vers des carrières des sciences douces ou des sciences molles, comment on peut dire, et donc c'est ce qui va faire la différence.
05:50 Il y a une étude qui a été faite, ils ont suivi pendant quelque temps des hommes qui accompagnaient leurs enfants, garçons et filles, dans des musées.
05:59 Et en fait, ils se sont aperçus que les papas, lorsqu'ils s'adressaient aux petits garçons, expliquaient, analysaient et à la fille, simplement décrivaient.
06:11 Donc c'est juste quelque chose d'inconscient, mais c'est une réalité.
06:16 Oui, c'est terrible. Bon, en deux mots, quel conseil vous donnez justement aux jeunes filles pour qu'elles aillent vers des filières plus scientifiques ?
06:24 Que si elles ont envie de s'investir, de faire une carrière, c'est la voie qu'elles doivent choisir.
06:30 Et il y a maintenant de plus en plus de rôles modèles dans ces domaines et il faut leur donner envie.
06:36 Donc il faut que nous aussi, on transmette, qu'on aille dans les écoles, qu'on leur parle et qu'on leur dise c'est possible.
06:43 Et non, n'ayez pas peur, il n'y aura pas ce challenge avec les hommes, mais au contraire, vous êtes meilleure, donc allez-y, foncez.
06:50 Bon, le terme de meilleure suffit à conclure notre échange.
06:55 Et je vais justement recevoir là, tout à l'heure, une rôle modèle, puisqu'une patronne d'entreprise, Fusale, par l'occurrence.
07:03 Donc on va voir à quel point elle réussit dans son métier.
07:07 Bon, très bien. Merci beaucoup Marie-Christine et donc à une prochaine fois sur le plateau. Merci.
07:12 Merci beaucoup. Merci Marie-Claire.