• il y a 8 mois
Olivier Bonnot est pédopsychiatre à l’hôpital Barthélemy Durand dans l’Essonne mais également professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris-Saclay. Spécialiste des troubles neurodéveloppementaux, il nous présente aujourd’hui son dernier livre  Et si c’était un TDAH ? dans lequel il explique son fonctionnement, son diagnostic, son origine et donne des outils aux parents pour mieux appréhender le quotidien. Un recueil d’informations qui peut aussi servir aux professionnels de santé et aux enseignants, à l’heure où les troubles du neurodéveloppement sont de mieux en mieux diagnostiqués.

La psychiatrie, c’est une spécialité qui l’anime mais, il le reconnait, qui n’attire plus autant qu’avant. Pour preuve, jusqu’à 17 % des postes proposés aux étudiants ne sont pas pourvus. Pour rallumer la flamme chez les plus jeunes, Olivier Bonnot a lancé avec Le Collège nationale des universitaires de psychiatrie (Cnup) dont il est le président, une campagne nommée #ChoisirPsychiatrie. À travers divers témoignages de professionnels, il entend bien redorer le blason de la psychiatrie.

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Transcription
00:00 La psychiatrie, l'essayer, c'est l'adopter.
00:02 Allez voir ce qu'on fait et vous verrez que c'est formidable.
00:05 Mon livre parle du trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.
00:17 Un trouble qui existe probablement depuis la naissance,
00:19 mais qui va apparaître progressivement avec le temps
00:22 et qui est marqué en gros par trois signes principaux.
00:25 Un déficit d'attention, une impulsivité et une distractibilité.
00:30 Et parfois il est associé, c'est pour ça qu'on dit avec ou sans,
00:33 à une hyperactivité, une hyperactivité essentiellement motrice,
00:36 c'est-à-dire bouger un peu comme ça tout le temps,
00:38 ne pas arriver à rester calme sur sa chaise.
00:40 On y retrouve des explications, comprendre d'où ça vient,
00:46 quel est le concept, qu'est-ce que c'est que ce trouble,
00:48 comment ça se diagnostique et puis au fond à quoi c'est dû.
00:51 Et puis ensuite on va y retrouver, là pour le coup,
00:54 toutes sortes de conseils, des conseils extrêmement pratiques
00:56 que tout le monde peut utiliser.
00:58 D'abord et avant tout pour les parents qui se posent exactement cette question,
01:04 et si c'était un TDAH.
01:06 Mais c'est également pour les professionnels,
01:08 des collègues qui ne connaissent pas très bien le trouble,
01:11 mais également des professionnels de l'enfance
01:13 qui seraient confrontés à ces enfants
01:15 dont on rappelle qu'ils sont 5% de la population générale.
01:18 Mais ça peut être également pour les parents eux-mêmes
01:20 qui se posent des questions par rapport à eux en se disant
01:22 "Tiens, mais finalement je retrouve un certain nombre de choses chez mon enfant,
01:25 ça ressemble un peu à ce que j'étais quand j'étais petit,
01:27 et si moi aussi j'avais un TDAH ?"
01:29 Moi je fais de la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent pour aider les gens.
01:35 C'est souvent avec un gros retentissement dans le fonctionnement familial
01:39 et en fait on peut pas mal améliorer les choses,
01:42 voire même énormément,
01:43 et donc ça permet d'aider et je me suis dit que c'était un bon sujet pour commencer.
01:50 Malheureusement c'est effectivement peu ou en tout cas sous-diagnostiqué,
01:54 probablement parce que c'est encore méconnu,
01:56 même si on en parle de plus en plus.
01:58 Ça fait partie des troubles du neurodéveloppement,
02:00 cette nouvelle catégorie, enfin nouvelle depuis 2013.
02:03 Aujourd'hui on est aussi aidé par le fait qu'un certain nombre de gens eux-mêmes
02:07 pensent avoir un TDAH,
02:09 se posent la question et viennent interroger les médecins
02:12 qui du coup vont s'y mettre et trouveront peut-être dans ce livre
02:14 un certain nombre de réponses aux questions qu'ils se posent.
02:18 Les troubles du neurodéveloppement en général,
02:20 et donc le TDAH en particulier,
02:22 n'étaient que très peu enseignés en deuxième cycle.
02:25 Depuis la réforme de la R2C, du deuxième cycle,
02:29 on a introduit plus dix thèmes
02:31 concernant les troubles du neurodéveloppement et le TDAH.
02:33 Donc logiquement la nouvelle génération de médecins devrait être mieux formée.
02:38 Par ailleurs, avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche
02:42 et la délégation interministérielle à l'OTIG,
02:45 et la délégation interministérielle à l'autisme et aux troubles du neurodéveloppement,
02:49 on a mis en place une formation, qu'on appelle formation transversale,
02:53 ouverte à tous les internes de psychiatrie,
02:55 mais aussi les internes de médecine générale,
02:56 mais aussi d'autres spécialités,
02:58 de façon à pouvoir être plus spécifiquement formés
03:01 sur les troubles du neurodéveloppement.
03:03 La Haute Autorité de Santé a décidé de mettre en place un groupe de travail
03:10 pour faire des recommandations,
03:11 des recommandations nationales sur la prise en charge du TDAH.
03:15 Ces recommandations sont en cours,
03:16 j'ai l'honneur de présider le groupe de travail.
03:19 L'idée est vraiment de pouvoir apporter aux collègues médecins
03:22 les clés pour pouvoir prendre en charge convenablement,
03:25 et elles devraient normalement pouvoir sortir
03:28 et être délivrées au grand public au mois de juin ou au mois de septembre, ou plus tard.
03:32 On a longtemps pensé qu'on avait pratiquement trois garçons pour une fille.
03:39 En réalité, ça vient probablement du fait
03:41 que c'était beaucoup d'hommes qui s'intéressaient à ce sujet-là.
03:44 On a eu une sorte d'homme-centré manière de faire les diagnostics,
03:48 et donc on a des formes de la femme ou de la petite fille
03:51 qui ont été sous-diagnostiquées,
03:53 simplement parce qu'elles se présentent souvent d'une manière un peu moins hyperactive,
03:57 donc un peu moins mobile,
03:58 et un peu plus trouble de l'attention,
04:00 c'est-à-dire déficit attentionnel,
04:02 le côté un peu tête en l'air et cervelet,
04:05 qui a longtemps été considéré comme
04:06 « Tiens, au fond, c'est une jeune fille, un petit peu esservelée, un peu tête en l'air,
04:11 ce n'est pas très grave, ça doit faire partie de son tempérament. »
04:13 J'aime énormément comprendre comment les gens pensent.
04:18 Et puis, en plus, pour la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent,
04:21 ce qui est intéressant, c'est qu'au fond, on apprend à essayer de comprendre
04:25 comment les gens se mettent à penser.
04:26 De tout petit bébé qui n'a évidemment pas de pensée complètement propre,
04:30 pas de perception de lui-même,
04:31 à être capable de répondre à des questions
04:34 et de s'adapter à la réponse de son interlocuteur.
04:37 Depuis une dizaine d'années, on a effectivement moins d'étudiants
04:40 qui se tournent vers la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent
04:42 et la psychiatrie adulte.
04:43 Et on a entre 3 et 17 % des postes qui ne sont pas pris.
04:48 Quand on interroge les psychiatres,
04:49 90 % d'entre eux trouvent qu'ils font un métier formidable.
04:52 On a une recherche qui est ultra dynamique,
04:54 on a un métier qui est dans l'interaction avec plein d'autres disciplines.
04:57 On travaille dans des domaines extrêmement variés
04:59 qui vont des sciences sociales à l'intelligence artificielle.
05:01 On s'est lancé avec le Collège national de la psychiatrie
05:04 et l'association des internes de psychiatrie avec l'ANEMF
05:07 dans l'idée de dire "montrons ce que c'est que la psychiatrie"
05:10 et dans une campagne qu'on a appelée "Choisir psychiatrie"
05:12 qui est un site www.choisir-psychiatrie.fr
05:16 sur lequel vous pourrez retrouver tout un tas d'informations
05:18 sur comment devient un psychiatre,
05:20 qu'est-ce que c'est que la psychiatrie
05:22 et surtout plein de petits témoignages.
05:23 Mon cri de guerre, c'est tout simple,
05:28 en ce moment, en pleine campagne,
05:30 c'est de faire des recherches sur le sujet.
05:31 Mon cri de guerre, c'est tout simple,
05:33 en ce moment et en pleine campagne "Choisir psychiatrie",
05:35 c'est la psychiatrie, l'essayer, c'est l'adopter.
05:37 Allez voir ce qu'on fait et vous verrez que c'est formidable
05:40 et vous viendrez à nous.
05:41 [Musique]

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