Interdiction d'une conférence de la droite nationaliste à Bruxelles: "Le combat politique se mène sur le terrain (...) mais pas par la censure" selon Matthieu Croissandeau
Les autorités bruxelloises ont interdit mardi une réunion de représentants de la droite nationaliste, dont le Français Éric Zemmour et le Britannique Nigel Farage. Cette conférence était organisée à quelques semaines des élections européennes.
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00:00 Vous revenez ce matin, Mathieu, sur l'interdiction, hier à Bruxelles, d'une réunion de représentants européens de la droite nationaliste.
00:08 Oui, parce que c'est une décision qui est, pour le moins, surprenante et choquante, prise par le bourgmestre de la commune bruxelloise de Saint-Jos,
00:16 qui a donc décidé d'annuler l'événement. L'événement en question, c'était la National Conservatism Conference, la Natcon, pour les intimes.
00:23 Ça devait durer deux jours et ça devait rassembler la fine fleur nationaliste, conservatrice, eurosceptique, populiste de l'ultra-droite européenne.
00:32 Là, on voit sur les images, Eric Zemmour tente d'entrer.
00:35 La police l'empêche. Pour vous donner une idée, il y avait Eric Zemmour qui devait intervenir hier après-midi.
00:42 Hier matin, c'était Nigel Farage, le brexiteur anglais qui s'était rendu célèbre au moment du Brexit.
00:47 Aujourd'hui devait intervenir le premier ministre hongrois, Viktor Orban.
00:53 Pour être clair, elle a été interdite, cette réunion. Pourquoi ?
00:56 Alors, c'est une décision prise pour garantir la sécurité publique, a expliqué le bourgmestre.
01:01 Il devait y avoir une manifestation hier d'Antifa pour protester contre la tenue de cet événement.
01:06 Mais le bourgmestre, dans un post Facebook, a ajouté autre chose.
01:09 L'extrême droite n'est pas la bienvenue, a-t-il précisé.
01:12 C'est un argument qui a fait bondir le premier ministre belge, qui a expliqué qu'il y a une autonomie des communes
01:17 et que c'est la pierre angulaire de la démocratie belge, mais que ça ne peut jamais l'emporter sur la constitution,
01:21 qui garantit la liberté d'expression et des réunions pacifiques, a insisté le chef du gouvernement.
01:27 Et il a raison. Alors, disons-le tout de suite, histoire de mettre tout le monde à l'aise,
01:30 on peut être en profond désaccord avec les valeurs, les idées, les discours des uns ou des autres,
01:35 mais ça ne justifie en rien qu'on leur interdise de se réunir ni de parler.
01:38 Mais c'est une tendance à laquelle la France n'échappe pas.
01:41 Tenez, demain doit se tenir une conférence de la France insoumise à l'université de Lille,
01:46 une conférence sur la Palestine, et LR, l'ERN et Renaissance en réclament l'annulation.
01:52 Alors là encore, on peut dénoncer les positions, les ambiguïtés, les dangers du discours,
01:56 parfois des insoumis sur la question israélo-palestinienne.
01:59 S'il y a des propos qui tombent sous le coup de la loi, ils doivent être punis, ils doivent être condamnés,
02:03 mais a posteriori, pas à l'avance.
02:06 Mais vous y êtes en substance, que là, c'est aussi une atteinte à la liberté d'expression ?
02:10 Oui, c'est une très mauvaise décision. D'abord, au nom des principes et donc de la liberté d'expression,
02:14 vous venez de le dire Christophe, on a tous à l'esprit cette situation abusivement attribuée à Voltaire,
02:19 mais qui est célèbre, je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites,
02:21 mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.
02:24 Ensuite, parce qu'au-delà des principes, même d'un point de vue politique, c'est stupide et contre-productif.
02:29 Ça revient en gros à victimiser et à servir la soupe aux gens qu'on souhaite interdire.
02:34 Ils n'ont d'ailleurs pas manqué de réagir hier.
02:36 Éric Zemmour, il voit la preuve que la Belgique vit entre le califat et la dictature,
02:40 tandis que Viktor Orban, lui, a dénoncé à ses yeux quelque chose qui lui faisait penser à l'époque soviétique.
02:45 La dernière fois qu'on a voulu me faire taire en envoyant police, c'était en 1988 avec les communistes, a-t-il dit.
02:50 On rappelle à tous que le combat politique se mène sur le terrain, dans la rue, dans les manifestations, par des tracts.
02:56 Il se mène dans les médias, il se mène au Parlement, dans les collectivités locales, il se mène dans les urnes,
03:00 mais pas par la censure, ni par des oucazes dans notre temps.