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Dans cet épisode de La vraie vie de, StreetPress suit le graffeur Ades dans les sous-sols de Paris. Il nous raconte son rapport à l'illégalité et sa vie dans un squat proche de la capitale.

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Transcription
00:00 Nous on n'a pas forcément le droit d'être là et pourtant on est rentré.
00:05 Du coup, qu'on parle ça du vandalisme, le Graff pour moi c'est la liberté.
00:12 Le Graffitis c'est comme une maladie, une maladie qui nous ronge.
00:18 Salut, je m'appelle Hades, je suis un artiste ici du milieu du graffiti et là on est dans
00:35 mon squat.
00:36 On va aller préparer mon matériel pour la sortie de ce soir.
00:39 Moi en général je graffe avec des sprays de peinture que soit j'achète, soit j'essaye
00:46 aussi le maximum de les récupérer dans les bennes de grands magasins.
00:52 Le plus important aussi ça va être d'avoir des bonnes lampes frontales, histoire d'y
00:59 voir clair quand on est dans les souterrains.
01:01 Il faut prendre de l'eau, histoire de ne pas mourir déshydraté.
01:05 Un marqueur, toujours.
01:06 Il y a des moments où on ne va pas sortir une spray, faire du bruit, c'est direct pour
01:13 marquer notre place de tagger partout.
01:15 Un trousseau de clés adapté à la sortie de ce soir.
01:21 Là je me recopie une clé pour ce soir.
01:25 C'est juste que par rapport au prix du serrurier c'est plus rentable de le faire soi-même.
01:30 Je ne te donnerai pas la localisation du lieu.
01:37 Ce que je peux te dire c'est qu'on est dans des galeries techniques, qu'on est potentiellement
01:41 sous Paris.
01:42 On n'a pas forcément le droit d'être là, comme tu as pu le voir, c'est pas ouvert
01:45 au public.
01:46 Et pourtant on est rentré, on a pu trouver ici un espace de paix et de liberté.
01:52 Moi je le vois comme ça.
01:53 Moi à la base je viens forcément du graffiti.
02:02 Je n'ai pas commencé à peindre dans la rue, j'ai commencé à peindre chez moi à 7 ans.
02:05 Et puis de fil en aiguille, de la petite ceinture, ça commence à descendre dans les catacombes.
02:12 Au final on commence à traîner sur les toits et puis on commence à développer des compétences
02:17 pour s'introduire dans des lieux.
02:19 Le personnage que j'ai développé, qui a inspiré des Sylvains dans Miyazaki ou des
02:25 personnages dans Numéro 9, certains les appellent les fantômes, moi je préfère appeler ça
02:28 des âmes.
02:29 Ça parle des morts, ça parle aussi des vivants.
02:31 Là en l'occurrence, c'est un peu un autoportrait.
02:36 Le Graff pour moi, c'est la liberté, c'est une manière de reprendre possession de l'espace
02:51 qui nous entoure.
02:52 C'est une manière fantastique de créer.
02:54 Après c'est sûr que c'est une pratique qui a un pied dans l'illégalité.
02:59 Pour moi ce rapport à l'illégalité il est particulier dans le sens où quand je dors
03:04 au squat c'est illégal, quand je me lave c'est illégal, quand je mange ça l'est aussi.
03:11 On vit ici, on est presque une trentaine et on a trouvé les locaux vides et on s'est
03:20 installés depuis maintenant deux ans et demi.
03:22 On essaye de faire vivre les lieux, organiser des événements, des expositions, des soirées.
03:29 Là on est dans l'atelier de peinture du squat, c'est ici que mes colloques et moi
03:40 ont créé.
03:41 Ça nous permet d'avoir du matériel, de mettre de la peinture sur le sol, de détruire
03:45 un appartement dans lequel on sera en location.
03:47 Là c'est un ami qui s'est monté une cabane, il y a vécu pendant six mois.
03:52 C'était un endroit hors du temps dans lequel on a aimé se retrouver.
03:57 Les différents espaces se sont dispatchés, on a chacun nos espaces et ici c'est chez
04:02 moi.
04:03 Moi la première fois que j'ai voulu m'installer en squat c'était surtout par nécessité,
04:07 je travaillais mais j'avais aucun moyen de me loger à part des listes d'attente dans
04:12 des foyers de jeunes travailleurs.
04:13 Mes parents étaient en procédure de divorce, c'était un peu compliqué entre les deux,
04:18 à la maison il y avait pas mal de violence, ce n'était pas un environnement dans lequel
04:24 je pouvais m'épanouir.
04:25 Donc voilà, avec des amis avec qui on était aussi en précarité, on a trouvé des bâtiments,
04:33 on a commencé à essayer de rentrer dedans.
04:34 Au début ça s'est pas très bien passé mais on a continué.
04:36 Là par exemple il y a la chambre atelier de mon super colloque Pierre.
04:41 Ça va Pierre, comment tu vas ? Bonjour, je suis Pierre.
04:48 Alors l'ambiance quand nous sommes dans des squats, c'est comme une ambiance dans
04:52 une maison où du coup juste il y a 30 personnes.
04:55 Ce qui est encore mieux c'est quand c'est tes copains, nous on a de la chance, on est
04:58 entre nous.
04:59 Et après il y a toujours des petits problèmes parce qu'on vit à beaucoup, c'est tout simplement
05:04 l'ambiance de vivre à beaucoup au même endroit.
05:06 Tu vois par exemple ça peut faire partie de nombreux papiers qu'on reçoit, voilà
05:11 un commandement de quitter les lieux.
05:13 On devait partir le 11 novembre 2023.
05:17 La fin de la trêve hivernale c'est dans trois jours, je pense qu'il y a moyen que quand
05:21 vous regardez ce reportage on ne soit plus là.
05:23 Quand on a repéré ce bâtiment, il était abandonné depuis 2012.
05:28 Donc ça veut dire que ça fait maintenant plus de 10 ans qu'ils n'en font rien et quand
05:34 on voit le prix du logement à Paris et qu'on n'est pas d'accord avec ça, c'est une forme
05:38 de contestation de s'octroyer un logement.
05:43 On n'est pas forcément des méchants, des bandits qui s'attaquent à la maison d'un
05:50 particulier, on s'attaque aussi à une société.
05:54 Moi je n'ai pas forcément trouvé la place qui me convenait dans une société qui me
06:00 convenait.
06:01 Sans le graffiti, je ne sais pas ce que je ferais, peut-être du sport.
06:03 En tout cas, j'ai trouvé le graffiti, c'est comme une maladie, une maladie qui nous ronge
06:08 et qui fait qu'on ne pense qu'à ça tous les jours.
06:11 Et que même quand on ne peint pas, on est dans le graffiti dans notre tête.
06:16 Le graffiti, c'est un sentiment de désespoir.
06:17 C'est une espèce de désespoir qui nous fait penser à la vie.
06:18 C'est une espèce de désespoir qui nous fait penser à la vie.
06:19 C'est une espèce de désespoir qui nous fait penser à la vie.
06:19 C'est une espèce de désespoir qui nous fait penser à la vie.

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