• il y a 3 semaines
Depuis deux ans, l’extrême droite mène une véritable bataille en Bretagne. Menaces de morts, agressions ou manifestations : on vous emmène sur le terrain dans cette deuxième vidéo consacrée à notre cartographie de l'extrême droite radicale.

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Transcription
00:00L'extrême-droite est en train de mener une véritable bataille en Bretagne.
00:12Menaces de mort contre des élus ou des journalistes.
00:15On va te crever pourriture.
00:16Attaques de festivals ou de lieux alternatifs.
00:19Manifestations contre des étrangers ou agressions de personnes LGBT.
00:23Depuis deux ans, la Bretagne est gangrénée par des actions menées par l'extrême-droite.
00:27Des groupes violents, parfois accompagnés de hooligans,
00:30se sont montés dans des villes marquées à gauche comme reines.
00:33Le tout alors que la région est historiquement peu favorable
00:36au rassemblement national dans les urnes.
00:38À Streetpress, on a répartorié tous ces mouvements et leurs actions
00:41dans une grande cartographie de l'extrême-droite radicale.
00:43Dans cette vidéo, je vais vous emmener sur le terrain en Bretagne
00:46pour comprendre cette vague de violence politique.
00:49C'est la deuxième vidéo d'une série de quatre qu'on consacre à notre cartographie.
00:53Alors n'oubliez pas de vous abonner.
00:58Avant de continuer cette vidéo, il faut que je vous rappelle
01:01que Streetpress est un média indépendant.
01:03Tous nos articles et nos vidéos sont financés par nos lecteurs.
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01:10Je reviens à la Bretagne et aux violences de l'extrême-droite.
01:13Pour comprendre ce qui se passe là-bas, je me suis rendu à Saint-Brieuc, dans les Côtes d'Armand.
01:17Le 1er juillet 2023, le collectif de vigilance antifasciste de la ville, le CVA,
01:22organise un festival en hommage à Clément Méric.
01:26C'est un militant antifasciste de 18 ans qui a été tué en plein Paris par des skinheads dix ans plus tôt.
01:31Du coup, la scène, elle était juste à cet endroit-là, devant l'amphithéâtre.
01:36Et à peu près à cet endroit, on avait la régisson.
01:39Lui, c'est Sacha, un militant antifa de Saint-Brieuc, qui fait partie de l'organisation de l'événement.
01:45Ici, on est vraiment dans le parc en plein centre-ville de Saint-Brieuc.
01:49C'est un lieu de promenade sur les week-ends, les vacances,
01:52et dès qu'il fait beau pour les familles.
01:54Il y a des aires de jeu, il y a le skatepark qui est juste à côté.
01:56Et le jour du festival, sur ce site-là, il y avait bien évidemment des gens qui venaient pour l'événement,
02:02mais il y avait des personnes qui étaient là juste pour profiter du parc,
02:06qui n'avaient même pas connaissance qu'il y avait notre événement d'organisé.
02:10Dès le matin du 1er juillet, le ton est donné.
02:13Mathias, un des organisateurs avec qui j'ai parlé, découvre des tags sur le lieu du festival.
02:17Dès le matin, c'était un petit peu tendu.
02:20On est arrivés sur les différents blocs qui sont un petit peu partout.
02:23Il y avait des trois celtiques, il y avait des négros dehors.
02:29Et il faut savoir qu'un mois avant, des stands du village LGBT pour la Marche des Fiertés
02:33avaient été saccagés durant la nuit.
02:35Des tags transphobes et homophobes avaient déjà été inscrits sur les murs.
02:38Le jour du festival, c'est en début de soirée, avant le concert du dernier groupe de musique,
02:43que l'ambiance change radicalement.
02:50Sur cette vidéo de revendication postée sur Telegram par les agresseurs,
02:54on voit des hommes, quasiment tous masqués, débarquer sur le festival pour en découdre.
03:00Mathias, qu'on voit ici au centre de l'image, a assisté à toute la scène.
03:04Ils sont arrivés, ils ont essayé de nous taper dessus, de nous chercher.
03:10Eux, ils ont avancé, ils sont rentrés dans le parc des promenades.
03:14Il y a une masse de gens qui sont arrivés, qui les ont repoussés.
03:17Sacha, qu'on aperçoit de dos, ici, avec ses bretelles rouges, s'est aussi retrouvé dans la mêlée.
03:22Ils sont directs allés au contact.
03:24Il y a une personne, dans la première minute de leur attaque,
03:28qui s'est pris une chaise et qui est tombée raide KO.
03:32Donc les gens se sont défendus avec ce qu'ils avaient, comme ils pouvaient.
03:37Sur cette vidéo, on distingue nettement un des agresseurs d'extrême droite
03:40lancer une chaise sur un homme qui termine au sol.
03:44Ils ne sont pas venus là pour sucer des glaçons.
03:46Quand on se pointe avec un poing américain, des télescos, et qu'on a un protège-chicot,
03:53je suis désolé. Ils ne sont pas venus là pour coudre.
03:57Ils sont directement pris aux personnes.
04:00Donc, de là, il y a le réflexe aussi de se protéger.
04:04Les festivaliers finissent par repousser les militants d'extrême droite dans une rue adjacente.
04:10Sur les images, on les voit se défendre avec des chaises, des ceintures ou des battes de baseball.
04:16Les agresseurs finissent par s'enfuir, mains en l'air,
04:19quand la police intervient après plusieurs minutes d'altercation.
04:23Parmi les agresseurs, l'enquête judiciaire a permis d'identifier des ultras de clubs de football bretons,
04:28comme l'En avant Guingamp, et certains aussi du Stade Rennais.
04:34Le leader de l'attaque, c'est lui, un des seuls à visage découvert.
04:38Il est membre des Roison 1901, un groupe de hooligans d'extrême droite.
04:42Il est bien connu des antifascistes, qui le surnomment Blanche-Neige.
04:45Et il était même présent lors d'une manifestation contre un centre d'accueil des réfugiés à Saint-Brévin-les-Pins.
04:50C'était quelques mois avant l'attaque du festival. On le voit ici, en tête du cortège.
04:55L'attaque qu'il a menée contre le festival à Saint-Brieuc a quand même laissé des traces.
04:59Même si les militants d'extrême droite ont été repoussés, il y a eu de nombreux blessés parmi les festivaliers.
05:05J'ai soigné, juste après l'attaque, à peu près 9 personnes.
05:10Principalement avec des commotions au niveau des membres supérieurs.
05:15Il y a une personne qui est partie avec les pompiers, avec le nez cassé.
05:19Personnellement, depuis que je milite syndicalement, j'ai jamais vu ça.
05:25Et de toute façon, avant l'événement, on ne s'attendait pas à quelque chose de cette ampleur.
05:31Parmi les 17 militants d'extrême droite, 6 ont été arrêtés et sont passés devant la justice
05:36lors d'un procès le 25 septembre dernier. On connaîtra les peines le 4 décembre prochain.
05:40D'après Mathias et Sacha, un des déclencheurs de ces violences, c'est ce qui s'est passé à Calac en 2022.
05:46Je vous propose un petit retour en arrière.
05:48Qu'est-ce qui se passe à Calac et pourquoi il y aura une manifestation dans deux jours le 17 septembre à Calac ?
05:55Pourquoi ? Parce qu'avec l'aval du maire, Calac a été choisi par une famille fortunée pour y installer des immigrés.
06:02Et depuis des mois, il y a des tensions, des manifestations.
06:05Et les habitants de cette commune paisible de 2200 habitants sont là de cette situation.
06:11En septembre et novembre 2022, deux manifestations sont organisées par des militants d'extrême droite
06:16dans cette petite ville des Côtes d'Arnan.
06:18Des affrontements ont lieu avec la police et des contre-manifestants favorables au projet.
06:22À la manœuvre derrière ces manifs, on retrouve le parti reconquête d'Éric Zemmour, mais aussi deux sites,
06:28Riposte Laïque et Résistance Républicaine.
06:31C'est animé par deux islamophobes, Pierre Cassin et Christine Tazin.
06:35À l'époque, le journal local Le Poer couvre la contestation.
06:39Voilà, on a un hebdomadaire qui a été créé en 1996.
06:42Notre petite particularité, c'était d'être sur les trois départements, Morbihan, Finistère et Côtes d'Arman.
06:47Calac, c'est à 20 kilomètres à peine de leur rédaction.
06:50Erwann Chartier a donc été aux deux manifestations pour en parler dans son journal.
06:54Il a donné la parole aux différents acteurs, et ça, ça a suffi pour déplaire à l'extrême droite.
06:59En novembre, on reçoit la rédac de manière anonyme.
07:03On reçoit un courrier avec la copie d'un article de Résistance Républicaine,
07:09que je juge complètement diffamatoire et injurieux,
07:12notamment parce qu'il nous traite de misérables torchons gauchistes.
07:17Mais surtout, il nous traite de collabos.
07:19Pendant la guerre, on aurait collaboré avec l'ennemi,
07:21puisque là, on collabore avec l'occupant africain.
07:23Le journal contacte son avocat et entame des procédures judiciaires.
07:27Entre-temps, la contestation a raison du projet, et le maire de Calac abandonne l'idée.
07:32Mais quelques semaines plus tard, Erwann Chartier et Le Poer commencent à recevoir des tonnes d'injures.
07:36J'ai le dossier, là.
07:38« Va te faire niquer, tu vas crever.fr ».
07:40Erwann Chartier, on va te crever.
07:42Les bâtards comme toi, on leur fout un manche à baller dans le cul.
07:44On va te crever, pourriture, et te jeter dans la fosse avec tes négros que tu aimes tant.
07:49À très bientôt, salope.
07:51Il en prendra une, donc ça doit être moins.
07:53Mais son domicile sera brûlé.
07:55Chartier, pourriture, tu vas y passer.
07:57Aux enculés de gendarmes, une promesse, continuez à collaborer avec l'occupant africain,
07:59et on se chargera de vous avec quelques rafales,
08:01comme avec vos ancêtres collabos en 1944.
08:03Bande de pourritures.
08:05Je peux vous dire que le major, quand je lui ai amené le message, il a fait une drôle de tête.
08:11Pendant plusieurs jours, la rédaction du journal local continue de recevoir des menaces.
08:15Ça culmine même avec une alerte à la bombe, le 20 février 2023.
08:19Parce qu'à 9h du matin, quand la secrétaire de rédac est arrivée, c'était la première,
08:24donc elle a eu un coup de fil, « bande de pourritures, on a foutu une bombe, vous allez tous crever ».
08:29Donc elle me téléphone immédiatement, je lui dis « bah tu sors ».
08:33Moi j'arrive, je check, il n'y avait pas de paquet autour du truc,
08:40mais bon, entre temps on avait prévenu la gendarmerie, ils arrivent aussi, ils regardent.
08:45Et après il faut attendre l'arrivée du chien des mineurs.
08:48Heureusement, aucun engin explosif n'est trouvé sur place.
08:51Et le Poer reçoit même une vague de soutiens locaux et médiatiques.
08:55Ils ont même organisé un rassemblement avec 500 personnes.
08:58Les menaces ont fini par diminuer, mais à ce jour, Erwan et le journal ont déposé 10 plaintes.
09:03Les menaces de l'extrême droite ont visé des journalistes, mais aussi des élus de la ville de Calac.
09:07La secrétaire de la mairie a fini en arrêt maladie à cause de tous les appels injurieux qu'elle recevait.
09:12Et l'élu communiste qui portait le projet a reçu des dizaines de courriers anonymes
09:16avec des menaces ou des insultes racistes, comme elle l'a raconté à Mediapart.
09:20Nous sommes victimes de menaces de mort, de viols collectifs,
09:25des incendies, aussi de poubelles auprès de nos maisons.
09:30Bref, au mois de janvier, le maire a jeté les ponts.
09:34C'est-à-dire que le maire a reculé face à ces pressions fascistes.
09:39Cette violence de l'extrême droite, elle se retrouve ailleurs en Bretagne.
09:42À Lorient, un syndicaliste a raconté au journal Libération
09:45comment il s'était fait agresser et braquer avec une arme.
09:48C'était par d'autres militants d'extrême droite,
09:50en marge d'une manifestation pour la réforme des retraites en 2023.
09:53Ces violences arrivent aussi dans des villes pourtant bien marquées à gauche, comme Rennes.
09:57En janvier et en novembre 2023,
09:59il y a eu des tags antisémites, racistes ou homophobes sur des campus de la ville.
10:03Il y avait des messages qui appelaient à l'extermination des personnes trans,
10:06des croix gammées ou un mort au juif d'un mètre de haut.
10:08Tout ça, c'est arrivé en même temps que la naissance
10:10d'un nouveau groupe néofasciste dans la ville, l'Horiflamme.
10:13Ils ont quitté une autre organisation d'extrême droite, l'Action française,
10:16pour monter leur propre bande.
10:18En mars 2023, il est autour de minuit.
10:20Trois étudiants décollent des affiches de l'Horiflamme
10:23sur le campus de Beaulieu, à Rennes.
10:25Ils sont attaqués par six militants violents.
10:27L'un d'eux est roué de cou.
10:28Il a un bras cassé, un os de la jambe fracturé
10:31et son orbite a aussi été fracturée sous l'œil.
10:33En tout, il a eu 45 jours d'incapacité totale de travail.
10:37Cette violence se concentre aussi beaucoup sur les personnes LGBT+,
10:40et notamment les artistes drag.
10:42Le 13 mai 2023, l'Horiflamme fait une action à Saint-Senou,
10:45à 30 kilomètres de Rennes.
10:47Avec une quinzaine de militants,
10:49ils protestent contre un atelier de lecture aux enfants par des drag queens.
10:52Sur cette vidéo, on les entend crier le slogan LGBT dégénéré.
10:56Un mois plus tard, juste avant la marche des Fiertés,
10:59une banderole Fuck LGBT, assortie d'une croix celtique,
11:02est affichée sur une grue à Rennes.
11:04Et cette fois, l'action est revendiquée par le Corrigan Squad.
11:07C'est le groupe qui a attaqué le festival à Saint-Brieuc.
11:09Tout ça, ça provoque des tensions dans la ville
11:11pour les artistes drag ou les LGBT+.
11:14Plusieurs d'entre eux, comme Violetta, ont même été victimes d'agressions.
11:17Ça, on vous le racontait dans un article paru sur Streetpress en octobre dernier.
11:21J'ai vu trois jeunes en bas de l'église à côté de ma porte.
11:24Ils parlaient du nouveau front populaire de manière assez virulente.
11:27J'arrivais même pas à savoir s'ils étaient majeurs.
11:29Quand ils m'ont vu, ils m'ont traité de pédé, puis de gauchiasse.
11:32Ils m'ont mis une claque pour me faire taire.
11:34Cette poussée de l'extrême droite dans les rues bretonnes,
11:36elle ne s'est pas répercutée dans les urnes.
11:38Aux dernières élections législatives de 2024,
11:41aucun candidat RN n'a été élu sur les 27 circonscriptions que compte la région.
11:45Mais le parti a quand même doublé son score par rapport aux élections d'il y a deux ans.
11:48C'est la fin de cette vidéo, merci à vous de l'avoir regardée.
11:51Tous ces groupes, les infos et les sources,
11:53vous pouvez les retrouver sur notre site et la cartographie en accès libre sur streetpress.com.
11:57Moi, je vous retrouve dans deux semaines pour une nouvelle vidéo
11:59où je vais vous raconter ce que c'est que les Active Club.
12:01Alors n'oubliez pas de vous abonner et d'activer la cloche.
12:04Et moi, je vous dis à très bientôt sur Streetpress.

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