• il y a 7 mois
De nombreux athlètes vivent selon la devise « no pain, no gain », autrement dit « sans douleur, pas d’amélioration ». Celle-ci sous-entend qu’il convient de se surpasser coûte que coûte, quitte à croire que la douleur est un bon indicateur pour mesurer l’efficacité de son entraînement. Mais cette expression est-elle utilisée à bon escient ? Kevin Mayer, Arnaud Assoumani, Ariane Brodier et Marine Leleu nous donnent leur avis à ce sujet.

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Sport
Transcription
00:00 [Musique]
00:04 Je pense qu'il faut apprendre à le doser, je pense que c'est quelque chose...
00:07 Oui c'est une phrase un peu bateau, mais souvent c'est des phrases bateau qui font réagir etc.
00:11 Moi je suis pas d'accord avec ça parce que je suis la première à dire comme je disais tout à l'heure de...
00:15 "Bah quand ça va pas je vais pas m'entraîner, je m'écoute beaucoup."
00:18 Je pense que l'écoute de son corps et l'écoute de soi est primordiale.
00:21 Et bien sûr pour bien s'écouter il faut bien se sentir dans son corps.
00:23 Mais je dirais aussi qu'on peut s'écouter en disant "Ok, aujourd'hui je suis en forme,
00:27 aujourd'hui j'ai envie d'aller au-delà de ce que je suis capable de faire, je l'avais pas prévu,
00:31 mais je vais le faire." Comme "Ok, aujourd'hui j'avais prévu de me dépasser,
00:34 je suis pas en forme, du coup je vais plus se récupérer."
00:37 En fait c'est vraiment le côté challenge qu'il faut plus mettre en avant que douleur.
00:40 Effectivement, dans n'importe quelle préparation physique, il faut pas aller à la douleur.
00:45 Il faut aller à la contraction, il faut aller vraiment au maximum,
00:49 mais il faut pas que ça fasse mal. Il faut juste sentir les choses.
00:54 Donc effectivement, il y a un côté un petit peu obsolète de dire qu'il faut se faire mal,
01:00 mais évidemment qu'il faut se challenger.
01:02 Si on veut obtenir des résultats, il faut sortir de sa zone de confort.
01:06 "No pain, no gain" ça fait bourru, ça fait le mec qui va au bout de lui-même,
01:12 sans trop réfléchir, non mais au contraire.
01:14 C'est une vraie philosophie de vie d'aller au bout de soi-même,
01:17 et c'est quelque chose qui fait se rendre compte de plein de choses,
01:20 prendre beaucoup de recul sur soi-même, se connaître mieux,
01:23 et du coup évoluer, je pense.
01:24 Et je pense qu'on en a vraiment besoin de ce recul et de ce bien-être dans la société.
01:28 L'expression "no pain, no gain" pour moi, déjà à l'époque où elle était utilisée,
01:33 n'avait pas vraiment de sens.
01:35 C'est un argument presque marketing et de communication.
01:38 Faire du sport, ou après même faire du sport à haut niveau,
01:40 le but c'est pas forcément de souffrir.
01:42 Je pense que ce qui est important surtout, c'est réellement d'être orienté sur du qualitatif,
01:49 sur la gestion aussi de la douleur et la compréhension de pourquoi j'ai mal.
01:53 Est-ce que justement c'est parce qu'il y a peut-être un mauvais placement technique
01:58 et on fait mal le mouvement et donc on va créer des compensations,
02:03 ou des zones qui vont être irritées ou qui vont s'inflammer.
02:07 Est-ce que c'est quelque chose qui est traumatique et donc,
02:10 c'est par exemple on s'est fait mal, on s'est blessé,
02:13 et donc on va avoir une douleur induite parce qu'on s'est fait mal.
02:17 C'est important de comprendre les informations que notre corps nous envoie.
02:22 Je dirais d'y aller progressivement, étape par étape.
02:30 On n'est pas toutes égales, on n'est pas toutes pareilles.
02:31 On est tous différents et heureusement, sinon ce serait trop nul si on était toutes pareilles.
02:35 Donc il ne faut pas calquer ce qu'on voit ou se référer à ce qu'on voit
02:40 à une époque où les réseaux sociaux sont beaucoup mis en avant et où on partage beaucoup de choses.
02:44 Chacun son rythme, chacun sa façon de faire, chacun son corps, chacun sa vie aussi.
02:50 On n'a pas tous les mêmes billes, on n'a pas tous les mêmes emplois du temps.
02:52 Donc je dirais peut-être du coup bien sûr s'écouter.
02:56 Si elles peuvent prendre un coach ou non, aller avec des copains, des copines,
03:00 partager, se documenter, y aller progressivement.
03:02 Je pense que la régularité fait qu'on travaille bien.
03:07 On le sait tous, mieux vaut mieux avoir 3-4 entraînements par semaine qu'un seul et se faire mal.
03:12 Mais oui, moi je pense qu'au niveau des sensations,
03:15 c'est important d'avoir des séances où on a des courbatures, où on est dans le dur, on se fait mal,
03:20 et des moments où on remercie son corps, où on est plus sur du foncier.
03:25 C'est un équilibre.
03:26 Le sport, bien-être, il faut aller au bout de soi-même.
03:29 Mais il y a la douleur qu'on ressent quand on fait un 10-borne
03:34 et qu'on en bave vraiment à partir du 5-borne, etc.
03:37 Et puis il y a la douleur articulaire, il y a la douleur musculaire,
03:40 il y a les douleurs tendineuses, etc.
03:42 Il faut faire un trait entre les deux.
03:44 Se rentrer dedans et avoir mal parce qu'on se rentre dedans,
03:46 c'est pas pareil que de ne plus pouvoir marcher le lendemain
03:50 parce qu'on a des douleurs tendineuses au genou, par exemple.
03:52 Donc non, il faut trouver un juste milieu.
03:54 Mais sachez une chose, c'est qu'avant d'aller vraiment au bout de soi-même dans le sport,
03:59 il faut avoir un beau rythme de vie, il faut se coucher tôt, il faut se réveiller tôt,
04:02 il faut bien manger et par la suite, faire du sport sera bon pour la santé.
04:07 C'est surtout réellement d'essayer de comprendre.
04:10 La performance, elle vient pas d'un seul coup en un claquement de doigt
04:13 et en suivant un programme d'un entraîneur spécifique ou même un programme en ligne.
04:19 Il faut comprendre aussi qu'est-ce qu'on fait et pourquoi ça a des bienfaits.
04:24 Alors je sais que quand on est amateur, on n'a pas forcément le temps à consacrer là-dessus,
04:29 mais il y a quand même beaucoup de pédagogie aujourd'hui,
04:30 il y a beaucoup de comptes comme Marine Leleux, par exemple,
04:35 qui aussi expliquent les entraînements et qui font de la pédagogie pour la préparation.
04:41 Les courbatures, c'est entre guillemets synonyme qu'on a travaillé, bien ou pas.
04:50 Des fois, on peut avoir mal travaillé et avoir des courbatures.
04:52 Des fois, on peut avoir très bien travaillé et ne pas avoir de courbature.
04:54 Il ne faut pas non plus se dire que courbature égale bon travail
04:57 parce que des fois, quand on n'a pas de courbature, on ne va pas se dire qu'on a mal travaillé.
05:00 Je pense que c'est quelque chose aussi qui permet forcément...
05:02 La courbature, c'est le muscle, c'est des fibres qui sont cassées, qui vont se reconstruire après.
05:06 Je pense que c'est quelque chose qui fait avancer, qui fait progresser.
05:09 Et le fait de sentir son corps, moi, je dis toujours, c'est "Ah, je sens que mon corps est vivant".
05:14 Je me sens en vie, je me sens...
05:15 Ouais, c'est... Ok, je suis là et c'est satisfaisant à un certain degré
05:20 parce que des grosses courbatures, ce n'est pas très agréable,
05:22 mais c'est satisfaisant à un certain degré.
05:24 Je pense qu'il faut aussi apprendre à les appréhender, apprendre à vivre avec,
05:27 apprendre à faire du sport avec et apprendre à évoluer aussi avec
05:30 parce que quand on fait tout le temps la même chose, on va moins avoir de courbature.
05:32 Au fur et à mesure, il faut toujours changer un peu ses entraînements,
05:35 changer sa façon de faire, etc.
05:36 Mais on peut très bien faire du sport sans jamais avoir de courbature.
05:39 C'est très bien aussi.
05:40 En fait, il ne faut pas tout le temps être dans le progrès, dans le...
05:43 Enfin, c'est encore une fois, qu'est-ce qu'on a envie de faire pour soi-même ?
05:45 Mais lorsque vous travaillez un groupe musculaire tous les jours de la même manière, etc.,
05:50 logiquement, vous n'avez plus de courbature.
05:51 Donc, c'est bien aussi de ne pas en avoir.
05:53 Justement, en avoir tout le temps, c'est qu'il y a un problème.
05:57 Normalement, effectivement, c'est sur les nouveaux exercices
05:59 ou plus poussé, plus forcé, etc., qu'on doit avoir des courbatures.
06:03 Les courbatures, déjà, si on s'entraîne régulièrement, on n'en a plus.
06:07 C'est toujours un nouveau...
06:08 Quand on fait quelque chose de nouveau, qu'on a des courbatures,
06:12 les courbatures, en général, ça reste trois jours.
06:14 Et si on répète le mouvement assez souvent, c'est-à-dire minimum deux fois par semaine,
06:18 normalement, si c'est le même geste, ils ne reviennent plus
06:20 parce que, clairement, le corps s'adapte et comprend qu'il va travailler dans ce sens-là
06:24 et qu'il a pu envoyer cette information sans arrêt.
06:27 On a déchiré des petites particules de muscles pour en recréer des meilleures.
06:30 Donc, moi, le conseil que j'ai à donner sur les courbatures,
06:33 réellement, c'est de rentrer dedans.
06:35 C'est de ne pas faire attention.
06:36 Ça passe avec l'échauffement et au bout de trois jours, ce ne sera plus là.
06:40 Et si vous continuez de manière régulière à faire le même geste,
06:43 elles apparaîtront plus jamais.
06:45 Je n'ai jamais de courbature.
06:46 Donc, le fait de se dire "il faut que j'ai des courbatures demain".
06:49 Alors, les courbatures, d'ailleurs, c'est 48 heures
06:52 et le pic, c'est même 72 heures après l'effort.
06:55 Ce n'est pas forcément un bon message.
06:58 Le but, c'est plutôt d'avoir des courbatures assez modérées, assez faibles
07:03 parce que si on n'est plus en capacité de marcher
07:05 et on n'est plus en capacité de s'entraîner,
07:08 ça devient problématique.
07:09 La règle de base, la plus simple, c'est s'entraîner régulièrement.
07:13 Mais quel que soit notre niveau,
07:15 donc ça peut être deux fois, trois fois par semaine, quatre fois par semaine,
07:18 le corps progresse par rapport à la contrainte qu'on lui donne.
07:21 [Musique]
07:25 Dans un premier temps, je me dis toujours que la douleur, c'est une information.
07:31 C'est un peu souvent ce qu'on dit.
07:32 Et j'essaie de faire un petit peu un état des lieux sur moi en disant
07:34 "OK, je cours, je suis essoufflée, j'ai mal au cœur.
07:36 C'est normal, je suis en train de courir.
07:38 J'ai mal aux jambes, c'est normal, je cours vite pour moi.
07:41 J'ai mal au dos, redresse-toi."
07:43 Donc, j'essaie un petit peu de faire un état des lieux du tout et de positiver.
07:47 Pour moi, il y a deux formes de douleur,
07:48 celles qu'on contrôle et celles qu'on ne contrôle pas.
07:50 Dans le décathlon, il y a dix épreuves.
07:52 Il y en a une de résistance et il y en a neuf d'explosivité.
07:55 Et quand on travaille l'explosivité, on perd en résistance.
07:58 Donc, pendant neuf épreuves, j'ai des douleurs.
08:00 Je fais mon sport à travers des douleurs que je contrôle et j'adore ça.
08:04 Dans la dernière épreuve qui est le 1500 mètres,
08:05 qui est l'épreuve de résistance que je travaille beaucoup moins,
08:08 c'est une douleur que je ne contrôle pas
08:11 parce que je ne la travaille pas assez, on va dire.
08:12 Parce que je fais un peu l'impasse là-dessus
08:14 pour être le meilleur possible au décathlon.
08:16 Et là, c'est beaucoup moins agréable.
08:18 La douleur fait partie de la préparation et elle n'est pas nécessairement mauvaise.
08:23 C'est déjà de voir jusqu'où, à quel niveau va cette douleur
08:26 et encore une fois, quelle information nous donne cette douleur.
08:29 C'est vraiment l'essentiel.
08:31 Pendant la période de compétition,
08:34 on peut avoir des douleurs parfois sur des,
08:38 par exemple, des tendinopathies d'Achille dans le sprint ou le songer.
08:42 C'est très courant.
08:43 Et encore une fois, c'est comment on arrive à gérer ces douleurs.
08:46 Parce qu'on a un protocole qu'on met en place avec les kinésithérapeutes
08:49 et qu'on peut faire au quotidien.
08:52 Et ça nous permet quand même de nous entraîner d'être à 100%.
08:56 Mais généralement, au moment des compétitions,
08:59 c'est un moment où on n'a pas trop de douleurs.
09:01 Tout le travail a été fait en amont.
09:03 Et donc, on évite d'avoir ce genre de douleurs en compétition pour pouvoir s'exprimer.
09:08 [Musique]

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