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00:14 Le candidat de Ousmane Sonko à la tête du Sénégal, ce pays retient aujourd'hui l'attention de plusieurs observateurs pour un certain nombre de raisons.
00:23 Et d'abord, je vais faire le point de l'actualité. Le président a été élu, c'était le 24 mars, il a nommé Ousmane Sonko, le leader du PASTEF, comme premier ministre.
00:32 Ce dernier a formé un gouvernement de 25 membres, 5 femmes, avec l'entrée de 2 militaires, 2 généraux dans le gouvernement, un grand premier au Sénégal,
00:41 avec aussi l'entrée de 13 personnalités issues du PASTEF. Et à ce stade-là, la question fondamentale que je pose c'est
00:49 est-ce que ce parti révolutionnaire, ce parti panaclutané, ce parti anti-système va pouvoir appliquer exactement son programme, va pouvoir reprendre nos attentes au Sénégal ?
01:01 Le premier ministre a fait la passation de services lundi et donc en principe cette semaine, je crois, les membres du gouvernement le feront passer peut-être à la fin du ramadan.
01:10 Bref, d'ici la semaine prochaine, le gouvernement sera effectivement au boulot, à la tâche, ils vont éplucher les dossiers qui sont à prendre pour naissance et puis essayer,
01:20 peut-être, probablement, de faire des réformes. C'est à ce niveau-là qu'il faut découvrir quelques difficultés et pas de moindres difficultés,
01:28 parce que les modifications et les projets, tout doit passer par l'Assemblée nationale et justement le PASTEF n'est pas le parti majoritaire à l'Assemblée nationale,
01:36 ni lui-même, parce qu'il n'a que 20 députés sur les 165 contre l'Assemblée nationale du Sénégal. La coalition qui est accompagnée par le PASTEF,
01:46 ça fait 39 députés, c'est encore minoritaire. PASTEF peut compter sur les députés du PD du parti de Karim Ouad, ce n'est pas encore donné,
01:55 mais tout calcul fait que la majorité de l'Assemblée nationale est aujourd'hui détenue par ce qu'on peut considérer comme l'opposition,
02:03 c'est-à-dire les anciens détenteurs du pouvoir qui sont automatiquement aussi partis de l'opposition. Qu'est-ce qui va se passer ?
02:11 Est-ce que certains députés, vu le départ de Matissale, vont décrocher et rejoindre une coalition un peu plus grande que le PASTEF,
02:20 qui est en même parti que Joudissou au Sénégal, vont tenter de mettre en place ? Ou est-ce qu'ils regarderont leur obédience et chercheront à s'opposer
02:29 à un certain nombre de décisions qu'ils ne considéreront peut-être pas comme dans l'intérêt de l'État ?
02:35 Ça, il faudrait attendre le début mai, le mois de mai pour le savoir. En état actuel, ce qu'on peut déduire, c'est que le PASTEF,
02:43 ceux qui sont au pouvoir, sont dans une position à l'Assemblée nationale, ils n'ont quasiment aucune solution pour faire passer une loi,
02:50 et surtout s'il y a un loi bouleversé, beaucoup de choses. Le président a quand même une carte en poste, c'est-à-dire dissous de l'Assemblée nationale,
02:57 sauf qu'au Sénégal, la loi dit que l'Assemblée nationale peut être dissoute avant deux ans de mandature, et ce sera en septembre prochain.
03:08 Donc avant septembre, le pouvoir est obligé de composer avec ce qui va arriver à l'Assemblée nationale. A partir de septembre,
03:16 il y aura la possibilité de dissous de l'Assemblée nationale pour dire "on va reprendre les élections, nous irons vers le Sénégal,
03:21 et on leur dit "si vous nous avez donné le pouvoir exécutif, donnez-nous le pouvoir législatif, sinon on ne pourra pas faire aucune réforme".
03:28 Ce message-là peut leur permettre de gagner, probablement, la majorité à l'Assemblée nationale, mais on ne peut pas le dire aussi avec certitude,
03:36 puisque les élections locales, tout ce qui est élections locales, c'est de ne pas avoir un choix opéré par l'électeur par rapport à l'électeur de PASTEF,
03:47 étant très jeune, n'a pas encore placé suffisamment de cadres sur l'ensemble du territoire sénégalais.
03:54 Le parti lui-même s'est battu pour le fauteuil présidentiel avec une flèche en avant son corps, tout le monde a bossé pour fendre son corps.
04:03 C'est seulement parce qu'au dernier moment, il a eu des difficultés avec la justice et qu'il a préféré laisser passer Basselouf Faye,
04:10 lequel Basselouf Faye a élu président au premier tour, donc un score vraiment extrêmement important, n'a pas pu se faire élire en 2021 dans son village.
04:19 Il a été candidat à la mairie de son village, il a été laminé.
04:23 C'est dire que ce parti-là n'a pas vraiment de cadres parce que tout le monde a travaillé pour son corps, tout le monde s'est sacrifié pour son corps,
04:31 et c'est seulement son corps qui a été mis en avant, son corps qui a été le premier de bien sûr.
04:36 Tout le monde travaillait pour, et ils ont oublié de se faire.
04:40 Donc de ce point de vue-là, lorsqu'on va lancer les législatives, ce n'est pas évident, très évident,
04:45 qu'il y ait des cadres suffisamment connus, des cadres suffisamment lourds pour gagner les législatives.
04:51 En tout cas, il faut vraiment suivre l'actualité de près au Sénégal pour voir dans un premier temps comment l'Assemblée nationale va se comporter.
04:58 Il n'est pas une catégorie de députés rejoignant la nouvelle coalition au pouvoir.
05:02 Il n'est pas exclu que les députés puissent garder leur obédience, même si c'était une réforme,
05:07 privilégier peut-être l'intérêt national en votant pour.
05:11 Il n'est pas exclu que le président dissoute l'Assemblée nationale en septembre prochain dans l'optique de gagner la majorité,
05:17 même si ce n'est pas donné d'avance.
05:19 Les jours suivants, les mois suivants, l'actualité sénégalaise va quand même mobiliser l'attention d'un certain nombre d'observateurs
05:27 parce que, de là même des Sénégalais, les Sénégalais, ceux qui ont massivement voté Sonko,
05:32 qui attendent, mais vraiment avec une civilité incroyable, un certain nombre de réformes.
05:37 La plupart de ceux qui faisaient le combat Sonko se reclament du pan-africainisme, sont anti-Séfa,
05:45 veulent une distribution plus rapide des richesses du Sénégal.
05:49 Dans leur esprit, vraiment, il y a une caisse au Sénégal, il suffit seulement qu'on ne soit pas méchant comme Makissa,
05:55 et puis tout le monde a du boulot, tout le monde a de l'argent.
05:58 Naturellement, ces idées-là qui ont été entretenues lors de la campagne ne passent pas, c'est clair,
06:03 mais il n'empêche qu'il y a beaucoup de personnes qui veulent une réforme du Sénégal,
06:07 il y a beaucoup de personnes qui veulent revoir les accords avec le Métis national,
06:12 il y a beaucoup de personnes aussi qui pensent que le Sénégal doit sortir du Sénégal.
06:16 Pour toutes ces idées qui ne sont pas réellement des idées de personnes au pouvoir,
06:21 il faut savoir exactement, maintenant qu'ils sont au pouvoir,
06:27 bon, ils ont suffisamment rendu le jeu, est-ce qu'on peut entrer de façon radicale,
06:33 chirurgicale, entreprendre un certain nombre de réformes ?
06:37 Est-ce que les militants qui attendent une sortie du CFA, une rupture avec tel ou tel pays,
06:43 une rediscussion des contrats pétroliers, est-ce que ces militants-là comprendront
06:49 ce qu'ils peuvent faire dans la réalité, la gestion du pouvoir, c'est autre chose que la foudre ?
06:53 Voilà pourquoi le Sénégal sera très intéressant à suivre de près.
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