Ces couples MONSTRUEUX

  • il y a 5 mois
Ce document revient sur deux couples unis par la perversion sexuelle et par le crime : Monique Olivier et Michel Fourniret, et Marc Fasquel et Jocelyne Bourdin. Monique Olivier «offrait» de jeunes filles à son époux, obsédé par la virginité, tandis que Jocelyne Bourdin participait aux
viols commis par son mari. L'expert psychologue Alain Penin et le docteur Daniel Zagury évoquent le fonctionnement de ces couples meurtriers, dont les membres ne seraient probablement pas passés à l'acte l'un sans l'autre.
Transcript
00:00 Si je vous dis que tous les deux sont des malades mentaux, ce sera une erreur.
00:06 Ni Monique Olivier, ni Michel Fourniret ne sont des psychotiques délirants.
00:12 Maintenant, si je vous dis également que ce sont des individus parfaitement normaux, équilibrés,
00:19 qui mènent une existence tout à fait satisfaisante, vous me regarderez comme un psychiatre fou.
00:25 Donc on est évidemment dans cette vaste zone qui se situe entre les deux.
00:30 Monique Olivier a effectivement un certain nombre de troubles de la personnalité,
00:38 on va dire ça comme ça, et Michel Fourniret est passé à deux doigts de la maladie mentale,
00:46 tout en y allant pas.
00:52 Ils ont enlevé, séquestré, violé ou tué pour de l'argent.
00:57 Ils l'ont fait en couple.
00:59 Monique Olivier et Michel Fourniret, Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel,
01:03 Dominique Louis et Jean-Claude Vase, comme des milliers d'autres,
01:07 ils se sont unis pour le meilleur et pour le pire, sauf qu'ils ont choisi le pire.
01:19 Réponse avec les experts qui ont pénétré dans la tête de ces couples pervers.
01:25 Alain Penin, vous avez rencontré Jocelyne Bourdin en prison,
01:32 cette femme qui, avec son époux, a terrorisé la France à l'hiver 85.
01:37 Quelle impression elle vous fait ?
01:39 Lorsque je l'examine en détention, elle me fait l'impression d'une femme tout à fait normale,
01:44 qui parle des événements, qui le fait calmement, avec distance,
01:49 en évoquant les regrets, en évoquant aussi sa position par rapport à ses actes.
01:52 Elle s'exprime facilement ? Elle est à l'aise ?
01:54 Elle s'exprime très facilement.
01:56 Elle dispose d'un vocabulaire étendu, d'une langue française parfaitement maîtrisée.
02:01 Elle est calme dans son expression, distanciée, peu impliquée au plan affectif.
02:05 Elle est tout à fait à l'aise dans cet entretien.
02:08 Qu'est-ce qu'elle vous dit d'emblée ?
02:10 D'emblée, elle va se positionner sur le terrain du rôle très secondaire
02:15 qu'elle a pu jouer dans cette équipée.
02:17 Et d'emblée, elle va se présenter quasi comme une victime de son mari
02:23 et comme l'exécutrice finalement de ses basses œuvres.
02:26 Hiver 85. Pendant un mois et demi, Jocelyne Bourdin et son mari Marc Fasquel
02:34 ont parcouru les routes dans leur Renault 25.
02:39 Un tour de France du viol qui débute le 27 décembre en Charente, à Barbesieux.
02:45 L'idée des Bourdin-Fasquel est diabolique.
02:50 Ils épluchent les pages emploi du journal et tombent sur une petite annonce.
02:55 Martine ***, 25 ans, est à la recherche d'un poste d'ambulancière.
03:00 Sous un faux nom, Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel
03:04 se font passer pour de potentiels employeurs.
03:07 L'entretien d'embauche se termine au restaurant.
03:10 L'ambiance est à la confiance et Martine commence le soir même.
03:14 Le contrat stipule qu'elle sera nourrie et logée.
03:20 Direction le gîte rural que le couple loue dans la région.
03:25 Une fois arrivée au domicile, très rapidement, l'ambiance a changé de ton.
03:36 L'homme lui a braqué un pistolet et à partir de là a commencé
03:42 le long moment de calvaire de Martine ***.
03:47 Pendant des heures, Martine est livrée à ses tortionnaires,
03:54 attachée au lit, nue.
03:57 Elle est violée par l'homme, mais elle a cité son mari
04:05 à poursuivre ses violences sur Martine en lui disant
04:09 "Vas-y, ne prends aucun égard, tu vois bien que c'est une salope".
04:14 Au petit matin, le couple lui extorque son code de carte bleue.
04:21 Pendant que Jocelyne Bourdin va au distributeur retirer de l'argent,
04:26 son mari s'excuse auprès de sa victime.
04:32 Et au moment de libérer Martine, le couple lui offre une bière,
04:36 la raccompagne à la gare et lui paie même son billet de train.
04:41 Martine se rend aussitôt à la gendarmerie,
04:46 où elle dresse le portrait de ses agresseurs.
04:50 Marc Fasquel et Jocelyne Bourdin sont identifiés,
04:54 mais leur Renault 25 est déjà loin,
04:57 en quête d'une nouvelle proie.
05:01 À 350 km de là, Christine, 18 ans, est enlevée dix jours plus tard.
05:07 Elle aussi est séquestrée, violée et torturée dans un gîte rural,
05:12 louée sous une fausse identité.
05:15 Puis le 17 janvier, 400 km plus loin, à Pruniers, dans l'Indre,
05:21 troisième victime.
05:23 Elle s'appelle Bernadette, elle a 20 ans.
05:28 - Alain Penin, ses agressions ne sont pas banales.
05:32 - Non, il n'est jamais banal de torturer,
05:35 de raser le pubis d'une victime,
05:38 d'assister son mari pendant que celui-ci viole.
05:42 Il n'est pas non plus banal, évidemment, de tuer.
05:46 Donc c'est des actes hors normes.
05:48 - Le fait de repérer, de choisir leurs victimes
05:51 sur des petites annonces, qu'est-ce que ça dit de ce couple ?
05:54 - Ils sont dans des positions de prédateurs, justement,
05:57 avec des proies qui sont recrutées par tous les moyens,
06:02 y compris celui des petites annonces.
06:04 Donc ça montre leur détermination
06:06 et tous les moyens qu'ils se donnent pour parvenir à leur fin.
06:10 - Ils ont l'air soudés dans le crime, dans le viol,
06:13 et même dans la torture.
06:15 Comment est-ce qu'on peut expliquer ça ?
06:17 - On peut expliquer ça par une escalade progressive
06:20 de ces comportements absolument violents
06:23 qui paraissent totalement aberrants.
06:25 Ça commence par, effectivement, peut-être des attouchements,
06:29 peut-être des assistances de la part de Jocelyne Bourdin
06:33 à des premiers actes de viol.
06:35 Et puis, les choses devenant de plus en plus horribles,
06:39 curieusement, s'introduit une forme de banalisation
06:43 de ces comportements qui deviennent non pas quotidiens,
06:46 mais réguliers, si bien que leur aspect dramatique,
06:50 leur aspect épouvantable, passe totalement au second plan,
06:54 car ils sont quasi permanents, là.
06:58 - Les Fasquels sont à mi-chemin de leur parcours criminel
07:02 lorsqu'ils montent d'un cran dans l'horreur.
07:05 Le 4 février 1986, les gendarmes découvrent
07:08 sur le bas-côté d'une route de la Somme
07:10 le cadavre d'une femme nue.
07:13 Violée, torturée et exécutée de trois balles,
07:17 il s'agit de Geneviève, une veuve de 38 ans,
07:21 maman d'un ado de 15 ans.
07:23 Elle a été enlevée sur le parking d'un supermarché.
07:27 Gendarmes et policiers établissent le lien
07:29 avec le couple diabolique,
07:31 bien qu'ils échangent de mode opératoire.
07:34 Désormais, il ne s'encombre plus de petites annonces
07:37 et frappe à l'aveuglette.
07:39 - Geneviève Godard, c'est une torture,
07:41 un viol en enlèvement,
07:43 mais pour la première fois, c'est le meurtre.
07:46 On passe à une étape supérieure.
07:48 Et maintenant, il faut les arrêter, et les arrêter d'urgence.
07:51 - Mais Marc Fasquel et Jocelyne Bourdin
07:53 sont déjà à l'autre bout de la France.
07:56 Le Tarn-et-Garonne est leur prochain terrain de chasse.
08:00 - J'ai reçu un coup de fil de la gendarmerie d'Agenzac
08:05 qui me prévenait qu'ils venaient de trouver un corps,
08:07 le corps d'une jeune femme dénudée dans le fossé.
08:10 - Christine a été enlevée la veille
08:12 alors qu'elle se rendait à son cours de yoga.
08:15 Elle a été violée et étranglée.
08:19 Et quelques heures plus tard, ils récidivent,
08:21 en pleine journée, en Haute-Garonne.
08:24 Il est 13h, lorsque les Fasquel enlèvent Josette Founeau
08:29 devant son travail.
08:31 Tout l'après-midi, cette mère de famille de 40 ans
08:36 est violée dans un bois.
08:38 Les pires sévices lui sont infligés par Marc Fasquel
08:41 pendant que Jocelyne Bourdin fait le guet près de la voiture.
08:46 Mais cette fois-ci, le couple ne la tue pas.
08:50 - Sa profession d'infirmière a sans doute contribué
08:55 à faire poivre de psychologie à l'égard de ce bonhomme
08:59 qui était quelque part un petit peu perturbé,
09:03 qui était, semble-t-il, un petit peu impuissant.
09:07 Enfin, il y a une perversité chez ce bonhomme-là
09:10 qui fait que ce n'est pas un étalon.
09:16 - Tout cela n'a ni calme ni rassasié Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel.
09:21 En début de soirée, ils kidnappent Geneviève
09:24 alors qu'elle téléphone dans une cabine de Vic Ambigor.
09:28 - Je suis sortie de la cabine et quelqu'un m'a mis un pistolet sur la tempe.
09:34 J'ai hurlé, j'ai suivi cet homme qui m'a ordonné de le suivre
09:39 et je suis montée dans une voiture
09:41 où il y avait deux autres femmes dans la voiture.
09:45 J'étais complètement effrayée et ils me disent de la fermer, de me taire.
09:51 - Cette nouvelle victime plus jeune
09:58 présentait un attrait sans doute supplémentaire pour Fasquel.
10:02 Mme Fournon ne présentait plus qu'un intérêt secondaire sans doute
10:07 puisqu'il la lâche.
10:10 Geneviève se retrouve donc seule avec ses bourreaux
10:15 qui roulent vers les forêts landaises.
10:18 - Je vais être violée à l'arrière de la voiture.
10:23 Pendant le viol, il me menaçait de son arme
10:28 ce qui fait que j'étais obligée d'être soumise et de me laisser faire.
10:32 - Comme à chaque fois, Jocelyne regarde son marifère.
10:39 - C'était humiliant déjà de la voir à côté
10:43 et que c'était dégradant et je ne comprenais pas qu'elle assiste sans rien dire.
10:49 Elle aurait pu au moins une fois dire arrête, ça suffit.
10:54 Mais ce n'était pas le cas.
10:57 - Les viols continuent jusqu'en début d'après-midi.
11:02 Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel ont faim.
11:05 Alors ils vont au restaurant et emmènent Geneviève avec eux.
11:10 Assise entre les deux, elle est contrainte de manger son omelette en silence
11:15 car Fasquel, armée, lui a promis un carnage si elle bougeait une oreille.
11:21 Finalement, le couple la libère.
11:30 - Alain Penin, Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel sont passés à l'étape supérieure dans l'horreur.
11:36 Par deux fois, ils vont tuer leurs victimes.
11:39 A votre avis, pourquoi ils le font ? Par nécessité ou pour le plaisir ?
11:43 - Soit il y a un versant utilitaire, mais c'est peu probable
11:49 parce que ça aurait pu avoir lieu pour les autres actes.
11:52 Soit on va vers une augmentation de l'agressivité
11:56 liée à un scénario qui devient de plus en plus violent.
11:59 Jusqu'au meurtre, car c'est l'excitation ultime.
12:02 - Vous pensez que les viols ne leur suffisaient plus ?
12:05 À un moment donné, il fallait qu'ils aillent encore plus loin pour se satisfaire ?
12:08 - C'est une hypothèse que l'on peut raisonnablement envisager.
12:12 Les viols étant perprétrés avec violence,
12:16 l'excitation pour être maintenue devait, semble-t-il,
12:20 passer à une phase beaucoup plus importante
12:24 et à une phase d'un sadisme sexuel très violent.
12:27 - Leurs deux dernières victimes, ils vont les libérer
12:30 alors qu'ils ont tué les deux précédentes.
12:32 À votre avis, pourquoi ?
12:34 - Peut-être qu'à ce moment-là, c'était une autre phase de leur trajet
12:39 et de leur projet.
12:42 Peut-être aussi que la prise de conscience tardive,
12:45 des caractères définitifs et gravissimes de leurs agissements meurtriers,
12:50 les a inclinés à davantage de modération.
12:53 Mais tout simplement, c'est peut-être lié à des éléments conjoncturels,
12:57 liés à cette aventure ce jour-là.
12:59 - Aussitôt libre, Geneviève donne l'alerte.
13:03 Immédiatement, les gendarmes quadrillent le sud-ouest.
13:06 Un millier d'hommes sont sur le pont.
13:08 Cette fois-ci, pas question de les laisser filer.
13:12 Quelques jours plus tard, la R25 est enfin repérée.
13:17 Mais Jocelyne Bourdin et Marc Fasquel refusent de se rendre.
13:20 C'est la fusillade.
13:23 Marc Fasquel est touché.
13:26 Il meurt sur le coup.
13:29 Jocelyne Bourdin est indemne.
13:31 Elle descend de la voiture en criant "c'est injuste, c'est injuste".
13:35 Ainsi s'achève l'épopée sanglante du couple pervers,
13:41 le 14 février 1986,
13:44 jour de la Saint-Valentin et de la fête des amoureux.
13:51 Jocelyne Bourdin se retrouve seule devant les assises
13:55 et tente de se faire passer pour une victime.
13:58 Mais ça ne marche pas.
14:01 - C'est elle qui a attaché à chaque fois les victimes.
14:07 C'est elle qui a amené, notamment pour Martine, des bougies.
14:10 Pour une autre, une cuillère en bois.
14:13 C'est elle qui allait au-devant des désirs de son compagnon et de son mari.
14:21 - Pour sa complicité dans les meurtres, les viols, les tortures et les actes de barbarie,
14:26 Jocelyne Bourdin a été condamnée à 20 ans de réclusion criminelle,
14:30 assortie d'une peine de sûreté de 13 ans.
14:33 Elle est aujourd'hui sortie de prison.
14:36 - Alors Jocelyne Bourdin, complice ou victime ?
14:42 - J'ai envie de dire qu'elle est victime d'une forme d'emprise de son mari,
14:48 d'une forme d'emprise psychologique.
14:51 Mais j'ai envie de dire aussi qu'elle est complice pour ces raisons-là.
14:54 Elle a quand même participé à ces actes si particuliers,
14:58 pour des raisons qui sont liées à l'emprise,
15:01 mais aussi sans doute à quelque chose de personnel qu'elle a joué dans ce type d'agissement.
15:05 - Est-ce qu'elle y prenait du plaisir ?
15:07 - Je ne peux pas imaginer que seule la contrainte psychique puisse expliquer ce comportement
15:12 si elle n'avait pas trouvé un minimum de satisfaction dans ses agissements.
15:16 - Elle est perverse ?
15:18 - Elle a eu des comportements pervers, car elle a été voyeurique,
15:24 et le voyeurisme est une perversion sexuelle.
15:28 Elle a été sadique également,
15:31 parce qu'elle a participé à des actes de violence qui avaient une connotation sexuelle.
15:36 Donc elle a eu, effectivement, au sens strict du terme, des comportements pervers.
15:42 - Elle dit aussi que son mari a exercé un véritable chantage sur elle.
15:46 - Là, je pense qu'il a été vraisemblablement habile pour que s'installe ce mécanisme d'emprise.
15:53 Il a dû être parfois extrêmement gentil, parfois extrêmement séducteur,
15:58 parfois discrètement menaçant sans aller trop loin pour ne pas la heurter.
16:02 Et puis, il a dû en permanence mettre en place des systèmes de pensée
16:08 qui empêchaient à sa propre pensée, elle, Jocelyne, de se développer et de se mettre en place.
16:13 - Marc Fasquiel est mort. Est-ce que, sans lui, Jocelyne Bourdin est dangereuse ?
16:17 - Je crois que je peux totalement l'exclure,
16:20 car ce que je pense, c'est que ce couple ne pouvait agir comme il l'a fait
16:27 sans l'un ou l'autre des protagonistes.
16:30 Sans lui, elle n'aurait jamais rien accompli,
16:34 et je pense que lui, sans elle, n'aurait non plus jamais rien accompli.
16:38 - Donc, si je comprends bien, c'est le couple qui était pervers.
16:41 - C'est le couple qui était pervers, et en tout cas, les actes commis par ce couple
16:46 marqués du sou de la perversité étaient la résultante de ces deux personnalités qui entraient en communication.
16:52 - Comme Jocelyne Bourdin et Marc Fasquiel,
16:55 Monique Olivier et Michel Fourniret ont enlevé, violé et tué.
17:00 Leurs deux noms ont fait frémir la France et la Belgique.
17:04 Le couple a fait au moins sept victimes.
17:07 Des proies qui devaient assouvir le fantasme de Michel Fourniret, celui des jeunes filles vierges.
17:15 - Docteur Zaguri, vous avez eu l'occasion de rencontrer Monique Olivier et Michel Fourniret.
17:24 Que vous disent-ils l'un de l'autre ?
17:27 - Alors, Michel Fourniret est très méprisant à l'égard de Monique Olivier.
17:34 C'est parce qu'elle n'est rien qu'il est tout.
17:37 C'est-à-dire, c'est parce qu'elle est insignifiante qu'il est ce personnage surpuissant.
17:43 Alors, autant Michel Fourniret est précis, autosatisfait,
17:51 autant Monique Olivier est géniarde, passive, terne, éludant les questions,
18:01 se présentant vraiment constamment comme la pauvre victime de son horrible mari.
18:11 - C'est une stratégie de défense classique chez les femmes de se présenter comme victime de leur époux dans ce genre de couple ?
18:16 - C'est effectivement une stratégie qu'on peut rencontrer assez fréquemment.
18:22 Mais l'ensemble du dossier montre bien que Monique Olivier a activement participé au crime de Michel Fourniret,
18:31 mais à sa place. C'est justement ce "à sa place" qui est intéressant.
18:34 - Ils s'aiment ? Ou en tout cas, ils se sont aimés ?
18:36 - Monique Olivier est la femme de la vie criminelle, en quelque sorte, de Michel Fourniret.
18:44 Elle lui a permis de grimper dans l'échelle de l'horreur et de la gravité des actes commis.
18:51 En 1986, un hebdomadaire catholique publie une annonce.
18:58 Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude.
19:05 Celui qui se cache derrière ces lignes, c'est Michel Fourniret,
19:09 un homme de 44 ans qui a avoué une quinzaine d'agressions sexuelles commises entre 1977 et 1984.
19:18 Il attend en prison son procès pour ses crimes.
19:22 Une femme lui répond. Elle s'appelle Monique Olivier.
19:27 Tous deux tombent amoureux par voie postale.
19:30 Elle devient sa Natouchka chérie et lui, son cher Khan, comme le tigre malfaisant du livre de la jungle.
19:39 Ils s'écrivent plusieurs fois par semaine, des courriers qui font souvent plus de 10 pages,
19:44 où il est question de l'après-prison et de projets communs.
19:49 - Elle dit, mon cher Khan, je te seconderai en tout, je suis prête à te seconder en tout.
19:55 Donc elle s'engage aussi à être son adjoint, à être sa coéquipière.
20:00 Sa coéquipière pour le meilleur, mais surtout pour le pire.
20:05 Car Monique Olivier connaît les raisons qui ont conduit Fourniret en prison.
20:11 - Quand on lit les correspondances, on voit que l'avenir est écrit avant qu'il ne sorte.
20:18 Elle sait très bien que ça va passer par des enlèvements, une vie de voyou, de vol, des meurtres.
20:26 Tout ça est écrit, est noir sur blanc, dans leurs correspondances.
20:29 Lorsque Fourniret sort de prison, la fidèle Monique est là.
20:34 Le couple s'installe dans Lyon. Et très vite, il est question d'honorer le pacte qui les lie.
20:42 Car ce qui fait fantasmer Michel Fourniret, ce sont les jeunes filles vierges.
20:47 Une obsession depuis son premier mariage, alors que lui était vierge et que son épouse ne l'était pas.
20:54 Une frustration pour Fourniret, qui part donc à la chasse de ses désirs interdits,
20:59 avec la complicité de sa nouvelle compagne.
21:03 Leur victime, une adolescente choisie en fonction de sa supposée ressemblance avec Monique jeune.
21:11 Elle s'appelle Isabelle, elle a 17 ans et vit à Auxerre, à quelques kilomètres de chez eux.
21:21 - C'est elle qui enlève Isabelle Laville. Elle est seule dans la voiture.
21:25 Fourniret fait semblant de faire du stop, ce qui était convenu comme scénario entre eux.
21:29 Elle est au volant de la voiture, elle s'arrête à hauteur d'Isabelle Laville et réussit à la faire monter dans la voiture.
21:36 Puis quelques dizaines de mètres plus loin, elle fait semblant de prendre Fourniret en stop.
21:41 Il est là, il attend avec un bidon vide et puis Fourniret entre.
21:44 C'est le premier crime du couple Monique-Olivier-Michel-Fourniret.
21:49 - Docteur Zaglery, comment est-ce qu'on peut expliquer que Monique-Olivier adhère au fantasme de Fourniret,
21:56 au point de l'aider à trouver une fille qui lui ressemble, pour rejouer la scène de sa défloration ?
22:02 - On se dit, comment est-ce qu'une future maman, une maman, une femme, a pu commettre de telles horreurs ?
22:10 Et nous sommes tous là, prisonniers, je dirais, de préjugés.
22:16 Parce que, à partir du moment où les femmes ont une sexualité, une sexualité propre,
22:22 je ne vois pas pourquoi elles ne transasseraient pas elles aussi les normes.
22:27 Donc au fond, c'est un préjugé misogyne que de penser que les femmes ne seraient que suiveuses,
22:33 qu'elles ne pourraient pas avoir aussi une action criminelle active.
22:38 - Alors vous dites, Monique-Olivier n'aurait jamais eu de destin criminel si elle n'avait pas rencontré Michel Fourniret,
22:43 mais est-ce que la réciproque est valable ?
22:45 - Fourniret n'a pas toujours été Fourniret.
22:47 Avant de rencontrer Monique-Olivier, il n'avait jamais tué.
22:52 Alors ce qu'on peut imaginer, c'est qu'elle lui a apporté une certaine assurance,
22:57 qu'elle lui a facilité les passages à l'acte criminel,
23:02 qu'elle l'a conforté dans ses désirs criminels,
23:06 et qu'effectivement, elle lui a permis de passer à une marche supérieure dans l'horreur.
23:12 - Il y a une jouissance commune dans ce couple ?
23:15 - Je crois que c'est un couple.
23:17 D'abord, c'est un couple.
23:18 Quand on vit en couple, on partage des choses, des conflits,
23:22 mais aussi on peut partager le goût du cinéma, du théâtre, la passion de la musique, de l'opéra, l'amour des enfants.
23:29 Et bien eux, ils ont partagé très fort, et ça les a soudés, quelque chose autour de l'action criminelle.
23:35 - Huit mois passent.
23:37 Monique et Olivier ont déménagé dans les Ardennes.
23:41 Ils se sont mariés et s'apprêtent à devenir parents d'un petit garçon.
23:45 Mais ils continuent à sillonner la région à bord de leur camionnette, en quête de nouvelles proies.
23:52 Jusqu'au 3 août 88, leur victime est une étudiante de 20 ans, Fabienne,
23:58 enlevée dans la marne, violée et tuée.
24:02 Même scénario pour Jeanne-Marie, 22 ans, enlevée dans une gare sept mois plus tard.
24:08 La jeune femme est très croyante, et pendant ses études, elle est hébergée par des religieuses.
24:13 Fourniret se persuade que Jeanne-Marie est vierge.
24:17 Alors il se met sur son chemin, lui parle de sa foi,
24:21 et avec Monique comme caution morale, la met en confiance.
24:25 - Elle se sert de son bébé ou de sa grossesse pour capturer des jeunes filles,
24:32 qui vont monter sans méfiance dans la camionnette de Fourniret,
24:36 parce que Madame est là, parce que Monique Olivier est là.
24:40 Et même quand elle ne dit rien aux petites filles,
24:44 par sa présence rassurante, elle permet à Fourniret de les embarquer.
24:49 Rassurée, Jeanne-Marie accepte de passer le week-end avec eux,
24:55 avant de se faire assassiner.
24:58 La même année, les Fournirets tuent Élisabeth, 12 ans, disparue à Namur en Belgique,
25:04 si bien que le pédophile Marc Dutroux a été soupçonné.
25:08 Mais Élisabeth est bien une victime de Fourniret et de sa femme.
25:12 C'est même Monique qui se livre à la toilette intime de la jeune femme, qui a ses règles.
25:18 - Ce qu'elle a fait à la petite Brichet, de femme à femme quand même,
25:26 de femme en devenir, de femme mûre à une femme en devenir,
25:30 alors que Monique Olivier a des enfants, elle a un fils.
25:34 Ce qu'elle fait à la petite Brichet est, à proprement parler, monstrueux.
25:40 - Elle la nettoie, elle la recouvre d'un drap,
25:44 et puis elle descend à la cuisine et elle dit à Michel Fourniret,
25:48 ça y est, elle est prête, elle lui livre.
25:52 - Élisabeth Brichet a supplié une nuit entière,
25:57 selon le témoignage de Monique Olivier elle-même et de Michel Fourniret,
26:01 elle a supplié toute une nuit de la libérer,
26:04 elle a appelé "Madame au secours, Madame au secours".
26:07 Elle était dans la chambre à côté, la chambre à côté de celle où elle dort,
26:11 où elle dort avec son enfant.
26:13 Elle va pas secourir cette petite fille, il lui suffisait d'ouvrir la porte.
26:17 - Puis c'est au tour de Natacha, 13 ans, enlevée en novembre 90 en Loire-Atlantique.
26:24 Les Fournirets sont dans la région car ils doivent comparaitre le lendemain devant la justice
26:30 pour des dégradations.
26:32 Et puis dix ans passent sans qu'aucun meurtre ne soit commis.
26:36 Mais Fourniret ne se tient pas à carreau pour autant.
26:40 Seulement, ses plans ont échoué par deux fois.
26:43 Deux jeunes filles s'en sont sorties par miracle.
26:47 De miracles, il n'y en aura pas pour Céline Saison, 18 ans.
26:54 Elle est enlevée par Fourniret en mai 2000, alors qu'elle allait à une épreuve de Bac blanc.
27:00 Son corps est retrouvé deux mois plus tard dans une forêt en Belgique.
27:05 Tout comme celui de Manania, 13 ans, disparu en mai 2001 à Sedan,
27:12 est retrouvée morte dix mois plus tard.
27:15 Elle sera la dernière victime des Fournirets.
27:19 Le coup suivant les conduit à leur perte, c'était en Belgique.
27:27 Il y a un monsieur qui m'a demandé le chemin pour aller au bout de la salle.
27:33 Et j'y ai montré, mais après il m'a menacée pour que je vienne avec lui dans la rue.
27:38 À un moment donné de leur conversation,
27:47 Marie va lui demander s'il travaille pour Dutroux,
27:50 et lui va répondre que non, je suis pire que Dutroux.
27:53 Là il m'a attaché les mains et les pieds et tout le corps derrière avec la camionnette.
28:02 J'ai commencé à paniquer beaucoup, puisque j'ai vu une carte de France et de Belgique.
28:08 Et j'ai commencé à prier là, et je sais pas, j'ai réussi à enlever les liens.
28:15 Marie profite que la camionnette de Fourniret soit arrêtée à un stop
28:21 pour sauter de la voiture, arrêter une automobiliste et donner l'alerte.
28:26 Voilà, c'en est fini de Monique Olivier et de Michel Fourniret.
28:33 Ils sont arrêtés, mais il faudra attendre de longues semaines pour que Monique passe aux aveux.
28:39 Au final, pour ces sept meurtres, Michel Fourniret a été condamné à la perpétuité incompressible,
28:48 la peine la plus lourde prévue par la justice française.
28:52 Monique Olivier, elle, est condamnée à la perpétuité, assortie d'une peine de sureté de 28 ans.
28:59 - Docteur Zaguri, Monique Olivier a fini par avouer, devant les enquêteurs,
29:05 ses aveux, elle les réitère devant vous ?
29:08 - Elle répète de façon assez lancinante qu'elle était contrainte à de tels actes
29:16 par la domination de son mari qui la terrorisait.
29:21 Donc, elle l'admet sans avouer.
29:24 - Alors, elle se pose en victime, victime de Fourniret, victime de sa vie, victime de la société ?
29:29 - Elle se présente dans l'existence comme une ratée, comme une victime qui a soif de vengeance, de revanche.
29:37 Et c'est cette soif de revanche qui va faire que le lien et la rencontre avec Michel Fourniret va être aussi forte.
29:49 - Elle veut se venger, d'accord, des hommes, de la société, de tout un tas de choses,
29:53 mais pourquoi s'en prendre à d'innocentes jeunes filles ?
29:56 - Alors, effectivement, vous posez une question qui est une question tout à fait logique et rationnelle.
29:59 Pourquoi s'en prendre à ces malheureuses victimes ?
30:01 Eh bien, parce que le fantasme de Fourniret, le scénario de Fourniret va lui donner l'occasion, pour une fois,
30:08 de ne pas être dans le camp des victimes, mais dans celui de ceux et celles qui les dominent et qui les écrasent.
30:14 - Et lui, d'où lui vient ce fantasme, justement, des jeunes vierges ?
30:18 - Il lui vient probablement d'une théorie sexuelle et d'un besoin de fantasme, de pureté de la mère.
30:27 Et donc, il est obsédé de façon quasi délirante par ce moment de passage entre la pureté et le déchet, en quelque sorte, de la femme dévoyée.
30:43 - Si la virginité est si importante que ça pour lui, pourquoi est-ce qu'il se donne le droit de la retirer à des jeunes filles ?
30:49 - On est dans quelque chose qui est un fantasme totalement irrationnel.
30:56 La jouissance de Fourniret était d'être l'agent de la transformation du pur en impur, une espèce d'alchimiste du sexe et de la virginité.
31:13 Peu de gens ont connu le couple Olivier-Fourniret. Ils ont toujours entretenu un grand mystère autour d'eux, évitant au maximum tout contact avec le monde extérieur.
31:26 Les rares personnes qui les ont côtoyées trouvent leurs relations étranges, rien à voir avec un couple d'amoureux.
31:34 Les voisins, au cours de grandes tablées, s'en sont bien aperçus.
31:41 - On aurait dit qu'on met un frère et une sœur. Ils étaient ensemble depuis pas longtemps pourtant.
31:47 - Pas de communication, pratiquement, pas de sourire, pas de blague, pas rien du tout. On a l'impression qu'ils ne vivaient pas.
31:55 Un couple de solitaires qui semble s'être trouvé. Car avant de rencontrer Michel, après deux divorces et deux enfants, Monique vit comme garde-malade dans le sud de la France.
32:07 Elle a 38 ans et mène une vie terne et sans couleur. Issue d'une famille qui ne semble pas très unie, elle entretient peu de contact avec son père et ses deux frères.
32:20 D'ailleurs, le jour de son mariage, Ajabeck Fourniret, aucun d'eux n'est là. Il n'y a pour ainsi dire personne, hormis le voisin.
32:29 - On arrive sur la place de la mairie, pas une seule voiture. On attendait un petit peu, puis effectivement, Michel est arrivé avec Monique.
32:38 - Je lui dis bonjour. Je lui dis écoute, j'ai cru que tu nous avais fait une blague. Je dis il n'y a personne. Abbe me dit il n'y a personne.
32:47 - Je lui dis tu te maries ou tu ne te maries pas ? Abbe me dit on se marie.
32:51 Car au fil de ses incarcérations, Fourniret a vu les siens se détourner de lui. Sa première femme s'est volatilisée avec leur fils pendant son premier séjour en prison pour attouchement sexuel sur mineurs.
33:04 Même scénario avec sa seconde épouse, la mère de ses trois enfants, lorsqu'à 42 ans, Fourniret est emprisonné pour une quinzaine d'agressions sexuelles.
33:14 Des agressions dont il dresse la liste détaillée dans un courrier autobiographique long de plusieurs pages qu'il envoie au juge d'instruction.
33:25 Un courrier dans lequel il évoque la séparation de ses parents le jour de ses 12 ans.
33:31 Une blessure pour cette adolescence sensible qui devient instable malgré sa grande intelligence.
33:39 En cela, il a trouvé son alter ego, Monique, dont le QI est estimé à 130.
33:46 Une femme qui, dès le départ, a accepté le pacte criminel que lui proposait Michel Fourniret.
33:54 Une femme qui écrivait dans ses lettres "tu sais que c'est avec plaisir que j'exécuterai tes ordres".
34:04 Qu'est-ce qui, dans leur personnalité, à chacun les a menés à la déviance ?
34:09 Si je vous dis que tous les deux sont des malades mentaux, ce sera une erreur.
34:15 Ni Monique Olivier, ni Michel Fourniret ne sont des psychotiques délirants.
34:21 Maintenant, si je vous dis également que ce sont des individus parfaitement normaux, équilibrés,
34:28 qui mènent une existence tout à fait satisfaisante, vous me regarderez comme un psychiatre fou.
34:34 Donc on est évidemment dans cette vaste zone qui se situe entre les deux.
34:39 Monique Olivier a effectivement un certain nombre de troubles de la personnalité,
34:47 on va dire ça comme ça, et Michel Fourniret est passé à deux doigts de la maladie mentale, tout en y allant pas.
34:56 - Ils ont des remords, des regrets ?
34:59 - Michel Fourniret, pas du tout.
35:01 Et nous sommes de pauvres interlocuteurs qui ne comprenons rien, mais rien de rien,
35:07 à ces actes qui, encore une fois, dans son esprit, ont été commis au nom d'un idéal, au nom de la pureté.
35:13 Monique Olivier ne revendiquait pas du tout ces actes, puisque c'était ceux de Fourniret dans son disco.
35:22 Dominique Loué et Jean-Claude Vase avaient eux un autre idéal, une autre motivation, l'argent.
35:30 La Pâte du Gain les a conduits à monter un scénario des plus pervers,
35:35 un guet-apens criminel qu'ils ont mis des années à perfectionner.
35:41 - Docteur Roux, racontez-moi votre rencontre avec Jean-Claude Vase, comment ça se passe ?
35:46 - Il était résistant, je dirais plus que réticent.
35:49 Réticent étant la connotation pathologique, il était résistant.
35:53 Concernant les faits, naturellement, il les prend, je dirais, à l'envers,
35:57 puisque pour lui, il est innocent, il ne comprend pas du tout.
36:00 Et c'est ce qu'il voudrait, c'est qu'il voudrait que le juge fasse faire un certain nombre de compléments d'examens et d'expertises,
36:07 surtout pour montrer que dans cette affaire, lui, il n'avait absolument rien à voir.
36:12 - Et sa compagne, Dominique Louis, qu'est-ce qu'il vous dit d'elle ?
36:14 Il l'accuse ? Il lui fait porter le chiffon ?
36:17 - Il ne lui fait porter rien du tout, puisque de toute façon, lui, se place comme étant totalement en dehors de tout.
36:25 Il n'a jamais combiné un assassinat avec elle, donc pour lui, c'est quelque chose qui ne se discute pas.
36:34 - 12 juillet 2003, sur la route de Tordesillas, en Espagne, à 400 km de la frontière française.
36:43 Le centre de secours reçoit un appel.
36:51 Quand ils arrivent, un homme âgé est sur le bord de la route, il ne respire plus.
36:55 Le médecin tente une réanimation cardiaque.
36:59 - J'ai regardé autour de moi pour trouver la femme de ce monsieur.
37:04 Je supposais que c'était une personne âgée comme lui.
37:07 Et un témoin m'a dit "c'est elle".
37:09 Et moi, j'ai dit "elle, la blonde, là ?"
37:11 Parce que c'était une femme grande, jeune, blonde, jolie, et elle ne me semblait pas très affectée.
37:24 De temps en temps, elle s'arrêtait là où on essayait de réanimer son mari, et elle demandait "il respire ?"
37:33 On répondait "non".
37:35 Et elle reprenait sa promenade le long de la route.
37:39 L'homme meurt sur place.
37:42 Il s'appelle Simon Chochimec, c'est un français de 76 ans.
37:46 Sa femme raconte qu'ils étaient en vacances, qu'ils venaient de quitter Tordesillas quand ils sont tombés en panne.
37:53 Simon est descendu poser le triangle de signalisation.
37:59 Elle a avancé la voiture pour laisser une distance de sécurité, quand soudain...
38:06 - Elle a vu un véhicule tout terrain, grand, de couleur grise.
38:13 Elle nous a dit qu'il était occupé par 4 personnes, qu'il a écrasé son mari et s'est enfui.
38:18 C'est l'information qu'elle nous a livrée dans un premier temps.
38:22 Les policiers espagnols ouvrent une enquête.
38:25 Un accident sur une longue ligne droite, c'est bizarre.
38:29 Sur place, ils ne trouvent aucune trace de freinage.
38:33 Mais sur le pantalon de la victime, ils photographient l'empreinte du pneu qui a roulé sur Simon Chochimec.
38:41 C'est l'empreinte d'un 4x4.
38:44 Les policiers espagnols se lancent donc à la recherche de cette voiture.
38:48 Pendant ce temps, Mme Chochimec fait incinérer le corps de son mari.
38:55 Une cérémonie intime.
38:58 - Ce qui m'a étonné, c'est qu'aucun membre de la famille ne soit venu de France.
39:05 Parce qu'ici, en Espagne, tout le monde se précipite.
39:10 Mais lorsque les amis de Simon apprennent son décès, ils sont stupéfaits.
39:15 Un vieil homme riche qui meurt dans un accident juste après avoir rencontré une jeune et jolie blonde,
39:21 personne n'y croit.
39:23 Cette maude ne leur inspire vraiment pas confiance.
39:27 - Je sortais avec Maude. C'est moi qui lui ai présenté.
39:31 On sortait ensemble aussi bien. On allait chez des amis, on allait au restaurant.
39:35 Ils étaient copains, voilà.
39:37 - Elle s'est intéressée à lui à partir du moment où il avait eu l'héritage de sa mère.
39:43 Avant, elle ne faisait pas attention à lui.
39:46 À la mort de sa mère, Simon a hérité d'une petite fortune, plusieurs millions d'euros.
39:52 Peu de temps après, l'ami comprend que Maude l'a quittée pour Simon.
39:57 - Bah, fâché, oui. Les trahisons de femmes, ça existe, c'est courant.
40:02 Mais les trahisons d'amis, c'est beaucoup plus grave, je trouve.
40:06 De son côté, Simon est heureux.
40:09 À 75 ans, il commence une nouvelle vie.
40:12 Le couple se marie le 6 septembre 2002 à Lyon.
40:17 Un mariage intime devant 2 témoins recrutés à la dernière minute.
40:22 L'ancienne propriétaire de leur appartement et un vendeur de journaux du quartier.
40:27 - Une chose qui m'a surprise, c'est que moi, je ne savais pas qu'elle s'appelait Dominique.
40:34 Elle s'est toujours présentée sous le prénom de Maude.
40:39 Et que monsieur Josimèque l'appelait Maude.
40:43 Pourtant, la mariée s'appelle bien Dominique. Dominique, Louis.
40:50 Elle a 31 ans de moins que son mari.
40:53 Une femme aux multiples secrets.
41:01 C'est un ancien agent de police, une fonctionnaire sérieuse et bien notée par ses supérieurs.
41:07 Appréciée à l'époque pour sa profonde autorité morale.
41:12 - Les collègues de Dominique, Louis, la décrivent comme une fonctionnaire normale qui faisait son travail.
41:20 Avec petit à petit une certaine dérive et un absentéisme qui va aller de plus en plus de manière importante.
41:30 A partir de 1989, Dominique multiplie les arrêts maladie.
41:35 Des rumeurs circulent au commissariat.
41:38 Elle aurait des problèmes d'argent.
41:41 - Elle avait accumulé 700 000 francs, je crois, de dettes.
41:44 Son salaire de fonctionnaire de police ne suffit plus.
41:47 Et elle a recours à la prostitution pour, comme on dit, améliorer les fins de mois.
41:52 L'agent de police passe des annonces libertines dans la presse gratuite.
41:57 Elle propose des soirées coquines à des messieurs de plus de 40 ans.
42:02 Sa hiérarchie l'apprend et Dominique est poussée vers la sortie.
42:07 Elle devient donc prostituée à plein temps.
42:10 Elle se fait appeler Maud et reçoit ses clients dans un studio.
42:15 Des hommes plutôt âgés, souvent les mêmes.
42:19 Mais en juin 2002, Maud quitte son studio et ne répond plus à ses clients.
42:24 Elle vient de se mettre en couple avec Simon Joshimek.
42:29 Si l'accident cache en réalité un meurtre, ce qui est sûr,
42:35 c'est que Dominique Louis n'a pas pu agir seule.
42:38 Il fallait forcément un complice pour conduire le 4x4.
42:42 Les enquêteurs fouillent donc dans sa vie et découvrent que Dominique a un fils,
42:50 Olivier Vase.
42:53 Vase, comme son père.
42:56 En réalité, Dominique Louis vit en famille.
43:03 Elle est vue avec cet homme.
43:06 Comment comprendre que Dominique Louis, qui vient de se marier très récemment avec Simon Joshimek,
43:11 puisse continuer à entretenir une relation avec un autre homme ?
43:14 Cet autre homme, si elle est mariée, s'appelle dans le langage commun un amant.
43:20 En réalité, Dominique Louis mène une double vie avec un homme, Jean-Claude Vase.
43:25 Qui est cet homme ? Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de lui ?
43:28 C'est un homme qui est normal sur le plan psychologique.
43:32 C'est un homme qui, par ailleurs, a manifestement dans sa vie eu un certain nombre de difficultés
43:39 durant l'enfance et l'adolescence, avec, par ailleurs, de multiples hospitalisations,
43:45 qui vont créer chez lui une sorte de complexe d'infériorité.
43:51 Ensuite, dans sa vie, il y a eu des événements assez traumatisants.
43:57 Il va avoir une première réunion avec une jeune femme prénommée Suzy,
44:02 qui va mourir dramatiquement dans des conditions atroces,
44:06 puisque au cours d'un accident, il tombe dans un canal et elle se noie.
44:10 Ça, il en parlera, d'ailleurs. Il va en parler beaucoup.
44:13 Émotionnellement, ça l'avait beaucoup marqué, donc traumatisé.
44:17 Ensuite, il aura une deuxième union avec une dénommée Michelle,
44:22 laquelle avait comme soeur Dominique.
44:25 Et sa troisième union, mais qui ne sera pas un mariage, sera avec Dominique.
44:31 C'est quand même étrange, cette relation à trois.
44:33 Il est marié avec cette femme, il a trois enfants avec elle,
44:37 et il se laisse séduire, et il séduit sa soeur, avec qui il va avoir une liaison.
44:43 Il va se trouver plus en accord sur le plan intellectuel avec Dominique, c'est vrai,
44:48 mais en même temps, il va lâcher son premier couple.
44:51 Et du coup, le deuxième couple, c'est-à-dire celui formé avec Dominique,
44:57 n'apparaîtra au grand jour que beaucoup plus tard,
45:00 puisqu'il a été dans l'ombre pendant très longtemps.
45:06 Le juge d'instruction ordonne la mise sur écoute des lignes téléphoniques de Dominique Louis.
45:12 Très vite, on va percevoir qu'il y a les lignes dites officielles qu'elle utilise,
45:17 dont son téléphone portable au nom de Jochimè, qui est la ligne de son domicile.
45:21 On va s'apercevoir qu'elle utilise également des lignes sous de fausses identités,
45:25 comme le ferait n'importe quel gangster, voulant éviter qu'on remonte sa trace.
45:31 Et quand elle parle au téléphone avec Jean-Claude Vase, Dominique n'a rien d'une veuve éplorée.
45:37 - On s'aperçoit qu'on a une Dominique Louis qui a deux faces, la veuve Simon Jochimè,
45:52 qui parle peu au téléphone, qui pleure très vite,
45:56 qui ne veut absolument pas reparler des conditions de l'accident, qui souffre de la perte de son époux.
46:02 Et une Dominique Louis, qui lorsqu'elle est au téléphone avec Jean-Claude Vase,
46:19 est radieuse, contente de sa nouvelle vie, pleine de projets avec celui-ci,
46:25 et où Simon n'a absolument pas de place.
46:27 - Dominique Louis est donc interpellée.
46:30 En garde à vue, elle maintient sa version, celle de l'accident.
46:35 - Dans un premier temps, elle va même nier avoir un fils, tout bêtement.
46:40 Elle essaye de cacher tout ce qui est relatif à Jean-Claude Vase,
46:43 tout ce qui pourrait nous amener à lui.
46:45 Il se contentera de nous dire que ça n'a pas de rapport avec la mort de son mari.
46:49 - Jean-Claude Vase est arrêté lui aussi.
46:52 Les policiers découvrent qu'il a un 4x4 qu'il vient de donner à l'un de ses fils.
46:57 Et ce 4x4 a des bosses sur le capot.
47:01 Et puis Jean-Claude Vase habite en Espagne.
47:05 Tiens donc.
47:06 Chez lui, les enquêteurs font une autre découverte intéressante.
47:10 Un petit carnet.
47:12 - Ce carnet est en fait le carnet de prostitution de Dominique Louis,
47:16 avec les noms, les numéros de téléphone.
47:18 Et il y a des calculs qui peuvent laisser penser qu'il s'agit des montants
47:24 qu'elle aurait pu obtenir sur une journée de prostitution sur certaines pages.
47:28 - Jean-Claude Vase semble tenir méticuleusement les comptes de la prostituée Maude.
47:35 Devant les noms de certains clients, il a même ajouté des commentaires.
47:40 - Dans ce carnet, il y a deux noms avec deux annotations différentes
47:46 qui vont nous intéresser.
47:48 Pour l'un, ce sera marqué "héritier 1", pour l'autre "héritier 2".
47:51 Et on va s'apercevoir que ces deux personnes n'ont soit plus d'héritiers,
47:55 soit sont en rupture de banc avec leurs héritiers.
47:57 - Le couple qui cherchait un pigeon depuis longtemps est incarcéré.
48:02 - Au départ, depuis leur prison, les amants s'envoient des mots doux, des poèmes.
48:09 Ils se promettent de fêter les 60 ans de Jean-Claude Vase à Las Vegas.
48:14 Ils sont très soudés et aucun d'eux n'avoue.
48:17 Comment est-ce qu'on explique ça ?
48:19 - Au départ, ils sont dans la négation.
48:21 Ils ont déjà eu un non-lieu en Espagne.
48:23 Et donc, le non-lieu, voulant dire "amène à tout".
48:27 C'est-à-dire qu'il n'y a rien eu.
48:29 Il n'y a pas eu de complot, il n'y a pas eu d'affaires, il n'y a rien du tout.
48:32 Donc, sur le plan affectif, leur amour peut éclater sans gêner personne.
48:37 Ils ne sont responsables de rien.
48:39 - Ça ne va pas durer.
48:41 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:43 - Oui, c'est un peu comme un coup de poing.
48:45 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:47 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:49 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:51 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:53 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:55 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:57 - C'est un peu comme un coup de poing.
48:59 - C'est un peu comme un coup de poing.
49:01 - C'est un peu comme un coup de poing.
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