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Durant 150 ans, ils se sont succédés de père en fils pour façonner une collection historique exposée au Musée de l'Ancien Evêché. Les quatre photographes de la famille Tairraz ont capturé des instants éblouissants depuis les plus beaux sommets des Alpes et suivi les plus grands alpinistes. Emission enregistrée en avril 2024

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00:30 Bonjour, je suis Célie Vincent, directrice du musée de l'Ancien Évêché,
00:34 qui est l'un des onze musées du réseau du département d'Isère.
00:38 Donc ici, vous êtes dans un lieu fort patrimonial, historique,
00:43 puisque dans l'ancien palais des évêques.
00:46 Et c'est un lieu qui est important,
00:50 avec au sous-sol l'ancien baptistère qui a été construit à la fin du IVe siècle,
00:57 où l'évêque baptisait les premiers chrétiens,
01:00 ainsi que les vestiges du rempart gallo-romain.
01:03 Et puis dans les étages, vous trouvez une histoire,
01:06 une histoire des femmes et des hommes qui ont construit, façonné,
01:10 l'histoire du département d'Isère.
01:12 [Musique]
01:18 L'exposition s'intitule "Terrasse, quatre générations de guides photographes".
01:24 Donc nous sommes sur quatre personnes, des pères en fils,
01:28 pendant quatre générations, pendant 150 années.
01:31 Ce sont des guides d'haute montagne, également photographes,
01:35 qui ont marqué l'histoire de la photographie de montagne
01:38 depuis les années 1860 jusqu'aux années 2000.
01:42 Et les quatre terrasses sont des figures iconiques
01:46 en matière de photographie de montagne,
01:48 chez les professionnels de la montagne,
01:51 car on prétend qu'ils ont le regard absolu sur la montagne
01:56 et qu'à travers leur regard, c'est vraiment un regard universel
02:00 sur ce milieu montagnard qu'ils nous offrent.
02:03 [Musique]
02:08 Donc Joseph Terrasse, c'est le premier de la dynastie
02:12 et dès 1851, il va être guide d'haute montagne.
02:16 Nous sommes à Chamonix, dans la vallée de Chamonix.
02:22 Les terrasses vont vraiment faire leur terrain de jeu
02:27 de ce territoire et notamment le Mont Blanc.
02:31 Joseph Terrasse, c'est sans doute au contact
02:34 de cette riche clientèle anglaise qui vient à Chamonix
02:38 à la fin de la seconde moitié du 19e siècle
02:40 pour sa douanée au plaisir de l'alpinisme,
02:42 qu'il va s'intéresser à la photographie.
02:44 Il va acquérir une chambre photographique
02:47 et va être dans les premiers à réaliser
02:51 des photographies de montagne.
02:53 Comme il est guide d'haute montagne,
02:55 il commence à monter, à monter haut.
02:58 Il sera aussi dans les premiers à réaliser des photographies
03:01 depuis le sommet du Mont Blanc.
03:03 Et puis, il va réaliser des photographies
03:06 totalement insolites pour cette période,
03:08 comme les photographies qui sont derrière moi,
03:10 qui ont été prises dans les seracs des glaciers.
03:13 Là, nous sommes à la jonction,
03:15 qui est le point de rencontre entre les glaciers de Taconaz
03:18 et des Bossons.
03:19 Et on peut imaginer combien ces photographies,
03:23 ces vues qui sont complètement insolites, inconnues,
03:26 pouvaient marquer les esprits à cette époque-là,
03:31 puisque c'était des paysages complètement inconnus.
03:34 [Musique]
03:44 Alors, on l'appelle Georges I,
03:46 parce qu'il y aura un Georges II.
03:48 Georges I, c'est le fils de Joseph.
03:51 Et il va prendre la suite de son père
03:54 dans l'entreprise familiale,
03:56 en étant également guide de haute montagne,
03:59 photographe, et également propriétaire
04:03 du studio photographique que Joseph avait créé.
04:06 Joseph est un autodidacte de la photographie.
04:09 Georges I, lui, va aller se former
04:12 auprès d'un photographe portraitiste
04:15 qui est connu, qui est Pierre Petit,
04:17 et qui est un ami de Nadar.
04:19 Et Georges I va revenir avec un solide bagage
04:24 au niveau technique.
04:26 Lui va continuer à faire des photographies
04:31 dans les glaciers, dans les séraques.
04:33 Ces photographies montrant des touristes
04:36 en train de chevaucher des séraques sont très connues.
04:40 Mais il va également réaliser de très beaux portraits,
04:43 de très beaux portraits de guides,
04:45 notamment d'haute montagne,
04:47 où l'on voit toute la technique
04:49 qu'il a acquise lors de sa formation.
04:51 Ce qui est intéressant aussi dans Georges I,
04:54 c'est qu'il va vraiment se placer aussi
04:57 comme un photoreporteur.
04:59 C'est-à-dire qu'il va balader son objectif,
05:02 si je puis dire, son appareil photo
05:04 dans les rues de Chamonix,
05:06 et il va montrer toute cette haute société anglaise,
05:09 donc montrer les premiers jeux aussi,
05:12 les jeux d'hiver,
05:14 donc les premiers sports d'hiver,
05:16 avec notamment des représentations,
05:18 des figurations de patinage, de ski.
05:22 Donc il est en montagne,
05:25 il adore la montagne bien sûr,
05:27 il est l'un, on le qualifie de photographe alpiniste,
05:32 c'est-à-dire qu'il va dans des endroits
05:34 complètement aussi,
05:36 ce qui peut être dangereux,
05:38 et puis en même temps il va brosser
05:40 vraiment un portrait très intéressant
05:44 de la société à Chamonix à cette époque.
05:48 [Musique]
05:56 Alors Georges II, il prend la suite de Georges I,
05:59 qui est son père.
06:01 Alors il n'était pas du tout destiné
06:03 à être photographe,
06:05 et en fait ses deux frères aînés vont mourir à la guerre,
06:08 la première guerre mondiale,
06:10 et lui, il démarre une formation
06:13 des études de médecine,
06:15 et puis à la mort de ses deux frères,
06:17 il rentre et il va donc continuer
06:20 la suite de l'aventure,
06:22 en reprenant l'aventure photographique.
06:26 Georges II, c'est vraiment celui
06:29 qui, à mon sens, va véritablement
06:32 sublimer la montagne, va lui donner
06:34 toute une dimension poétique,
06:36 tragique, c'est quelqu'un
06:39 qui maîtrise parfaitement la technique,
06:42 donc il va jouer avec les lignes,
06:44 avec les masses, avec les blancs,
06:47 les noirs, et puis c'est lui
06:50 le photographe des grandes ascensions,
06:54 c'est-à-dire il va suivre
06:56 un Gaston Rébuffat,
06:58 un Roger Frison-Roche,
07:00 qui sont des grands alpinistes de cette époque-là,
07:02 et avec ces alpinistes,
07:04 il va aller dans des endroits
07:07 qui sont là encore méconnus, inconnus,
07:10 et qui vont permettre en fait à Georges II
07:13 de réaliser des choses complètement incroyables.
07:16 Je vous ai dit que les terrasses
07:34 sont liées au territoire de Chamonix,
07:36 au Mont Blanc, mais il y a un lien
07:38 entre leur photographie et notre territoire,
07:40 Isère et Grenoble,
07:42 puisque très vite,
07:44 leurs photographies vont être publiées
07:46 dans des magazines,
07:48 dans des ouvrages,
07:49 ils vont eux-mêmes publier des ouvrages,
07:51 et des ouvrages édités aux éditions Artaud,
07:54 qui est un éditeur grenoblois,
07:57 dont la librairie existe toujours,
07:59 donc en centre de Grenoble,
08:01 et qui a été l'un des premiers éditeurs
08:03 d'ouvrages sur la montagne.
08:05 ...
08:24 Donc le dernier, c'est Pierre,
08:26 Pierre qui est le fils de Georges II,
08:28 et qui est sans doute le photographe de terrasses,
08:32 qui est le plus connu dans cette fratrie,
08:36 puisque l'esthétique de la photographie
08:40 de Pierre Terrasse imprègne vraiment
08:43 encore aujourd'hui l'esthétique
08:45 de la photographie de montagne.
08:47 Donc lui, il est formé dans de grandes écoles
08:50 en matière de photographie et d'audiovisuel,
08:53 il va prendre la suite de son père,
08:56 et c'est lui qui donne une dimension,
08:59 lui, plutôt sacrée, c'est-à-dire sacrée à l'image,
09:03 où là, la frontière entre le ciel,
09:07 les sommets, n'existe pas.
09:10 Il dit que les meilleures photos
09:12 sont celles qui donnent du rêve.
09:15 Il a vraiment tout un discours du sacré,
09:18 d'une dimension spirituelle autour de la photographie.
09:21 C'est aussi celui qui va se frotter,
09:24 si je puis dire, à la couleur,
09:26 et ce n'est pas une mince affaire
09:27 quand on est en montagne, puisqu'il le dit
09:29 que quand on est en montagne,
09:31 on a un environnement qui est monochrome.
09:34 Et lui va devoir, avec son appareil photo,
09:37 attendre de longues heures en montagne
09:40 pour capter l'éclairage qui va lui permettre
09:43 vraiment de révéler ce qu'il a pensé en amont.
09:47 Donc la photographie en couleur n'est pas facile,
09:51 il ne va pas pour autant abandonner le noir et blanc,
09:54 donc il continuera.
09:56 Et c'est quelqu'un aussi, comme son père,
09:58 qui va faire du cinéma,
10:00 et notamment on en présente une version
10:03 entre ciel et terre,
10:05 avec notamment Gaston Rébuffat
10:08 comme un acteur principal.
10:10 Si vous voulez poursuivre l'exposition,
10:17 je vous conseille l'acquisition de ce petit ouvrage
10:21 que l'on a édité, c'est une édition maison,
10:24 une édition du département de l'ISER,
10:27 où là vous retrouvez l'essentiel des photographies
10:31 qui sont présentées dans l'exposition.
10:34 Je vous remercie d'avoir suivi cette visite guidée
10:37 au musée de l'Ancienne-et-Véchée.
10:39 Je vous rappelle que le musée de l'Ancienne-et-Véchée
10:41 fait partie du réseau des 11 musées
10:43 du département de l'ISER,
10:45 qu'il est gratuit, quelle que soit l'année.
10:48 Si vous voulez être au courant de toute l'actualité,
10:51 des informations, je vous invite à consulter
10:54 le site internet musée.iser.fr.
11:00 Merci beaucoup et à bientôt.
11:03 (Générique)
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