"Gérard Depardieu : la chute d'un monstre sacré" - C à Vous (04/04/2024)

  • il y a 5 mois
L'émission "C à Vous" du 4 avril 2024 a consacré un sujet à Gérard Depardieu, intitulé "Gérard Depardieu : la chute d'un monstre sacré". Ce sujet, présenté par Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld, s'est penché sur les aspects sombres de la carrière et de la vie personnelle de l'acteur français.

Points clés abordés dans le sujet:

Les accusations d'agressions sexuelles et viols: Le sujet a évoqué les accusations portées contre Gérard Depardieu par plusieurs femmes, dont l'actrice Charlotte Arnoux. Ces accusations n'ont pas abouti à des condamnations, mais ont jeté un lourd soupçon sur l'image de l'acteur.

Les problèmes d'alcool et d'addiction: Le sujet a également abordé les problèmes d'alcool et d'addiction de Gérard Depardieu, qui ont fait l'objet de multiples articles de presse. Ces problèmes ont pu nuire à sa santé et à sa carrière.

L'exil fiscal en Russie: Le départ de Gérard Depardieu en Russie en 2013 pour des motifs fiscaux a été largement commenté et critiqué. Cette décision a été perçue par certains comme un manque de patriotisme et un acte d'opportunisme.

Les relations controversées avec des dirigeants politiques: Gérard Depardieu a noué des relations d'amitié avec des dirigeants politiques controversés, tels que Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko. Ces relations ont suscité des critiques et ont pu nuire à son image.

Le sujet a conclu en s'interrogeant sur l'avenir de Gérard Depardieu. Malgré ses déboires, l'acteur reste une figure incontournable du cinéma français. Cependant, il est difficile de dire s'il parviendra à retrouver une image positive auprès du public.

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Transcript
00:00 On en revient au reste de l'actualité.
00:02 En 1991, Gérard Depardieu reçoit le César du meilleur acteur, le deuxième de sa carrière.
00:06 Il est nommé aux Escars, il s'apprête à être le Christophe Colomb de Ridley Scott,
00:10 il a déjà été Rodin, Danton, il deviendra après Obélix,
00:14 pour Claude Zidi, autant de rôles qui ont fait de lui un ambassadeur,
00:18 un Cyrano qui incarnait la France aux yeux du monde,
00:20 au point d'avoir tous les droits d'en abuser en toute impunité,
00:24 malgré la première plainte pour viol déposée contre lui en 2020,
00:27 malgré la vingtaine de femmes qui témoignent d'agressions sexuelles subies,
00:30 le monstre sacré ne vacille qu'en décembre dernier,
00:34 quand l'émission Complément d'Enquête sur France 2 diffuse des images ravageuses et inédites,
00:38 tournées lors d'un séjour en Corée du Nord, où l'on découvre un Depardieu obscène.
00:43 – Les propos que Gérard Depardieu tient dans Complément d'Enquête,
00:47 dont je crois comprendre qu'il ne tombe pas sous le coup de la loi,
00:49 donc là on n'est plus dans la question de la présomption d'innocence,
00:53 pardon mais c'est des propos abjects, insoutenables,
00:58 et je sors de l'équation Gérard Depardieu,
01:01 aucun homme, aucun homme ne doit se sentir autorisé à tenir les propos qu'il tient,
01:08 et si un homme tient ces propos-là, c'est un porc,
01:12 les propos qui sont tenus sont les propos d'un porc.
01:15 – Raphaël Baquet, bonsoir, grand reporter au Monde,
01:18 le journal également de Samuel Blumenfeld, critique cinéma pour ce grand quotidien,
01:24 merci de votre présence ce soir à l'occasion de la publication aujourd'hui
01:27 de votre livre "Enquête sur Gérard Depardieu",
01:29 une affaire très française aux éditions Albain Michel,
01:32 qui aurait pu également s'intituler "L'anatomie d'une chute",
01:35 si ça n'avait pas déjà été celui du film primé de Justine Trier,
01:39 "Un monstre sacré devenu un monstre tout court",
01:41 et ce que démontre très bien ce livre, qui raconte cette ascension miraculeuse,
01:45 le règne et la chute, c'est que le monstre n'a pas succédé au monstre sacré,
01:50 ils ont toujours cohabité.
01:52 – Oui, ça a toujours été à la fois un génie et un monstre entremêlés,
01:57 un très grand acteur évidemment, un homme de pouvoir aussi,
02:01 sans limites, sans cadre, sans frein, depuis toujours en fait,
02:06 depuis son enfance, il dit "j'ai poussé comme une herbe folle
02:09 entre les jambes de ma mère", et c'est exactement ce qu'il a défini.
02:13 – Et puis quand le pouvoir a été trop important, il a été porté à en abuser.
02:18 – Je pense que c'est le malheur du génie de Gérard Depardieu,
02:22 le génie c'est une chose, comme vous l'imaginez,
02:24 c'est une chose peu courante, y compris au cinéma.
02:28 Lorsque vous êtes génial, lorsque vous avez cette capacité qu'a Gérard Depardieu,
02:32 de s'investir en un claquement de doigts dans un rôle,
02:35 vous savez, il est comme ça, on lui dit "tu vas jouer ça,
02:38 tu vas jouer un abbé sous le soleil de Satan,
02:41 tu vas jouer un homme martyrisé par sa maîtresse
02:44 dans "La femme d'à côté" de François Truffaut,
02:46 il rentre immédiatement dans son rôle.
02:48 Son génie lui a permis en fait d'effectuer la plus grande carrière
02:52 de l'histoire du cinéma français avec Alain Delon et Jean Gabin.
02:55 Donc tout lui a été offert, et même plus que ça,
02:58 Gérard Depardieu a été le pilier industriel du cinéma français
03:01 durant toutes les années 1980.
03:04 Et il y a toujours un revers à ce génie,
03:07 le revers de ce génie c'est justement ce trop plein de pouvoir.
03:10 Cette idée que vous avez tous les droits.
03:13 Et qu'en fait après avoir tourné tous ses chefs d'oeuvre,
03:16 désormais vous voulez faire autre chose de votre vie,
03:18 vous voulez faire autre chose que le cinéma.
03:20 Et là soudain, survient le malheur, vous faites des affaires,
03:23 vous voulez rencontrer des gens célèbres,
03:25 et dans le cas de Gérard Depardieu, vous voulez devenir l'ami
03:27 de tous les dictateurs de la Terre.
03:29 - On va y venir. Gérard Depardieu, un symbole national intouchable,
03:34 vous racontez une scène pour se convaincre à quel point
03:37 ces deux hommes, le monstre et le monstre sacré, étaient mêlés.
03:40 Quand Gérard Depardieu à 24 ans rencontre le réalisateur Bertrand Blier
03:44 en plein casting des "Valseuses".
03:46 Le personnage de Jean-Claude, c'est moi, hurle Depardieu.
03:49 Ces deux mecs qui se font chier, qui harcèlent les filles,
03:51 qui volent des bagnoles, qui se bourrent la gueule tous les soirs,
03:54 c'est ma vie, ça c'est ma vie.
03:56 Lui qui confirme en 1991 dans un entretien enregistré
04:00 face à une journaliste envoyée par le Time,
04:02 ce qu'il avait déjà affirmé une quinzaine d'années plus tôt,
04:05 que oui, à 9 ans, il a assisté à son premier viol.
04:10 Et qu'après cela, c'était normal, il y a eu plein de viols.
04:13 Oui, c'est absolument normal, il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans, répond-il.
04:18 Des propos qui vont coûter l'Oscar, ce que vous racontez
04:21 dans votre enquête auxquelles il prétendait,
04:23 avec une réaction immédiate des médias américains.
04:26 En France, on crie à la cabale.
04:29 Oui, les Oscars c'est aussi un enjeu de pouvoir
04:32 pour l'industrie du cinéma français et américain.
04:35 Donc évidemment, ce qui déstabilise et disqualifie
04:39 non seulement Gérard Depardieu en tant que meilleur acteur pressenti,
04:44 mais aussi Cyrano, qui est pressenti comme meilleur film étranger.
04:48 Tout le tournage, tout le film, toute l'équipe va être disqualifiée
04:52 par cette interview qui ressurgit,
04:54 qui raconte aussi ce qu'a été Depardieu.
04:57 Effectivement, il a été un petit voyou de Chateauroux.
05:00 Il en a joué, il a construit une partie de sa légende là-dessus
05:04 parce que si, socialement, il ne ressemble pas aux autres acteurs.
05:08 Il faut bien le dire que le milieu du cinéma est assez bourgeois.
05:11 Et il était le seul dans son genre.
05:14 Donc il a souligné, surligné, parfois réinventé ce passé.
05:20 Manque de chance, ça lui est revenu comme un bouvrangue à la figurant.
05:24 Quand on vous demande à quoi remontent les premiers abus,
05:26 vous répondez, Samuel, au minimum le tournage de police de Pialat.
05:31 Gérard Depardieu est le partenaire de Sophie Marceau.
05:33 18 ans, une archive que vous signalez dans cette enquête
05:37 quand Pialat et Depardieu répondent aux questions de Michel Deniso.
05:41 Maurice Pialat, hier, Pascal Roncart était assis au même endroit que vous
05:44 et disait "Ok, pour retourner avec Pialat, il m'a beaucoup apporté,
05:46 il a dit de façon très intelligente".
05:48 Et puis Sophie Marceau, dans les journaux, dit "Non, plus jamais".
05:52 Avez-vous une réaction ? Est-ce que vous avez quelque chose à dire ?
05:56 Oui.
05:57 Parce que c'est une abrutie.
05:58 Mais ce qu'il y a, c'est qu'elle, en plus, elle est à droite parce que...
06:01 - Moi, je ne suis pas à droite. - Ni d'elle dit trop dur, certainement pas.
06:04 - Moi, je ne suis pas à droite. - Elle en a eu, et beaucoup plus dur.
06:07 - Moi, je ne suis pas à droite parce qu'elle ne dit pas Pialat est à droite.
06:09 - Jamais j'ai vu Pialat s'adomaser aux pervers, par exemple.
06:14 - Oui, comment peut-on, au bout de trois jours de tournage,
06:16 sinon, à partir des choses qu'on a entendues dire,
06:19 et dont finalement on se délecte,
06:21 comment peut-on dire au bout de trois jours de tournage
06:23 de quelqu'un qui l'est ceci ou cela ?
06:25 On ne le connaît pas, on ne sait pas.
06:27 Sauf s'il y a eu une scène épouvantable avec lui, ce qui n'est pas du tout le cas.
06:31 Si Sophie Marceau est vouée comme ça aux gémonies,
06:34 si elle est traitée d'abrutie,
06:35 Pialat l'avait même traité de conne dans les colonnes de Libération,
06:38 c'est parce qu'elle avait protesté après avoir été traité de manière inadmissible par le Duo ?
06:44 Absolument. Sophie Marceau, à l'époque, a brisé la loi du silence.
06:48 C'est une chose qui ne se faisait pas.
06:49 C'est une chose qui se fait d'autant moins que, qu'avons-nous devant nous ?
06:53 Le couple Pialeux-Depardieu.
06:55 L'un des grands couples cinématographiques de l'histoire du cinéma.
06:59 Les couples sont rares au cinéma.
07:01 Vous voyez un couple qui a la fois été une réussite sur un plan artistique et sur un plan commercial.
07:06 Un couple qu'on n'y a peu eu dans l'histoire du cinéma français.
07:09 Vous avez Alain Delon, vous avez Jean-Pierre Melville, vous avez ces deux-là.
07:12 Et soudain, Sophie Marceau, qui était une jeune actrice,
07:15 - Elle dit qu'ils ont été violents. - 18 ans, elle s'est ramassée des baffes.
07:19 Dans le film, elle s'est ramassée des baffes, mais elle s'est vraiment ramassée des baffes à répétition.
07:23 Elle s'est ramassée les mains de Gérard Depardieu aussi, puisqu'ils ont des scènes très chaudes ensemble.
07:29 Elle a donc été malmenée, d'autant plus malmenée que c'est une jeune fille de 18 ans,
07:34 et qu'elle faisait intrusion dans ce couple.
07:36 Elle faisait intrusion dans un univers très masculin.
07:39 Et donc c'est frappant de voir qu'à cette époque,
07:41 on pouvait traiter une jeune femme de 18 ans de conne, et que ça passait tranquillement.
07:46 Cette époque est révolue, et c'est pas plus mal.
07:49 Gérard Depardieu, dont vous expliquez qu'il ne se comportait pas de la même manière,
07:53 en fonction des femmes, en réalité.
07:55 Il montre le monstre à certaines femmes, d'ailleurs quand on entend les témoignages,
08:00 ça vient plutôt des maquilleuses, des figurantes, les intermittents du spectacle.
08:04 Là, il se montre infernal, grossier, harceleur.
08:07 En revanche, on n'entend pas, c'est pas du tout le même Gérard Depardieu avec les femmes qu'il a aimées.
08:12 Parfois des grandes actrices, des réalisatrices, des femmes de pouvoir,
08:16 qui viennent là aussi de la bourgeoisie. Pourquoi ?
08:19 Parce que c'est toujours la règle chez les hommes de pouvoir,
08:22 et particulièrement chez les agresseurs.
08:24 Il n'agresse pas ses pères, il n'agresse pas Catherine Deneuve,
08:28 les femmes qui ont autant de pouvoir que lui, Fanny Ardent, Carol Bouquet, non.
08:31 Il agresse les précaires, les maquilleuses, les figurantes,
08:36 les habilleuses. Donc ça, c'est à vrai dire un classique.
08:40 Ce qui est original, si je puis dire, chez Gérard Depardieu,
08:44 c'est qu'il le fait aux yeux de tous.
08:47 Toujours devant un public. Parfois même devant les caméras.
08:51 Et donc, ça c'est très frappant.
08:54 Il a besoin de mettre le public de son côté, de le rendre complice, d'ailleurs,
08:58 de faire rire aussi, au dépens des femmes qui sont malmenées.
09:03 Et c'est cela qui fait que ça a mis si longtemps avant d'être dénoncé.
09:08 C'est qu'au fond, des dizaines et des dizaines d'équipes de tournage
09:11 avaient été complices de ces comportements.
09:13 - Raison pour laquelle beaucoup se taisent encore aujourd'hui.
09:15 - Oui, parce que là où ça devient compliqué, parce que c'est toujours complexe,
09:19 c'est que Gérard Depardieu, sur un tournage, j'ai multiples témoignages,
09:23 est formidable avec l'équipe. C'est une espèce de parrain dans une équipe.
09:27 Il s'occupe des techniciens, de leur vie privée, tout ça, de les aider.
09:31 C'est quelqu'un d'épatant. C'est un parrain.
09:34 Mais vous savez, un parrain, ça, c'est bon côté et ça, c'est mauvais côté.
09:37 Et donc, parmi les mauvais côtés, le parrain, parfois,
09:40 dit à certains membres de l'équipe, à des jeunes femmes,
09:43 ces gens que l'on considère dispensables, qu'il y a des offres que l'on ne peut pas refuser.
09:48 Et parmi ces offres que l'on ne peut pas refuser, ce sont des mains,
09:51 ce sont des insultes, ce sont en fait des jeunes femmes humiliées,
09:55 et d'autant plus humiliées parce qu'elles sont au tout aussitôt oubliées.
09:59 Pierre.
10:01 La paternité pour au moins deux des quatre enfants de Gérard Depardieu
10:05 n'a pas toujours été légère à porter.
10:08 On a cet archive qui va rappeler pas mal de choses à beaucoup de gens.
10:12 Julie Depardieu présentait ainsi son père en 2004,
10:16 lors de la cérémonie des Césars.
10:19 Voilà mon fardeau.
10:22 Merci.
10:24 Gérard Depardieu et Antoine Pialat.
10:27 Une surprise.
10:30 Avec Antoine.
10:33 Voilà, bonsoir mademoiselle, bonsoir mesdames, bonsoir messieurs.
10:37 Je suis tellement heureux.
10:40 Je vais pas faire Gainsbourg.
10:43 Je vais pleurer. Bonsoir.
10:49 Antoine.
10:53 - Je suis en train de pleurer. - Si, merde.
10:56 - Jean-Paul. - Je vous laisse en famille.
10:59 Non, tu nous fous la paix.
11:02 - Alors ? - Je suis simplement très heureux que...
11:06 Que ma Julie, là, vienne rouge.
11:10 C'est dingue parce qu'on voit la gêne.
11:15 - Il lui vole son succès. - À la fois, il lui vole son succès,
11:18 et sans même, sans doute, s'en rendre compte, il est énorme.
11:21 Il était pas tout à fait dans son état normal.
11:24 Personne ne l'a retenu, et il y va.
11:27 Ça, c'est Julie. Elle l'a dit, même si elle le défend par ailleurs.
11:30 Elle peut le défendre, mais vous écrivez aussi dans votre livre, tout deux,
11:33 que son fils, Guillaume, se sentait lui souvent coincé par cette filiation.
11:37 Et vous dites aussi qu'à la mort de Guillaume,
11:40 après son staphylocoque doré, c'est une période
11:43 où Gérard Depardieu va vaciller.
11:46 Absolument. Vous savez, les fragilités de Guillaume Depardieu,
11:50 sont connues, légendaires, parfaitement retranscrites et racontées.
11:56 Et c'était frappant, parce que le père et le fils
11:59 étaient en distribution complémentaire.
12:01 Vous avez l'extrême fragilité de Guillaume Depardieu
12:04 et l'incroyable force et résilience de Gérard Depardieu.
12:08 Au moment où Guillaume Depardieu disparaît prématurément,
12:12 il lègue à son père cette faiblesse.
12:16 C'est-à-dire que véritablement, le soleil noir
12:20 représenté par Gérard Depardieu devient soudain,
12:24 à partir de la mort de son fils, un astre qui va peu à peu s'éteindre.
12:28 - Gérard Depardieu auquel on a aussi pardonné ses compromissions
12:32 avec les dictateurs, vous en parliez il y a quelques secondes,
12:34 Raphaël Baké, Fidel Castro qui le reçoit en grande pompe à chaque fois à Cuba.
12:38 Poutine dont Depardieu se vante d'être un ami intime
12:40 et que l'acteur défend même lors du début de la guerre avec l'Ukraine.
12:44 Depardieu qui est devenu citoyen russe en 2013.
12:47 Pourquoi il aime tant les dictateurs, Raphaël Baké ?
12:50 - Il aime les chefs. Il aime le pouvoir.
12:54 À vrai dire, avec les présidents français, hormis vous,
12:58 il a toujours été du côté du manche, si je puis dire.
13:02 Il a adoré François Mitterrand, il a appelé ça à sa réélection.
13:06 Il s'est fait décorer par Jacques Chirac.
13:08 Il n'y a qu'avec vous et surtout votre politique fiscale
13:11 qu'il n'a pas aimé et c'est ce qui a fait qu'il est parti à l'étranger.
13:16 Il aime les chefs, il aime les tyrans, il aime la stabilité aussi
13:20 de ces figures qui restent et qui sont autoritaires.
13:24 Et il a été bien souvent une prise de guerre pour ces dictateurs.
13:28 Une prise de guerre évidemment pour Vladimir Poutine,
13:31 pour Kadirov, le tyran tchétchène, pour Loubachenko, le tyran biélorusse.
13:37 Il a vraiment une collection, si je puis dire, de dictateurs dans son panthéon
13:42 qui ferait rougir de honte n'importe quel acteur,
13:45 mais avec lesquels il fait des affaires, beaucoup.
13:49 Il vend son vin, il tourne des publicités.
13:53 Il a tourné énormément de publicités russes pour des produits industriels russes
13:57 qui sont d'ailleurs le contraire de ce qu'il prône pour le vin et la bonne chair.
14:01 Et il est vraiment devenu, il a tourné aussi des publicités électorales pour ces tyrans.
14:07 Et la relation plus que complexe que vous évoquiez entre Gérard Depardieu et François Hollande,
14:11 eh bien il en parlait directement à l'acteur.
14:13 Je me sens très russe, même à l'étranger, car je vis beaucoup en dehors de France.
14:18 Comment ne pas se sentir plus russe que français avec le président qu'on a en France ?
14:24 Pour moi, il n'y a pas photo.
14:27 Et là, je voyais, j'ai vu Jean-Ferrand Manson, parce que je n'écoutais pas,
14:31 mais il y avait M. Hollande.
14:33 - Hop, hop, hop, hop, hop, hop, hop, hop. - Si, si, mais ce n'est pas grave, je ne comprends pas.
14:36 Mais de toute façon, je ne dis pas de mal de lui, il s'en fait tout seul.
14:39 On est presque sur de l'ingérence russe, François Hollande, dans ces cas-là.
14:44 Oui, j'ai eu maille à partir, comme on dit, avec Gérard Depardieu.
14:48 Non pas parce qu'on lui cherchait personnellement querelle,
14:51 mais parce qu'il était d'abord un exilé fiscal,
14:54 ce qui était quand même déjà problématique.
14:57 Ensuite, parce qu'il se déclarait de plusieurs nationalités
15:01 et qu'il répugnait à dire qu'il était lui-même français,
15:05 il en a fait étalage, il allait voir Vladimir Poutine,
15:09 ce qui pouvait se comprendre si c'était pour être salué comme acteur,
15:13 mais il allait beaucoup plus loin.
15:15 Et un rapport à l'argent qui était obsessionnel,
15:18 et dont on voit jusqu'où ça peut aller d'ailleurs.
15:21 Rapport à l'argent qui explique aussi son rapport avec les gens,
15:25 qu'ils traitaient selon leur niveau social ou leur niveau de fortune.
15:29 Nous ne voulions pas de mal, on ignorait ce qui pouvait se passer,
15:34 mais on voyait un personnage à la dérive,
15:37 mais qui était aussi un agresseur, pas simplement pour les femmes,
15:41 mais un agresseur aussi pour son propre pays et pour ses représentants.
15:46 Ce n'est pas ma personne qui était en cause, c'était les institutions.
15:49 Et les dictateurs ont joué parfaitement,
15:52 sachant très bien que ça pouvait nuire à ce qu'était notre image collective.
15:58 Et donc j'ai forcément regretté ce mode de relation,
16:03 parce qu'il était toujours dans l'invective,
16:05 et on voit bien où ça peut le conduire.
16:07 Parce que d'une certaine façon, et ça rejoint ce qu'il a dédié avant moi,
16:13 il se sentait finalement en liberté, rien ne pouvait l'atteindre.
16:18 Il avait transgressé toutes les règles,
16:21 il avait touché à l'essentiel, le corps des femmes, son propre pays,
16:27 les rapports avec l'argent et l'impôt,
16:30 il pouvait tout se permettre, et en plus,
16:33 dans une forme de tolérance de l'ensemble des milieux.
16:38 Parce que quand il a attaqué la France, y compris ma personne,
16:42 ça aurait dû être une levée en masse.
16:45 La presse aurait dû dire "mais quand même, c'est pas possible,
16:48 quoi qu'on pense des qualités d'acteur de Gérard Depardieu".
16:52 Quand il était avec Poutine, on aurait dû l'écouter, non ?
16:54 Là franchement, et même avec les femmes,
16:56 d'une certaine façon avec les jeunes filles,
16:58 vous le disiez très bien, c'était su.
17:01 Et donc comment on a pu avoir ce niveau de tolérance ?
17:04 Mais jusqu'à aujourd'hui, et je ne vais pas rappeler ici
17:07 des déclarations qui étaient en fait sur votre plateau,
17:09 au prétexte que c'est un grand acteur, on est tolérant.
17:12 Ben non, on ne peut pas être tolérant à l'égard
17:15 de ceux qui se conduisent ainsi avec les jeunes femmes,
17:17 avec le fisc, avec, je ne fais pas de comparaison,
17:21 et avec son propre pays.
17:23 Mais voilà, à un moment, il y a une responsabilité,
17:25 c'est celle de Gérard Depardieu bien sûr,
17:27 mais c'est une responsabilité collective.

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