Hadas Jaoui-Kalderon, mère de deux ex-otages et militante pour la paix, était l'invitée du Live Switek sur BFMTV.
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00:00Cela fait 200 jours que l'attaque du 7 octobre a eu lieu en Israël, 200 jours de captivité pour 129 otages, toujours retenus par le Hamas, parmi eux, il y a trois Français.
00:10Et je voulais vous parler d'eux ce matin avec un témoignage dans ce live. Bonjour Adas Jaoui Calderon.
00:16Bonjour, bonjour.
00:18Merci beaucoup d'être avec nous. Je suis sûr que beaucoup de ceux qui nous regardent ce matin se souviennent de votre visage. On vous a beaucoup vu après le 7 octobre, y compris sur cette antenne et on vous a interrogé sur cette antenne.
00:28Je suis avec Patrick Sos que je salue pour vous interroger ce matin. « 52 jours sans eux », c'est le livre que vous publiez pour raconter ces 52 jours que vous avez passés sans vos enfants.
00:38Hérèse, 12 ans, Sahar, 16 ans, enlevés le 7 octobre. Ce jour-là, votre mère et votre nièce sont tuées par les terroristes du Hamas. Le père de vos enfants, Ofer, est également enlevé.
00:50Il est toujours captif et ce sera d'ailleurs ma première question. Est-ce que vous avez eu la moindre nouvelle de lui récemment, la moindre preuve de vie récente ?
01:01Avant tout, je suis très contente d'être ici aujourd'hui. Je suis française et franco-israélienne. L'histoire de ma famille concerne toutes les Françaises.
01:15Nous n'avons pas d'informations à ce sujet, au sujet d'Ofer. Comme vous l'avez dit, j'ai écrit un livre et je vous invite tous et toutes à le lire sur mon combat pour le retour de mes enfants, 52 jours sans eux.
01:33Ce n'est pas juste 52 jours parce qu'ils étaient en vacances ou parce qu'ils étaient dans une sortie scolaire. C'est 52 jours sans eux car ils ont été enlevés cruellement de leur maison en pyjama à 6h30 du matin.
01:49Quand nous sommes réveillés à ces événements du 7 octobre, leur père, comme vous l'avez dit, est toujours là-bas. Nous n'avons pas d'informations. Cela fait déjà 200 jours. Ils sont retournés dans un état pas simple.
02:05Après ces événements qu'ils ont vécu, ils ont vécu un vrai bouleversement. Après 52 jours, je ne peux même pas imaginer ce qui arrive à ces personnes qui sont toujours là-bas. Après 200 jours, les conditions sont très dures. Ils sont affamés. Ils sont humiliés. Nous savons que les femmes sont violées.
02:27En ce moment où on parle, les femmes sont maltraitées, sont violées. C'est une situation très difficile. Il ne faut pas oublier. Il ne faut pas arrêter d'en parler.
02:39On parlera d'Erez et de Sarr dans une seconde. Vous nous direz comment ils vont et on reviendra sur ce qui s'est passé le 7 octobre. Votre fille Sarr a pu voir offert le père de vos enfants en captivité, quand ils étaient tous les deux en captivité.
02:53Elle l'a vu une fois, c'est ce que vous racontez, et du haut de ses 16 ans, c'est elle qui a essayé de lui remonter le moral ?
03:01Oui, vous savez, dans toute cette situation, il y avait beaucoup de moments très absurdes, très extrêmes, très incompréhensibles même. Mes enfants, il faut dire à leur honneur, ils étaient de vrais héros. Ils ont trouvé leur force même dans cette folie, au milieu de cette folie.
03:25Vraiment, on peut le lire dans le livre, comment ma fille, quand elle veut quelque chose, elle est là. Elle a voulu voir son père, donc elle a vu son père. Et grâce à celle-là, il y avait un petit moment où ils étaient ensemble.
03:40Mais ce qui est le plus terrible, c'est que jusqu'à maintenant, jusqu'à aujourd'hui, elle sent très coupable. Elle sent cette coupabilité qu'elle, elle est sortie de cet enfer et que lui, il est toujours là-bas. Elle avait l'impression d'avoir abandonné son père.
03:55Et lui, il pleure, il dit oui, les enfants sont partis, mais qu'est-ce qui va se passer avec nous, avec les hommes ? C'est une phrase qu'il lui a dit, et donc, cela fait déjà 200 jours après, c'est qu'il sent, il se passe en vrai.
04:12Comment est-ce qu'ils vont, vos enfants, aujourd'hui ? A quel point ces 52 jours de captivité ont traumatisé Erez et Sahar ?
04:22Ecoutez, cette cicatrice sera pour toujours. Ma fille dit, maman, nous ne serons jamais les mêmes personnes. Un jour, ils ont enlevé leur pureté, leur innocence, leur enfance. Ils ont tout pris le 7 octobre.
04:43Mais j'aimerais espérer qu'ils vont retrouver la force à se réhabiliter, à retourner à ce qu'ils étaient auparavant. Mais comme vous avez dit, c'est une cicatrice. Nous n'avons jamais entendu qu'on enlève les enfants.
05:00Où est le cri du monde ? Où ? Moi, je pense que tout le monde doit avoir peur que demain, cela peut arriver à leur enfant. Tout le monde doit avoir peur. Ce n'est pas juste mon histoire personnelle, l'histoire de ma famille, de ma communauté, de mon pays.
05:20C'est une histoire de tout le monde, en fait. Et c'est le terrorisme qui se propage et qui peut nous s'en prendre et lever sa tête à tout moment, partout.
05:34Je voudrais lire quelques lignes sur Hérèse. Vous écrivez « Les séquelles dans son esprit sont profondes. Les larges cernes qui creusent son regard témoignent de la violence de ses insomnies.
05:45Hérésicou, c'est son surnom, n'arrive plus à se lever et refuse souvent d'aller à l'école. Barricadé dans sa chambre, passant des heures sur son ordinateur, à s'épuiser aux jeux de guerre.
05:53Fortnite, refusant d'être seul, priant d'être accompagné lorsqu'il se déplace d'une pièce à l'autre et sujet à des crises fréquentes, des pleurs, des hurlements.
06:02Vous racontez qu'il a vu des choses. Lui et sa sœur ont vu des choses le 7 octobre. Ils ont dû se cacher d'abord pendant des heures dans un buisson. »
06:11Oui, regardez, la situation en ce moment, ce que j'ai écrit dans le livre est toujours vrai. C'est-à-dire que je ne vois même pas une avancée.
06:25Il a tous les soutiens, l'aide de thérapie, mais il est toujours, mais pas juste lui, Sahar aussi, ils sont toujours pleins de peur. Ils sont sûrs qu'ils pouvaient à nouveau être enlevés à tout moment.
06:40Ils sont sûrs que derrière chaque porte se cache peut-être un terroriste. Ils ont peur des inconnus. Chaque inconnu dans le monde est une menace pour eux.
06:51Ce n'était pas de tout comme ça. C'était des enfants très ouverts. Ils ont perdu leur confiance dans l'existence au monde, à l'humanité, à eux-mêmes.
07:05Oui, c'est une situation pas de tout simple.
07:09Concernant presque l'oubli d'une bonne partie de la population française, vous savez qu'évidemment le contexte a changé.
07:18Les images et les histoires du 7 octobre ont été remplacées à la télévision, dans les journaux, par les images et les histoires de la tragédie à Gaza.
07:30Comment, vous, entre France et Israël, vous arrivez à ressentir tout ça ? On sent qu'il y a une nécessité.
07:38Il y a un livre qui sort aussi en Israël qui s'appelle le 7 octobre, qui remet un petit peu tout le contexte, tout ce qui s'est passé dans cette journée.
07:46Est-ce que vous avez peur aussi que cette journée du 7 octobre, mais aussi les 52 jours pour vos enfants et ces jours, ces 200 jours qui se poursuivent pour votre mari, tombent dans l'oubli en France ?
07:57On ne voit pas de portrait, par exemple, des trois Français.
08:00C'est exactement le problème et c'est pour cela que je suis ici et c'est pour cela que je sors ce livre.
08:07Je suis là pour qu'on en parle, pour rappeler, pour ne pas oublier.
08:12C'est comme quand nous parlons de la Shoah, nous nous rappelons chaque année.
08:16Si on ne le parlait pas chaque année, on pourrait peut-être oublier.
08:20Et ici aussi, le 7 octobre, je pense que c'est une journée qu'il ne faut pas oublier.
08:26C'est une journée de pogrom.
08:29Il y avait une extermination, c'était un massacre des civils innocents, des enfants, des bébés, des gens âgés.
08:38Ça peut être le père ou votre mère, ça peut être vos enfants.
08:42Il ne faut pas oublier et c'est pour cela que je suis là et c'est pour cela que j'écris mon cri à la télévision, à la radio,
08:49dans mon livre.
08:51C'est un événement qui ne doit pas repasser.
08:55Il ne doit pas se répéter et il n'est toujours pas fini.
08:58Il est toujours là.
09:00Nous sommes toujours dans cet événement.
09:03Et ce qui arrive, c'est qu'il y a tellement d'événements, Iran,
09:08peut-être que ça peut être un désastre naturel.
09:12Notre attention est attirée par d'autres désastres.
09:18On va oublier ça, mais il ne faut pas oublier, il y a toujours 133 civils
09:23et je ne sais même pas qui est toujours en vie, qui est mort.
09:27Ils sont toujours là-bas.
09:29Ils sont impuissants.
09:31Dans une détresse, ils crient, sauvez-nous.
09:35Et nous ne devons pas arrêter jusqu'à ce qu'ils rentrent.
09:41Car ce qui arrive ici, c'est un crime contre l'humanité.
09:47Et c'est exactement comme vous l'avez dit.
09:49Moi, j'ai peur qu'on va les oublier et que nous allons continuer
09:53avec notre vie au prochain désastre, au prochain événement,
09:57aux prochaines tragédies.
09:58Écoutez, ici, il y a toujours une tragédie qui n'est pas terminée,
10:01qui n'est pas finie, il ne faut pas oublier.
10:03Chaque moment que nous sommes ici, il y a une femme
10:07qui est en train de se faire violer.
10:09Nous savons que c'est là, nous savons qu'il y a tout cela
10:12qui se passe et nous n'arrêtons pas ces crimes.
10:15C'est très tragique et je n'ai plus de voix pour crier.
10:20C'est pour cela que je vous demande, à vous tous,
10:25le média, votre voix, la voix du monde, il ne faut pas arrêter,
10:30il ne faut pas relâcher.
10:32C'est impardonnable ce qui est passé.
10:34C'est pour cela qu'on en parle aussi ce matin et qu'on voulait
10:36vous inviter ce matin.
10:37Vous racontez dans ce livre aussi votre 7 octobre,
10:40dans le kibouz de Niros, dans la pièce sécurité de votre maison,
10:43vous racontez que vous avez passé 8 heures à appuyer
10:46de toutes vos forces contre la poignée pour ne pas que
10:49les terroristes qui étaient dans la pièce d'à côté,
10:51n'entrent, ne puissent entrer.
10:53Vous racontez la colère aussi qui monte chez vous
10:56et quand les militaires israéliens arrivent au bout de 8 heures,
10:59vous les engueulez, vous leur dites mais vous étiez où ?
11:03Où étiez-vous ?
11:05Oui, vous étiez où ? Où vous étiez ? Bon sang !
11:09Nous nous sommes retrouvés toutes seules,
11:13complètement sans défense.
11:16Moi, j'ai vu la mort devant mes yeux.
11:19Et c'est ça que j'ai écrit dans mon livre.
11:21Moi, j'ai vu la mort devant moi, derrière la porte.
11:26Il y avait des gens qui voulaient me tuer sans que je n'ai rien fait.
11:32Je n'ai rien fait de mal.
11:35Je les ai entendus, j'ai entendu leur voix,
11:39leur colère, leur volonté de massacrer moi.
11:44Et après, j'ai découvert qu'un quart de mon kibbutz,
11:48de ma communauté, était soit assassiné,
11:51soit kidnappé à la maison brûlée.
11:53Nous n'avons plus de maison aujourd'hui.
11:58Vous savez, je n'avais même pas un moment pour arrêter
12:03et penser à cette tragédie personnelle durant ces 8 heures.
12:09Je n'avais pas le temps.
12:11La détresse de ces otages qui souffrent déjà 200 jours
12:16me préoccupe beaucoup plus.
12:18C'est ce qui se passe maintenant, en ce moment.
12:20Moi, je vais vivre, je vais survivre.
12:23C'est ce qui m'est arrivé les 8 heures dans la brise.
12:27Est-ce que vous faites confiance aujourd'hui à Benhamin Netanyahou
12:31pour faire sortir les 100 morts d'otages qui restent ?
12:38Écoutez, c'est très complexe.
12:41Nous savons, la politique...
12:44Moi, je ne suis pas une politicienne.
12:47Cette histoire est très complexe.
12:49Nous avons un ennemi très cruel devant nous.
12:52Nous menons des négociations avec le diable, avec un monstre.
12:59Ces gens qui ont massacré, qui ont tué ma mère, ma nièce
13:05et beaucoup de mes amis sont ceux qui tiennent toujours
13:09dans leurs mains, sans pitié, leurs mains cruelles, les otages.
13:17Je pense que tout le monde fait tout.
13:20Si c'est Qatar, les Etats-Unis, la France, Israël.
13:25Mais ils ne font pas assez.
13:28Ils devaient déjà être chez eux.
13:31Et je pointe le doigt à Qatar,
13:34qui est un Etat qui soutient le terrorisme.
13:38Elle est l'oxygène de Hamas.
13:41C'est la vie de Hamas.
13:43Tant qu'elle permet leur existence
13:47et qu'elle ne ferme pas le robinet, entre guillemets,
13:50elle soutient le terrorisme.
13:53Oui, je suis très en colère.
13:56Aussi contre Benjamin Netanyahou,
14:00parce qu'il devait, à mon avis, faire beaucoup plus.
14:04Oui.
14:06Moi, j'appelle tous les dirigeants, tous les premiers ministres,
14:11tous ceux qui ont du pouvoir dans ce monde.
14:14Faites quelque chose pour finir cette tragédie.
14:17Je ne sais pas comment.
14:19Ce n'est pas à moi de ramener les solutions non plus.
14:22Je sais qu'il y a encore eu des bombardements sur Gaza ces dernières heures,
14:25qu'il y a eu aussi des milliers de victimes à Gaza.
14:28Merci beaucoup.
14:31Je suis très heureuse que vous m'avez invité.
14:35Je vous invite tous à lire mon livre,
14:38à lire ma lutte sur la lutte de mon pays.
14:42Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui,
14:45les yeux de tout le monde regardent ce qui se passe à Gaza.
14:48Mais il ne faut pas oublier pourquoi tout cela est arrivé.
14:51Tout a commencé le 7 octobre, quand Sinoir a fait ce qu'il a fait.
14:55Et bon, il savait que la réaction...
14:58Vous savez, si un pays avait attaqué la France,
15:04la France aurait réagi.
15:07La même chose, Israël et Sinoir, ils ne pensent pas à ces citoyens.
15:11Je dois dire ça.
15:13Ils ne pensent pas à ces citoyens, parce qu'ils savaient qu'il y aurait une réaction.
15:17Mais ils ne défendent pas sa population.
15:19Tout est une manipulation pour lui.
15:22Et il ne faut pas oublier ça, à ce moment où l'antisémitisme relève sa tête.
15:27Sous les hôpitaux, sous les écoles, là, il cache ses armes.
15:31Merci beaucoup à vous.