La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit à l'annulation de la condamnation pour viol et agressions sexuelles de l'ex-producteur star d'Hollywood prononcée par une cour d'appel de New York
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00:00 Une cour d'appel de New York annule la condamnation d'Harvey Weinstein pour viol et agression sexuelle.
00:05 Elle ordonne un nouveau procès, on le rappelle, Harvey Weinstein, producteur ultra-connu,
00:11 qui avait été reconnu coupable d'agression sexuelle et de viol, condamné à 23 ans d'emprisonnement,
00:17 et avait fait appel. Il avait par ailleurs été condamné à 16 ans de prison en 2023 à Los Angeles pour des faits similaires.
00:22 Là, il s'agit du cas de New York. Donc, que s'est-il passé, déjà, pour que ce soit annulé ?
00:28 Alors Harvey Weinstein, en effet, avait été condamné à 23 ans de prison. Il a fait appel de cette décision.
00:36 Et ce que la cour d'appel de New York a sanctionné, c'est le fait que des témoins, des femmes qui se disaient avoir été victimes d'agression
00:46 mais qui n'étaient pas plaignantes dans l'affaire dont il était question, avaient témoigné dans le procès.
00:53 Et d'autre part, le fait qu'on avait interrogé Harvey Weinstein sur son comportement passé, sur donc d'hypothétiques agressions,
01:02 mais qui ne faisaient pas non plus l'objet de plaintes. Et la cour a considéré que ça donnait de lui une image extrêmement négative
01:13 d'aller chercher tous ces éléments qui n'étaient pas soumis au jugement du tribunal, et que donc ça le privait de son droit à un procès équitable.
01:22 Et elle a considéré que la seule solution, c'était de redonner un procès à Harvey Weinstein.
01:31 Ce qui lui donne, j'imagine, un fol espoir, s'il a de bons avocats, d'être acquitté cette fois.
01:39 - Ce qu'il a sûrement. - À l'occasion d'un nouveau procès.
01:41 Ce qu'il a, je crois, oui, je ne sais plus exactement le nom de son avocate. En l'occurrence, je crois que c'est une femme.
01:48 Mais c'est évidemment une femme, une avocate très compétente.
01:51 - Trois juges se sont prononcés pour l'annulation de cette condamnation, trois contre.
01:55 Parmi celles ou ceux qui ont voté contre, cette juge qui dit "avec cette décision, la cour continue à contrecarrer les victoires régulières
02:02 pour lesquelles les survivantes de violences sexuelles se sont battues". Voilà, c'est un gros pas en arrière pour le mouvement #MeToo, dit-elle.
02:08 - Ce qui est très intéressant aussi, c'est qu'aux États-Unis, il n'y a pas de secret du délibéré.
02:14 Au contraire, les positions de chacun des magistrats, pourquoi est-ce qu'ils se sont prononcés dans un sens ou dans un autre ?
02:21 Donc moi, je trouve ça intéressant. J'ai vu les réactions. On voit Benjamin Brafman, qui était un des avocats de DSK,
02:29 qui a donc assisté également Harvey Weinstein, un avocat spécialisé, donc j'imagine.
02:34 En tout cas, je trouve que c'est intéressant parce qu'on voit que les garanties, au fond, aux États-Unis,
02:41 qui est un pays souvent brocardé en France, moi, je trouve que les garanties du justiciable sont quand même sérieuses là-bas.
02:48 C'est-à-dire qu'en France, vous avez des tas d'affaires où on vient faire l'archéologie de tout ce qui s'est passé dans la vie de quelqu'un
02:55 parce qu'on considère que ça éclaire ce pourquoi il est mis en examen ou il est jugé,
03:01 et donc on lui pose volontiers des questions sur des faits qui ne sont pas forcément l'objet de la mise en examen
03:07 ou de la saisine d'un tribunal ou d'une cour d'assises. Ça arrive souvent.
03:12 On vient chercher alors comment vous vous étiez comporté dans les affaires de viol.
03:15 Moi, je le vois, moi, avec telle ex que nous avons interrogée, qui explique que vous étiez changeant avec elle,
03:23 qu'un jour vous étiez très amoureux et le lendemain très distant, pouvez-vous expliquer ?
03:29 Parce qu'on considère que ça vient éclairer.
03:31 Et là-bas, ce que dit cette cour d'appel, c'est non, il faut s'en tenir à ce pourquoi la personne compare et ne pas noircir le tableau avec des faits qui n'ont rien à voir.
03:42 Mais on parle quand même de l'affaire qui a lancé le mouvement #MeToo, qui a été quand même une révolution aussi pour les femmes.
03:47 Il y a un groupe de victimes d'ailleurs qui a réagi, un groupe de victimes d'Harvey Weinstein, qui a dénoncé cette décision comme profondément injuste.
03:54 La nouvelle aujourd'hui n'est pas seulement démoralisante, elle est profondément injuste.
03:58 Votre regard à vous d'avocate ?
04:01 Alors moi, mon regard d'avocate, c'est que de toute façon, c'est vrai que dans le droit français, pour rebondir sur ce que disait Charles,
04:09 dans les procès en France, on tient compte exclusivement de ce qu'on appelle la prévention, c'est-à-dire les faits qui sont renvoyés devant le tribunal ou devant la cour d'assises.
04:19 Et effectivement, les antériorités, qu'elles soient en termes de condamnation ou qu'elles soient en termes d'histoire passée, apportent un éclairage.
04:30 Alors manifestement, aux États-Unis, les choses sont un peu plus nuancées, un peu plus... voilà, c'est différent sur le plan juridique.
04:37 Sur le plan sociologique, c'est-à-dire de ce fameux mouvement #MeToo, moi en tant que femme, en tant qu'avocate, mais en tant que femme, je ne suis pas du tout cliente de ce mouvement.
04:47 Pour une raison très simple d'ailleurs, je vais vous dire, je suis féministe, j'allais dire, déjà parce que je suis une femme, mais aussi parce que j'ai été, comme toute femme,
04:55 confrontée à des excès, à des abus, à des sous-entendus, à un patriarcat insupportable, et ça, je le combats.
05:03 Mais pour moi, #MeToo, ça n'a rien à voir. Pour moi, il y a un côté fonds de commerce idéologique que j'exsècre, et en plus, qui peut conduire à des erreurs judiciaires extrêmement graves.
05:13 Parce que quand on vient faire un déballage, notamment sur les plateaux télé, comme on l'a vu, pour un certain nombre de personnalités connues ou moins connues,
05:23 mais en particulier connues, sans preuve, sans procès, sans principe du contradictoire, sans respect des règles de procédure, qu'on jette l'opprobre sur un être humain,
05:34 sur un individu, et donc sur toute sa famille, des épouses, des enfants, quand on le licencie, on le congédie, avant même d'avoir la certitude,
05:44 alors que le pilier de notre procédure, c'est la présomption d'innocence, et donc la certitude de sa culpabilité, tout cela me dérange.
05:52 Voilà, c'est la raison pour laquelle...
05:54 - Mais ça, vous parlez des excès du mouvement #MeToo, mais il y a aussi peut-être des points positifs à soulever.
05:59 - Oui, on peut dire que le point positif, c'est que ça a un peu libéré, mais est-ce qu'on avait besoin de tant d'excès ?
06:07 - On va pas revenir sur le débat #MeToo, on va avancer. Un dernier mot sur ça.
06:10 - Non, mais moi, ce que je constate vraiment comme avocat, très honnêtement, c'est une dérive, maintenant, parce qu'on ne veut pas être pris en défaut
06:20 de prise en compte de la parole des victimes, en réalité, maintenant, elle est prise pour parole d'évangile.
06:27 Et très honnêtement, moi, j'observe maintenant un déséquilibre incroyable, où quelqu'un vient alléguer d'un viol,
06:33 la personne suspectée dit "je ne l'ai pas commis", il n'y a quasiment aucun autre élément que la parole de la victime,
06:40 et vous avez les enquêteurs, les juges, etc., qui disent à la personne "mais enfin, si elle dit ça, pourquoi mentirait-elle ?"
06:48 Et donc c'est à la personne mise en cause d'essayer de se sortir de ce simple mouvement et de faire elle-même l'enquête dans son état de charge.
06:59 Donc voilà, moi, je trouve qu'il faudra atteindre le point d'équilibre, en fait, dans ce domaine.
07:06 - Visiblement, il y aura un nouveau procès, il va être rejugé, il sera à nouveau condamné, ou pas forcément, il sera potentiellement libéré ?
07:13 - En principe, on dit que les pauvres...
07:14 - Pas libéré, puisqu'il y a une autre affaire à l'enfance, je veux dire...
07:16 - D'abord, le pauvre, il purge de longues peines de prison, mais en principe, on dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
07:22 Après, on sait jamais, il y a des cas de gens condamnés, c'est cassé...
07:26 Là, j'ai l'impression que la Cour d'appel de New York est plutôt l'équivalent de notre Cour de cassation, en l'occurrence, quand je vois le fonctionnement,
07:32 mais c'est cassé en cassation, on revient devant les juges de première instance et on refait un procès.
07:39 Et il peut donner un résultat tout à fait différent, évidemment.
07:42 - Vous avez raison, Perricault, il est déjà condamné à 7 ans de prison par une cour à Los Angeles, et ça, ça ne change pas pour des faits similaires.