Le président du Rassemblement national "Jordan Bardella est obsédé par 2027" et la prochaine élection présidentielle, dénonce ce vendredi sur France Inter Jean-Noël Barrot, ministre délégué à l'Europe. Le ministre accuse la tête de liste du RN de se "désintéresser de l'élection européenne" qui doit se tenir le 9 juin.
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00:00 6h20 et à votre micro Marion, l'invité de Inter et ministre délégué chargé de l'Europe.
00:05 Et il vient nous parler sur France Inter au lendemain de ce grand discours du chef de l'Etat sur l'Europe hier à la Sorbonne.
00:11 Bonjour Jean-Noël Barraud.
00:12 Bonjour.
00:12 Le président de la République qui s'est donc longuement exprimé sur l'Europe hier, presque deux heures.
00:16 « Une Europe qui est mortelle, elle peut mourir » dit Emmanuel Macron.
00:19 Il appelle les 27 à un sursaut pour bâtir une Europe puissante, une défense crédible.
00:24 Discours fleuve. Jean-Noël Barraud, c'est un discours de campagne ?
00:28 C'est un discours de chef d'Etat qui veut faire entendre la voix de la France pour les 5 à 10 années qui viennent.
00:34 Pour faire en sorte que nos idées continuent à progresser en Europe à un moment où effectivement c'est l'existence de l'Union Européenne qui est en cause.
00:40 Donc pas un discours de campagne ?
00:42 Un discours de chef d'Etat.
00:43 Vous savez, à la fin du mois de juin, les 27 vont se retrouver pour écrire, rédiger ensemble l'agenda stratégique qui va définir l'orientation de la prochaine Commission Européenne.
00:53 C'est sur ce point que le Président de la République, pour rallier nos partenaires à notre cause, a voulu peser.
00:58 Je constate que le pari est tenu puisque le chancelier Olaf Scholz, allemand, a quelques heures à peine après la fin du discours, salué l'ambition d'Emmanuel Macron.
01:08 Il dit qu'il y a des pistes qui vont dans le bon sens.
01:11 Ça doit compter ce temps de parole du Président dans le temps de parole de la candidate Valérie Ayé qui est tête de liste aux élections du 9 juin ?
01:20 C'est à nouveau un discours du Président de la République.
01:22 Donc ça ne doit pas compter dedans.
01:24 La voix française pèse dans les cinq années qui viennent.
01:26 C'est un moment important qui est devant nous.
01:30 Celui des élections européennes, c'est vrai.
01:32 Mais celui qui va conduire les chefs d'Etat et de gouvernement à s'accorder sur les priorités pour l'Union Européenne.
01:37 Rallier nos partenaires à notre cause, ça n'a rien d'évident.
01:40 Je constate que d'ores et déjà, les Allemands ont accueilli favorablement les orientations du Président.
01:45 Jean-Noël Barreau, vous avez vu quand même l'une des journaux hier, "Macron au secours de la majorité, Macron entre en campagne".
01:50 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
01:52 Ce que je réponds, c'est que la campagne va, je le souhaite, se placer au bon niveau, sur le terrain européen.
01:59 Alors que jusqu'à présent, nos concurrents politiques ont tenté de se dérober en ramenant la campagne sur le terrain de la politique nationale
02:09 pour masquer l'absence d'influence qu'ils ont eu pendant les cinq années qui viennent de s'écouler
02:14 et l'absence d'influence qu'ils auront si jamais ils sont reconduits au Parlement.
02:17 Donc là c'est drôle parce que vous me parlez quand même de campagne.
02:19 C'est vous qui m'en parlez.
02:20 Parce qu'avec ce discours, Emmanuel Macron engage sa responsabilité symbolique et politique dans les élections, d'après vous.
02:25 Il engage la responsabilité de la France pour les cinq années qui viennent, pour faire en sorte, comme ça a été le cas depuis sept ans
02:31 et le premier discours de la Sorbonne, que les idées françaises soient entendues et pèsent en Europe.
02:37 Jamais la France n'a été aussi influente en Europe que ces sept dernières années.
02:41 L'enjeu c'est que cela se poursuive parce que la situation est grave.
02:44 Nous avons basculé dans un monde qui est celui de la loi du plus fort.
02:47 Et dans ce monde, la seule option viable c'est de devenir plus fort.
02:52 Et pour cela nous avons besoin d'une Europe puissante, d'une Europe prospère, d'une Europe humaniste.
02:56 C'est cela que le Président de la République a rappelé hier à la Sorbonne.
02:58 Vous savez qui dit qu'Emmanuel Macron engage sa responsabilité symbolique et politique dans les élections ?
03:04 Jean-Noël Barraud.
03:04 Je vous laisse...
03:05 Jordan Bardella, le patron du RN qui est tête de liste pour les élections du 9 juin pour son parti.
03:10 Est-ce qu'en cas de défaite, il faut comme il le demande, dissoudre l'Assemblée Nationale ?
03:14 Jordan Bardella est obsédé par 2027, se désintéresse de cette élection européenne.
03:20 Et il veut entraîner la campagne sur le terrain de la politique nationale
03:24 pour masquer le fait qu'il n'a eu aucun impact sur le cours des choses depuis 5 ans.
03:29 Mais Emmanuel Macron ne serait pas délégitimé par une défaite de Valérie Ayé et de sa liste ?
03:33 Je ne crois pas qu'on puisse parler de défaite.
03:37 Vous savez c'est une élection...
03:38 S'il y en a une, c'est une hypothèse.
03:39 C'est une élection à la proportionnelle.
03:40 Chaque voix compte.
03:41 Et je veux le rappeler à nos concitoyens qui, pour certains, sont encore un peu éloignés
03:45 dans leur esprit de ce scrutin.
03:47 C'est le 9 juin, il n'y aura qu'un tour.
03:49 Et c'est une élection à la proportionnelle.
03:51 Chaque voix compte.
03:52 Le président de la République disait hier que l'Europe n'est plus adaptée, on est trop lent, pas assez ambitieux.
03:56 Bref, un bilan assez sévère.
03:58 Ce n'est pas aussi votre bilan ça ?
04:00 Le bilan de Renaissance, le bilan de Renew qui est quand même un parti pivot au Parlement européen ?
04:04 Je le disais, jamais la France n'a été aussi influente que ces 7 dernières années.
04:07 Il s'est passé en Europe une révolution, la révolution de la souveraineté.
04:11 Et donc pourquoi ne pas avoir fait ce que réclame le président ?
04:13 Ce concept s'est répandu dans tous les États membres et, si je puis dire, dans toutes les forces politiques
04:18 puisque désormais même nos concurrents s'approprient cette notion-là.
04:21 Ce qui a changé, c'est que nous avons basculé dans le monde de la loi du plus fort avec l'agression
04:26 de la Russie en Ukraine, avec la désinhibition d'un certain nombre de nos grands rivaux
04:31 et que face à cela, la menace étant lourde, il nous faut nous réveiller et accélérer.
04:36 La liste de votre camp, celle de Besoin d'Europe, Renew et ses alliés qui est menée par Valérie Ayé,
04:41 elle est systématiquement devancée de loin dans les sondages par le Rassemblement national dont on parlait tout à l'heure.
04:46 Ça, ça ne change pas. Comment est-ce que vous l'expliquez ?
04:48 Il faut soustraire cette campagne aux spéculations des sondeurs.
04:51 Les sondeurs vous donnent une photographie de l'opinion de ceux qui sont d'ores et déjà décidés à aller voter.
04:56 C'est une tendance lourde !
04:57 Un Français sur 10 seulement, aujourd'hui, connaît précisément la date des élections.
05:02 Quand nous allons nous rapprocher du scrutin, vous allez voir la photographie de l'opinion changer
05:06 parce que les Français sont conscients qu'ils ont besoin de l'Europe pour les protéger
05:10 et que pour cela, il leur faut protéger l'Europe.
05:12 Et vous, vous dites que la France est pilonnée par la propagande russe et que c'est une crainte dans le cadre de ces élections.
05:17 C'est un des enjeux, les ingérences étrangères et donc russes notamment.
05:21 On se rappelle du faux enregistrement, le deepfake qui avait coûté son élection aux socialistes slovaks à l'automne dernier,
05:27 en tout cas qui avait peut-être pesé.
05:28 Est-ce que ce scénario à la Slovaquie peut nous arriver ?
05:31 C'est un risque, nous sommes pilonnés, nous sommes matraqués en France comme en Europe par la propagande russe.
05:36 Nous mettons en place un dispositif de vigilance renforcé pour garantir la sincérité du scrutin.
05:41 Au Parlement ?
05:42 Au Parlement, non, en France, autour du service Viginum qui a été créé en 2021,
05:47 qui est unique en Europe et qui détecte et révèle ces tentatives d'ingérence dans le débat public
05:53 qui ont vocation à nous déstabiliser mais aussi à nous dire…
05:55 Concrètement, ça marche comment ?
05:56 Concrètement, c'est une équipe d'experts, experts des données mais aussi de l'anthropologie, de l'histoire et de la géographie,
06:02 qui va analyser ces campagnes de fausses nouvelles, ces détournements de sites du gouvernement
06:10 pour pouvoir les relier à leurs auteurs de manière à pouvoir dévitaliser ces campagnes
06:14 en révélant qu'il s'agit en réalité de fausses informations.
06:17 Et par ailleurs, j'ai demandé à la Commission européenne de veiller à mettre une pression maximale
06:21 sur les grandes plateformes de réseaux sociaux pour éviter qu'un scénario comme celui qu'on a constaté en Slovaquie
06:26 se reproduise, c'est-à-dire en déviralisant, en invisibilisant si nécessaire des contenus
06:32 qui seraient propagés pendant les quelques heures qui précèdent l'élection.
06:35 Très rapidement, Jean-Noël Barraud, la liste Renaissance, besoin d'Europe va être dévoilée bientôt.
06:42 Est-ce que François Bayrou sera sur la liste ? Oui, non ?
06:44 Je le souhaite en tout cas, parce que comme chef d'un parti important de la majorité,
06:50 il viendra donner tout son poids politique, toute son influence,
06:54 mais aussi toute sa sensibilité européenne à cette campagne.
06:57 Edouard Philippe aussi donc ? Absolument.
06:59 Jean-Noël Barraud, ministre délégué à l'Europe, merci beaucoup d'être venu ce matin sur Inter.