• il y a 8 mois
Comme chaque jour dans le Live Switek, Roselyne Dubois répond à vos questions sur l'actualité.

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00:00 On va le dire aux téléspectateurs qui nous regardent ce matin, on a tous les deux été sidérés par l'alerte qui vient.
00:05 Oui, sur les erreurs de radiothérapie.
00:07 On parle de cancer, donc un des soignants qui se trompe de côté et qui irradie le mauvais sein par exemple.
00:13 Ça peut être aussi le mauvais poumon, le mauvais membre, au point que l'Autorité de Sûreté du nucléaire publie effectivement une alerte.
00:19 On en parle avec vous Caroline Diodonné, journaliste santé de BFM TV.
00:23 L'autorité qui évoque une recrudescence de ce type d'erreur, on parle d'erreur de latéralité.
00:29 On a confondu la gauche et la droite.
00:30 Exactement, en fait elle a fait état de plusieurs cas en quelques jours sur son site internet.
00:35 En fait, ce sont des cas qui remontent au mois de mars et qui concernent tous les deux une patiente traitée pour un cancer du sein par radiothérapie.
00:42 Donc c'est une technique où on va utiliser des rayonnements pour aller détruire les cellules cancéreuses.
00:47 Effectivement, on parle d'erreur de latéralité, ça veut dire qu'on s'est trompé de côté.
00:51 Alors, premier cas à Montpellier, ça a duré huit séances sur le mauvais sein, sur les 25 prévus.
00:57 Et c'est lors d'une consultation de suivi que les médecins s'en sont rendus compte parce qu'il y avait des effets secondaires sur la patiente.
01:02 Alors, on n'a pas le détail, mais on peut penser par exemple à l'apparition de rougeur du côté opposé à la tumeur.
01:10 Exactement. Alors, on a contacté l'autorité de sûreté nucléaire, le responsable de la division concernée.
01:15 L'erreur semble-t-il est survenue lors du repérage de l'organe, c'est-à-dire au moment où on va dessiner la cible à traiter sur les images du scanner à partir de la prescription.
01:25 C'est ce qu'on appelle l'étape de délinéation.
01:28 Autre cas, cette fois, à Dijon. Cette fois, ça a duré tout le traitement, en fait.
01:31 20 séances de radiothérapie du mauvais côté.
01:35 Exactement. En fait, il a fallu attendre cette fois la consultation post-traitement pour découvrir l'erreur.
01:40 Que s'est-il passé ?
01:41 Et bien, selon la SN, ça pourrait être la présence d'informations discordantes dans le compte-rendu initial.
01:47 En fait, on a contacté la direction de l'hôpital qui nous a indiqué qu'il y avait eu une erreur au moment de la prescription.
01:53 Le médecin a inscrit, selon eux, "sein droit" au lieu de "sein gauche".
01:56 Erreur qui a donc abouti au contourage du mauvais sein.
02:00 La patiente a été informée. Un nouveau plan a été proposé.
02:03 Il me semble, dans mes notes, je voyais ça à Dijon, où toutes les séances ont été faites du mauvais côté.
02:08 La patiente l'a dit. Elle l'a dit visiblement au médecin.
02:12 "Attention, on est en train de se..." Vous êtes en train de vous tromper.
02:14 Alors, c'est une information qui a été donnée en interview à France 3 Bourgogne.
02:18 Information que nous n'avons pas confirmée et qui avait été donnée dans cette interview.
02:22 En revanche, la direction, elle, nous a bien confirmé qu'il y avait eu une erreur au moment de la prescription.
02:26 On a écrit "sein droit" au lieu de "sein gauche".
02:28 Vous restez, Caroline, avec nous parce qu'on va voir dans un instant les mesures qui ont été prises.
02:30 Mais d'abord, Alain Toledano, merci d'être avec nous. Cancérologue, fondateur de l'Institut Raphaël.
02:34 On a tous une question quand même ce matin.
02:36 Comment est-ce possible ? On ne vérifie pas. Comment on peut en arriver là ?
02:42 L'erreur est inhérente à chaque traitement technique.
02:46 Vous savez qu'en France, il y a 220 000 personnes qui ont de la radiothérapie chaque année.
02:50 C'est 4,5 millions de séances. Et il y a encore malheureusement quelques erreurs, quelques dizaines d'erreurs.
02:56 Et il faut qu'on travaille pour les enrayer.
02:58 Par contre, on peut se féliciter qu'il y ait une culture de la déclaration de l'erreur,
03:02 qui est un suivi par l'autorité de sûreté nucléaire,
03:05 qui est un sérieux pour arriver à créer des rectifications.
03:09 Il y a quelles conséquences pour les patientes ?
03:11 Il y a des séquelles éventuellement quand elles sont brûlées au mauvais endroit ?
03:14 Et puis ça veut dire que le traitement a pris du retard, forcément. Le bon traitement.
03:18 Imaginez donc qu'aujourd'hui, quand on traite un sein qui a été opéré,
03:23 il est possible de ne pas se rendre compte de la cicatrice ou que le sein a été opéré
03:27 parce qu'on a fait des progrès en oncoplastique.
03:30 On traite le cancer et on a des jolis seins très esthétiques
03:33 où parfois on ne voit même pas de quel côté il s'agit.
03:36 Donc c'est très important pour le soignant, le médecin et toute la chaîne de soins
03:40 de bien préciser le côté et d'arriver à se parler entre soignants.
03:44 Mais c'est également très important de rendre le patient un acteur de son traitement.
03:49 Pas uniquement lui remettre des papiers avec un plan de soins personnalisé écrit,
03:53 mais également lui expliquer ce qu'on va faire et le faire participer.
03:57 Le patient, ça doit être l'acteur de sa sécurité.
04:01 Mais justement, là, les patientes, ça nous paraît aussi assez fou,
04:04 elles ne s'en sont pas rendues compte tout de suite ?
04:07 C'est-à-dire qu'en radiothérapie, ce sont des rayons X transparents
04:11 qui ne se voient pas, qui ne font pas mal.
04:13 Donc l'énergie, on la désigne sur le sein.
04:15 Il n'y a pas de brûlure tout de suite ?
04:17 Il n'y a pas du tout de brûlure tout de suite,
04:19 c'est des traitements qui sont de plus en plus indolentes,
04:21 de plus en plus techniques.
04:22 Et c'est tant mieux parce que du coup, ça préserve l'esthétisme, la qualité de vie.
04:26 Mais ça veut dire que pour être très technique,
04:28 il y a beaucoup de personnes qui interviennent.
04:30 Et quand il y a beaucoup de personnes qui interviennent dans une chaîne,
04:33 alors il faut optimiser la sécurité de cette chaîne,
04:36 créer des outils informatiques, mais surtout se parler
04:39 et mettre une sécurité humaine
04:41 et inviter les patients à partager ces informations.
04:44 Ce n'est pas un sain qu'on traite, c'est une dame.
04:47 Et il faut qu'elle soit actrice de son traitement.
04:49 Et fort heureusement en France, ça se passe très bien
04:52 dans la quasi-totalité des centres et la plupart du temps.
04:55 Mais quand ça arrive, c'est un problème technique, trop de technique,
04:59 c'est un mot que vous avez beaucoup employé,
05:00 trop de technique et pas assez d'humains en fait ?
05:02 C'est un problème de personnel ou plus de communication de ce que vous dites ?
05:06 C'est un problème de communication, ce n'est pas un problème de personnel.
05:09 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème de personnel par ailleurs.
05:12 Mais des fois, on est obligé d'installer la patiente
05:15 qui a un sein volumineux dans un sens tête-pied différent.
05:19 Donc il faut communiquer entre les soignants,
05:22 bien écrire, avoir des processus de vérification
05:26 et puis demander aux patients comment ils s'appellent,
05:28 ce qu'on appelle l'identitovigilance,
05:31 lui faire préciser que c'est bien ce côté-là qu'on va traiter.
05:34 Donc il y a des techniques pour arriver à diminuer le taux d'erreur
05:37 et l'Autorité de Sûreté Nucléaire,
05:39 la Société Française de Radiothérapie Oncologique, travaille dessus.
05:43 Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous.
05:45 Caroline, un dernier mot sur les mesures quand même,
05:47 s'il y en a qui ont été prises dans les hôpitaux touchés ?
05:49 Alors à l'Institut de Cancérologie de Bourgogne,
05:51 la direction nous a dit qu'il y avait des actions
05:53 qui avaient été mises en place pour renforcer les procédures
05:56 de qualité et de sécurité.
05:58 D'ailleurs, ça fera l'objet d'un contrôle par la SN,
06:01 parce qu'il y a bien écrit dans le rapport
06:03 que l'établissement doit transmettre sous deux mois
06:05 un compte rendu avec l'analyse approfondie des causes
06:08 et les actions correctives prévues.
06:10 Aussi, sur les mesures mises en place,
06:12 il y avait le cas de Tours.
06:14 Souvenez-vous, on avait rencontré les équipes médicales
06:16 à la fin de l'année dernière, où là,
06:18 une patiente avait reçu 25 séances de radiothérapie
06:21 du mauvais côté, et l'équipe nous avait expliqué
06:24 à ce moment-là que parmi les mesures,
06:26 ils allaient demander aux patients,
06:28 à chaque séance, le côté à traiter.
06:30 D'ailleurs, ça fait partie des bonnes pratiques
06:32 recommandées par la SN, vérifier avec les équipes,
06:35 avec le patient, et prendre le temps pour chaque étape.

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