Le député Arthur Delaporte accuse l'influenceuse Ophenya de "pratiques sectaires". L'influenceuse aux 4,9 millions d'abonnés sur TikTok et 735.000 sur Instagram a porté plainte ce vendredi 19 avril pour diffamation contre le député.
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00:00 Près de 5 millions d'abonnés sur TikTok, 735 000 sur Instagram, l'influenceuse Ophénia est une star des réseaux sociaux.
00:07 Son public est souvent très jeune, des adolescents.
00:10 Ophénia est une influenceuse lifestyle, elle donne des conseils de vie, même les parents ou les grands-parents sont fans.
00:20 "T'es forte, ta voix du mal, elle m'a fait monter mon bateau"
00:24 "Je veux que tu viennes, merci, je vais te décrire un beau message, tu as écrit de faire très très bien, merci de parler de moi, c'est beaucoup"
00:39 A première vue, rien de grave, mais voilà, Ophénia est accusée par certains, notamment le député PS Arthur Delaporte,
00:45 d'exercer une forme d'emprise sur ses abonnés et de promouvoir parfois des contenus douteux.
00:50 En novembre, elle avait fait la pub d'une application de mise en relation de jeunes de 10 à 21 ans.
00:55 "Ca c'est l'application Crush, il y avait eu une polémique, sauf qu'en fait il y a des adultes qui peuvent se faire passer pour les enfants,
01:00 par ailleurs on a vu que cette application avait des vulnérabilités en termes de sécurité et de protection des données"
01:05 Selon ce psychologue spécialisé dans le numérique, les influenceurs vendent un monde idéal, de beauté et de bien-être, qui peut être dangereux pour les adolescents.
01:12 "Donc ce qu'on leur propose, ce sont finalement des normes auxquelles ils ne pourront jamais véritablement totalement correspondre,
01:18 ce qui va créer pour beaucoup des grandes désillusions, parfois même de la dépression"
01:24 La Mivilude, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, assure avoir reçu des signalements concernant l'influenceuse Ophénia.
01:32 "Ca vous fait réagir Antoine ?"
01:34 "Oui, après moi c'est vrai que je me demande, des fans il y en a toujours eu et de tout,
01:38 donc je me demande en quoi c'est forcément différent de quelqu'un qui va être fan à l'excès d'une chanteuse par exemple"
01:43 "C'est peut-être ça la limite, non monsieur Le Vaillant ? Où est la limite entre la dérive sectaire, attention, les mots sont importants, et le fanatisme, non, mais être fan, c'est quoi la limite ?"
01:57 "Alors la loi, elle parle de sujétion psychologique, c'est-à-dire d'emprise mentale, qui est causée par des pressions graves ou réitérées,
02:05 ou par des techniques propres à altérer le jugement. Donc évidemment je ne vais pas parler du cas d'Ophénia, mais la loi dit cela.
02:13 En réalité la loi est assez exigeante, il faut pas mal de preuves, d'éléments pour caractériser ce délit d'abus de faiblesse par sujétion psychologique."
02:22 "Mais est-ce que c'est toujours difficile de mesurer cette limite ? On voit par exemple le caressant d'adolescentes qui se sont donné la mort, voilà.
02:32 Comment la limite est-elle définie ?"
02:37 "La limite elle est définie par la loi, elle est mise en œuvre par les juges, et qui établissent à quel moment on est au-delà de la norme autorisée."
02:47 "Qu'est-ce qui doit nous alerter ?"
02:48 "Alors, c'est ce que j'allais vous dire, c'est qu'au-delà de la caractérisation d'un délit, nous devons faire de la prévention,
02:56 et nous devons évidemment faire tout pour éviter que des délits soient commis et caractérisés.
03:02 Il y a plusieurs mesures qui peuvent aider à cela, c'est déjà le temps d'écran.
03:07 Vous savez qu'en Chine, l'application est limitée à 40 minutes par jour."
03:12 "Pour une application chinoise ?"
03:14 "Pour une application chinoise."
03:16 "Et les Etats-Unis se demandent s'il ne faut pas l'interdire."
03:18 "Alors pour d'autres raisons, effectivement, de souveraineté, mais donc nous devons aussi nous poser la question de l'âge des mineurs,
03:25 les parlementaires y ont répondu, ils ont voté une loi pour prévoir que les réseaux sociaux n'étaient pas accessibles à des mineurs de moins de 15 ans,
03:33 sauf accord parental, donc cette loi doit être encore mise en œuvre."
03:37 "Il n'y a pas de décret d'application, mais c'est particulièrement difficile lorsqu'on est parent, non ?"
03:40 "Bien sûr, mais alors, évidemment c'est difficile, mais c'est nécessaire, ça relève du devoir d'éducation,
03:46 et on peut même contrôler le temps d'écran, alors évidemment ça se fait souvent dans le cadre d'une négociation avec les enfants,
03:52 mais on peut supprimer l'accès aux écrans lorsque la limite a été franchie,
03:57 et donc il y a évidemment un devoir de vigilance des parents sur ce plan."
04:02 "Est-ce que le cas d'Ophénia vous interpelle, dans le sens où aujourd'hui, effectivement, il y a de plus en plus d'influenceuses
04:08 qui n'ont pas de talent particulier, si ce n'est de savoir faire des vidéos,
04:11 et puis petit à petit qui vont amener leurs abonnés à acheter des contenus, à les influencer,
04:18 parce que c'est le terme "influenceuse" aussi, est-ce que vous êtes particulièrement vigilant en ce moment à ce genre de cas ?"
04:25 "Alors, encore une fois, je ne vais pas me prononcer sur le cas précis d'Ophénia,
04:31 mais ce que je peux vous dire, c'est que j'étais moi-même surpris de voir que dans certains cas,
04:37 une emprise peut s'exercer par le numérique.
04:40 Souvent, il y a un mélange de rencontres réelles et de numériques,
04:44 lorsque nous avons des dérives sectaires réellement caractérisées et qui donnent mieux à des suspicions de commission d'un délit
04:50 et donc une transmission au concurrent de la République.
04:53 Mais donc, ça peut exister, en tous les cas, c'est quelque chose qui existe."
04:58 "Et ça rend votre travail plus difficile, ou pas, que cette emprise puisse passer par le numérique, justement ?
05:02 Ça vous demande plus de vigilance ?"
05:04 "Alors, ça nous oblige à changer un peu nos paramètres, notre paradigme,
05:10 puisque la Mililud ne s'occupait pas beaucoup de numérique jusqu'ici,
05:14 mais c'est au cœur, aujourd'hui, de notre métier.
05:18 D'ailleurs, ça fait partie de l'axe sur la prévention de la stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires
05:24 qui a été annoncé par la ministre Sabrina Agresti-Roubach."
05:28 "Mais dans quel domaine cette dérive sectaire est de plus en plus prégnante ?
05:32 La santé ? L'éducation ?"
05:34 "Ça peut être tous les domaines, c'est bien cela qui est un vrai défi.
05:38 Les parlementaires ont beaucoup évoqué la question de la santé,
05:42 puisque là, il y a des conséquences directes lorsque vous avez des ruptures de soins,
05:46 lorsque les personnes, par exemple, qui sont atteintes du cancer ne vont plus voir leur médecin,
05:51 mais vont voir des personnes qui ne sont pas des professionnelles de santé, y compris sur Internet.
05:57 Mais ça peut être dans le domaine de l'éducation, ça peut être dans tous les domaines de la vie,
06:00 dans le coaching également. Vous savez que vous avez des coachs dans tous les domaines de la vie,
06:04 aujourd'hui, y compris sur le plan du numérique.
06:07 Le numérique est évidemment quelque chose d'utile,
06:09 mais c'est aussi un moyen d'accès à des personnes qui auparavant n'auraient pas été contactées de cette manière."
06:16 "Et quand on a un doute, il faut le signaler à la MIVI-Lieu de Paris."
06:18 "Absolument, il faut le signaler sur notre site Internet et nous répondrons aux demandes qui nous sont adressées."
06:23 "Même s'il y a un doute. Merci beaucoup, merci d'être venu nous voir ce matin sur le plateau de première édition."