Avec Annick Perez, auteure de "Comment j'ai échappé au malheur" publié aux éditions Ramsey.
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NewsTranscription
00:00Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, le face-à-face.
00:0613h06 sur Sud Radio, nous sommes ensemble jusqu'à 14h, aujourd'hui André Bercoff,
00:09vous recevez pour ce face-à-face Annick Pérez qui vient nous voir pour ce livre
00:13Comment j'ai échappé au malheur, c'est aux éditions Ramsey. Bonjour Annick Pérez.
00:16Bonjour.
00:17Alors je n'ai pas l'habitude que vous savez dans cette émission, et vous le savez,
00:21de parler beaucoup des romans.
00:23Effectivement on en parle de temps en temps, mais c'est beaucoup plus des essais, etc.
00:27Et puis de temps en temps, m'arrive un livre, et ce livre vraiment m'a beaucoup touché,
00:33même plus que ça je dois dire, il m'a bouleversé, d'Annick Pérez,
00:36on ne va pas dire qu'on ne se connaît pas, on se connaît,
00:38elle a écrit beaucoup de livres, elle a écrit des pièces de théâtre,
00:41elle fait de la peinture, c'est quelqu'un qui a beaucoup de talents, des talents très divers,
00:47et elle a écrit ce livre, Comment j'ai échappé au malheur, aux éditions Ramsey.
00:52Annick Pérez, vous mettez roman, en fait c'est un roman vrai, un peu quelque part.
00:58Absolument, tout est vrai, et en même temps c'est une histoire surnaturelle et vraie,
01:02alors là c'est un peu oxymore, surnaturelle et vraie,
01:06c'est surnaturel, et c'est vrai.
01:08Alors, pourquoi surnaturel, vrai, parce qu'effectivement vous évoquez énormément de choses,
01:14et on va en parler effectivement, avec, il faut le dire,
01:18ça a été un très grand malheur de votre vie, la mort de votre sœur, très jeune,
01:23ce qui s'est passé, et puis cette rencontre, enfin ces rencontres tout à fait,
01:29je dirais presque surréalistes, avec un chanteur, un des plus grands chanteurs français,
01:33qui s'appelle Jean-Jacques Goldman, mais au fond, vous avez voulu écrire à la fois vrai,
01:38et pour dire qu'en fait il y a une vérité, mais il y a des vérités à plusieurs étages, c'est un peu ça ?
01:43Ben non, pour moi il n'y en a qu'une, en fait, au départ je ne croyais pas à ces choses-là,
01:49et force est de constater que quelque chose existe au-dessus des étages,
01:55et qu'au-dessus du ciel, et apparemment, oui en effet, Jean-Jacques Goldman,
02:01une chanson de Jean-Jacques Goldman d'abord, qui s'appelle Confidentiel, m'a sauvé la vie,
02:05il y a des chansons qui sauvent la vie, voilà.
02:07On va l'écouter, on pourrait l'écouter, une magnifique chanson de Jean-Jacques Goldman,
02:12Confidentiel, et ça vous a voulu la refaiser, parce que ça touchait à ce qui s'était passé pour vous ?
02:19Ben si vous voulez, j'ai mis quand même 30 ans pour écrire ce livre,
02:23j'étais très jeune quand j'ai perdu ma sœur, qui était ma grande sœur,
02:28qui m'a tout appris, protégée beaucoup, et j'ai écouté cette chanson en effet,
02:35et j'aimais bien Goldman comme tout le monde, c'était la star des années 86, 87, etc.
02:43Et cette chanson, tout d'un coup j'ai écouté par hasard, avec un Walkman rouge,
02:50elle m'a détournée de ce que j'étais en train de vivre,
02:56et je pense que c'est ça qui a fait le début de quelque chose avec Goldman,
03:03qui m'est arrivé sans que je le demande, et dont je vous ai déjà parlé.
03:08Quand vous avez lu le livre, vous avez vu ce qui est arrivé de complètement fou et de surréaliste.
03:14Alors justement, surréaliste et surnaturel, on en parlera,
03:18mais c'est intéressant que vous racontiez justement, encore une fois, ce livre je le recommande vraiment.
03:22Moi je l'ai lu d'une traite, j'ai commencé à le lire et je ne l'ai pas lâché,
03:28parce qu'il est à la fois extrêmement réaliste et il évolue dans d'autres sphères.
03:35Mais alors, votre histoire avec Jean-Jacques Goldman est effectivement très spéciale,
03:42parce qu'il ne sait à la fois rien de ce qui s'est passé et tout ce qui s'est passé raconté.
03:46C'est-à-dire qu'au départ, après cette chanson, j'ai écouté en boucle Jean-Jacques Goldman,
03:53et j'ai commencé à le rencontrer.
03:55Je l'ai rencontré en bas de chez moi, j'habitais rue Ducherche-Midi.
03:58Vous n'avez pas cherché à le rencontrer ?
03:59Non, absolument pas.
04:00C'est le hasard total ?
04:01Total.
04:02Vous le racontez à chaque fois ?
04:03Je le rencontre rue Ducherche-Midi, il avait une voiture gris foncée.
04:06Bon, après j'ai commencé à le rencontrer boulevard Raspail, je l'ai rencontré dans d'autres endroits,
04:12et puis j'ai décidé d'aller dans une émission de Drucker, qui s'appelait Champs-Élysées à l'époque,
04:18et il était hors d'une voiture rouge, j'ai demandé un autographe.
04:22C'est la première fois que je lui ai parlé, je ne lui ai absolument pas dit que j'avais perdu ma sœur, quoi que ce soit.
04:27Pourquoi lui demander un autographe ?
04:29Je n'ai jamais demandé d'autographe de ma vie, mais en plus j'étais très jeune et très timide,
04:35et je ne sais pas, parce que je le rencontrais, je trouvais ça anormal.
04:39Moi je ne croyais pas en tout et en rien en fait, et je me suis dit, il y a un signe, il y a quelque chose.
04:46Ce type, il y a un signe, il y a un lien avec ma sœur, c'est clair.
04:50Et donc, il m'a donné cet autographe, bon c'est assez rapide parce que vous verrez que c'est très marrant dans le livre,
04:57comment ça s'est passé, et après j'ai continué à le rencontrer sans cesse.
05:01Toujours par hasard ?
05:02Par hasard.
05:03Et vraiment le point le plus fort, c'est quand je suis allée avec une amie,
05:10à qui d'ailleurs j'ai dédié ce livre Lina Sicard à Troyes, pour le voir, parce qu'elle m'a dit écoute...
05:15À Troyes en Champagne ?
05:16À Troyes en Champagne.
05:17Elle m'a dit écoute, viens, on va le voir en concert et tout.
05:19Je sais que t'aimes pas les concerts, mais ça fait rien, ça va te changer un peu.
05:23Parce que j'avais décidé de ne pas faire un deuil comme les autres,
05:26j'ai refusé de dire que j'avais perdu ma sœur, j'ai refusé, quand les gens se sont jetés sur moi...
05:30Tu n'en parlies jamais ?
05:31Jamais.
05:32Et en plus de ça, je refusais que les gens se jettent sur moi tout le temps.
05:35Surtout au début, quand on m'a appris la nouvelle, tout le monde s'habillait en noir autour de moi.
05:42J'ai refusé ce deuil, j'ai pris des chemins ailleurs.
05:47Et donc en refusant tout ça, Goldman c'était une bonne idée je trouve,
05:51puisque je le rencontrais partout, ça veut dire qu'il y a quelque chose,
05:54si c'était vrai cette histoire...
05:56Alors on va en parler justement, on va parler de ce concert de Troyes,
06:00ce qui s'est passé ensuite, après une toute petite pause.
06:03A tout de suite avec Annick Pérez.
06:05Sud Radio, votre attention et notre plus belle récompense.
06:09Depuis que j'écoute Sud Radio, avec Elisabeth Lévigny, Jean-Jacques Bourdin,
06:13sans oublier Patrick Rocher et André Bercoff,
06:16on est certains d'entendre parler vrai dans la matinale de Sud Radio.
06:20Sud Radio, parlons vrai.
06:24Ici Sud Radio.
06:28Les Français parlent au français.
06:31Je n'aime pas la blanquette de veau.
06:34Je n'aime pas la blanquette de veau.
06:37Sud Radio, Bercoff dans tous ses états.
06:40Et avec Annick Pérez, qui est aussi dans tous ses états,
06:43mais elle, elle l'écrit.
06:45Comment j'ai échappé au malheur, aux éditions Ramsey,
06:48livre vraiment à lire.
06:50On s'était avant la pause,
06:53donc vous alliez au concert de Goldman, à Troyes en Champagne.
06:57Alors, comment ça s'est passé, qu'est-ce qui s'est passé ?
07:00Comme prévu, je n'ai pas pu rester longtemps.
07:02Au bout de 10-15 minutes, j'ai dit à ma copine...
07:05Quoi ?
07:06J'aime pas les concerts.
07:08J'aime pas les lieux où on est bloqués les uns aux autres,
07:11et on peut pas sortir, etc.
07:13Vous saviez que c'était un concert ?
07:15Oui, mais bon, j'y suis allée comme ça, pour Goldman,
07:18mais franchement, au bout de 10-15 minutes,
07:21j'ai dit, je m'en vais.
07:23Allez, on s'en va, c'est bon.
07:25C'est pas pour moi, je préfère mon Walkman,
07:28puisque je portais toujours ce Walkman à l'oreille.
07:31Walkman rouge, oui, vous en parlez dans votre livre.
07:35On s'en va, on décide de quitter Troyes,
07:37et tout d'un coup, Lina, donc Lina Sicard,
07:40dit, il faudrait peut-être qu'on mange quelque chose,
07:43moi j'ai faim, et tout.
07:45Bon, je dis, bon, on rentre,
07:47on va à vraiment le dernier restaurant,
07:49un petit restaurant vert, vraiment,
07:51qui paye pas de mine du tout,
07:53et elle se gare.
07:55Non, c'est moi qui conduisais, je me gare.
07:57Et j'arrive, et puis, bon,
07:59on commande une petite entrée et tout,
08:01et puis au bout de 15-20 minutes, à peu près,
08:04peut-être une demi-heure, j'en sais rien,
08:06je m'en rappelle plus exactement le temps.
08:08C'était le début du concert.
08:10C'était au moins une demi-heure, peut-être, j'en sais rien.
08:12Je descends aux toilettes pour me laver les mains,
08:15et là je me cogne à Jean-Jacques Goldman.
08:18Mais quand je vous dis cogner, c'est au sens propre,
08:20c'est-à-dire physiquement.
08:22Dans l'escalier ?
08:23Dans l'escalier.
08:24Et là, il a eu un choc,
08:27parce qu'il m'a déjà vu 5, 6, 7, 8, 10 fois,
08:30à chaque fois, par hasard.
08:32Là, c'était plus un hasard, c'était carrément...
08:34On s'est presque mis à croire en Dieu,
08:37ou à je ne sais pas quoi, au moment où ça s'est passé.
08:40Enfin, lui, vous ne le savez pas ?
08:41Lui, non.
08:42Mais moi, là, j'ai dit c'est pas possible,
08:44et je suis vite remontée.
08:46Et là, il y a Michael Jones qui connaissait l'Inasicard,
08:49qui est venu...
08:50Le musicien Michael Jones avec son trio.
08:52Voilà.
08:53Qui lui a dit,
08:55Jean-Jacques, je voudrais parler à Nick,
08:57à Nook.
08:59Et donc, à Nook, dans le livre, à Nick en vrai,
09:02et je suis allée à sa table,
09:06il était de profil, il m'a regardée d'abord,
09:08il a levé les yeux, comme ça,
09:10il m'a regardée,
09:11il m'a dit, asseyez-vous,
09:13et je me suis assise à côté de lui,
09:15il est resté de profil,
09:17et il ne m'a pas parlé.
09:18Du tout.
09:19Il vous demande de venir à sa table, il ne vous parle pas ?
09:21Il ne m'a pas dit un mot.
09:22Donc, je suis restée 3, 5, 6 minutes sans rien dire,
09:25puis tout d'un coup, je le regarde,
09:27je le regarde et je lui dis,
09:28vous êtes le frère de Pierre Goldman ?
09:30Et là,
09:32je ne sais pas sur quoi j'avais appuyé,
09:34mais alors, c'est vraiment sur un bouton qu'il ne fallait pas du tout appuyer,
09:36j'ai vu,
09:38il n'a même pas pu se retourner,
09:40je l'ai vu blémir,
09:41et la suite, vous verrez dans le livre.
09:43Alors, juste un mot, quand même,
09:45il faut rappeler qui était Pierre Goldman.
09:47Pierre Goldman, c'était le...
09:49Le demi-frère de Jean-Jacques.
09:51C'était surtout celui,
09:53l'idole des gauchistes
09:55des années 70-80.
09:58D'ailleurs, il y a un film qui est sorti
10:00qui s'appelle Le Procès de Pierre Goldman.
10:02Et il avait écrit un livre qui s'appelait
10:03Souvenir d'un juge polonais né en France.
10:05Et puis, il avait accusé d'avoir tué...
10:09Où lui, il prouvait son innocence.
10:11Et alors qu'il était en prison
10:13quand il a écrit ce livre,
10:15et c'était la vedette de...
10:17Il y avait Simone Signoret à son procès,
10:20toute la gauche était à son procès,
10:22c'était une vedette, c'était une star.
10:25Et même Jean-Jacques était à son procès,
10:27d'ailleurs on le voit dans le film Procès Goldman.
10:29Mais alors justement, vous dites ça,
10:31vous racontez très bien tout ça dans le livre,
10:33mais juste un mot,
10:34parce que quand vous dites qu'il a blémi,
10:36parce qu'on savait que pendant très longtemps,
10:38Jean-Jacques Goldman avait refusé toute allusion.
10:41Absolument.
10:43Mais quand même, il y a quelque chose
10:45qui n'est pas dans le livre et qu'il vous a dit
10:47à la table où vous étiez,
10:49quand vous lui avez dit
10:51que vous êtes le frère de Pierre Goldman,
10:53il vous a dit quelque chose,
10:54vous ne l'avez pas mis comme ça dans votre livre.
10:56Non, c'est Ramsay qui a refusé de le mettre,
10:58je ne sais pas pourquoi,
10:59parce que moi dans mon livre c'était mis.
11:01Je ne vais pas dire des choses désagréables
11:03sur Jean-Jacques Goldman,
11:05parce que c'est quand même le chanteur
11:07qui m'a sauvé la vie.
11:09Ce n'est pas désagréable de dire ça.
11:11Il m'a sauvé la vie,
11:13mais il m'a dit,
11:15vous écrivez, c'est ça, vous voulez écrire.
11:17J'étais tellement jeune, c'était mon premier...
11:19Et il me dit,
11:21vous devriez aller dans un cimetière
11:23pour chercher d'autres noms que celui de Goldman.
11:25Et là,
11:27je me dis, de toute façon,
11:29je comptais m'en aller. Je me suis levée, je suis partie.
11:31Et mon ami qui m'attendait me dit,
11:33alors, alors, alors,
11:35et je lui ai dit,
11:37alors, vous lirez dans le livre
11:39ce qui s'est passé entre les deux,
11:41entre le moment où je pars et le moment où je...
11:43Et vous l'avez revu, Jean-Jacques Goldman ?
11:45Je l'ai revu encore.
11:47Je l'ai revu plusieurs fois. Je l'ai revu plein de fois.
11:49Et je pense que
11:51c'était un messager
11:53ou quelque chose de ma soeur
11:55parce qu'après,
11:57j'ai appris qu'il avait grandi à Montrouge,
11:59là où j'ai grandi.
12:01J'ai appris qu'Avenue Verdier, là où j'ai grandi.
12:03Et je trouvais...
12:05Et j'avais dit une fois, ma soeur, quand elle était vivante,
12:07quelques temps avant qu'elle parte,
12:09je lui avais dit, tu vois,
12:11ce Jean-Jacques Goldman, ça deviendra la plus grande star française.
12:13Et elle m'a dit, mais pourquoi tu dis ça ?
12:15Je lui ai dit, je le sens.
12:17Alors qu'il était pratiquement inconnu.
12:19Il avait juste fait, il suffira d'un signe.
12:21Et donc,
12:23c'est devenu la plus grande star française.
12:25Et je me dis, peut-être que c'est pour ça qu'elle l'a choisi.
12:27Parce que je pense qu'elle a...
12:29Ça fait fou quand je raconte cette histoire maintenant.
12:31En parlant, je me dis, mais c'est vrai.
12:33C'est vrai. Et comme Jean-Jacques Goldman est vivant,
12:35il peut le certifier.
12:37Oui, il m'a rencontré tellement de fois qu'il...
12:39Mais ce rapport, alors que vous dites...
12:41D'ailleurs, c'est le titre, comment j'ai échappé au malheur.
12:43Mais qu'est-ce qui a fait ce rapport
12:45entre justement votre soeur, votre soeur aimée,
12:47votre soeur chérie,
12:49qui est partie très tôt.
12:51À 30 ans.
12:53À 30 ans, voilà. Maladie.
12:55Non, avec son bébé.
12:57Mais elle était malade enfant et elle a été guérie à 14 ans.
12:59Donc, elle n'avait pas de raison de mourir.
13:01Et donc, qu'est-ce qui fait cette...
13:03Enfin, où vous mettez,
13:05à quel niveau vous mettez cette collection
13:07que vous avez créée entre
13:09un chanteur, Jean-Jacques Goldman,
13:11et votre soeur ?
13:13J'ai l'impression qu'il y avait des messages, des signes...
13:15Il y a même eu un message
13:17dans Libération.
13:19Un jour, j'ai dit à ma mère...
13:21Dans le journal.
13:23Ma soeur était de gauche et
13:25c'était une personne extrêmement
13:27brillante, elle était médecin,
13:29elle était très belle, très brillante.
13:31Elle était de gauche
13:33et elle
13:35lisait beaucoup Libération. Elle ne le lirait plus
13:37aujourd'hui. Mais
13:39elle lisait à l'époque Libération
13:41et
13:43un matin, je me suis réveillée et j'ai dit
13:45j'ai un message. Ma mère,
13:47de toute façon, avait compris que quelque chose n'allait pas
13:49puisque j'ai vu quand même des psychiatres à l'époque.
13:51Ça vous a totalement
13:53dévastée ? Complètement.
13:55Mais de manière intime.
13:57Personne ne le voyait. Tous les gens
13:59qui m'ont rencontré à cette époque-là
14:01ne le savaient pas et ne le voyaient pas.
14:03Donc, ça ne se voyait pas du tout.
14:05Mais j'étais complètement détruite à l'intérieur,
14:07mais ça ne se voyait pas.
14:09Elle
14:11me fait...
14:13Elle va acheter Libération
14:15mais je dis bon, écoute, voilà.
14:17Et j'ouvre la page et je peux vous assurer
14:19que si quelqu'un peut aller chercher,
14:21en 86, il y a une page entière
14:23où il y a le nom de ma sœur.
14:25Attendez, il y avait une page,
14:27elle l'a...
14:29Non, moi j'ai dit j'ai un message,
14:31j'ai ouvert le magasin,
14:33j'ai ouvert, j'ai ouvert, j'ai cherché mon message,
14:35il y avait un mur entier, avec un homme de dos,
14:37un mur entier...
14:39Mais c'est une annonce publicitaire, c'était quoi ?
14:41C'était un...
14:43Non, c'était pas une annonce publicitaire.
14:45Ça faisait la moitié de la page
14:47et il y avait écrit le nom de ma sœur.
14:49Son prénom.
14:51Et là, je commençais à me dire non, là.
14:53Moi, j'ai jamais...
14:55Comme je vous ai déjà dit plus haut,
14:57j'ai jamais cru à tellement
14:59de choses, mais là, j'ai vraiment
15:01cru en Dieu, là.
15:03En tout cas, peut-être pas en Dieu, mais
15:05dans...
15:07On peut dire que pendant un an, on est protégés.
15:09Je n'ose même pas dire
15:11que je suis juive, mais dans la
15:13religion juive, c'est ce qui se
15:15dit, et
15:17j'ai été protégée par ma sœur, et elle a
15:19choisi Jean-Jacques Goldman, je pense,
15:21pour m'empêcher
15:23de sombrer, parce que j'allais sombrer.
15:25Et en fait, vous racontez ça dans ce livre.
15:27Oui. Qui n'est pas triste.
15:29Non, non, non,
15:31il n'est pas du tout triste. Encore une fois, je vais vous dire,
15:33il y a de très jolis bonheurs d'écriture.
15:35Je vais vous dire
15:37certains que j'ai soulignés,
15:39mais parce que les romans, s'il n'y a pas
15:41de bonheurs d'écriture, ça ne sert à quoi ?
15:43Ça ne sert à rien. Vous dites aussi
15:45que seuls les jeunes ont des coups de foudre.
15:47Ensuite, c'est des calculs, la plupart du
15:49temps. Qu'est-ce qu'il va m'apporter ?
15:51Est-ce qu'elle est indépendante ? Elle a un métier.
15:53Il a une belle maison. Des choses
15:55comme ça. Après 30 ans, c'est ça
15:57les rencontres. Comme quand on pèse
15:59la viande. Et je trouve
16:01ça très, très, très joli.
16:03Il y a d'autres choses comme ça
16:05très jolies. Et je vais en citer
16:07quelques-uns parce que
16:09on se dit, voilà,
16:11vous dites, magnifique ça.
16:13Oui, vous parlez de gens
16:15que nous avons connus. Alors, oui,
16:17c'est ça. C'est un article sur Pierre Goldman
16:19et sur une demi-page dans le même article
16:21était écrit en grand monica.
16:23Parce qu'il y avait dans Libération un article sur
16:25Pierre Goldman. Oui, il faut le rappeler.
16:27C'était ça qui était étonnant.
16:29Oui, comme signe. Tout à fait.
16:31Tout à fait.
16:33Et c'est très intéressant.
16:35En fait, c'est
16:37un roman où, on dirait,
16:39oui, Goldman vous accompagne. Vous l'avez envoyé
16:41votre livre à Goldman ?
16:43Celui-là ? Oui, celui-là.
16:45Je l'enverrai où ? Je ne sais pas.
16:47On le sait, il est à Londres, à Marseille.
16:49Mais vous n'avez pas eu l'idée de lui envoyer.
16:51Non, même pas parce que
16:53je pense qu'il comprendrait.
16:55En même temps, ça lui ferait peut-être
16:57il comprendrait
16:59enfin parce qu'à un moment donné
17:01il a été
17:03assez
17:05apeuré quand même.
17:07Une fois, il s'est mis à donner un coup de tête
17:09avec sa guitare en me voyant.
17:11C'était où ça ?
17:13C'était chez Drucker.
17:15Et je pense qu'effectivement, il ne comprenait pas
17:17parce qu'il voyait bien que je ne le suivais jamais.
17:19Donc, il y a quelque chose qui...
17:21Vous ne le harceliez pas ? Vous n'étiez pas la fan ?
17:23Pas du tout.
17:25Il ne m'a jamais vu à un concert,
17:27il ne m'a jamais vu le suivre,
17:29il ne s'est jamais retourné, il ne m'a jamais trouvé derrière lui.
17:31Il me trouvait... Non,
17:33il arrivait après moi, toujours après moi.
17:35Donc, j'ai vu qu'il a eu peur
17:37et je ne lui ai jamais dit
17:39ce que je pensais parce que ça aurait été tellement
17:41absurde dans sa tête. Elle est folle,
17:43qu'est-ce qu'elle veut, qu'est-ce qu'elle croit et tout.
17:45Donc, s'il lit maintenant,
17:4730 ans plus tard, ce livre,
17:49évidemment, il ne va comprendre
17:51que tout ça, ce qu'il en est.
17:53On va continuer avec ça,
17:55avec ce roman extrêmement
17:57fort et, je dirais,
17:59bouleversant,
18:01avec Annick Pérez,
18:03après cette petite pause.
18:05Si vous voulez témoigner 0826 300 300,
18:07vous posez toutes vos questions à Annick Pérez.
18:09Vous connaissez le numéro 0826 300 300.
18:11A tout de suite sur Sud Radio.
18:23Les Français parlent au français.
18:25Les carottes sont cuites.
18:27Les carottes sont cuites.
18:29Les carottes sont cuites.
18:31Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
18:33Changez la vie.
18:35Très belle chanson aussi de Jean-Jacques Goldman.
18:37Il faut dire qu'il en a écrit pas mal
18:39de très belles chansons.
18:41Et celle-là, elle vous touche aussi, Annick Pérez ?
18:43Oui, parce que j'ai eu l'impression
18:45qu'il avait changé un an de ma vie.
18:47Après, ça s'est arrêté
18:49avec quelque chose qui a changé
18:51plus ma vie et qui est à la fin du livre
18:53et qui fait une très belle fin à mon livre
18:55et qui est la plus belle chose qui me soit arrivée.
18:57Qui est la naissance de votre fille.
18:59Oui.
19:01Bien sûr.
19:03Mais effectivement, c'est vrai que cette espèce
19:05de rapport comme ça,
19:07c'est très très étonnant. Vous racontez d'ailleurs,
19:09vous dites, effectivement,
19:11vous dites ceci,
19:13vous dites
19:15alors Goldman avait peur de moi, c'était clair.
19:17Je ne sais pas s'il avait peur de vous ou pas,
19:19c'est votre sensation et c'est bien.
19:21Et quand je l'avais vue à un concert, il ne regardait
19:23que moi dehors, il me surveillait, moi je m'en fichais.
19:25Ce chanteur devait me sauver
19:27la vie, je ne lui demandais rien d'autre.
19:29C'était son devoir décidé dans le ciel,
19:31Monica l'avait décidé, Monica votre sœur,
19:33enfin le nom que vous donnez à votre sœur,
19:35est choisie pour que je reste
19:37en vie. Comment je le sais ? Parce que
19:39les âmes restent un an auprès de nous,
19:41ce que vous disiez là, et que Monica
19:43n'avait trouvé que
19:45la musique pour m'aider.
19:47Je ne vois pas ce qu'il y a de bizarre
19:49là-dedans, et là c'est très joli
19:51ce que vous écrivez, rester en vie
19:53c'était un travail considérable
19:55comme de la varape.
19:57Je grimpais sur sa voix comme un
19:59chat toutes les nuits, il fallait que
20:01je vive, il le fallait
20:03pour ma mère. Vous étiez vraiment,
20:05vous aviez envie de vous supprimer
20:07à l'époque ?
20:09J'ai eu un moment où je me suis
20:11oui, je me suis
20:13jetée sous une voiture
20:15bleu marine.
20:17Au tout début, oui.
20:19Et puis
20:21après j'ai fait un
20:23un... mon cerveau
20:25s'est arrêté, et j'ai décidé
20:27autre chose, et j'ai suivi
20:29ce... comment on suit
20:31je sais pas, quelque chose
20:33d'un poète, ou une chanson
20:35ou quelque chose
20:37et j'ai suivi Goldman. Enfin j'ai suivi
20:39sans jamais le suivre, on n'oublie pas.
20:41Vous avez suivi les chansons de Goldman
20:43Et vous dites
20:45aujourd'hui, quelque part, il vous a sauvé la vie.
20:47Ah c'est sûr.
20:49Il m'a sauvé la vie. Et alors
20:51pour revenir à Pierre Goldman
20:53j'ai aussi
20:55une amie
20:57m'avait emmenée, Norbert
20:59Bansoussan d'ailleurs, qui me l'a présenté aussi
21:01dans une émission de Coluche
21:03qui est un producteur, c'est ça ?
21:05Non, qui travaille avec Sabatier.
21:07Ah d'accord, avec Patrick Sabatier.
21:09Et
21:11il me l'avait présenté et Jean-Jacques
21:13avait dit, c'est une longue histoire alors qu'il ne m'avait jamais vu.
21:15C'est un truc de fou.
21:17Et pourquoi
21:19est-ce que je lui ai dit qu'il ressemble...
21:21qu'il était le frère de Pierre Goldman
21:23c'est que quand je l'ai vu au concert
21:25rentré sur scène
21:27alors que moi j'avais lu
21:29ce livre quand j'avais 14 ans
21:31et que je n'avais même pas d'image
21:33de Pierre Goldman
21:35je sais même pas ce qui m'a passé par la tête
21:37j'ai dit c'est le frère de Pierre Goldman.
21:39Et vous n'aviez pas vu de photo de Pierre Goldman ?
21:41Non, j'avais dû voir des photos
21:43comme tout le monde.
21:45Mais j'avais 14 ans quand j'ai vu des photos.
21:47J'ai dit c'est le frère de Pierre Goldman
21:49et Norbert Bensousan m'a dit mais ça va pas, je ne sais même pas qui c'est Pierre Goldman
21:51on est quand même
21:53fin 80, 86, personne
21:55à part les gauchistes, les vrais
21:57tout ça, personne ne savait qui était
21:59vraiment Pierre Goldman, son visage en tout cas.
22:01Ils n'ont pas fait le lien avec Jean-Jacques.
22:03Moi je l'ai fait.
22:05Je raconte
22:07quelques lignes de votre livre.
22:09Quelques mois plus tard,
22:11Jean-Jacques Goldman annonçait
22:13et il l'a dit effectivement mais bien plus tard
22:1592
22:17bien plus tard
22:19qu'il était le demi-frère de Pierre Goldman
22:21celui de l'affaire Richard Lenoir, militant
22:23d'extrême gauche soutenu par toute la gauche française
22:25y compris les stars et l'élite des intellectuels
22:27écroué pour le meurtre
22:29de deux pharmaciennes puis relâché à la suite de son livre
22:31Souvenirs obscurs d'un
22:33juif polonais né en France
22:35qui prouve son innocence et après ça a été
22:37évidemment très compliqué. Un chef-d'oeuvre ce livre d'ailleurs.
22:39C'est un très beau livre, absolument.
22:41Maître Kiegemann l'avocat
22:43avait eu cette phrase culte quand il le défendait
22:45on ne guérit jamais de son enfance
22:47et vous écrivez
22:49Annick Pérez, pour l'innocence de Pierre Goldman
22:51j'en étais pas sûr, Daniel Matante
22:53m'avait donné un livre rouge
22:55que Pierre Goldman devait écrire à pas port
22:57là c'était un vrai fou
22:59pour on ne guérit jamais de son enfance
23:01c'était exact. J'ai vécu
23:03assez longtemps pour dire que c'est exact
23:05qu'on ne quitte jamais son enfance aussi
23:07on se construit sur le moment
23:09où on est tombé. Vous le pensez
23:11toujours ? On ne guérit jamais de son enfance ?
23:13Jamais. Je pense que
23:15moi j'ai eu
23:17je vais pas faire causette mais
23:19j'ai pas grandi
23:21comme il faudrait
23:23puisque ma soeur avait cette grave maladie donc
23:25j'étais chez ma tante, j'ai peu connu
23:27les parents. Depuis que vous étiez née ?
23:29Moi je suis née après
23:31elle était déjà
23:33malade. Moi je n'ai connu que
23:35votre soeur malade
23:37que ma soeur malade. Jusqu'à l'âge de 14 ans
23:39après, bon
23:41moi quand je l'ai connue elle était bien
23:43mais elle a été très très
23:45gravement malade et je me souviens
23:47qu'on lui donnait
23:49qu'elle avait sans arrêt des transfusions
23:51qu'elle était sans arrêt à l'hôpital Saint-Louis
23:53moi j'habitais chez ma tante
23:55j'étais un peu
23:57un peu seule quand même
23:59donc j'ai eu une enfance compliquée
24:01et c'est vrai, on se construit
24:03sur le moment où on est tombé
24:05et je me suis construite à partir de là
24:07où effectivement j'ai un problème avec
24:09la santé par exemple
24:11j'ai eu un peu une sorte d'obsession
24:13sur la santé, sur le sang
24:15il y a eu une transposition par rapport
24:17à ce qu'elle avait vécu ? Je ne supporte pas
24:19de voir du sang par exemple, des choses comme ça
24:21et c'est vrai que bon
24:23je me suis construite convenablement
24:25et je me sens équilibrée
24:27si tant est qu'on puisse l'être
24:29dans ce monde compliqué
24:31mais j'ai retrouvé
24:33avec la naissance
24:35de ma fille, j'ai retrouvé
24:37le goût de vivre
24:39bien sûr
24:41c'est intéressant, d'ailleurs je crois
24:43que nous avons une auditrice
24:45oui c'est Sonia qui nous appelle au 0826
24:47300 300, bonjour Sonia
24:49oui bonjour Sonia
24:51bonjour à tout le monde
24:53je suis vraiment ravie
24:55de vous avoir au téléphone
24:57André je vous suis depuis des années
24:59maintenant et vraiment bravo
25:01et merci pour tout ce que vous faites
25:03je sais que vous l'entendez souvent
25:05et la santé
25:07pensez aux médecines naturelles, aux remèdes de grand-mère
25:09il y a eu un moment où vous n'étiez pas
25:11très en forme
25:13ça va mieux là, ça va mieux
25:15merci Sonia
25:17il y a des alternatives partout
25:19il n'y a pas qu'une voie et qu'un chemin
25:21on est bien d'accord
25:23bonjour
25:25ça a résonné en moi
25:27en vous écoutant
25:29parce que moi aussi j'ai perdu
25:31des êtres chers
25:33notamment il n'y a pas très longtemps
25:35il y a quelques années
25:37ma maman, mais j'avais perdu déjà très jeune
25:39mon papa
25:41et comment dire
25:43comme vous
25:45j'ai eu des signes
25:47moi ce n'était pas de rencontrer une personne
25:49mais j'ai pris
25:51conscience que
25:53les gens qui nous ont accompagnés
25:55qui ne sont pas forcément visibles aujourd'hui
25:57nous guident
25:59et nous accompagnent
26:01donc
26:03au début j'ai cru que
26:05c'était un peu bizarre
26:07on se pose des questions
26:09est-ce que je ne suis pas un peu dérangé
26:11etc...
26:13tout le monde ne comprend pas
26:15on évite de le dire à n'importe qui
26:17il y a des gens qui arrivent à nous écouter
26:19voilà
26:21donc ça m'a apaisée
26:23donc en gros
26:25je n'ai plus de parents
26:27et la dernière était la maman
26:29à laquelle j'étais attachée
26:31et ça a vraiment
26:33ouvert
26:35comme une communication
26:37avec ma maman
26:39et je voulais demander à Annick
26:41à quel moment
26:43même si j'y crois
26:45j'ai ces moments où je remets un peu en question
26:47à quel moment elle s'est dit
26:49voilà c'est ça
26:51je ne me fais pas d'idées
26:53ça existe
26:55moi je pense que
26:57dès le début
26:59je me suis dit que ce n'était pas normal
27:01que c'était ma soeur
27:03dès le début
27:05vous aviez ça comme une conviction
27:07je n'ai jamais rencontré de star
27:09comme ça
27:11en bas de chez moi
27:13même si j'habitais en face de Françoise Sagan
27:15donc je l'ai rencontré quand même
27:17assez souvent
27:19je trouvais qu'il y avait trop de rencontres
27:21qu'il y avait trop de coïncidences
27:23et comme je ne crois pas beaucoup aux coïncidences
27:25je suis un peu comme Claude Lelouch d'ailleurs
27:27je me suis dit non, il y a autre chose
27:29et du coup ça m'a fait croire en Dieu
27:31quelques temps
27:33vous n'étiez pas croyante ?
27:35je ne croyais pas aux religions
27:37je pensais qu'il y avait un Dieu
27:39mais que notre cerveau n'était pas
27:41habilité à comprendre
27:43l'existence ou la non-existence de Dieu
27:45et qu'on appelait Dieu tout ce qu'on ne comprend pas
27:47donc je n'avais pas
27:49de certitude, je doutais
27:51beaucoup, mais en tout cas
27:53pendant un an j'y ai cru vraiment
27:55et puis en plus j'étais devenue très aventurière
27:57j'avais peur de rien, je conduisais, je lâchais le volant
27:59je mentais beaucoup, je m'amusais
28:01pendant cette année là où j'étais protégée
28:03j'avais l'impression d'avoir
28:05une protection particulière
28:07vous avez eu une double protection
28:09j'avais une protection particulière
28:11je rencontrais qui je voulais
28:13c'était incroyable, mais je vous assure que c'est vrai
28:15c'est vraiment vrai
28:17c'est intéressant
28:19de voir à quel point
28:21les existences particulières
28:23les voies VOIES
28:25particulières amènent à ça
28:27et au fond
28:29est-ce que vous avez eu
28:31est-ce que vous avez eu quelqu'un d'autre
28:33que Goldman dans un autre ordre d'idée
28:35une star, enfin disons quelqu'un de connu
28:37qui a joué ce rôle pour vous ou pas du tout
28:39ou c'est vraiment là quelque chose
28:41de très particulier
28:43c'est vraiment la seule fois
28:45où ça a été
28:47oui c'est la seule fois
28:49je répète, il m'a sauvé la vie
28:51ce chanteur
28:53et c'est
28:55il avait dans son
28:57si vous voulez, mon chagrin
28:59qui ne voulait pas sortir
29:01à l'intérieur de moi avait un visage
29:03un très joli visage de jeune homme
29:05très séduisant
29:07j'aimais bien les voix au perché
29:09comme ça et tout
29:11et il avait la grâce
29:13et je pense que j'ai beaucoup aimé ce visage là
29:15et ce chagrin était joli
29:17et j'en avais fait en tout cas
29:19quelque chose de joli
29:21lui en a fait ça
29:23peut-être moi aussi après tout
29:25je suis l'artiste
29:27j'ai peut-être aussi embelli les choses
29:29et réinventé tout ce que je touche
29:31ça fait partie
29:33effectivement de vous
29:35c'est l'auditeur
29:37le spectateur qui fait le film
29:39l'auditeur qui fait la chanson
29:41ça ça existe aussi
29:43je voulais demander Annie Pérez
29:45dans ce livre vous racontez aussi
29:47quand même
29:49les personnes qui sont autour de vous
29:51que ce soit votre fille, que ce soit votre mari
29:53que ce soit des connaissances, des amis
29:55la famille
29:57mais quand vous avez eu ce côté
29:59où vous ne vouliez surtout pas que
30:01les personnes extérieures interviennent
30:03c'est-à-dire dans votre deuil
30:05ou dans votre malheur
30:07ou dans votre douleur etc
30:09et c'est-à-dire que
30:11quand ils arrivaient vous disiez
30:13c'est terrible ce qui est arrivé
30:15vous répondiez comment ?
30:17Une fois
30:19on était venu me dire ça
30:21d'abord quand on me demandait des nouvelles de ma soeur
30:23je disais elle va très bien
30:25alors je n'étais pas du tout dans un déni
30:27je n'étais pas folle
30:29je savais très bien qu'elle n'était plus là
30:31parce que je n'avais pas envie
30:33des effusions extérieures
30:35je ne supportais pas les gens
30:37qui se jetaient sur moi
30:39comme je vous l'ai déjà dit
30:41ils se jetaient sur vous ?
30:43au tout début le premier jour oui
30:45tout le monde s'est jeté sur moi
30:47on va t'embrasser
30:49il y a même un ami de ma soeur
30:51qui était médecin qui m'a dit
30:53maintenant il va falloir que tu grandisses
30:55non j'ai eu droit à tout ça
30:57donc j'ai refusé tout
30:59donc je disais qu'elle était en vie
31:01mais quand quelqu'un le savait
31:03j'ai dit ah oui
31:05je n'ai pas pu te voir la semaine dernière parce que ma soeur est morte
31:07donc j'étais très occupée
31:09je répondais comme ça
31:11et après j'allais chez le coiffeur
31:13et c'est là où je me suis coupé les cheveux
31:15et donc
31:17effectivement il s'agissait
31:19de tenir à distance
31:21est-ce qu'aujourd'hui
31:23est-ce que vous avez gardé cette carapace
31:25ou ce pouvoir
31:27ou cette volonté de tenir à distance
31:29ou c'est plus le problème aujourd'hui ?
31:31j'ai traversé
31:33depuis des choses considérables
31:35et
31:37j'ai toujours tenu à distance
31:39les choses
31:41et les gens
31:43d'accord, donc de ce point de vue là
31:45c'est une protection ?
31:47je pense que je suis née
31:49avec une auto-protection
31:51qui a été créée par ce que
31:53je venais de voir
31:55je sais que vous êtes née à Beyrouth
31:57André Bercoff
31:59mais moi quand je parle de mon enfant
32:01je dis mon enfant c'était Beyrouth
32:03parce que à l'intérieur
32:05il y avait des problèmes des gonfriers
32:07il n'y avait pas que ça
32:09il y avait aussi la maladie de ma soeur
32:11qui était quand même
32:13moi que j'ai connue au moins 4 ans
32:15vous êtes née avec la maladie de votre soeur
32:17elle était déjà malade
32:19gravement malade
32:21je n'ai connu que ça
32:23donc je me suis construite
32:25je me suis construite pour
32:27faire face
32:29vous avez fait de la varape
32:31comme vous écriviez dans votre livre
32:33on va continuer avec
32:35Annick Pérez et Jean-Jacques Goldman
32:37et les sentiments
32:39et la ronde des sentiments et la ronde des émotions
32:41et c'est le plus important
32:43après cette petite pause
32:45et avec vous 0826, 300, 300 pour réagir
32:47aux témoignages d'Annick Pérez qui vient nous voir pour ce livre
32:49je le répète comment j'ai échappé au malheur
32:51merci d'avoir reçu nos éditions
32:53à tout de suite sur Sud Radio
32:55Sud Radio Bercov dans tous ses états
32:57appelez maintenant pour réagir
32:590826, 300, 300
33:01Ici Sud Radio
33:07Les français parlent au français
33:09Je n'aime pas
33:11la blanquette de veau
33:13Je n'aime pas la blanquette de veau
33:15Sud Radio Bercov
33:17dans tous ses états
33:19Elle est magnifique cette chanson c'est vrai
33:21elle est
33:23on a envie de chialer quoi presque
33:25parce que voyez moi même je suis
33:27je me dis que c'est là où Goldman est très fort
33:29c'est qu'il nous fait tous penser
33:31à des gens qui sont proches de nous
33:33qui ont été proches de nous, qui ne sont plus là
33:35et qui comptent et tant qu'on sera là
33:37ils seront là après
33:39c'est notre problème
33:41En tout cas elle est là c'est Joël qui est avec nous
33:43Bonjour Joël
33:45Bonjour à tout le monde
33:47Bonjour Monsieur Bercov je suis ravie
33:49de pouvoir vous dire en direct
33:51je vous apprécie depuis 4 ans
33:53je n'écoute plus que vous
33:55le reste ne m'intéresse pas
33:57parce que franchement vous savez pourquoi
33:59vous en parlez assez souvent
34:01et je salue aussi toute votre équipe
34:03et puis la dame qui est là
34:05et cette dame me fait penser
34:07je crois bien sûr à son histoire
34:09et ça me fait penser
34:11à ce qui m'est arrivé à moi
34:13le 6 juillet 2015
34:15maman décédée le jour de ses 96 ans
34:17et puis
34:19nous étions proches
34:21et puis de temps en temps
34:23je m'adressais à elle
34:25je ne sais pas psychiatriquement ça va
34:27on parle
34:29parfois on s'adresse comme ça
34:31à ceux qui ne sont plus là
34:33et puis l'an dernier
34:35j'allais déménager de Bordeaux
34:37je venais dans le Béarn
34:39j'ai quitté Bordeaux après 41 ans
34:41et j'avais quelques soucis
34:43dans le déménagement comment ça va se passer
34:45des trucs qui n'étaient pas vraiment
34:47très importants mais pour moi c'était important
34:49je suis cassée d'acier
34:51et puis le 14 octobre
34:53je m'adresse à maman
34:55et je lui dis voilà maman
34:57il faut que tu me dises
34:59que ça va bien se passer
35:01ce déménagement
35:03parce que vraiment je dormais mal
35:05et puis je lui dis que je veux un signe
35:07bien visible que je le vois
35:09que je ne passe pas à côté
35:11et puis ce jour là je sors ma petite chienne
35:13à 10h le matin
35:15et je passe sur la route en face de chez moi
35:17et mes yeux se portent par terre
35:19vous savez des fois vous avez des taches de goudron
35:21et là je vois
35:23sur une un coeur
35:25gris pâle
35:27très bien formé
35:29si je pouvais vous l'envoyer en photo je vous l'enverrais
35:31je vous jure
35:33il est mesuré 10 cm de haut
35:35à peu près
35:37je regarde ça
35:39vous êtes sidérée d'abord
35:41c'est quoi ce coeur ?
35:43je me dépêche
35:45je vais chercher mon portable
35:47je photographie
35:49quand j'étais sur la terrasse je faisais des anagrammes
35:51des mots fléchés
35:53et à un moment donné
35:55il y avait le mot éthéré
35:57et l'anagramme
35:59d'éthéré c'est Thérèse
36:01et maman elle s'appelait Thérèse
36:03oui c'est...
36:05je comprends Joël
36:07c'est maman
36:09et après tout s'est bien passé c'est vrai
36:11mais je me suis dit elle est venue
36:13elle m'a donné un signe
36:15c'est vachement important
36:17merci Joël
36:19c'est une des premières chansons de Jean-Jacques Goldman
36:21il suffira d'un signe
36:23c'est quand même pas par hasard
36:25là aussi
36:27on a Marie-Guylaine qui nous appelle depuis Brive
36:29bonjour Marie-Guylaine
36:31oui bonjour
36:33merci André de nous donner la parole
36:35et merci à Annie
36:37je ne sais plus trop son nom
36:39oui
36:41merci beaucoup
36:43je voudrais témoigner de deux choses
36:45quand elle parle de
36:47Goldman qui lui a sauvé la vie
36:49moi c'est aujourd'hui un artiste qui m'a sauvé la vie
36:51c'est pas un artiste
36:53à une époque j'allais extrêmement mal
36:55je savais que à 17h
36:57rue Moufta à Paris
36:59il y avait un festival sur Naruse
37:01un cinéma japonais
37:03et je n'ai tenu, je voulais me jeter par la fenêtre
37:05et je n'ai tenu
37:07je regardais heure par heure et je me disais à 17h
37:09il y a Naruse, j'avais rendez-vous avec Naruse
37:11il m'a sauvé la vie
37:13je rejoins complètement ce lien
37:15et un autre témoignage qui me touche
37:17énormément de ce qu'elle dit
37:19de son vécu, c'est pas un roman
37:21c'est apparemment du vrai
37:23c'est que pour moi
37:25qu'on soit croyant ou pas
37:27l'homme est constitué d'un corps
37:29d'une âme
37:31et d'un esprit
37:33notre époque ne s'occupe que du corps, que de la matière
37:35personnellement
37:37je ne suis pas une obsédée
37:39mais je vis tellement dans l'invisible
37:41l'invisible du monde c'est évidemment
37:43quand on parle comme ça on est complètement largué
37:45pour moi l'invisible du monde
37:47il se passe tellement de choses
37:49il y a les âmes des vivants, les âmes des morts
37:51et ça circule, la vie continue
37:53même dans ce qui est caché, dans ce qu'on ne voit pas
37:55et c'est l'essentiel de la vie
37:57un texte disait
37:59l'essentiel est invisible aux yeux
38:01alors à notre époque on fait tout le contraire
38:03c'est pas étonnant qu'on aille si mal
38:05et merci à ce témoignage
38:07dont parle cette dame
38:09c'est l'essence de la vie
38:11qu'on est en train de perdre
38:13Lisez le livre d'Annick
38:15parce qu'elle le raconte
38:17vraiment très très bien
38:19elle a mis les mots M O T S
38:21sur les mots M A U X
38:23ceux qui arrivent à faire ça
38:25il faut les suivre
38:27et les lire
38:29Annick Pérez, ce que dit Marie-Guylaine
38:31au fond
38:33on est accompagné
38:35on est une foule
38:37moi je pense que
38:39ça ne dure qu'un an
38:41aujourd'hui votre soeur
38:43elle est toujours là pour vous ou pas ?
38:45non j'ai l'impression qu'elle est restée un an
38:47elle est restée un an ?
38:49après un an tout s'est arrêté
38:51tout s'est arrêté ?
38:53d'abord je n'ai plus jamais rencontré
38:55Jean-Jacques Goldman
38:57et la force
38:59oui mais votre soeur
39:01ma force a disparu aussi
39:03c'est un peu
39:05ce serait comme dans les films
39:07les Ghostbusters américains
39:09ou des choses comme ça où tout d'un coup
39:11il y a quelqu'un qui devient très fort
39:13et intouchable
39:15et tout d'un coup
39:17ça passe
39:19je pensais à notre film
39:21Une journée particulière
39:23c'est une année particulière
39:25une année de protection
39:27c'est incroyable ce que c'est beau
39:29cette protection
39:31c'est très très beau
39:33Annick ?
39:35parfois oui
39:37parce que
39:39c'est une année où on ne connait pas
39:41la peur
39:43on ne connait que
39:45la musique
39:47c'est vrai que j'étais enfermée par rapport aux autres
39:49j'avais le Walkman même à table
39:51dans les restaurants partout
39:53donc j'étais coupée des autres
39:55mais moi j'aimais bien cette chose
39:57que je vivais là pendant un an
39:59mais évidemment elle m'attendait quelque chose de mieux
40:01là c'était quand même un moment
40:03ce que j'aimais c'est la force
40:05cette force qui était venue
40:07que la force soit avec vous
40:09comme disait l'autre
40:11et je pense maintenant j'y crois
40:13et je sais à chaque personne qui perd quelqu'un
40:15je lui dis tu vas être protégée un an
40:17et les gens me regardent
40:19ahuri
40:21et je lui dis un an
40:23un an de protection
40:25et j'ai vu que dans bien des cas
40:27on vous l'a dit ?
40:29ouais ouais
40:31il y a des gens qui m'ont dit t'avais raison
40:33j'ai eu un an
40:35un an de protection
40:37écoutez en tout cas
40:39vous ne vous sentez pas désarmée
40:41aujourd'hui pour en finir
40:43c'est plus le problème
40:45si mais je connais peu de gens qui se sentent pas
40:47désarmée aujourd'hui
40:49d'ailleurs
40:51puisque
40:53on est là sur Sud Radio
40:55je pourrais, je voulais parler
40:57tout à fait autre chose
40:59j'avais envie aujourd'hui de féliciter
41:01les insurgés de
41:03Sciences Po
41:05qui sont devenus
41:07les stars en Iran
41:09du régime
41:11de Khomeini
41:13puisque aujourd'hui
41:15toutes leurs images circulent
41:17c'est des grosses vedettes
41:19alors je voulais ajouter
41:21à ce
41:23système iranien
41:25mes félicitations
41:27c'est pas rien d'être adulé
41:29par des
41:31par les iraniens qui dirigent
41:33ce pays
41:35et ces jeunes malheureux qui en souffrent
41:37mais ça c'est pas grave
41:39en tout cas
41:41c'est sur une note effectivement conflictuelle
41:43les politiques ont fini là dessus
41:45et moi je voudrais rappeler
41:47le roman d'Anik Perez
41:49il faut le lire parce que
41:51il apporte quelque chose justement
41:53de l'ordre du circonstanciel
41:55mais qui est de l'ordre du permanent
41:57et vous savez tout ce qui est permanent
41:59c'est ça
42:01auquel il faut nous raccrocher aujourd'hui
42:03Comment j'ai échappé au malheur
42:05c'est écrit par Anik Perez aux éditions Ramsey
42:07merci beaucoup d'avoir été avec nous
42:09on se retrouve demain de midi à 14h
42:11et tout de suite c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio
42:13à demain
42:15Sud Radio Bercoff
42:17dans tous ses états midi 14h
42:19André Bercoff
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