Quand les murailles tombèrent...

  • l’année dernière
Avec Henri Guaino, auteur “À la septième fois, les murailles tombèrent” publié aux éditions du Rocher.

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Transcript
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:05 13h07 sur Sud Radio, l'heure pour nous vous présenter ce face à face du jour.
00:09 André Bercov, vous recevez Henri Guénaud en politique et auteur de ce nouveau livre
00:12 "À la septième fois, les murailles tombèrent", c'est aux éditions du Rocher.
00:15 Bonjour Henri Guénaud.
00:16 Bonjour.
00:17 Alors Henri Guénaud, on vous reçoit toujours avec plaisir, vous le savez, parce que à
00:21 chaque livre, vous apportez quelque chose et là, au fond, carrément, je ne sais pas
00:27 si c'est l'actualité, enfin une actualité qu'on aurait pu éviter, c'est Géricault,
00:32 mais là c'est effectivement la fameuse parabole et un poème de Victor Hugo, "À la septième
00:37 fois, les murailles tombèrent", et au fond, vous dites "on est parti, on est parti",
00:43 comme disait, vous savez, ça me rappelle un ministre algérien qui disait "nous étions
00:48 au bord du gouffre, mais depuis on a fait un grand pas en avant".
00:51 Est-ce que ce grand pas en avant, vous avez l'air de dire, et vous vous abordez, mais
00:55 on va prendre le temps d'aborder tous les domaines qui nous concernent d'ailleurs,
01:00 on a l'impression que vraiment, comment on dit, le somnambule, l'aveugle, je ne sais
01:07 pas, qui va dans le mur, qui sait, mais qui va dans le mur en chantant.
01:10 Oui, alors, ce n'est pas la première fois dans l'histoire, c'est déjà arrivé,
01:16 et bien ça recommence, voilà.
01:17 Ça recommence avec le même aveuglement, ça fait quarante ans que...
01:23 Une progression comme ça vers...
01:26 Vers quoi ?
01:28 Le bord de ces abîmes, au fond, de désespérance et de violence surtout, où nous nous trouvons
01:38 aujourd'hui.
01:39 C'est une espèce d'inconséquence, de cécité, de...
01:50 Alors, encore une fois, toujours toutes les grandes crises sont produites de cette façon.
01:56 Moi je me souviens, je le cite d'ailleurs, Edgar Morin, dans une des interviews qu'il
02:02 avait données au moment de son centième anniversaire, avait répondu à la question
02:06 "Est-ce que vous pensez que la situation actuelle a un rapport avec celle que vous avez vécue
02:13 dans les années 30 ?" et il avait dit "Oui, d'un certain point de vue, oui, et nous avons
02:17 vécu ces années-là", il avait une vingtaine d'années, enfin, il était adolescent, puis...
02:25 Et puis...
02:26 - Oui, dans les années 30, voilà.
02:29 - Et il dit "Mais nous l'avons vécu comme des sans-ambulance, nous ne nous rendions pas
02:34 compte, au fond, de ce qui se passait".
02:37 Après, la réalité l'a rattrapé, lui a sauté au visage, il est parti dans la résistance,
02:44 mais c'est un peu ça.
02:45 Et ce qui me frappe beaucoup aujourd'hui, c'est que la réalité de la situation à
02:52 la fois psychologique, sociale, politique, économique, du monde et de notre pays, est
03:02 en train de nous sauter à la figure, mais que pour autant, on a l'impression que le
03:08 pire ne peut toujours pas nous arriver, et nous continuons imperturbablement à faire
03:13 comme si rien de tout ça ne pouvait nous arriver.
03:16 - Alors justement, Henri Guenot, rentrons dans le vif, enfin, vous savez, les somnambules,
03:20 c'est le titre d'un très beau livre d'Arthur Kessler aussi, mais vous en parlez...
03:26 C'est ce somnambulisme, vous avez été très proche de certaines personnes du pouvoir,
03:31 je rappellerai que vous avez très largement contribué à la victoire de Sarkozy en 2007,
03:36 pour la présidence de la République, mais au fond, il y a quelque chose qui se pose,
03:41 vous dites, effectivement, c'est la première fois dans l'histoire, c'est le moins que l'on
03:43 puisse dire, la chute des empires et tout, mais est-ce que ces princes qui nous gouvernent,
03:48 qui ne sont pas quand même les plus imbéciles du monde, ne veulent pas voir, sont dans le
03:53 déni, manque de courage, de volonté, de prévision, c'est quoi qui fait que, vous
03:59 dites 40 ans, 40 ans, on a vu se succéder des présidents depuis 40 ans pour ne parler
04:04 que de la France, c'est quoi, c'est vraiment une espèce de volonté, après moi le déluge
04:08 et puis on verra bien ?
04:09 - Alors d'abord, encore une fois, c'est un vieux penchant humain qu'on retrouve sinon,
04:14 nous ne serions jamais retrouvés dans les situations dramatiques du passé, c'est ce
04:20 vieux penchant qui nous amène souvent, et plus encore aujourd'hui que jamais, à oublier
04:26 la nature humaine.
04:27 La politique, elle a quelque chose à voir avec la nature humaine, c'est-à-dire que son
04:31 premier rôle, comme c'est d'ailleurs le rôle de la culture, de la civilisation, de l'école,
04:40 des institutions, c'est de tout faire pour maintenir à l'intérieur de nous, empêcher
04:47 de laisser sortir cette violence qui est le fond de la nature humaine, c'est-à-dire la
04:52 nature humaine, elle est capable du meilleur, du plus beau, du plus grand et du pire, et
04:57 le pire c'est cette animalité, cette sauvagerie, cette violence qui, dès que les forces relâchent,
05:04 dès que les digues qui la maintiennent à l'intérieur de l'homme s'effritent, sortent
05:08 et dévorent tous au son passage.
05:09 Et la vérité que nous ne voulons pas avoir en face, et aujourd'hui moins que jamais,
05:15 c'est que nous sommes tous capables de cette violence.
05:18 On vient de voir l'affaire du Hamas, on s'est à juste titre profondément émus de ces sauvages
05:27 qui éventrent les femmes, coupent la tête des bébés, etc.
05:34 Nous avons été capables, dans l'histoire, de faire cela.
05:40 Pendant la guerre de Vendée, on mettait des cartouches dans le vagin des femmes et on
05:44 les faisait exploser.
05:46 Pendant la guerre de religion, pendant la guerre de 30 ans, qui fut une horrible boucherie
05:50 et sauvagerie, on détruisait des villages entiers, on torturait les gens.
05:56 Cela avait fait des millions de morts.
05:59 Je ne parle pas du XXe siècle.
06:01 - En fait, vous dites, mais c'est intéressant, en fait, ça on sait, il y a eu l'animalité,
06:07 l'animalité était beaucoup lui débordée, mais on pensait qu'après les horreurs du
06:11 XXe siècle, on pensait...
06:12 - On a toujours pensé ça et on pense encore plus que d'habitude.
06:16 D'abord, il y a beaucoup de choses très intéressantes dans les Lumières du XVIIe, du XVIIIe siècle.
06:23 Il y a une chose qui est une erreur d'appréciation dans la philosophie des Lumières, c'est l'idée
06:32 qu'une partie des Lumières se fait de la bonification de l'homme au cours du temps.
06:36 - L'homme nouveau ?
06:39 - Oui, alors c'est un homme nouveau qui s'a...
06:41 Ce n'est pas l'homme nouveau des nazis ou des bolcheviques, mais c'est le fait que finalement,
06:46 par l'instruction, l'homme devient, au fur et à mesure du temps qui passe, meilleur.
06:52 Et non, l'homme ne devient pas meilleur.
06:55 Bien entendu, il faut...
06:56 - Il n'y a pas de progrès là-dessus.
06:57 - Il n'y a pas de progrès, il n'y a pas trop de ce point de vue-là.
07:00 Il n'y a pas de progrès.
07:01 Alors, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas sans cesse faire des efforts d'éducation,
07:05 de civilité, mais ce sont des efforts qui n'ont pour but au fond que de maintenir autant
07:12 que possible, tant bien que mal, cette violence à l'intérieur de nous-mêmes.
07:16 Et quand on pense que l'homme devient meilleur, eh bien on relâche ses efforts.
07:20 Si vous voulez, je crois que nous vivons une époque où nous pensons, depuis quelques
07:30 décennies, que nous avons vécu une révolution anthropologique telle que nous ne sommes plus
07:36 pareils que ceux qui nous ont précédés.
07:39 Nous sommes plus intelligents, nous sommes meilleurs, nous ne referons pas les mêmes
07:43 fautes, nous ne commettrons pas les mêmes crimes, et d'ailleurs, on le voit au sort
07:48 que l'on fait à l'histoire.
07:50 Au fond, l'histoire, le passé, c'est le passé, ça ne sert à rien, sinon à être
07:56 éventuellement un ornement de l'esprit pour meubler la conversation.
08:01 - Poser en société, c'est ça.
08:03 - Mais on a usé et abusé de l'idée que l'histoire ne se répétait pas, alors d'une
08:08 certaine façon c'est vrai, l'histoire ne se répète pas à l'identique, les circonstances
08:12 changent, les mentalités changent, mais nous nous nous répétons sans arrêt.
08:17 C'est-à-dire que nous, nous sommes les mêmes, et que ce que nous apprend l'histoire, ce
08:23 ne sont pas des recettes pour l'avenir, mais ce que nous apprend l'histoire, c'est
08:28 ce que nous sommes.
08:30 C'est que quand vous regardez l'histoire, vous apprenez ce qu'est l'homme, et ça
08:37 sert au moins à ça, et ça c'est énorme.
08:40 Après vous pouvez, et c'est vrai dans tous les domaines, nous sommes pétris de raison,
08:49 d'intuition et d'instinct, et l'histoire nous montre que ces instincts finissent toujours
08:54 par ressortir.
08:55 Donc s'il y a une leçon morale et intellectuelle à tirer de l'histoire, de la transmission
09:01 de l'histoire, de son enseignement, de son apprentissage, qui est celui de Sisyphe, c'est
09:06 nous n'avons pas changé, alors ne faisons pas comme si nous étions meilleurs, et si
09:12 nous n'avions plus rien à apprendre de ce qui s'est passé avant, et comme si ce
09:15 qui s'était passé avant ne pouvait plus nous arriver, allez demander aux Israéliens
09:23 qui pensaient que ça ne leur arriverait plus jamais, et qui brusquement se retrouvent confrontés,
09:28 et pas seulement les Israéliens mais tous les Juifs du monde, dans la tête de chacun
09:33 d'eux, à 2000 ans de persécution, de pogroms couronnés par la solution finale, même ceux
09:41 qui sont nés bien après la solution finale.
09:43 Qui revient et qui frappe violemment à la porte, on en parle tout de suite après cette
09:47 petite pause.
09:48 On va continuer cet entretien avec Henri Guaino et avec vous, au 0826 300 300, on vous attend
09:53 au Standard à tout de suite.
09:54 Un livre à lire, un livre que je recommande, Henri Guaino, à la septième fois les murailles
09:59 tombèrent, c'est aux éditions du Rocher.
10:01 Henri Guaino, effectivement, l'instinct est là, et effectivement d'ailleurs pour le
10:08 meilleur et pour le pire, c'est toujours pareil, c'est la langue de Zoppe, mais il
10:12 y a eu quand même, et il y a encore, une tentation qui avait déjà existé avec le
10:16 nazisme, le bolchevisme et peut-être Pol Pot et autres, vous savez la tentation de l'homme
10:22 nouveau et surtout la tentation, vous en parlez longuement dans votre livre, de la table rase.
10:26 Et ça c'est quoi ? C'est un nihilisme qui à un moment donné dire "écoutez, moi je
10:32 sais ce qu'il faut faire, je suis le camp du bien et du progrès et donc je vous dis
10:38 que si la biologie n'existe plus, le woke, je vous dis que si effectivement tous ces
10:44 capitalistes ou tous ces juifs ou tous ceux-là doivent disparaître parce qu'ils nous ont
10:51 pourri la vie, et on va faire table rase."
10:54 C'est quoi cette tentation nihilistique fabuleuse qui traverse les époques, les siècles ?
11:00 - Alors, bon il y a plusieurs formes de table rase, il y a des table rase très violente,
11:06 très radicale, puis des table rase comme on en voit aujourd'hui quand on laisse l'histoire
11:12 de côté, quand on veut faire table rase par exemple de l'identité d'une nation...
11:19 - Oui, parlons des table rase d'aujourd'hui, juste là.
11:22 - Mais elles vendent, elles sont... les table rase radicales sont intéressantes parce qu'elles
11:28 permettent d'analyser mieux le phénomène.
11:31 Donc c'est toujours une surestimation de ce que l'humain est capable d'accomplir.
11:38 C'est-à-dire, Monet Pompidou avait une remarque très juste, il disait "un pays n'est pas
11:43 une page blanche".
11:44 C'est-à-dire que vous êtes obligé de vous construire vous, et de construire la société,
11:51 de construire l'institution...
11:52 - Et à partir de ce qui s'est passé, bien sûr.
11:55 - Vous construisez l'homme sur l'homme, et vous n'êtes pas le commencement de l'homme.
12:01 Vous n'êtes pas le commencement de l'homme, même si vous le pensez.
12:04 Vous-même ne commencez pas le jour de votre naissance.
12:07 - Vous n'êtes pas Adam, disons.
12:08 - Voilà, vous n'êtes pas le premier homme.
12:10 Donc forcément, vous construisez l'homme sur l'homme, vous construisez la société
12:17 sur la société, la ville sur la ville.
12:19 Et en général, ce n'est pas une très bonne idée de raser la ville pour en faire une
12:23 totalement nouvelle, ce qui laisse une place énorme à la volonté humaine, mais jusqu'à
12:29 un certain point.
12:30 - Alors qu'est-ce qu'il fait, faisons un peu de psychologie, qu'est-ce qu'il fait de vague
12:37 par vague, et encore aujourd'hui, à petit, à bas bruit ou à haut bruit, des gens qui
12:42 disent "ah non, on va raser la ville, parce que nous on a une idée, pour que cette idée
12:47 arrive, il faut enlever tout le reste".
12:49 C'est quoi ?
12:50 - Toujours...
12:51 - L'hubris ?
12:52 - Ah oui, c'est une forme d'hubris, ça.
12:54 Là on se retrouve, d'ailleurs c'est un vrai sujet aussi que j'aborde, c'est cette disparition
13:01 totale de la réflexion tragique, de ce que nous a appris la Grèce antique sur notre
13:07 condition humaine.
13:08 C'est l'oubli de la condition humaine, l'oubli de sa finitude.
13:12 Alors, ça finit aujourd'hui, ça se transforme aujourd'hui en espèce de transhumanité,
13:20 de surhumanité, on voit bien que la table rase aujourd'hui, elle peut se faire d'un
13:25 tas de façons, dans l'effondrement de l'éducation, mais aussi dans une espèce de mythologie
13:31 du numérique, de l'intelligence artificielle qui va résoudre tous nos problèmes.
13:36 Et nous on va buter, on va buter comme toujours sur la nature humaine, dans ce qu'elle a encore
13:42 une fois de mieux ou de moins bien, on va buter sur tous les héritages, les empreintes
13:48 profondes qu'ont laissé l'histoire, les civilisations, Bourdel disait, la chose qui
13:57 dure le plus, le personnage de l'histoire qui est le plus durable, c'est la civilisation.
14:01 Et derrière la civilisation, il y a la nature humaine.
14:06 Vous ne pouvez rien comprendre à ce qui se passe dans les plaines d'Ukraine aujourd'hui,
14:11 ou ce qui se passe dans le Moyen-Orient, si vous ne tenez pas compte de tous les fantômes
14:19 qui habitent ces terres, qui habitent parfois depuis des siècles, depuis des millénaires.
14:25 Notre époque rajoute à ce penchant naturel de l'homme qui se prend pour Dieu, elle rajoute
14:39 encore une fois cette idée qu'ayant maîtrisé tellement plus que les générations passées,
14:46 les sciences, les techniques, ayant accumulé tellement plus de savoir, elle n'aura pas
14:56 les mêmes crimes, elle n'offrera pas les mêmes fautes, donc elle fonce tête baissée
15:01 dans toutes les fautes et tous les crimes du passé.
15:05 - Tout à fait, vous donnez beaucoup d'exemples là-dessus d'ailleurs.
15:08 Je voudrais juste qu'on reste un tout petit peu, on a beaucoup parlé de cela, mais le
15:14 wokeisme ou la théorie du genre notamment est très forte en ce qu'elle est.
15:20 Pour moi, c'est une théorie fasciste, enfin totalitaire, au vrai sens du terme.
15:25 - C'est totalitaire, en tout cas ça le devient.
15:29 - Vous savez, tout peut devenir totalitaire, moi je pense que la première règle morale
15:40 à se fixer, et intellectuelle aussi d'ailleurs, c'est celle de la limite.
15:45 Vous savez, Camus disait "nous avons besoin de philosophie des limites".
15:50 Tout peut être bon jusqu'à un certain point.
15:55 - Un homme ça s'empêche.
15:56 - Exactement, un homme ça s'empêche, et vous pouvez penser détenir la vérité religieuse,
16:05 oui, mais il faut absolument se dire "jusqu'à un certain point".
16:08 Je peux pousser ma logique jusqu'à un certain point.
16:10 Je cite souvent d'ailleurs le début du Caligula de Camus, vous savez, il vient de perdre sa
16:16 sœur, donc il est désespéré, on ne sait pas très bien quel rapport il avait avec
16:21 sa sœur, enfin il est désespéré, arrive un conseiller qui lui dit "César, il faut
16:27 que je te parle de quelque chose d'important".
16:28 César en substance il dit "non mais moi je viens de perdre ma sœur, tout le reste
16:34 ça compte pas", et le conseiller ainsi "c'est très très important César, c'est la chose
16:39 la plus importante au monde".
16:41 Alors il finit par écouter son conseiller, puis il lui répond, il lui dit "bon ben très
16:46 bien, alors tu veux me parler de quoi ? Tu veux me parler du trésor ? Oui César, parce
16:50 que là on a besoin d'argent".
16:51 Il dit "bon ben j'ai une idée, on va obliger tous les citoyens de l'Empire à souscrire
16:59 un testament en faveur de l'Etat, et puis comme il faut de l'argent régulièrement,
17:06 chaque année on en exécutera un certain nombre, comme ça on aura des ressources pérennes".
17:11 Alors le conseiller est un peu effaré et Caligula lui dit "mais tu m'as bien dit que c'était
17:17 la chose la plus importante au monde, donc c'est plus important que la vie humaine".
17:22 Donc maintenant je résume avec mes mots, mais vous allez voir, nous allons vivre selon
17:30 la logique, vous allez voir, vous allez souffrir.
17:33 Parce que même la logique, dire toujours il faut pousser la logique jusqu'au bout,
17:38 et bien non, même la logique peut devenir criminelle et folle, donc toujours jusqu'à
17:44 un certain point.
17:45 Et ça nous l'avons, nous l'avons oublié.
17:47 Et pas que les politiques, c'est tout le monde.
17:52 J'emploie souvent le "on" ou le "nous" parce qu'au fond quand nous n'avons pas décidé,
17:57 nous avons laissé faire.
17:58 Et qu'au bout du compte nous avons aussi la politique et les politiciens que nous méritons.
18:02 - Que nous méritons ça, c'est clair, et il faut le rappeler, on se retrouve après
18:05 une toute petite pause avec Henri Guaino.
18:08 - Avec Henri Guaino et avec vous sur Tour 0826 300 300, à tout de suite.
18:12 - Oui, toujours avec Henri Guaino, "La septième fois les murailles tombèrent", ce livre effectivement,
18:20 est-ce que nous sommes au sixième coup de trompette, est-ce que nous sommes au cinquième
18:24 coup de trompette, où déjà on a entendu le chant de la septième, on l'a entendu
18:29 pour Beethoven, mais c'était la neuvième et c'était l'Europe.
18:33 Mais justement, Henri Guaino, que ce soit l'Europe, l'école, les institutions, et vous faites
18:39 l'inventaire dans votre livre de tout cela, parlons peut-être pas de l'homme nouveau,
18:48 mais de l'homme rabougri, givaroisé, et encore une fois c'est vrai qu'on a les politiques
18:54 qu'on mérite, mais qu'est-ce qui se passe de ce point de vue-là ? C'est-à-dire qu'on
19:01 a l'impression que tout se passe comme si, oui mais écoutez on ne peut rien faire, on
19:06 est impuissant, est-ce que c'est la haine de soi, est-ce que c'est un masochisme ?
19:13 Alors la haine de soi, elle travaille nos sociétés occidentales de façon dramatique,
19:19 vous vous rendez compte qu'on veut donner des leçons au monde entier en leur proposant
19:25 comme modèle un modèle que nous détestons et que nous détruisons tous les jours.
19:29 Parce que quand même le wauquisme, la cancel culture, ça ne se sont pas développés tout
19:34 seuls, on les a laissés gagner du terrain, alors on commence à peine à se dire que
19:39 peut-être l'écriture inclusive est délétère, ça fait longtemps qu'on aurait pu s'en
19:45 préoccuper, ne parlons pas du reste, ne parlons pas de la théorie du genre, du refus de distinguer
19:52 le féminin et le masculin tellement nous sommes géniaux et meilleurs que toute l'humanité,
19:59 plus fort encore que la nature.
20:01 Je crois qu'il y a un climat général, puis le fait qu'aujourd'hui la politique, si on
20:09 se concentre sur la politique, mais encore une fois, il y a l'indifférence des citoyens
20:13 aussi pendant des années.
20:14 - Mais est-ce qu'elle n'a pas été aussi provoquée, je ne veux pas protéger les citoyens
20:18 ou les excuser, mais elle n'a pas été provoquée par le fait de regarder l'impuissance du politique ?
20:25 - Elle s'est organisée l'impuissance du politique, elle a été organisée par le politique lui-même
20:31 et avec la santé.
20:32 - Mais pourquoi ? Pourquoi organiser sa propre impuissance ?
20:35 - D'abord c'était l'ère du temps, alors quand il y a...
20:38 Vous savez, pour résister à l'ère du temps, il faut de grands caractères, de grandes
20:40 intelligences, le politicien ordinaire, il cède à l'ère du temps, il faut reconnaître
20:46 que la pression de l'ère du temps, elle est très forte.
20:49 Et finalement, tout le monde s'est accommodé de cette superficialité.
20:57 Je vous donne un exemple, tout le monde devrait y réfléchir, mais quand les électriciens
21:02 gaziers se mettaient en grève et manifestaient contre les directives européennes, alors
21:08 tous les gens disaient "oui mais c'est des privilégiés, il faudrait presque leur retirer
21:14 le droit de grève".
21:15 Et oui mais maintenant on paie la facture, c'est-à-dire que comme on a laissé faire,
21:22 et là ils ne se battaient pas spécialement pour eux, ils se battaient pour leur outil
21:27 de travail.
21:28 Et bien maintenant on a le marché unique de l'électricité, donc paraît-il on ne peut
21:31 pas sortir ce qui est une ânerie.
21:33 - Et en tout cas les spas ne l'ont fait.
21:37 - Voilà, les commerçants, les artisans, ils ont vu des augmentations de 200-300% de leur
21:41 facture d'électricité, tout ça a des causes.
21:44 Marcel Boiteux qui a été président emblématique de l'EDF pendant des années et qui a fait
21:50 le plan nucléaire raconte comment à l'époque il n'arrivait pas, la violence qui entourait
21:57 l'implantation des centrales nucléaires, c'était tellement violent qu'on lui a plastiqué
22:01 son appartement.
22:02 Donc il y a aussi des forces.
22:06 - Et on pense que jusqu'à aujourd'hui il y a des gens qui voulaient démolir le nucléaire.
22:10 - Aujourd'hui nous sommes sous la dictature, comme il n'y a plus de politique, parce que
22:16 la fin, le politique au fond, il y a les politiques qui ont pu en laisser faire ça ou qui l'ont
22:22 même organisé, ils se sont même déresponsabilisés, c'est-à-dire que c'est plus simple de dire
22:29 j'y peux rien.
22:30 Mais comme la dépolitisation de l'économie et de la société était dans l'air du temps
22:37 l'idéologie dominante, elle a laissé la place à quoi ? Elle a laissé la place aux tribus,
22:42 aux minorités agissantes, aux intérêts particuliers, les nations deviennent, les sociétés deviennent
22:50 des juxtapositions de communautés, de tribus, de... regardez où on en est.
22:56 Et la violence ressort quand l'état s'abaisse, quand la politique s'affaiblit, la vraie politique,
23:02 celle qui est là pour organiser la vie de la cité, eh bien toutes ces violences primitives
23:07 ressortent et nous nous trouvons devant aujourd'hui un abîme de violence.
23:11 Et cet abîme de violence n'a pas qu'une seule cause, il n'a pas qu'une seule figure, il
23:15 peut y avoir la figure des bonnets rouges, des gilets jaunes, des figures ethniques,
23:22 religieuses, politiques, mais voilà, toutes ces violences s'agrègent.
23:27 - Ça c'est moi qui suis très frappé par les travaux de René Girard sur la violence.
23:33 - Le bionétisme et la violence, oui.
23:35 - Et il dit quelque chose dont il nous faut nous pénétrer, c'est que les sociétés trop
23:40 divisées finissent toujours, toujours, par essayer de rétablir leur unité par la violence.
23:45 Voilà, nous sommes au bord, est-ce que nous en prenons conscience ? Et il dit aussi quelque
23:49 chose de très intéressant, il dit "se rassurer c'est souvent contribuer au pire".
23:56 Donc il ne faut pas se rassurer, il faut ouvrir les yeux, constater la violence qui monte
24:03 partout, qu'on a niée pendant des années parce que tout le monde voulait être tranquille,
24:07 il n'y avait pas de violence à l'école, pas de violence à l'hôpital, pas de violence
24:09 nulle part, les juges n'en voyaient pas, les sociologues n'en voyaient pas, elle était
24:13 là jusqu'au jour où on n'a vu pas de vague et puis on a compris que si on ne la voyait
24:16 pas c'est parce qu'on ne voulait pas la voir.
24:18 Mais elle est là.
24:19 - Et le jour où on les a submergés comme au Bataclan, comme ailleurs.
24:22 - Elle grandit dans le monde, jamais les désordres du monde n'ont été aussi grands aujourd'hui
24:27 que depuis la seconde guerre mondiale, il n'y a pas le camp du bien, le camp du mal,
24:32 il y a du mal et du bien en tout homme et donc tout homme doit se poser cette question.
24:35 Pendant des années nous avons pensé que tout ça ne nous arriverait plus, regardez,
24:39 les grandes crises financières ça ne pouvait plus nous arriver, ça nous est arrivé et
24:42 le monde a failli s'effondrer, on a oublié parce qu'on est passé juste à côté.
24:46 Les pandémies ça ne pouvait plus nous arriver, à nous les pays développés, civilisés,
24:50 etc. et bien voilà c'est arrivé, on n'était pas prêts, on avait même détruit tous les
24:55 instruments qui auraient pu au moins nous aider à gérer cette crise.
24:59 - On les avait délocalisés chers Henri.
25:00 - On avait délocalisé les médicaments mais on avait fait un outil qui s'appelait Leprus
25:05 qui était l'établissement public qui était chargé de gérer les urgences sanitaires,
25:09 qui était chargé de la logistique et de l'organisation.
25:11 On l'a, d'abord on lui a supprimé petit à petit ses crédits, on l'a noyé dans Santé
25:17 Publique France, alors que c'était une culture très différente du reste, il a disparu.
25:20 Et bien pendant toute la pandémie, pendant toute la crise sanitaire, on n'a pas eu un
25:27 instrument pour gérer la logistique.
25:30 Alors on avait des lits vides dans les cliniques privées à côté des hôpitaux et on envoyait
25:35 les gens à l'autre bout de la France.
25:37 Mais parce que ça ne pouvait pas arriver.
25:39 Mais c'est pareil, la guerre de haute intensité comme on dit aujourd'hui, ça ne pouvait plus
25:43 arriver, guerre des tranchées qui auraient pensé que ça pouvait arriver, c'est la
25:46 porte de l'Europe, on se rend compte qu'on n'a pas de chars, qu'on n'a pas beaucoup
25:50 de chars, pas beaucoup d'avions, pas d'artillerie.
25:52 Brusquement, mais moi je l'ai vécu pendant des décennies, ça ne servait plus à rien
25:56 puisque ça ne nous arriverait plus, ça ne pouvait plus nous arriver.
25:59 - Ça ne pouvait plus nous arriver, c'est même en dehors de l'envisager.
26:04 - C'est terrible, est-ce qu'on pensait que ça pouvait nous arriver de voir des étoiles
26:08 de David peintes sur les murs de Paris ?
26:10 - Intéressant, en 2023, c'est pas mal.
26:12 - On allait voir des jeunes imbéciles dans le métro qui allaient crier qu'ils étaient
26:15 fiers d'être nazis, antisémites, etc.
26:19 - Alors vous savez ce qu'ils ont dit d'ailleurs, juste un mot, puisqu'on l'a diffusé avant,
26:23 mais très intéressant, ils avaient coché toutes les cases, un témoin qui était là
26:27 il disait "Nique la police, nique la France, nique les juifs, et puis vive la CAF, vive
26:33 le RSA".
26:34 Très intéressant.
26:35 - Oui, c'est très bien, mais il y a des choses avec lesquelles on ne joue pas.
26:38 - Oui, mais je suis...
26:39 - Voilà, vous voyez, ce que je veux dire c'est que d'abord le RSA, ça permet à des mères
26:46 toutes seules d'élever leurs enfants, parce que si elles n'y arrivent pas, on les aura
26:50 sur les bras pendant des décennies.
26:52 Mais ça, à la limite, par rapport à certains dérapages, c'est secondaire.
27:01 - Mais ça aussi, j'ai l'impression que les gens l'acceptent, enfin, c'est ce qu'elle
27:04 disait, juste.
27:05 Elle disait "Oui, mais les gens avaient l'air de dire, peut-être pas d'approuver, mais
27:10 de sourire".
27:11 - Vous n'imaginez pas à quel point les sociétés ont une capacité à banaliser ce qu'ils auraient
27:17 la veille jugé impensable.
27:19 On a enfermé tout le monde, par exemple, pendant la pandémie, à tort ou à raison,
27:23 mais tout le monde s'est touché.
27:25 - On a accepté, absolument.
27:26 - Et puis les vieilles horreurs sont sorties, on a dénoncé son voisin, le nombre de dénonciations
27:31 invraisemblables, on allait applaudir les soignants, et puis on allait écrire sur la
27:37 porte de l'infirmière au rez-de-chaussée "Va-t'en, tu es criminel parce que tu..."
27:45 - Ça ressort vite, les instants.
27:48 - Mais ça ressort très vite, c'est pour ça qu'il ne faut jamais jouer avec le feu,
27:51 c'est pour ça qu'il faut prendre ce risque.
27:52 Et nous pensons encore qu'il y a des choses qui ne vont pas nous arriver et qui peuvent
27:56 nous arriver.
27:57 Oui, les gardes civiles, ça peut encore nous arriver.
27:59 Oui, les guerres de religion, ça peut encore nous arriver.
28:01 Oui, les guerres tout court, ça peut encore nous arriver.
28:03 Voilà, il faut arrêter de penser que nous sommes invulnérables, que nous sommes devenus...
28:09 - Oui, que nous sommes prémunis contre tout ça.
28:11 - Et ça commence par là, la réforme intellectuelle et morale de la politique, mais aussi de la
28:17 société.
28:18 Si nous abandonnons ça, nous sommes perdus.
28:20 Le malheur va revenir, ça ne veut pas dire que l'humanité va disparaître, mais le malheur
28:24 va revenir.
28:25 Alors, arrêtons de jouer avec le feu en pensant que plus rien de grave ne peut nous arriver.
28:29 - On va voir ce que nos auditeurs en disent, Estéban.
28:32 - Oui, on vous donne la parole juste après cette courte pause au 0826 300 328.
28:37 13h46 sur Sud Radio, nous sommes toujours avec Henri Guaino qui vient nous voir aujourd'hui
28:42 pour son livre, à la septième fois, les murailles tombèrent, c'est aux éditions
28:45 du Rocher.
28:46 Et puis nous sommes avec Sandrine qui nous appelle depuis le Tarn-et-Garonne.
28:49 Bonjour Sandrine.
28:50 - Bonjour Sandrine.
28:51 - Oui, bonjour.
28:52 - Bonjour André Bercoff et bonjour M. Guaino.
28:55 - Bonjour.
28:56 - Oui, je vous appelle parce que voilà, j'ai, par rapport à ce qui s'est passé
29:01 par rapport à ces jeunes dans les métros, tout ça, et que les gens se disent "oh bon,
29:06 c'est des jeunes".
29:07 Mais je suis, moi je suis très choquée dans le sens que c'est, quand ils disent "on
29:13 nique la France" et après on aime "vive la casse" et tout ça, mais l'histoire de
29:18 la France, est-ce qu'ils la connaissent bien ? Qui a créé justement cette sécurité
29:22 sociale ? Qui a créé tout ça ? C'est l'Europe ou c'est la France ? Donc, on oublie,
29:27 ils oublient la France, mais à un moment donné, comme si la France elle a été un
29:31 peu trop diluée, et ça je reproche beaucoup à des hommes politiques, à l'Europe, mais
29:36 on a oublié ce que la France a fait.
29:38 Voilà.
29:39 Moi, ça me...
29:40 Et je me dis mais ces jeunes, ils ne connaissent pas du tout et que là il faudrait leur remettre
29:44 au programme.
29:45 Tout ça, tout ce qu'a fait la France.
29:48 - Henri Hélot ?
29:49 - Oui, mais voilà, je partage tout à fait votre sentiment, c'est d'ailleurs aussi une
29:55 des raisons pour lesquelles j'ai écrit ce livre et pour lesquelles je continue à participer
30:01 aux débats publics, même si parfois ça me coûte beaucoup.
30:04 Regardez l'état de l'école, enfin, tout le monde, enfin tout le monde, je veux pas
30:14 dire les élites, mais j'aime pas ce mot parce que d'abord être une élite, ça se mérite.
30:19 - Et ça se remplace aussi.
30:21 - L'utilitarisme qui a guidé les réformes de l'enseignement, la manière de former les
30:27 gens, plus le refus de mettre en place des politiques d'assimilation, ont tout détruit.
30:34 Qu'est-ce qu'on a dit ? On a dit mais l'histoire ça sert à rien, l'histoire ça sert à rien,
30:41 mais si ça sert ? Ça sert exactement comme vous venez de le préciser, non c'est pas l'Europe
30:46 qui a fait la sécurité sociale, non c'est pas l'Europe qui a fait l'assurance maladie,
30:52 non c'est pas l'Europe qui a fait l'école de la république, non c'est pas l'Europe qui
30:56 a fait la nation française, qui a fait la république, mais ce ne sont pas les marchés
31:03 non plus, ce ne sont pas les post-modernes, les bauquistes, les décolonialistes, les
31:11 cinglés qui vont démolir les statues, mais à partir du moment où la société dans
31:18 son ensemble a collectivement renoncé à éduquer les enfants, à ne plus attacher de valeur
31:27 à l'histoire, à la transmission, vous savez le problème de la transmission il est considérable,
31:31 une nation ça existe, une société ça existe dans la continuité.
31:35 - C'est une ignorance crasse qui les habite, c'est ça.
31:37 - Alors ça ne suffit pas toujours à maintenir la bête sauvage à l'intérieur de chacun
31:43 - Non mais quand même ça me prend conscience.
31:45 - Vous voyez la scène que vous décrivez elle est taillée puisque les gens finalement
31:49 apparus, je crois qu'une dame a fait une remarque et puis un monsieur aussi, mais finalement
31:53 on consente en tant que des énormités pareilles et à banaliser finalement ce qui ne devrait
32:00 jamais l'être, mais encore faut-il attacher de l'importance aux choses, voilà et pour
32:05 ça il faut avoir appris à attacher de l'importance aux choses.
32:08 - Apprendre.
32:09 - On remercie Sandrine de son appel et on a en accueil Eric qui nous appelle depuis Paris,
32:13 bonjour Eric.
32:14 - Bonjour Eric.
32:15 - Bonjour André Mercoff, encore bravo pour votre émission, je voudrais m'adresser très
32:19 rapidement donc à Henri Guaino que vous avez fait aujourd'hui, c'est une personnalité
32:25 politique pour laquelle j'ai beaucoup de respect et d'admiration, au regard de son parcours
32:30 personnel et au regard aussi de ses prises de position je dirais avant 2005, 2006, 2007
32:39 notamment quand il s'est engagé avec Philippe Seguin sur la question européenne, mais après
32:45 quand il fut aux affaires ou presque aux affaires, je trouve que ce qu'il dit aujourd'hui est
32:52 tout à fait vrai, ses propos sont véritables, mais on ne l'a pas beaucoup entendu se faire
33:00 alarmer ou dire attention, on va dans le mur, et de critiquer peut-être son mentor ou l'homme
33:09 qu'il soutenait quand il était conseiller, Nicolas Sarkozy, et on ne l'entend pas dire
33:14 oui j'aurais dû, oui on a laissé faire, on a été trop, notamment sur l'immigration,
33:21 notamment sur l'Europe, même, il a été à ce moment là, il n'a pas...
33:25 - On l'a pas assez entendu vous dites Eric ?
33:27 - Voilà, alors qu'on l'avait bien entendu quelques années plus tôt avec Philippe Seguin
33:32 etc.
33:33 - Mais vous voulez qu'il fasse un acte de contrition peut-être ?
33:37 - Un acte de contrition, c'est peut-être pas ça, mais un acte de rupture en disant
33:43 oui là j'ai fait une erreur ou on a fait vraiment une erreur, et maintenant il faut
33:48 repartir, et je pense qu'il a peut-être encore une carte à jouer, une personnalité à jouer
33:53 dans le débat européen qui va s'ouvrir.
33:55 - Henri Guaino va vous répondre Eric.
33:59 - Alors d'abord quand on accepte d'être conseiller du président de la République,
34:06 on accepte de dire à l'intérieur ce qu'on a à dire, plus qu'à l'extérieur, sinon
34:12 on s'en va, et je n'ai pas pour habitude de venir à la télévision ou à la radio
34:19 pour raconter tout ce qui s'est dit à l'intérieur.
34:23 Moi j'ai joué mon rôle de la façon qui me semblait la plus conforme à mes convictions.
34:28 C'est un devoir qu'on se donne à soi-même, c'est-à-dire qu'à un moment donné on
34:34 essaye de peser autrement qu'en se produisant sur les plateaux de télévision, ça c'est
34:40 ma première remarque.
34:41 La deuxième c'est que beaucoup de fois, j'en ai déjà parlé tant de fois, vous
34:46 n'êtes pas censé entendre tout ce que j'ai pu dire ou lire tout ce que j'ai écrit
34:51 depuis, mais j'ai dit les erreurs que nous avions pu parfois commettre, je dis nous parce
34:59 qu'il y a une forme de solidarité qui s'appelle, comme dirait Michel Onfray, la loyauté.
35:07 La loyauté pour moi ça reste une vertu.
35:10 Je crois en plus quand même qu'il ne faut pas non plus être injuste avec Nicolas Sarkozy,
35:19 ça n'a pas été le pire président de la 5ème République, c'est le moins qu'on
35:22 puisse dire, c'est quelqu'un qui a affronté des crises terribles d'une façon que je
35:27 trouve remarquable, que ce soit la crise géorgienne, que ce soit la crise financière, voilà c'est
35:32 ça aussi gouverner.
35:33 Après moi j'ai voté non à tous les traités européens.
35:37 - Vous avez toujours voté non ? - Oui toujours, on fait campagne.
35:41 Je pourrais revenir, mais à ce moment-là il faut qu'André Bercoff nous consacre une
35:49 émission à la question européenne et à ce qui s'est passé, notamment après la
35:55 constitution européenne.
35:56 Je ne vais pas ouvrir ce débat maintenant, mon souci c'est que plutôt que de pleurer
36:05 sur le lait renversé du traité de Lisbonne, qui est moins important que le lait renversé
36:10 au moment de Maastricht, puisque la vraie rupture elle s'est produite.
36:14 - Henri Hélos, sauf que, et là encore une fois ce n'est pas une mise en cause vous-même,
36:19 ni d'ailleurs, c'est que, est-ce que ça n'a pas amené, parce que je reviens à votre
36:22 livre, est-ce que le fait que les Français ont voté non au dernier référendum de l'histoire
36:28 de France jusqu'ici, enfin au plus récent, c'est-à-dire 55% contre la constitution
36:34 européenne, dont vous absolument, et qui a été enterré par le traité de Lisbonne,
36:39 est-ce que ça n'a pas donné aux Français, et ça rejoint, l'idée que...
36:42 - Alors moi je pense que ça a été ressenti par beaucoup de gens comme un naufrage démocratique.
36:49 Bon, après on peut discuter, il l'avait dit dans sa campagne, ça ne voulait pas dire
36:57 qu'il y avait une approbation, mais il n'avait trompé personne, il a négocié un traité
37:02 simplifié à Bruxelles, après, moi j'ai appris ça aussi dans l'exercice du pouvoir,
37:09 après vous confiez la rédaction du traité simplifié à 27 ou 28 bureaucraties, diplomatie,
37:16 plus la technocratie européenne, et puis ils reviennent après avoir discuté chaque
37:21 virgule pendant, après 3 mois, et puis vous ne pouvez plus rien changer, parce que même
37:25 si ça ne correspond plus au projet initial, donc ça m'a appris aussi que la bonne solution
37:30 n'était pas dans la renégociation complète d'un traité, mais dans autre chose, dont
37:35 j'ai beaucoup parlé, mais qui mériterait qu'on en reparle un jour, si on veut changer
37:39 tout ça, et c'est ça la vraie question aujourd'hui, d'une part il ne faut plus pouvoir prendre
37:42 ce genre de traité sans référendum, il faut le mettre dans la Constitution, voilà, aujourd'hui
37:49 c'est pas la Constitution, la Constitution permet de le faire par le Congrès, et deuxièmement,
37:54 il faut changer la Constitution pour rétablir une hiérarchie des normes qui donne la primauté
38:00 à la loi nationale, quand elle est postérieure au traité, au moins comme c'était le cas
38:06 dans l'interprétation que donnaient les juridictions françaises, les hautes juridictions françaises
38:10 de l'article 55 de la Constitution, pour la Cour de cassation jusqu'en 75 et pour le Conseil
38:17 d'État jusqu'en 89, c'est-à-dire que c'est la dernière expression de la volonté du législateur
38:21 qui l'emporte, voilà, à chacun après, à chaque gouvernement et à chaque majorité,
38:27 de l'utiliser avec discernement, c'est la seule façon de rétablir la responsabilité
38:32 politique, on ne pourra plus dire alors "je n'y peux rien, c'est pas moi".
38:37 - Et c'est le "je n'y peux rien" qui est terrifiant, c'est ça ?
38:39 - Mais oui, mais c'est ça, aujourd'hui...
38:40 - On a fait de référendum depuis 2005, vous le savez.
38:43 - Oui mais aujourd'hui c'est le cas, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est pas le Parlement
38:46 qui fait la loi, ce sont les juridictions, en s'appuyant sur leur propre interprétation
38:51 et notamment celle de la Cour de justice de l'Union Européenne, des traités, puisque
38:56 les traités sont aujourd'hui considérés comme supérieurs à la loi, qu'ils soient
39:01 antérieurs ou postérieurs, à la loi française.
39:03 Donc voilà, on a dépénalisé le fait d'être en situation irrégulière en France, on peut
39:10 dire que c'est Hollande qui l'a fait.
39:12 Oui mais, sauf qu'avant qu'il le fasse, dans la loi, les juridictions françaises et européennes
39:18 avaient aboli la loi en réalité.
39:21 - On va faire une émission sur l'Europe effectivement là-dessus, et voilà, et là je voulais
39:27 vous remercier d'ailleurs, et encore une fois recommander votre livre, parce que là aujourd'hui
39:31 on a plus besoin, plus que jamais besoin d'un exercice de l'utilité qui vous concerne,
39:36 à vous.
39:37 - Et on le rappelle ce livre, à la septième fois, les Murailles, Tomber, c'est disponible
39:40 aux éditions du Rocher, merci à tous d'avoir regardé.

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