• il y a 7 mois
Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00 On ne sait pas toujours bien placer les Z dans le nom de Nadia Tereskevic, mais on sait parfaitement
00:08 situer la comédienne parmi la jeune garde du cinéma français, c'est-à-dire au sommet. Depuis
00:13 son éclatante révélation dans Les Amandiers de Valéria Brunit-Edeschi, qui lui valut le César
00:18 du meilleur espoir, on l'a applaudie chez François Ozon dans Mon Crime ou encore chez Robin Campio dans
00:22 L'Île Rouge. Elle a tout donné, dit-elle, pour son nouveau rôle qui lui tient très à cœur,
00:27 celui de Rosalie, une femme de la fin du 19e siècle, amoureuse, exaltée, mais qui porte un secret,
00:33 son corps est entièrement velu.
00:35 Nadia, vous êtes à l'affiche de Rosalie, une Rosalie qui est très très éloignée de la célèbre
01:01 chanson de Carlos. C'était une proposition extrêmement étrange. Comment est-ce que vous
01:06 l'avez prise, cette idée de jouer une femme comme Rosalie ? - Au début, j'ai vraiment été
01:12 bouleversée en fait par l'histoire et j'ai vu ce destin de cette femme qui est évidemment hors
01:19 norme et en même temps je m'y suis identifiée, j'ai été touchée par cette femme qui veut vivre
01:26 sa vie de femme comme elle le souhaite. - Alors cette Rosalie, pourquoi est-elle aussi étrange ?
01:30 C'est une jeune femme à la fin du 19e siècle en province qui est affligée d'une pilosité
01:35 naturelle, une femme à barbe, des poils qui poussent partout. Quelle forme d'engagement
01:40 ça a été pour vous cette fois-ci de prendre un rôle aussi particulier ? - C'est vrai que c'était
01:45 pas anodin en fait, ça a beaucoup questionné même ma propre féminité et je m'attendais pas à moi-même
01:52 être vraiment déstabilisée et avoir un combat en parallèle de Rosalie pour m'accepter moi aussi,
01:57 parce que j'ai commencé, j'avais assez honte en fait au début du film, au début du tournage,
02:03 on a tourné dans l'ordre chronologique donc c'est ça qui a une chance, enfin c'est fou et donc j'étais
02:07 mal dans mon corps et j'ai réussi avec le tournage à m'accepter et à aimer porter cette barbe et à
02:13 me sentir bien. - Parce qu'à avoir du mal à vous en séparer ? - Voilà exactement, maintenant je la mets de temps en temps.
02:18 - Continuer à fréquenter les barbiers peut-être ? - Enfin ça me met, j'ai appris d'ailleurs, on est allé voir un grand barbier
02:24 qui, mais vraiment c'est fou, il a tout gardé comme à l'époque donc c'était pour apprendre
02:31 comme au 19e siècle on se rasait, donc j'ai appris à me raser et comme c'était une méthode de poil à poil,
02:38 c'est posé poil par poil donc ça mettait quatre heures tous les matins, c'était vraiment très
02:45 précis en fait comme travail et donc il fallait, je voulais savoir exactement comment me raser,
02:50 comment même utiliser la brosse, tout c'était... - Cette longue préparation, ces trois quatre heures de
02:57 maquillage, de pose de poils, poil par poil tous les matins, c'était une contrainte assez forte,
03:03 c'était aussi une manière j'imagine de rentrer dans le personnage donc c'est une contrainte
03:07 qui est devenue un atout au fil du tournage ? - Complètement, non complètement parce que c'était
03:12 comme une sorte de rituel, en fait j'avais le temps de rêver aux scènes d'avant, aux scènes qui
03:17 arrivaient et comme Rosalie pouvait exister qu'avec la coiffure, la barbe, le costume, c'est comme si
03:22 c'était un processus pour rentrer dans le personnage quoi et quand j'arrivais sur le plateau,
03:27 bien que le corset ça donne une posture, ça donne une grâce, donc je devais être le personnage.
03:33 - Cette Rosalie elle est très actuelle dans son combat, dans sa manière d'être, elle veut s'en
03:38 franchir, elle refuse d'obéir aux codes de la société, c'est aussi cette modernité dans ce
03:43 personnage qui a pu vous séduire ? - Complètement, j'ai tout de suite senti
03:48 l'actualité parce qu'en fait elle représente vraiment la foi qu'on peut avoir dans la liberté
03:53 de l'individu, d'être qui on veut être et en même temps elle représente aussi le rejet qu'un
03:59 individu peut subir de la part d'une communauté. Aujourd'hui c'est avec les réseaux sociaux,
04:04 c'est avec des millions de personnes derrière un écran qui peuvent célébrer quelqu'un et après
04:08 l'humilier et le rejeter et donc c'est ça aussi que je trouvais très fort et c'est un personnage qui
04:13 se victimise jamais, qui n'est pas victime et qui est toujours solaire avec une rage de vivre,
04:18 qui a envie d'aimer mais elle croit dans un amour aussi. J'ai aimé le côté romanesque du scénario
04:25 parce que je trouve qu'on a besoin de croire à l'amour et ça questionne ça aussi, ça questionne
04:30 l'humanité, il y a un truc de... parce qu'on a tous un peu une barbe quelque part et un personnage
04:36 dit on est tous des cas à part, je trouve ça vrai. - Les gens sont venus ici pour vérifier si c'était
04:41 vrai cette histoire c'est tout. - Oui mais ils vont continuer de venir. Pourrir embaucher quelqu'un
04:45 pour servir ça me soulagerait. - C'était une simple curiosité. - C'est déjà un bon début.
04:50 - Grâce à Rosalie vous comprenez un peu mieux aujourd'hui les hommes à barbe,
04:53 vous en avez un en face de vous et ce besoin qu'ils ont de camoufler peut-être quelques
04:57 petites imperfections. - C'est vrai que c'est pratique pour ça. - C'est pratique. - C'est pratique pour ça.
05:01 J'ai aimé au final, j'allais à la cantine, j'avais oublié que j'avais la barbe, j'étais en jogging,
05:07 j'étais bien. - Croyez-moi la barbe ça cache toujours quelque chose. Ça a été quoi votre
05:12 réaction la première fois que vous vous êtes découverte, vous vous êtes vue dans le miroir,
05:15 maquillage fini, prête à tourner. - C'est étrange, c'est étrange puis en plus à quelques millimètres
05:20 près la barbe elle changeait donc j'arrivais à avoir une forme de douceur à certains moments
05:24 mais on a aussi des barbes très dures qui me masculinisait énormément et en fait ça m'a
05:30 déstabilisé et en même temps je me suis dit là en fait j'ai pas le choix, je peux pas ne pas être
05:36 le personnage parce que je ressens déjà tellement de choses que je vais utiliser l'état dans lequel
05:40 je suis pour jouer parce que j'étais, je suis arrivé sur le plateau, en fait c'est pas anodin,
05:45 c'est pas un costume qu'on met, ça devient comme une seconde peau quoi et je pouvais pas l'enlever
05:49 d'ailleurs, c'était là. - Il y a une autre particularité dans le personnage de Rosalie
05:53 c'est que c'est une grande amoureuse parce qu'elle se retrouve à épouser cet homme auquel elle était
05:57 destinée mais qu'elle ne connaissait pas, c'est pas très facile et pourtant elle est déterminée
06:02 à mener une vie de couple à une grande amoureuse, voilà, est-ce que ces grands sentiments amoureux,
06:08 cette exaltation de l'amour c'est quelque chose qui vous parle à vous ? - Oui parce que ça me
06:14 touchait de voir, en fait au cinéma on peut incarner des grands sentiments et un amour absolu,
06:19 c'est le côté inconditionnel que je trouvais magnifique et qui m'a bouleversée et évidemment
06:25 c'est cette envie de vivre en fait intensément qui me parlait et aussi en même temps elle a envie
06:31 d'une vie entre guillemets simple, elle demande pas grand chose en fait, elle demande ce qu'on
06:36 demande tous, elle demande beaucoup d'amour. - Votre mari de cinéma Abel, c'est Benoît Magimel
06:42 et Stéphanie Guizusto a insisté pour que vous ne vous rencontriez pas avant le tournage, c'est
06:47 vrai vous avez dit pourquoi ? - Ça c'était fou parce qu'en fait ça crée quelque chose, on s'était
06:52 croisé à Cannes sur un trottoir, on s'est fait une bise, on a dit on n'a pas le droit de se parler et
06:57 ensuite même dans les loges on était séparés donc on s'est vu le premier regard dans la
07:01 charrette du film, c'est le premier regard, on n'a pas fait de répètes, rien. Aussi Benoît avait
07:06 une forme de distance au début et en fait au départ j'ai pas vraiment compris mais en fait ça a
07:10 créé chez moi une sensation de... comme si j'étais un peu rejetée et je me sentais assez seule et
07:16 j'essayais d'attirer son attention et en fait notre complicité elle est née dans les scènes et
07:20 c'est ça que je trouvais assez fou, c'est que je ne connais pas vraiment Benoît mais on s'est
07:23 rencontré dans les scènes. - Si ce film est un succès, ce que je vous souhaite évidemment, ce qu'on
07:29 souhaite tous, est-ce que vous pourrez dire fièrement "je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu"
07:34 - Pas mal. - A la César. - A la César, oui carrément, je le dirai. - Vous le direz, vous vous promettez ? - Promis, même si ça marche pas d'ailleurs.
07:42 - Et si vous aviez gardé votre barbe, j'aurais pu vous proposer pour terminer le petit jeu,
07:46 vous savez la petite barbichette, on le fait quand même ? - Ouais. - Allez, je te tiens, tu me tiens. - Je me tiens par la barbichette.
07:52 - Le premier aura... - Qui rira aura eu ta pète.
07:55 - J'ai perdu ! - Moi aussi. - Mais j'ai eu une petite tapette. - Parce que j'ai grillé aussi avant. - Merci Nadia.

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