Le rappeur Toomaj Salehi avait été arrêté en octobre 2022 pour avoir soutenu le mouvement de contestation déclenché après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des moeurs.
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00:00 Petit portrait parce que c'est vrai qu'on ne le connaît pas nous ici,
00:02 Toumaj Salehi, il est quand même surnommé le rappeur le plus courageux du monde.
00:06 Et vous allez voir pourquoi, c'est pas pour rien.
00:09 Clairement, il s'est opposé bien sûr au régime iranien.
00:13 Il a de qui tenir, Toumaj Salehi, vous me corrigerez maître,
00:16 mais son père est virulemment lui aussi opposé
00:21 au régime des Mollahs et à dos.
00:25 Et bien voilà, sans doute un peu influencé par cet engagement du paternel,
00:30 il écoute le rappeur américain Tupac, Tupac Shakur,
00:33 qui donc lui aussi est connu pour être un rappeur extrêmement engagé.
00:37 À cette époque, c'est l'époque où Ahmadinejad arrive au pouvoir,
00:41 il instaure la police des mœurs, les femmes doivent bien porter le hijab,
00:44 pas d'alcool, pas de short, bref.
00:47 Et on le sait, donc pas de rap non plus américain.
00:49 Toute influence de la culture américaine est bannie.
00:52 Autant de motifs d'arrestation, de torture ou carrément de condamnation à mort.
00:56 Toumaj Salehi va commencer à écrire sur toutes ces injustices justement,
01:01 qui gangrènent la société iranienne très jeune,
01:04 le sort réservé aux femmes, aux dissidents, les inégalités économiques.
01:07 2021, c'est "Rathole", on écoute.
01:11 "Ague didi darde mardomo vali keshato basti,
01:14 zolme be mazloum ro didi o az kenar esh rafti,
01:16 ague az tarzi o basle man faat et khodekari,
01:19 to ham am daste zalem asti, to ham mojrem asti."
01:22 Voilà, c'est ce titre qui lui vaut le surnom de Tupac iranien.
01:25 Et ça lui vaut aussi à ce moment-là un premier séjour en prison.
01:28 Voilà, le premier d'une série, effectivement, malheureusement.
01:31 En 2022, il va prendre part aux manifestations suite à la mort,
01:35 vous vous souvenez de cette jeune étudiante, Masa Amini,
01:38 cette étudiante qui avait été arrêtée par la police des mœurs
01:42 pour avoir mal porté son voile,
01:44 qui était décédée après son arrestation.
01:47 Et il en a fait une chanson, "Battlefield",
01:49 justement un clip dans lequel il diffuse des images des manifestations.
01:53 * Extrait de "Battlefield" de Tupac *
02:19 Les autorités iraniennes réagissent immédiatement,
02:23 effectivement, et redouvent de sévérité envers les manifestants.
02:26 Il va y avoir 500 morts en marge de ces manifestations,
02:29 de soutien à cette jeune étudiante.
02:31 20.500 morts et 20.000 arrestations,
02:33 dont Toumaj Salehi, qui est condamné à 6 ans de prison,
02:36 mais libéré sous conscience un an après.
02:38 Et là encore, à sa libération, il va témoigner des atrocités du régime.
02:41 Voilà, c'est ce qu'il va faire.
02:42 Il va publier une vidéo dans laquelle il va témoigner de la torture
02:45 qu'il a subie en prison.
02:47 Il sera de nouveau arrêté, donc, mercredi dernier.
02:50 Un tribunal révolutionnaire le condamne à la peine capitale
02:53 parce qu'il aurait exprimé des remords.
02:55 Eh bien, cette peine pourrait être commuée en une espèce de longue peine.
03:01 Cette peine de prison, cette peine capitale
03:04 pourrait être commuée en longue peine de prison,
03:06 mais dont on n'a évidemment pas les contours.
03:08 Et aujourd'hui, donc, dans le monde,
03:10 une tribune de soutien par de nombreuses personnalités
03:14 qui demande au chef de l'État d'agir par tous les moyens
03:17 pour le sortir de là.
03:19 Depuis mardi, il n'a plus de contact avec l'extérieur,
03:21 plus de téléphone, il est à l'isolement.
03:23 C'est évidemment une façon de faire pression sur lui.
03:26 Et on le rappelle, c'est pas le seul artiste,
03:28 pas la seule personnalité à être comme ça,
03:31 violemment arrêtée.
03:32 On pense à la dessinatrice Athéna Fargadani,
03:34 qui s'est rappelée par le Courrier international,
03:36 qui elle aussi a été arrêtée
03:38 pour avoir juste essayé d'afficher un de ses dessins dans Téhéran.