• il y a 7 mois
Elle est actrice, réalisatrice, dessinatrice et autrice : Isild Le Besco publie un livre intitulé "Dire vrai", aux éditions Denoel. Elle revient sur sa vie, la violence des hommes, une vie qui croise celle de noms du cinéma français, Luc Besson, Emmanuelle Bercot, mais aussi Jacques Doillon et Benoit Jacquot, ces réalisateurs au cœur de l'actualité, accusés de viol il y a quelques semaines par Judith Godrèche.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 02 mai 2024

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00:00 RTL bonsoir, Julia Selye, Isabelle Choquet et Cyprien Signe.
00:04 Allez RTL bonsoir, votre émission continue, Stéphane Boutsoc notre spécialiste cinéma nous a rejoint en studio pour accueillir maintenant notre invitée.
00:11 Elle est actrice, réalisatrice, dessinatrice, autrice. Bonsoir Isile de Lebesco.
00:16 Bonsoir.
00:17 Soyez la bienvenue. Vous publiez aux éditions de Noël un livre intitulé "Dire vrai".
00:21 Vous revenez sur votre vie, votre carrière, la violence des hommes, aussi une vie qui croise celle de nom du cinéma français.
00:28 Luc Besson, Emmanuel Berco mais aussi Jacques Doyon et Benoît Jacot.
00:33 Doyon, Jacot, c'est réalisateur au cœur de l'actualité accusé de viol il y a quelques semaines par Judith Goderège.
00:38 Vous racontez dans ce livre votre jeunesse sous l'emprise de Benoît Jacot dès l'âge de 16 ans. On va y revenir.
00:43 Mais ce livre, il commence par un fait récent. Il y a un an, dans un train, une femme visiblement déséquilibrée vous agresse à ce moment-là.
00:51 Sous le choc, vous vous répétez "je ne suis pas une victime". Ça a été le déclic pour écrire ?
00:58 Oui, ça a été le déclic parce que les traces visibles physiques, le visage défoncé, c'est...
01:07 ben au moins on est victime en vrai.
01:10 En vrai ? Parce que jusqu'ici vous n'avez pas l'impression d'être victime en vrai ?
01:13 Eh bien c'est très difficile quand... déjà de se dire qu'on est victime. Moi j'ai pas envie d'être victime.
01:19 Je pense que toutes les femmes n'ont pas envie d'être victime et du coup font comme si elles n'étaient pas.
01:25 Pourtant je crois que pour ne plus l'être, il faut à un moment donné écouter cette émotion et surtout j'ai eu le sentiment qu'à un moment donné, si je ne l'admettais pas, ça allait toujours revenir à moi.
01:36 Dans ce livre, vos mots font écho à ceux de Judith Gaudrech qui était dans ce même studio il y a quelques semaines à votre place.
01:43 Vous racontez le piège qui se referme sur vous à l'âge de 16 ans quand vous rencontrez Benoît Jacot qui en a 52 à l'époque.
01:49 À l'époque pour des essais pour son film "Sade". Vous racontez cette relation sur plusieurs années d'emprise morale, physique, sexuelle, un comportement de prédateur en quelque sorte.
01:59 Vous dites "j'étais son obsession".
02:01 J'utilise mon histoire pour parler du fait qu'on devient souvent objet pour un homme qui veut des femmes sous leur contrôle.
02:10 Il y en a beaucoup. Nous parce qu'on n'a pas appris à se réveiller et les hommes parce qu'ils ne se savent pas encore peut-être tout à fait aimer pour beaucoup d'entre eux.
02:21 Et du coup ils se raccrochent au fait que la femme devient leur chose, leur appartient.
02:27 Des femmes aujourd'hui proches de Benoît Jacot vous ont dit "mais enfin à 16 ans on a un libre arbitre".
02:32 Et vous, vous répondez, vous dites "à 16 ans je ne savais même pas ce que c'était que d'avoir un petit copain".
02:38 Ça veut dire qu'on vous a imposé en fait aussi cette découverte de ce qu'était une sexualité déviée en plus.
02:43 Absolument. La chose essentielle de l'amour que normalement on rêve, c'est-à-dire des regards tendres, des baisers, des mots doux,
02:53 tout ce qui va donner le souffle pour une vie, eh bien quand un homme décide de prendre une adolescente pauvre et qui s'immisce dans sa vie, eh bien il se passe ça.
03:07 Vous parlez de fracassements, pour qualifier la violence de ces années sous emprise, vous dites "le mot viol est réducteur".
03:14 "Benoît a violé mon esprit" écrivez-vous.
03:16 Oui, j'ai envie de dire sous contrôle plus, parce qu'on parle d'emprise et on dit dans ces cas-là que la femme est dans une forme d'emprise.
03:26 Mais en fait non, c'est l'homme qui prend le contrôle de quelqu'un.
03:30 Et quand on est jeune, eh bien facilement on se fait prendre, surtout quand la personne a gagné votre confiance en prenant un rôle d'ami, de parent, de metteur en scène.
03:41 Donc on est sous contrôle.
03:42 Même lors des moments de violence, parce qu'on découvre aussi et vraiment effaré dans ce livre la violence de Benoît Jacot,
03:48 qui vous a poussé dans les escaliers, qui vous a frappé, dès que vous preniez l'initiative en quelque sorte.
03:53 Dès que j'avais envie de faire ma vie et de m'écouter.
03:58 Ça aussi c'est très très très commun.
04:00 Beaucoup d'hommes ont en contrôle une femme et dès qu'elle dévie des volontés, ça clashe.
04:07 Tous les féminicides sont ce même scénario.
04:10 Alors aujourd'hui Isile Besko, on vous presse parfois de porter plainte, vous rencontrez d'autres victimes,
04:16 mais vous décidez de ne pas vous lancer dans ce combat en justice.
04:20 Je vous cite "jouer encore le rôle qu'il m'a assigné il y a 25 ans, Isile, c'est Benoît Jacot,
04:25 je ne suis pas sûr de vouloir cette vie-là, maintenant je choisis pour moi".
04:30 En fait, vous nous dites, vous nous prouvez que vous ne voulez plus subir.
04:33 - D'une part, mais d'autre part j'ai envie d'écouter mon corps tout simplement.
04:37 Donc je n'ai rien décidé, j'écoute mon corps.
04:39 Et ce que je sais, c'est que la justice est une justice pourrie, excusez-moi du mot,
04:46 à l'image de cette société où les agresseurs n'ont jamais rien, rien, rien.
04:53 Et par contre, nous les femmes, quand on prend le courage et c'est difficile d'aller porter plainte,
04:58 on est toujours retraumatisés. Et ça, c'est quand on y va.
05:02 - Vos mots font écho à une tribune qui est parue, je ne sais pas si vous l'avez lue dans le magazine Elle cette semaine,
05:09 parce que vous parlez du rôle des hommes dans notre société.
05:12 Il y a une centaine d'hommes du monde du cinéma notamment, et quelques acteurs connus,
05:16 je pense à Reda Kateb, à Mathieu Amalric, qui ont signé cette tribune pour apporter leur soutien
05:22 aux femmes victimes de violences sexistes et sexuelles dans ce milieu.
05:26 C'est important que des hommes prennent la parole ?
05:29 - Oui, bien sûr. On attend des hommes qui se désolident d'Aris, des agresseurs.
05:35 Clairement, vous n'en avez pas marre d'avoir des mères, des sœurs, des amoureuses, des ex, des filles fracassées ?
05:45 Il faut se désolidariser de ces systèmes. Et évidemment que vous n'êtes pas tous comme ça.
05:53 Par contre, vous ne désolidarisez pas des hommes, alors que ces hommes-là ont des comportements machistes,
06:01 affreux, horribles, et ça, on a besoin de vous, bien sûr.
06:06 - Isile de Lebesco, vous évoquez aussi dans votre livre un autre réalisateur qui est accusé en ce moment,
06:11 Jacques Douayon. Là aussi, vous êtes très jeune quand vous le rencontrez. Il va vous proposer de tourner pour lui,
06:16 longuement vous rencontrez, vous allez lui raconter votre vie, il va se nourrir de vos confidences,
06:20 et il va écrire un film dans lequel finalement vous ne tournerez pas, vous n'êtes même pas payé pour ce travail en amont.
06:26 C'est une forme de vampirisation en quelque sorte, c'est une autre forme de prédation ?
06:30 - Ah oui, complètement. C'est une substance qui va voler, de la même manière dont des hommes incestent éventuellement une fille
06:40 pour briser la magie, pour briser l'enfance, eh bien lui, il utilise le cinéma pour voler une substance qu'il s'octroie.
06:49 Parce que cette substance-là, j'étais d'accord de la donner dans un cadre de travail, mais lui la vole,
06:55 et s'enrichit avec ça, et prend plus de pouvoir encore et toujours.
06:59 - Vous avez aussi des mots assez durs à l'encontre de Luc Besson, qui a été le mari de Maïwenn, votre soeur,
07:04 il était adulte, elle encore jeune fille quand ils se sont connus.
07:07 Vous décrivez un radin, après la rupture, insensible, assez impitoyable,
07:13 qui a profondément marqué votre perception de la masculinité, "je n'avais plus de confiance à offrir", écrivez-vous, vous-il.
07:19 - Oui, c'est Luc Besson était un espoir, un ailleurs, le monde du travail, le monde de l'amour, le monde de la famille,
07:30 le monde à rêver, et malheureusement tout ça s'est écroulé, il s'est servi, tout simplement.
07:37 - Vous avez utilisé l'expression "société pourrie" tout à l'heure.
07:40 On a appris il y a quelques heures que des députés allaient enquêter sur les violences sexistes et sexuelles dans le monde du cinéma,
07:45 une commission que Judith Caudrèche réclamait, qui est annoncée la semaine où Gérard Depardieu est placé en garde à vue.
07:51 Il était temps, Isildo Lebesco ?
07:53 - Il était temps, oui et non, c'est rien ça.
07:56 C'est le milieu du cinéma et on est d'autant plus responsable parce qu'on renvoie une image de paillettes,
08:04 alors qu'il se passe la même chose dans le cinéma que partout, mais tout ça c'est rien.
08:10 - Alors il faut aussi préciser à celles et ceux qui nous écoutent et qui vont découvrir votre livre,
08:15 qu'il y a de jolis moments quasi solaires dans cet ouvrage.
08:19 Vous parlez de vos frères et sœurs, votre passion pour le dessin,
08:22 cet enfant, Ulysse, qui est né en 2009, et puis cet homme qui partage déjà en mai votre vie
08:26 et qui semble être enfin le premier à vous aimer vraiment.
08:31 Est-ce que vous diriez, Isile, que l'apaisement est en marche ?
08:34 - Alors cet homme dont vous parlez, je dis dans le livre qu'à un moment donné,
08:38 je comprends que je dois être seule et je pense que des femmes qui ont été fracassées doivent se vivre seules
08:46 et se rêver seules pour ne plus avoir d'espoir, ne plus rêver d'un sauveur comme on a toutes dans la tête
08:53 parce que si on cherche un sauveur, on aura un agresseur.
08:57 - Mais on peut aussi chercher un amoureux.
08:59 - Il vaut mieux pas le chercher, il vaut mieux être seule et éventuellement si on est suffisamment guéri,
09:05 eh bien on peut vibrer et attirer de l'amour sain,
09:10 mais vraiment je pense que l'étape de se vivre seule est très très très importante.
09:17 - Donc l'apaisement se construit en ce moment ?
09:19 - L'apaisement, oui, la guérison, mais je ne sais pas si on guérit vraiment de ces histoires.
09:25 On a tous et on vit avec et j'espère qu'on vit au mieux et surtout qu'on change
09:32 au point de savoir mettre des limites parce que c'est ça surtout, mettre des limites,
09:37 savoir où est son corps, où est le corps de l'autre et où est son bien-être
09:41 et où est le bien-être de l'autre qui n'est pas forcément le sien.
09:44 - Merci beaucoup Isile de Lebesco pour vos mots ce soir dans RTL.
09:48 Bonsoir pour votre témoignage.
09:49 Dire vrai, votre livre est en librairie aux éditions de Noël.
09:52 Merci d'avoir été notre invitée dans l'émission.
09:54 - Merci.
09:55 - Julien Célier, Isabelle Choquet et Cyprien Simi.
09:58 - RTL bonsoir.
10:00 - Émission qui continue dans un instant, on va changer totalement de sujet, ce sera votre RTL Inside.
10:07 - Que se passe-t-il donc à Volvic ?
10:09 Une annexe de l'usine d'eau minérale a explosé cette semaine,
10:12 mais qui en veut aux bouteilles des Mendevers ?
10:14 - Et puis la visoconférence est imminente, le programme Alex du soir ?
10:17 - Je vais parler de Raphaël Glucksmann un petit peu parce qu'il est arrivé des misères hier.
10:21 - Il est défilé un petit peu compliqué on va dire.
10:23 On y va tout de suite !
10:25 RTL.

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