Prostitution : le projet d’Aurore Bergé à la hauteur ?

  • il y a 4 mois
Avec Jennifer Pailhé, Présidente et fondatrice de l’association "Nos Ados Oubliés” qui vient en aide aux mineurs victimes de la prostitution et à leur famille

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-05-03##

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Transcript
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Benjamin Gleize.
00:05Sud Radio, 7h13, c'est à la une, mieux lutter contre la prostitution,
00:09c'est tout l'objet des 25 mesures dévoilées hier par le gouvernement.
00:12Création d'une cellule de cyber-enquête,
00:15création de lieux d'accueil pour les mineurs victimes de la prostitution.
00:18On en parle avec vous, Jennifer Payet, bonjour.
00:21Oui, bonjour.
00:22Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:24Vous êtes la présidente et fondatrice de l'association Nos Ados Oubliés
00:28qui aide les mineurs victimes de la prostitution ainsi que leurs familles.
00:31Engagement né d'une expérience personnelle, Jennifer Payet,
00:34votre fille est tombée à 14 ans sous la coupe d'un proxénète.
00:37Vous avez réussi à l'arracher à cet homme qui a été depuis condamné à 12 ans de prison.
00:42Comment accueillez-vous déjà, Jennifer Payet, les annonces du gouvernement ?
00:468 ans après, il faut le rappeler, la loi sur la pénalisation des clients,
00:50il y avait urgence à aller plus loin.
00:52Oui, on voit de nouveau une annonce de plan interministériel,
00:57donc de nouveau plusieurs ministères alliés sur cette cause, ça fait plaisir.
01:02Pour ce qui est des annonces qu'on a pu voir paraître hier,
01:08concernant les cyber enquêtes, je pense que c'était vraiment nécessaire
01:11de ne plus attendre que des jeunes filles qui déposent plainte
01:15voient des enquêtes s'ouvrir et peut-être faire l'achat plus tôt au proxénète.
01:19Donc ça, c'est vraiment une super nouvelle.
01:21Pour tout ce qui est des lieux d'accueil, c'est vraiment nécessaire.
01:26On le voit avec toutes les jeunes filles qu'on accompagne par le biais de l'association.
01:29Malheureusement, aujourd'hui, il n'y a pas de lieu pour elles,
01:32donc on attend de voir ce qui va être mis en place.
01:34Parce que jusqu'à présent, il n'y avait aucun accompagnement possible, aucun accueil possible,
01:39échange pour ces personnes-là ?
01:41Il n'y avait rien en tout cas de destiné à ces jeunes filles,
01:43à part le lieu d'accueil qui avait été créé sur l'île.
01:47Sinon, après, au niveau des départements,
01:49on a le soutien de l'aide sociale à l'enfance ou des parents qui se mobilisent,
01:52mais il n'y avait pas vraiment de lieu destiné à cette problématique.
01:56Donc des mesures intéressantes, des bonnes idées qui sont mises en avant par le gouvernement à ce niveau-là.
02:03Beaucoup de positifs, c'est ce que vous retenez ?
02:05Oui, après, j'attends vraiment de voir ces lieux d'accueil.
02:08Vraiment, j'espère que ce ne sera pas similaire à ce qu'il y a eu à Lille.
02:11Parce qu'on a pu voir que ces lieux qui sont de grosses capacités
02:15ne sont pas forcément hyper pertinents pour réunir toutes ces jeunes filles au même endroit.
02:20Mais des petits lieux d'accueil, en tout cas par département, ça peut être une super bonne idée.
02:24Vous parlez de quelque chose qui est capital également,
02:28c'est d'avoir une bonne répartition territoriale éventuellement de ce réseau,
02:33de ces lieux d'accueil, ça c'est important,
02:35puisque dans la lutte contre ce qu'est la prostitution,
02:41c'est souvent quelque chose qui pose problème, qui n'est pas suffisamment travaillé.
02:46Non, il faut vraiment que ce soit par territoire.
02:49Vous voyez, nous c'est arrivé avec l'association qu'on contacte Lille pour les prises en charge.
02:53Mais on est sur Toulouse, c'est dommage qu'il n'y ait qu'un lieu en France qui soit destiné à ça
02:58et qui se trouve à l'autre bout de la France, pour nous en tout cas.
03:00Dans le Sud, on était vraiment déminis d'accompagnement.
03:04Vous l'avez vécu en tout cas vous-même, ce sentiment d'être seul
03:09quand on se bat pour récupérer, pour retrouver sa fille.
03:14C'est un sentiment forcément partagé par beaucoup d'entre vous quand il se passe cela.
03:21Est-ce que vous avez l'espoir que ça puisse changer ?
03:24Est-ce qu'il y a déjà eu une prise de conscience à ce niveau-là ?
03:26Est-ce que c'est en train de changer véritablement ?
03:29Moi je vois une différence entre ce que j'ai subi en 2019-2020 avec ma fille et aujourd'hui.
03:34Vraiment, même au niveau des forces de l'ordre, de l'écoute des professionnels, des institutions,
03:39ça a déjà évolué, vraiment.
03:41On ne peut pas dire le contraire, mais c'est très long.
03:44Et c'est ce qui est difficile à dire aux parents, d'être pas sain.
03:47Un chiffre en tout cas qui est donné par le gouvernement, il est quand même assez choquant.
03:53Les mineurs qui représentent désormais 30% des 40 000 personnes prostituées en France,
03:59ça aussi ça doit être un déclic qu'on doit avoir.
04:02Levez le tabou finalement de ce sujet-là.
04:05On parle encore que de mineurs identifiés.
04:08Ça veut bien dire qu'il y en a bien plus que ça au final.
04:10On ne peut pas tous les identifier.
04:12Je pense qu'on a encore du mal justement à recenser le nombre de victimes.
04:16Donc oui, c'est vraiment un chiffre énorme.
04:18Et oui, il faut lever le tabou et que la honte change de camp
04:21et que les gens se rendent compte que les mineurs sont victimes et que ça avance.
04:27C'est l'objectif notamment de ces mesures, de mieux accompagner les familles,
04:33de mieux entendre aussi les mineurs qui sont victimes
04:36et aussi de cibler, de pouvoir cibler plus rapidement,
04:39notamment grâce aux cellules de cyber-enquête,
04:42de mieux cibler justement les proxénètes.
04:45Un mot sur les moyens annoncés dans ces différentes mesures.
04:49Est-ce que ce n'est pas là le petit souci, le petit manque ?
04:52Ça manque de moyens depuis longtemps.
04:54Même nous, on se rend compte un peu sur l'aspect de l'enquête.
04:59Malheureusement, il y a des jeunes filles qui ont fait des dépositions
05:02et une dizaine de jours après, elles sont toujours sur le bureau.
05:05L'enquête n'est pas lancée, ils n'ont pas les moyens.
05:08Ils n'ont pas les moyens financiers, les moyens humains.
05:10Oui, il va falloir débloquer réellement des moyens pour cette problématique,
05:14autant que pour les autres sujets sociétals en tout cas.
05:17Parce que c'est devenu un sujet sociétal, c'est bien un sujet sociétal.
05:20Je voyais le montant de l'allocation pour aider les personnes à sortir de la prostitution.
05:24342 euros par mois, ce n'est pas beaucoup pour sortir de cette enferme ?
05:29Non, ce n'est pas énorme.
05:30En plus, c'est des indemnités pour les majeures.
05:33Toutes les jeunes filles qu'on accompagne aujourd'hui qui ont entre 12 et 14 ans,
05:36elles n'ont pas d'enveloppe pour sortir de la prostitution.
05:38Elles n'ont pas la possibilité d'avoir une insertion dans un cursus alternatif
05:43puisqu'elles ne repartiront pas à l'école.
05:45Elles ne peuvent pas faire de stage.
05:47Ce sont des jeunes filles qui sont en vrai très jeunes et qui ne sont éligibles à rien,
05:51ni au contrat, ni sur local, ni à rien.
05:54C'est là où finalement le gouvernement doit proposer davantage ?
06:00En tout cas, cibler un petit peu plus au niveau des mineurs,
06:03même des mineurs de moins de 15 ans,
06:05puisqu'on constate que la majorité des jeunes filles sont très très jeunes.
06:10Il y a aussi la prostitution et la prostitution des mineurs.
06:14La prostitution juvénile aujourd'hui n'a rien à voir avec la prostitution qu'on connaît.
06:19C'est vraiment deux thématiques complètement différentes.
06:22Avec l'un des sanglots morts qu'on avait jusqu'à présent,
06:25c'est aussi les réseaux sociaux, c'est ce qui se passe sur Internet.
06:29D'où le fait que c'est cyber enquête.
06:31C'est très intéressant de voir qu'il y aura en tout cas des moyens dédiés à ces enquêtes-là
06:36et à ces problématiques.
06:38Jennifer Payet, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
06:42Je rappelle que vous êtes la présidente et fondatrice de cette association,
06:45nos ados oubliés, qui est donc les mineurs victimes de la prostitution,
06:49ainsi que leurs familles.
06:50Merci et bonne journée à vous.

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