• il y a 3 mois
Avec Sonia Mabrouk, journaliste Europe 1/C-News, auteure de "Et si demain tout s'inversait" (Fayard)

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##LA_VERITE_EN_FACE-2024-09-12##

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Transcription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face jusqu'à 10h sur Sud Radio, vous le savez, c'est votre nouveau rendez-vous depuis une dizaine de jours, bien sûr.
00:12Alors, dans La Vérité en face, ce matin, je reçois, j'en suis ravi, Sonia Mabrouk, bonjour.
00:17Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:18Qui sort un roman. Ce n'est pas un essai cette fois, alors que vous aviez déjà écrit quelques essais.
00:25Et si demain, tout s'inversait ?
00:27Alors, l'histoire, en deux mots, le Pitch, c'est des réfugiés qui traversent la Méditerranée par milliers
00:32parce qu'ils fuient les bombes, il y a des bombardements sur le sol européen,
00:38et ils vont dans une terre en exil, c'est une terre d'Islam.
00:44Donc, c'est un pays fictif, que vous avez imaginé, mais qui ressemble un peu à la Tunisie, au Maroc ou à l'Algérie, c'est ça.
00:51Je ne vais pas tout dévoiler, parce que je vais laisser ensuite, évidemment, les auditeurs et les lecteurs découvrir ce livre.
00:57Pourquoi vous avez décidé de faire un roman autour de cette idée ?
01:01Alors, et si demain, tout s'inversait ?
01:04C'est un récit romancé, cette idée, je l'ai mûrie depuis longtemps.
01:07D'abord, c'est le fruit de l'imagination.
01:09Moi, j'ai été beaucoup marquée, il y a quelques années, par la lecture d'un livre que vos éditeurs connaissent certainement,
01:14qui est celui de Jean Raspail, Le Camp des Saints, où lui prophétisait...
01:18On le connaissait auparavant, on le connaît un petit peu moins maintenant.
01:20Voilà, prophétisait sur l'arrivée massive de migrants sur le sol européen.
01:26Et je me suis posé cette question, en observant la Méditerranée, qui est devenue aujourd'hui un cimetière,
01:31à l'occasion et à l'aune de chaque naufrage de migrants.
01:34Et je me suis dit, et si demain, tout s'inversait ?
01:36Et si le réfugié, si le déplacé, si l'exilé devenait l'européen ?
01:40Et vous savez, ce n'est pas seulement de l'imagination.
01:42Il y a encore quelques mois, de hauts dirigeants européens, notamment Ursula von der Leyen,
01:46a admis qu'une guerre totale sur le continent européen n'était pas exclue.
01:50Et donc, j'ai imaginé ces centaines et centaines de Français, d'Italiens, d'Allemands,
01:54qui traversent la Méditerranée pour se retrouver en exil, en terre d'islam,
01:58avec une injonction d'assimilation ?
02:01Oui, c'est ça. Il y a deux idées, si je puis dire, dans votre livre, dans ce roman,
02:05alors qu'il est bâti autour d'un couple, Aurélien et Louise,
02:09qui sont bien installés, bien implantés, à Paris, etc.,
02:13qui ont des bons jobs et qui prennent la décision de partir.
02:17Ensuite, il y a cette question de l'intégration,
02:21évidemment, c'est ce qui est au fond de ce livre,
02:25mais il y a aussi nos sociétés occidentales, qui sont le cœur de ce sujet.
02:29Parce qu'on fuit le continent européen, c'était le continent un petit peu
02:33qui était redevenu celui de la paix, quand même, depuis 50 ans.
02:37De la paix, du confort, parfois et souvent de l'égo,
02:41l'égotisme, c'est-à-dire qu'on est habitué aujourd'hui à une paix,
02:45aujourd'hui, évidemment, nous avons aux confins de l'Europe une guerre en Ukraine,
02:49et j'ai voulu mettre en danger des personnages qui se retrouvent
02:53confrontés à la douleur de l'exil, à la précarité des camps,
02:57aux préjugés aussi des populations locales, et surtout,
03:01à des nations qui vont être très jalouses de leur identité,
03:05et l'identité, dans ce livre, elle est arabo-musulmane, donc à l'inverse de ce que nous vivons
03:09avec les migrants sur notre sol en Europe.
03:11Qu'est-ce que vous avez voulu montrer ? Notamment, peut-être sur le premier point,
03:15sur l'Europe, sur nos sociétés occidentales, avec ces bombardements,
03:19qu'il y a une forme de décadence, que cette paix
03:23qu'on avait, et puis la vision elle-même de la société qui change ?
03:27J'emploie moins le mot de décadence que celui d'usure ou d'épuisement,
03:31alors c'est à la fois un constat personnel, et puis aussi un petit peu
03:35le fruit de lecture, moi j'estime qu'il y a une sorte d'épuisement, d'usure
03:39d'une société aujourd'hui, habituée à la paix, habituée
03:43au confort, et qui ne défend plus, j'estime, tout ce qu'ils font d'une nation,
03:47c'est-à-dire quand un pays ne se pense plus comme une langue, ne se pense plus comme une culture,
03:51ne se pense plus comme tout ce qu'ils font d'une nation, devenue parfois un mot tabou aujourd'hui,
03:55eh bien il n'a plus rien à proposer, et j'ai voulu montrer à travers ce récit romancé
03:59que de l'autre côté de la Méditerranée, vous avez des pays dont on peut critiquer
04:03aujourd'hui, d'ailleurs on le fera, ce qui se passe avec les migrants subsahariens,
04:07qui défendent ce qu'ils sont, et je pense qu'on ne peut pas leur en vouloir
04:11de vouloir défendre aujourd'hui une unité culturelle, dont on a peur
04:15aujourd'hui, même de prononcer le mot qui est celui de l'assimilation
04:19notamment en France.
04:21Est-ce que ces pays, alors parce qu'évidemment, oui, vous décrivez cette organisation
04:25de pays culture islamique, qui font
04:29nations, qui font blocs, sauf que s'il y a, comme en Europe, des migrants
04:33qui arrivent, alors dans votre livre, vous l'écrivez, à travers ce roman
04:37il faut s'intégrer quand on arrive, mais on a connu
04:41il y a de nombreuses décennies déjà aussi la colonisation
04:45où effectivement, certains avaient fait ce chemin
04:49et avaient imposé aussi leur culture.
04:51Effectivement, on a connu la colonisation, et d'ailleurs on parlait
04:55à cette époque-là de l'assimilation, et c'est pour ça que l'assimilation a mauvaise presse
04:59et que le concept a été dévoyé, mais au sortir de la
05:03colonisation, nous ne sommes plus dans cette période-là, et bien on a
05:07rangé le concept d'assimilation. Moi j'estime au contraire que c'est une nécessité anthropologique
05:11et je ne le dis pas par besoin d'affirmer
05:15que ce concept est important, je le dis parce que je pense vraiment très profondément
05:19aujourd'hui qu'il n'y a point de salut sans assimilation. L'assimilation c'est quelque chose de très simple.
05:23C'est quoi l'assimilation, alors justement pour vous ? Parce qu'on parle beaucoup d'intégration,
05:27l'assimilation, est-ce qu'on peut confondre les deux termes ?
05:31De mon point de vue, l'assimilation c'est de partager avec celui qui arrive, avec l'étranger,
05:35avec le nouvel arrivant, les mêmes codes culturels et les mêmes mœurs.
05:39Il me semble que c'est très différent de l'intégration qui est beaucoup plus technique.
05:43On s'intègre par le travail, quand on a un domicile,
05:47par les papiers, quand on a la nationalité, mais l'assimilation exige
05:51plus, et je pense qu'on a aujourd'hui beaucoup de français
05:55parce qu'ils sont français depuis deux ou trois générations, qui sont français
05:59naturalisés mais pas acculturés, c'est-à-dire qu'ils ne partagent pas
06:03les valeurs. Pour certains, parce qu'ils ne le souhaitent pas, ils sont dans
06:07une forme d'opposition et de rejet de la culture française, mais pour d'autres
06:11parce qu'on se pose la question, à quoi assimile-t-on aujourd'hui ? J'estime que
06:15quand on n'a pas de projet assimilationniste à offrir, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait
06:19une dissociation entre identité et nationalité. C'est intéressant parce que c'est comment
06:23construire finalement une juxtaposition un peu de culture.
06:27Parce que vous dites, oui, juxtaposition
06:31c'est ça, c'est le côte-à-côte
06:35Une juxtaposition, suppose qu'on arrive, suppose qu'on réponde au slogan
06:39venez comme vous êtes. Moi j'estime, et c'est ce que je dis dans ce livre, les pays
06:43du Maghreb, puisque ce sont des migrants européens qui arrivent, et bien
06:47ces pays-là disent non, vous ne pouvez pas venir comme vous êtes. Evidemment vous arrivez avec un
06:51bagage culturel, et il faut respecter les personnes, moi j'en fais partie, qui sont arrivées
06:55avec leur bagage culturel. Mais vous ne pouvez pas imposer ce bagage
06:59culturel, vous ne pouvez pas arriver en concurrence. C'est-à-dire à un moment, vous devez déposer
07:03sans l'oublier, sans effacer vos origines, mais vous devez faire
07:07d'autres héros, d'autres gloires, d'autres fiertés à notre panthéon
07:11si je puis dire, imaginaire, pour faire comment et préserver une unité culturelle.
07:15Quand ce sont des pays du Sud qui le disent et qui l'appliquent, on ne trouve rien
07:19à redire. Quand c'est les Européens et les Occidentaux, on estime que c'est être
07:23xénophobe et être dans le rejet de l'autre. Moi je trouve qu'on marche
07:27sur la tête, on devrait pouvoir dire. Pour le dire plus simplement,
07:31j'estime que l'assimilation, c'est ce qu'il y a de plus universaliste, c'est ce qu'il y a
07:35de plus généreux. Qu'est-ce qu'il y a de plus généreux que de dire à l'autre qui vient
07:39tu peux me ressembler, non pas pour être un clone culturel, mais tu peux partager
07:43les mêmes envies, le même imaginaire, les mêmes moeurs et les mêmes codes culturels.
07:47Vous êtes d'origine tunisienne, Sonia Mabrouk, née en Tunisie,
07:51de culture musulmane aussi.
07:55Bien sûr, vous vous estimez que vous êtes assimilée
07:59justement ? Ça dépend de la définition que l'on donne à l'assimilation.
08:03Si l'assimilation, d'un point de vue, c'est un partage de moeurs, de codes culturels,
08:07oui, moi j'ai été assimilée par la littérature, l'amour de la littérature, la langue
08:11et l'école. J'ai eu cette chance. Oui, alors c'est ça, parce que vous êtes plutôt privilégiée.
08:15Vous savez, moi j'étais privilégiée
08:19par... Evidemment, je ne suis pas
08:23arrivée par bateau et je n'ai pas éprouvé la douleur de l'exil
08:27et la difficulté, évidemment, et la souffrance. Mais, pardonnez-moi,
08:31moi ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, il y a une barrière à l'assimilation.
08:35Moi, je suis arrivée il y a 20 ans. Cette barrière, c'est le nombre.
08:39Vous ne pouvez pas assimiler et offrir un projet assimilationniste en continuant d'accueillir
08:43autant. Et ce n'est pas être dans le rejet de l'autre que de le dire.
08:47Dire aujourd'hui qu'il faut maîtriser les flux migratoires. Moi, je suis arrivée il y a 20 ans, Patrick, on n'est plus dans la même
08:51situation aujourd'hui. Eh bien, si vous ne maîtrisez pas ces flux, vous ne pouvez pas
08:55tendre la main à ces millions de Français qui ne sont pas encore acculturés
08:59aujourd'hui et qui méritent un parcours accompli. Et qui peuvent l'être, selon vous, quand même ? Ou alors, est-ce que là,
09:03on a pris un mauvais virage, si je puis dire, ou il y a un clivage
09:07terrible, il y a un fossé ? Depuis 30 ans ou 40 ans,
09:11la notion d'assimilation a été dévoyée. On est au milieu
09:15du guet avec deux phénomènes. La non-maîtrise des flux migratoires
09:19et un aplatissement des hiérarchies et du besoin d'autorité
09:23aujourd'hui avec un processus démocratique très affaibli. Si on laisse
09:27ces deux processus et ces deux blocs se rejoindre, alors
09:31je pense que ce sera très difficile. Mais je garde espoir. Je pense qu'il y a toujours une volonté
09:35et un projet assimilationniste dans notre pays.
09:37Ce matin, nous recevions, avec Jean-Jacques Bordin, Sébastien Delogu.
09:41Donc, évidemment, très controversé. Jean-Jacques
09:45lui posait la question, est-ce que la pratique de l'islam est compatible avec les lois de la République ?
09:49Il a dit que oui, les lois de la République devaient être supérieures.
09:53Selon vous, puisque vous connaissez l'islam, vous connaissez la République, est-ce que cette
09:57pratique est compatible, réellement ?
09:59Elle l'est, individuellement.
10:01Je réponds de mon point de vue.
10:03Je me définis comme une musulmane de culture
10:07et non pas dogmatique.
10:09Et j'ai toujours
10:11identifié une barrière à partir de laquelle
10:13ma croyance, mes convictions,
10:15mon bagage culturel ne vient pas
10:17empiéter sur les valeurs, les codes culturels
10:19et les mœurs que nous partageons. Mais
10:21si le nombre devient
10:23trop important, alors si vous voulez,
10:25cette assimilation...
10:27La société française
10:29n'y parviendra pas.
10:31CQFD,
10:33on ne peut pas assimiler
10:35un trop grand nombre de personnes
10:37tout simplement parce qu'il y a des défaillances de l'État,
10:39tout simplement parce qu'à un moment,
10:41la superposition, la juxtaposition
10:43dont vous parliez, Patrick, de communautés
10:45empêche d'être affilié
10:47à la nation. Et depuis
10:49une trentaine d'années, on a désassimilé,
10:51on a désaffilié à la nation
10:53plutôt que de créer du commun.
10:55Merci Sonia Mabrouk. On poursuit la discussion dans
10:57un petit instant. Et si demain tout s'inversait,
10:59aux éditions Faillard, ça vient de sortir.
11:01C'est un roman, mais ça ressemble à un essai
11:03pour tout comprendre,
11:05évidemment. Si vous avez des questions, d'ailleurs, il nous reste
11:07évidemment quelques minutes, tout à l'heure, vous n'hésitez pas,
11:09manuel au standard, 0826
11:11300 300, La Vérité en face
11:13jusqu'à 10h.
11:159h10, Sud Radio,
11:17La Vérité en face,
11:19Patrick Roger. La Vérité en face,
11:21Sonia Mabrouk,
11:23jusqu'à 10h avec moi sur Sud Radio.
11:25Sonia qui a écrit
11:27et si demain tout s'inversait aux éditions
11:29Faillard, on le parlait, c'est cette
11:31question de l'assimilation,
11:33de l'intégration qui est
11:35capitale, c'est ce que
11:37vous disiez en fait à l'instant.
11:39Et concilier sa culture avec une autre culture,
11:41ça c'est tout le défi finalement.
11:43Mais c'est la question fondamentale, c'est comment on fait pour
11:45assimiler aujourd'hui des individus qui sont
11:47parfois, parfois, culturellement
11:49éloignés du pays d'accueil.
11:51Et comment on arrive à combler le fossé entre
11:53identité et nationalité ?
11:55Oui, c'est ça.
11:57Pour revenir aussi sur
11:59la perte de repère, un petit peu,
12:01dans nos sociétés occidentales,
12:03tout à l'heure, ce que vous disiez, ce que vous dites
12:05aussi à travers les personnages
12:07fictifs que vous avez choisis,
12:09c'est quoi ?
12:11C'est la famille,
12:13les croyances
12:15spirituelles, l'angoisse
12:17de l'avenir qui font qu'on est un peu déboussolé
12:19en Europe, alors que
12:21dans les sociétés que vous décrivez
12:23islamiques, on est un peu plus organisé ?
12:25Oui, alors
12:27j'y mets un peu plus de nuance.
12:29Vous avez raison, parce que
12:31c'est des sociétés parfois aussi qui sont extrêmement
12:33autoritaires, et l'autoritarisme
12:35n'est pas du tout la norme que je mets
12:37en avant. Mais là, vous avez raison,
12:39totalement raison Patrick, et vous le dites très bien.
12:41C'est-à-dire que j'estime qu'il n'y a
12:43plus ce lien amoureux avec
12:45le pays, avec la nation. Quand on ne donne
12:47plus à aimer quelque chose, on ne peut
12:49pas être désirable, on ne peut pas aimer.
12:51Et c'est pour ça que je dis souvent
12:53aux responsables politiques qui disent
12:55mais regardez, ou l'assimilation ou l'intégration
12:57ne marche pas, mais qu'avez-vous transmis ?
12:59Qu'est-ce qu'on enseigne ? Quel héritage
13:01civilisationnel, spirituel,
13:03culturel aujourd'hui ? Quand on ne donne
13:05plus à aimer des héros,
13:07même s'ils sont controversés parfois, des gloires,
13:09une sentimentalité, quelque chose de charnel,
13:11il ne faut pas s'étonner qu'on n'arrive pas
13:13à s'assimiler également.
13:15Et je trouve que ce lien amoureux s'est distendu,
13:17on ne parle plus aujourd'hui de nation, on n'ose plus
13:19parler d'assimilation.
13:21Si on peut reprendre ces concepts et ne pas
13:23les laisser souvent utilisés
13:25par l'extrême dans notre classe politique,
13:27eh bien on pourrait faire nôtre
13:29un projet véritablement
13:31d'assimilation. Vous savez que les premières
13:33personnes à avoir été assimilées en France,
13:35ce sont des Français, ce sont les Normands,
13:37ce sont les Bretons, à qui on a
13:39demandé d'être assimilés sous la Troisième République
13:41et parfois à la dure, à l'école.
13:43On a interdit le patron.
13:45Il y a 50 ans en arrière, on attachait
13:47en Bretagne des enfants
13:49qui parlaient breton, on les attachait
13:51au radiateur.
13:53Dans les années 60.
13:55Non mais c'est vrai.
13:57On a demandé cet effort
13:59d'assimilation. Pourquoi on n'ose plus le demander
14:01aujourd'hui alors que c'est une nécessité anthropologique ?
14:03Bien sûr.
14:05Ce lien amoureux que vous êtes journaliste
14:07depuis des années, très en vogue,
14:09on vous sent combattante.
14:11Une combattante.
14:13Très engagée. Pourquoi ?
14:15Ce sont des sujets
14:17qui me tiennent à cœur. Ce ne sont pas des sujets
14:19politiques pour moi. Ils touchent à la vie de la cité.
14:21Je suis triste de voir
14:23que beaucoup
14:25de Français qui méritent
14:27tout autant leur place que
14:29ceux qui sont là depuis très longtemps,
14:31n'y arrivent pas. Certains ne le veulent pas
14:33et ceux-là sont en rupture.
14:35Mais ceux qui le veulent et à qui on ne
14:37tend pas la main par un projet
14:39assimilationniste de peur d'être
14:41traité de raciste ou d'exénophobe,
14:43je dis, vous inversez
14:45l'ordre des choses aujourd'hui.
14:47Le véritable anti-racisme,
14:49c'est l'assimilation.
14:51Quand vous tenez ce discours, parfois vous êtes critiqué.
14:53Peu importe.
14:55Comment vous vivez ça, ces critiques ?
14:57Les réseaux sociaux, on peut se dire
14:59je regarde moins, mais quand même,
15:01on vit avec.
15:03Très sincèrement, ces critiques
15:05parfois sont légitimes, d'abord il faut les écouter.
15:07Vous êtes un homme de radio, de télévision, vous savez très bien
15:09qu'on doit être perméable
15:11à la critique, mais les attaques,
15:13souvent, par exemple,
15:15moi j'ai eu cette attaque depuis très longtemps
15:17quand je dis que je suis assimilé ou intégré,
15:19j'ai un procès en trahison.
15:21Mais trahison par rapport à quoi ?
15:23Je n'ai rien trahi, et puis je n'ai pas à me justifier
15:25sur mes origines. Moi je suis parfaitement tunisienne
15:27et française dans le sens où je parle arabe,
15:29je connais ma culture, je connais l'islam,
15:31je connais les forces et les très grandes
15:33faiblesses, voire le danger, et j'aime
15:35le pays dans lequel je suis qui m'a offert
15:37ma chance. Mais je sais aussi que c'est un
15:39pays aux racines chrétiennes, et le dire ne fait
15:41pas de moi une affreuse réactionnaire.
15:43C'est un constat.
15:44Sonia Mabrouk, est-ce que de temps en temps ça vous traverse
15:46l'esprit, quand vous faites
15:48votre toilette peut-être le matin, par exemple,
15:50de se dire, tiens, je vais basculer
15:52dans une autre forme d'engagement ?
15:54D'arrêter par exemple les médias ?
15:56Jamais, et je pense que c'est pas le jamais
15:58des responsables politiques qui dans quelques années
16:00vous pourrez me dire, regardez, vous l'avez vu, non.
16:02Je me sens fondamentalement journaliste, j'aime ce métier,
16:04c'est la curiosité par rapport
16:06à l'autre, et écrire pour moi rejoint le journalisme
16:08parce qu'écrire, c'est se regarder
16:10dans le miroir, et quand vous regardez dans le miroir,
16:12vous voyez l'autre. Voilà pourquoi
16:14le migrant, j'ai inversé les rôles,
16:16et c'est l'européen, pour dire aussi quand même,
16:18Patrick, ce n'est pas évident. Mettez-vous
16:20à la place de l'autre, et voyez ce que vous exigez
16:22de l'autre.
16:23Vous n'avez pas hésité à parler de votre vie privée,
16:25parce que vous avez été arrêtée pendant
16:27quelques temps.
16:29Il fallait bien que je donne une raison.
16:31Vies personnelles, vies professionnelles.
16:33On peut aujourd'hui, une femme justement
16:35de premier plan...
16:36Je ne pourrais pas donner de leçons, parce que j'ai
16:38la chance d'être privilégiée dans mon travail,
16:40avec des horaires, d'avoir une compréhension
16:42de la part de mes patrons, et puis des horaires
16:44qui me permettent aussi
16:46de continuer.
16:48Vous savez, quand il y a un bonheur
16:50absolu comme ça, qui arrive comme
16:52une météorite dans votre vie, vous ne vous posez
16:54pas de questions, vous vous démultipliez.
16:56Pierre est avec nous,
16:58et il nous reste quelques minutes, au 0826
17:00300 300. Bonjour Pierre.
17:02Bonjour Patrick Roger,
17:04et bonjour Sonia Malbeau.
17:06Je voulais déjà vous féliciter, parce que j'ai lu
17:08déjà vos ouvrages, quelques-uns de vos ouvrages,
17:10et je vous trouve excellente.
17:12Je crois que vous êtes une des rares personnes
17:14qui défendait justement
17:16cette notion, sans pour autant
17:18être traitée d'extrémiste.
17:20Je crois que le vrai problème
17:22de nos sociétés, c'est le mot liberté.
17:24Au nom de cette liberté,
17:26on a donné tout, on donne
17:28tout, on explique tout,
17:30et on doit tout autoriser.
17:32Je crois que c'est ça le vrai problème.
17:34Si derrière, on limitait non pas
17:36la liberté, mais quand même, lorsque vous
17:38avez derrière des gens justement
17:40qui ne veulent pas s'intégrer au nom
17:42de la liberté, parce qu'ils veulent défendre
17:44leur propre culture. Je suis entièrement
17:46d'accord, mais au moins qu'ils le fassent
17:48chez eux, en famille, mais
17:50certainement pas dans
17:52le domaine public,
17:54où ils essayent d'imposer quelque part
17:56leur culture. Je crois que ce mot
17:58liberté d'ailleurs aussi, est un
18:00tort, notamment pour les enfants.
18:02Lorsqu'on laisse, au nom de
18:04l'enfant, on lui
18:06laisse tout faire, alors
18:08qu'on devrait au contraire essayer de temps
18:10en temps de le tenir.
18:12Voilà le vrai problème. Le problème, c'est le mot
18:14liberté en France, et pourtant il fait
18:16partie de ce front
18:18liberté, égalité, fraternité,
18:20et je pense qu'il va falloir repenser
18:22ce terme, non pas
18:24pour l'interdire, mais pour le limiter.
18:26Oui, oui. La liberté
18:28avec des limites. Je vous remercie
18:30Pierre pour vos mots
18:32d'introduction. Vous avez raison, je me permettrais
18:34moi de dire que c'est plutôt le droit
18:36à la différence, et c'est ce droit
18:38à la différence qu'on a exacerbé en France
18:40et plus largement en Occident, c'est-à-dire
18:42venez comme vous êtes, et c'est tellement
18:44la société inclusive
18:46qu'on a prôné,
18:48même c'est une forme de prosélytisme,
18:50que cette liberté
18:52a été placée, comme vous le dites,
18:54au-dessus de toutes les autres valeurs.
18:56Effectivement, et en faire, j'allais dire,
18:58un absolutisme, c'est ce qui nous conduit
19:00aujourd'hui un petit peu au bord du fossé, avec toujours
19:02de l'espoir. Moi je pense qu'être
19:04passé de l'assimilation à la
19:06société inclusive totalement,
19:08ça a été une erreur mortifère.
19:10Bon, écoutez, on verra la suite.
19:12Merci en tout cas d'être venu ce matin
19:14au micro de Soudardio, Sonia Mabrouk.
19:16Je rappelle votre livre, il vient de sortir.
19:18C'est un roman, et si demain tout s'inversait
19:20aux éditions Fayard.
19:22Dans un instant, c'est Valérie
19:24Expert, bien sûr, Gilles Gansman,
19:26et puis tout à l'heure, André Bercoff, et puis tous les
19:28programmes dans l'après-midi. Je vous retrouve demain.

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