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00:00Il est vrai que vous êtes issue d'un milieu modeste, mais même si vos parents...
00:03Mes parents s'étaient élevés de ce milieu, mais...
00:05Oui, ils sont bien élevés quand même, parce que lui il est devenu magistrat, et elle, prof.
00:09Oui, fonctionnaire d'abord, puis magi... enfin en cours des comptes, et ma mère professeure de lettres.
00:15Mais ils étaient, eux, issus d'un milieu ouvrier, donc mes grands-parents, chez qui j'allais en vacances naturellement,
00:20mais c'était vraiment, oui, des Auvergnats extrêmement pauvres, on peut le dire.
00:25Oui, mais ils sont devenus des intellectuels.
00:26Ils sont devenus, grâce aux études, parce que c'est ça qui, bien sûr, s'est passé,
00:30ils sont d'abord devenus instituteurs, pour sortir de leur milieu, et surtout ne plus être dépendants financièrement de leurs parents,
00:36et puis ensuite, ça leur a permis de poursuivre des études, et de s'élever.
00:41Et ce que vous avez gardé d'eux, Claire, parce que je vous connais très bien, c'est le culte de l'effort.
00:45Oui, parce que...
00:46Quoi que vous fassiez.
00:47Voilà, mais chez eux, la seule solution, ils venaient de la guerre, ils venaient donc de très peu d'argent,
00:52et la seule chose qui pouvait leur permettre de s'élever, c'était le travail, c'était l'effort, c'était la discipline,
00:57c'était la permanence de cet effort, et c'est comme ça que je les ai vus, moi, mes parents.
01:03Toute leur vie, ils ont fait ça.
01:04Ils avaient un sens du devoir exacerbé, du devoir par rapport aux enfants, du devoir par rapport à leur métier,
01:10et puis ils aimaient les livres, voilà, c'était pas des intellectuels qui aimaient le spectacle vivant,
01:15ils n'avaient pas l'habitude de sortir, mes parents.
01:17Mais en revanche, ils étaient entourés de livres, et je crois qu'ils ont partagé ça l'un et l'autre, différemment d'ailleurs,
01:23donc la littérature nous environnait.
01:25Moi, j'ai lu pas forcément ce qu'ils me proposaient ou ce qu'ils me conseillaient,
01:29j'ai lu bien d'autres choses, mais quand même, il y avait cette atmosphère à la maison.
01:33Et vous savez ce qu'on ressent quand on lit, comme je me suis beaucoup intéressé à ce passé-là que je ne connaissais pas trop,
01:37on sent que votre mère était beaucoup plus dure, et que votre père était très doux, très gentil.
01:41Plus tendre, oui.
01:42C'est ça ?
01:42Je l'ai écrit, d'ailleurs, dans le dernier livre que j'ai écrit, parce qu'à un moment, ils sont morts.
01:47C'était dans quoi ? Dans l'institutrice ?
01:49Dans l'institutrice, c'était Jeanne, dans un village d'après-guerre.
01:52Oui, ça, c'était ma mère, un peu, d'une certaine façon, ou mon père, mais enfin, bon, voilà.
01:57Ah oui, « Puisque tout passe », c'était la référence à Paul Humer.
01:59Oui, et donc, c'est le livre que j'écris quand je quitte TF1, bien forcé, donc c'est tout de même un peu un choc,
02:06enfin, c'est une étape de vie, et que mes parents, à ce moment-là, sont morts aussi.
02:11C'est normal, bien sûr, ils étaient âgés, mais tout ça fait qu'on réfléchit sur sa vie.
02:16Et je me suis un petit peu arrêtée là-dessus, sur mon enfance, sur mon éducation,
02:20et je crois avoir dit que, oui, je sentais ma mère plus sévère, plus exigeante, plus dure.
02:24Je la trouvais parfois dure, oui.
02:26« Puisque tout passe », Apollinaire, c'était l'éphémère du temps qui passe, d'Apollinaire.