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00:00 Anne Pariot, quand on a vécu ce que vous avez vécu, quand vous dites sur scène que votre famille était destructrice,
00:06 que ça a été très dur votre enfance, etc.
00:08 Vous qui êtes maman maintenant, qui avez trois enfants, quelle maman êtes-vous ?
00:11 Aimante. Très aimante.
00:16 Toujours les déjeuners pyjama le dimanche ?
00:18 Oui et non, parce qu'il y en a quand même sur les trois, deux qui sont partis.
00:22 Est-ce qu'ils sont grands ?
00:24 Mais c'est pas grave, vous avez raison, on se retrouve quand même le dimanche en pyjama,
00:27 je suis en train d'en réfléchir que oui, ça n'a pas changé.
00:30 Mais non, une maman, oui, très aimante, très à l'écoute de leur individualité.
00:38 C'est-à-dire qu'il y a une éducation commune, mais malgré tout, on s'adresse à des individus en particulier,
00:45 et que ce qui est valable pour l'un n'est pas forcément valable pour l'autre,
00:48 et cette différenciation elle est aussi fondamentale, parce qu'elle fait partie de la considération d'un être humain
00:54 qu'on n'analogue pas comme étant tous les mêmes, même s'ils appartiennent à la même famille et au même sang.
01:00 Ça démarre là en fait la responsabilité qu'on a de respecter l'être qui est en train de grandir devant vous.
01:08 Mais pour autant, je suis aussi très autoritaire.
01:12 Parce que je pense que c'est de leur donner une liberté.
01:15 Et qu'en fait, à partir du moment où des gens sont éduqués,
01:17 et bien après ils sont libres de ne pas l'être, mais s'ils ont besoin de l'être, ils le sont.
01:21 Et donc ils ont la liberté totale de pouvoir naviguer dans n'importe quel monde.
01:25 C'est qu'au départ vous leur avez donné un cadre, et qu'après vous leur laissez à libre expression de leur individualité, comme vous dites.
01:33 Je ne suis pas surpris, parce que souvent quand on dit qu'on a été maltraité enfant, parfois inconsciemment on refait le schéma.
01:39 Absolument. Mais en fait, depuis toute petite, moi je voulais absolument des enfants dans cet objectif là.
01:47 De me dire "je suis sûre qu'on peut faire autrement, et qu'on peut avoir des enfants et les faire grandir autrement que ce que j'ai pu subir".
01:54 C'est une route où je savais que là je pouvais exister et me prouver quelque chose.
02:03 Et vous réaliser.
02:04 Oui. Et c'était vraiment important. Moi j'aurais jamais pu être sans enfants, et à la limite j'aurais pu en avoir encore plus.
02:11 Après il y a un problème de temps pour s'en occuper, donc ça aussi il faut le considérer.
02:15 Il faut être là pour eux. Mais ça a été mon encre, ça a été fondamental.
02:22 Un de vos enfants vous dit "je veux être acteur ou actrice".
02:24 Il y en a un qui l'a dit, et je lui ai dit "ben, il y a des cours".
02:30 Ça vous fait plaisir ou pas ?
02:33 Alors, oui et non.
02:36 Pourquoi vous avez souffert ?
02:40 Parce qu'on sait que le fait de vouloir être un artiste, c'est la plupart du temps,
02:45 issu d'un mal-être, et qu'on ne souhaite pas ça pour ses enfants.
02:50 C'est à dire que c'est un échappatoire d'être avec vous.
02:54 Oui. On ne sait jamais si c'est une fuite de soi ou une recherche de soi.
03:00 Mais dans les deux cas, ça veut dire qu'on est à la poursuite de soi-même.
03:03 Et donc ça veut dire qu'on n'a pas su établir nous en tant que figure parentale.
03:11 On n'a pas su leur apporter cet équilibre, on n'a pas su leur apporter un miroir
03:15 pour qu'ils puissent se regarder dedans et comprendre qui ils sont.
03:18 Et qu'ils vont être obligés d'exister à travers la peau des autres.
03:23 Mais en même temps, chez moi je prenais la liberté.
03:27 Donc s'il veut être acteur, il sera acteur.
03:29 Mais pareil, j'ai ma fille qui écrit en ce moment.
03:34 Si elle veut écrire, il faut qu'elle écrive.
03:36 C'est bien.
03:38 [SILENCE]
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