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Erik Orsenna, membre de l'Académie française et écrivain, se remémore sa première rencontre avec Bernard Pivot, l'écrivain et présentateur doué d'une "incroyable générosité", mort ce lundi 6 mai à l'âge de 89 ans.

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Transcription
00:00Eric Orsena est avec nous, merci beaucoup, bonjour à vous, vous êtes évidemment écrivain, membre de l'Académie française. Eric Orsena, tout simplement, dites-nous quels souvenirs vous gardez, vous, de Bernard Pivot ?
00:12Pour moi, la première fois où je l'ai vu, j'habitais au cinquième étage, sans ascenseur, et j'ai un Bernard Pivot à bout de souffle, qui est arrivé après cinq étages avec son caméraman,
00:24et pour une émission qui était l'été, qui s'appelait « Ah, vous écrivez ! », alors il était là, un peu comme ça, « Ah, vous écrivez ! », et comme ça, et une amitié est née à ce moment-là,
00:35parce que, je lui dis, pour un amoureux du football, vous manquez vraiment de conditions physiques, et c'est comme ça que notre lien d'amitié s'est né, où il y avait le foot,
00:44où il y avait la bonne chair, puisque nous sommes membres d'un même club gastronomique, nous sommes membres aussi de l'Académie du vin, que ma grand-mère est lyonnaise,
00:54c'est-à-dire que ce qui est formidable avec Bernard, c'est qu'il y a tout en même temps, il y a tout ce que j'ai entendu de vos invités, c'est-à-dire toutes les dimensions de la vie,
01:07dont la littérature, mais il n'y a pas seulement la littérature, la littérature est le lien, mais il y a aussi le terroir, les souvenirs, la drôlerie, la camaraderie,
01:15et puis cette incroyable générosité, parce qu'avant de recevoir des gens aussi bien, il faut leur faire le respect de lire, et voilà, et il y a quand même beaucoup de journalistes qui disent
01:28« Je suis désolé, je n'ai pas eu le temps de vous lire ».
01:31– Lui, il lisait, effectivement, « Vérico Ligace » vous le rappelez à l'instant, il lisait tous les livres, évidemment, de ses invités.
01:36– Il aimait ça, il se nourrissait, c'est comme si quelqu'un, pour lui, comme moi, je veux dire, on goûte le vin qu'on vous offre, c'est cette générosité-là,
01:49et surtout une ouverture incroyable, parce que c'était un monde quand même, on sortait un peu de nouveaux romans, du formalisme, de l'élitisme, de tout ça,
01:58des gens, comme on entendait, qui se pincelaient le nez, et bien, brutalement, il y avait tout le monde, en même temps, en même temps, et donc c'est ça qui est formidable.
02:06Autant le « en même temps politique » montre ses limites, mais le « en même temps culturel », ça, c'est évidemment la nécessité.

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