"On va gagner", la petite phrase de l'entraîneur du PSG Luis Enrique en conférence de presse ne plaît pas à Jérôme Rothen, à la veille de la demi-finale de Ligue des champions face à Dortmund (21h sur RMC Sport 1).
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00:00Jérôme, est-ce que selon toi, le PSG est mieux armé mentalement désormais pour affronter ces grands événements ?
00:06Je ne sais pas s'il est mieux armé. En tout cas, pour répondre à ta question et j'ai écouté les discours et c'est bien que tout le monde fasse corps ensemble
00:16et de croire à une éventuelle finale, qualification finale de Ligue des Champions. Ils ont raison, il n'y a qu'un but de retard de toute façon.
00:25Et sur un match retour, il peut se passer beaucoup de choses, surtout quand tu as la chance de recevoir.
00:30Se servir de l'atmosphère, se servir de tout ça. Mais dire on va gagner, ça reste un match de football, tu n'es pas sûr de le gagner.
00:38Donc moi, je n'aime pas les discours comme ça.
00:39Il a fait à peu près la même chose aussi hier dans un événement.
00:42Après, s'ils sont persuadés et s'ils veulent se persuader à travers ce genre de discours qu'ils vont se qualifier et ils vont gagner le match,
00:48il n'y a pas de souci, ils ont le droit de le faire. Moi, ce n'est pas la méthode que j'aurais employée.
00:54Tu n'aimes pas qu'on annonce comme ça ?
00:55Non, parce que tout simplement, Jean-Louis, c'est parce que je suis superstitieux.
01:00J'ai toujours été tout au long de ma carrière et qu'on m'a transmis ça.
01:03Les entraîneurs que j'ai eus dès le plus jeune âge, quand il y a des matchs importants à gagner, des fois, il vaut mieux rien dire.
01:10Déjà, pour éviter d'exciter l'adversaire et puis de garder tes forces, ton énergie, plutôt que de communiquer de cette façon-là.
01:17Après, je ne vais pas en vouloir Louis Sénrica, Kylian Mbappé ou aux autres de penser qu'ils vont se qualifier.
01:22Moi, je le souhaite.
01:23Il n'y aurait plus qu'ils n'y croient pas, ça serait la meilleure.
01:26Mais c'est vrai qu'Eric, moi, l'annoncer, je ne fais pas partie de ceux qui ont besoin de se persuader, si tu veux, en annonçant des choses.
01:35Dire qu'il y a des actes sur le terrain où je te dis que mentalement, tu dis, pour répondre à ta question Jean-Louis, est-ce qu'ils ont progressé psychologiquement ?
01:42Est-ce qu'ils ont progressé ? Je ne sais pas.
01:44Ce qui est sûr, c'est que sur l'année, il y a eu des piqûres de rappel.
01:48Il y a eu des matchs où ils n'ont pas été à la hauteur.
01:50Est-ce que c'est un problème mental ? Est-ce que c'est un problème physique ?
01:52Est-ce que c'est un problème tactique ? Je ne sais pas.
01:54C'est un ensemble de choses.
01:55Mais il y a eu des moments où ils ont été moins bien quand même.
02:00L'année, elle n'a pas été linéaire.
02:03Ils n'ont pas été au top.
02:04Il y a eu quatre défaites en Ligue des Champions, c'est beaucoup.
02:05Et puis la dernière en date, on l'a débriefée avec Duga la semaine dernière, cette défaite à Dortmund.
02:14Mais il y a eu des manques.
02:15Il y a eu des manques dans l'investissement.
02:17Alors, est-ce que c'est dû au mental ?
02:18Comment on l'approche ?
02:19Parce que moi, je veux bien la psychologie du sport.
02:23Appeler des psy pour arrêter vos bêtises.
02:29C'est le terrain, c'est les résultats.
02:30On est formé à 13 ans, à 12 ans et tout ça, on te met dans la tête, on est dans une bulle.
02:35Et aujourd'hui, tu crois que les mecs qui ont beaucoup d'expérience
02:38ont besoin d'avoir un psychologue du sport pour dire attention à l'appréhension du match,
02:42comment tu dois la gérer et tout ça.
02:44Il y a une pression qui est énorme à toi de la gérer, à toi de trouver les solutions.
02:47Duga, tu penses qu'il y a un fantasme autour de ça, du mental, de l'aspect psychologique
02:52ou est-ce qu'au contraire, tu trouves qu'il y a un vrai changement chez les Parisiens ?
02:56Non, un vrai changement, non.
02:57Non, on ne peut pas constater ça comme ça.
02:59Après, je trouve que le vrai changement, il est depuis le début de la saison.
03:02C'est-à-dire que depuis le début de la saison, joueurs, entraîneurs comme dirigeants,
03:06ont tout fait pour faire tomber la pression en disant que c'est une année de transition.
03:12Cette année, on n'a pas d'objectif.
03:14Cette année, on ne joue rien.
03:15Elle vient de là la confiance, sincèrement.
03:19Tu as presque l'impression que le club ne joue rien ou pas grand-chose ou que ce n'est
03:24pas grave.
03:25C'est comme Lucien Riquet, il te dit que si on ne gagne pas, le soleil se lèvera demain.
03:29Oui, bien évidemment.
03:30Je pense qu'ils se sont surtout enlevés de la pression.
03:33Ils sont confiants parce que tu ne joues quand même que Dortmund.
03:36Il ne faut quand même pas oublier si tu avais dit qu'en début de saison, tu vas jouer Dortmund
03:40en demi-finale.
03:41Oui, puis tu n'as perdu qu'un zéro.
03:42Tu ne perds qu'un zéro.
03:43Tu t'es créé des situations en étant quand même assez moyen au match allé.
03:48Donc, je trouve que c'est normal que la confiance les habite.
03:52Ils joueraient un adversaire un peu plus huppé, ce serait à mon avis un poil différent.
03:56Mais là, ils ont désamorcé depuis le début de la saison.
04:00Chacun a désamorcé la situation à son tour.
04:03Chacun dans son rôle a désamorcé la situation.
04:06Donc, voilà.
04:07Mais attention, attention au tour de bâton parce que là, tu te retrouves à perdre.
04:10Dugas, tu peux la désamorcer, mais n'empêche que…
04:12Elle peut te rattraper aussi après.
04:13Excuse-moi, mais demi-finale de Ligue des champions, elle ne s'attrape pas à la pression.
04:18Tu ne l'auras jamais.
04:19C'est pour ça qu'il y a deux solutions face à la pression.
04:21Il y en a, par exemple, on parlait tout à l'heure d'Éric qui donne des concerts
04:25avant de monter sur scène ou avant de rentrer sur Internet.
04:27Il y a la pression, soit elle est positive, soit elle est négative.
04:29Il y en a pour qui ça sert, il y en a pour qui ça ne sert pas.
04:31Donc, qu'est-ce que tu en fais après de cet événement ? Comment tu le vis ? Comment
04:35tu le gères ? Comment tu le ressens ? Bon, chacun le vit à sa manière.
04:39Mais quoi qu'il se passe, et ça c'est la réalité, et est-ce que c'est dans la
04:42tête ou pas, les manques du Paris Saint-Germain, est-ce qu'ils sont physiques ? Est-ce qu'ils
04:47sont tactiques ? Parce que parfois, Lucien Nrica a tenté des choses que les joueurs
04:50n'ont pas compris.
04:51Ou est-ce que c'est mental avec des joueurs qui ne sont pas capables, sur certains matchs,
04:56de répondre à l'intensité et aux défis physiques ?
04:58Et pourquoi les trois possibilités existent ? Il n'y a rien qui le fait penser.
05:02Non, parce qu'on n'a pas eu de réponse.
05:04On a eu des matchs super, on en a eu des moins bons, on en a eu des très moyens, on a eu
05:08des moments où ils sont passés totalement à travers.
05:11Tout n'est pas expliquable, tout n'a pas été expliqué non plus par l'entraîneur.
05:14Il n'y a pas d'équipe type, il y a des joueurs qui ont eu plus de temps de jeu que d'autres,
05:18mais globalement tout le monde a eu du temps de jeu.
05:20J'ai toujours une inquiétude par exemple sur l'arrière-gauche, Nuno Mendes, il a failli
05:28te bouffer la qualification à Barcelone, et face à Dortmund, il a été catastrophique.
05:32Est-ce que tu le fais jouer une nouvelle fois au porte d'arrière-gauche ? Il y a des manques
05:35dans cette équipe.
05:37Oui, puis à la maison, où il doit attaquer un peu plus, il a des qualités offensives.
05:44Son problème, il est défensif, Nuno Mendes, mais par contre, je ne sais pas si quand vous
05:48avez débriefé le match, vous avez évoqué ce stade-là que j'ai vu circuler, parce
05:51que je sais que dans l'after ils en ont parlé, où tu cours 8 kilomètres de moins, collectivement
05:57vous en avez parlé.
05:58Est-ce que c'est mental ou physique ?
06:00Moi, je veux bien, quand tu joues contre une équipe qui a la possession, qui te met
06:03dans tes 18 mètres, tu cours moins.
06:05Là, c'est normal, c'est mécanique, mais là, ce n'est pas le cas, il y a eu le ballon
06:08à un moment donné.
06:09Donc, ça veut dire qu'il y a un manque à ce niveau-là.
06:11C'est comme s'ils avaient joué avec un joueur de plus.
06:13Oui, c'est ça, c'est-à-dire que les mecs, avec les courses qu'ils font, ils ont un mec
06:18de plus sur le terrain.
06:19Et ça, c'est quand même assez récurrent au PSG depuis des années même, puisque je
06:23me souviens qu'il y avait ce débat-là, Jérôme, même toi, quand tu travaillais dans l'after,
06:26vous en parliez déjà à l'époque.
06:28Donc, ça, c'est déjà un manque.
06:29Après, il y a le côté mental.
06:30Donc, le côté mental, on nous a promis en début de saison, et ça a pu se vérifier
06:37peut-être, au niveau de l'état d'esprit, au niveau de la cohésion, au niveau du sacrifice
06:42que les mecs feraient les uns pour les autres, que ce serait une vraie équipe et tout.
06:46Et ça a l'air d'être vrai, puisque j'ai l'impression qu'il n'y a pas trop de problèmes
06:51et qu'ils s'entendent bien.
06:52Sauf que le côté mental, ce n'est pas que ça.
06:55Et moi, je ne vois pas beaucoup, quand je vois le match à Dortmund, Jérôme, moi je
06:58parle surtout de Godrol, qui est quand même notre expert en match du PSG, entre guillemets.
07:03J'ai l'impression d'avoir vu un match que j'ai beaucoup vu cette année.
07:08Finalement, beaucoup plus que ce qu'on nous disait.
07:11Parce que des grands matchs où tu maîtrises mentalement le sujet, voire physiquement
07:15le sujet, il n'y en a pas eu tant que ça, si cette année, c'est le match retour contre
07:21le Barça.
07:22On enlève la physionomie du match et le scénario, qui fait qu'à un moment donné, il y a une
07:25supériorité numérique.
07:27Mais le match au Barça, c'est presque un one shot dans la saison.
07:32En poule, je parle d'un Coupe d'Europe, les gars, ne me faites pas parler du championnat.
07:36En poule, ça a été compliqué.
07:38La Real Sociedad au Parc, si je me souviens bien, s'est compliquée pendant un long moment.
07:43Contre une équipe à qui il manquait beaucoup de titulaires.
07:45Je dis une bêtise ou non ? C'est Mbappé qui te délivre la situation par une espèce
07:50de ciseau de taekwondo.
07:54Eric, pour résumer, on a dit toute la saison, les planètes sont alignées pour le PSG.
07:58Ça veut dire ce que ça veut dire.
07:59Oui, voilà, ça veut dire ne serait-ce que ça, ça veut dire ce que ça veut dire.
08:02Après, mentalement, moi, je pense que ça va passer parce que je ne les vois pas.
08:07Dortmund, ils ne m'impressionnent pas, je pense qu'ils peuvent se liquéfier.
08:11Parce que le problème mental du PSG, je veux bien qu'on parle du problème mental du PSG,
08:14mais il va y avoir le problème mental de Dortmund quand même.
08:16Après, je ne connais pas les stats parce qu'elles ont changé depuis qu'il n'y a plus le but
08:20à l'extérieur qui coûte deux doubles.
08:21En cas d'égalité, Jean-Louis, tu vas nous les donner.
08:24Mais normalement, tu perds un zéro à l'extérieur, l'otage est favorable quand même, non ?
08:28Non, favorable, non.
08:29Non ? Ah non ? Aujourd'hui, dans le foot, non ?
08:31Non.
08:32Ah d'accord.
08:33Aujourd'hui, il y a trop peu de matchs pour se baser sur des vrais stats.
08:36Ah d'accord, ils ont repris les trucs à zéro, d'accord, d'accord, d'accord.
08:39On n'est pas à 50-50, mais presque.